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Contribution de la culture maraà®chère (échalotes et pommes de terre) aux revenus des exploitations agricoles dans la zone office du Niger : Cas de la zone agricole de Niono


par Awa Drabo
Université Paris-Sorbonne - Master 2 2017
  

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I.4.4 Historique d'introduction de l'échalote puis de la pomme de terre en zone ON

I.4.4.a. Introduction de l'échalote en zone ON

Les dogons auraient été parmi les premiers à faire de la culture de l'échalote une activité commerciale à la fin du XIXème siècle au Mali ; l'insertion du « jaba micéni » (petit d'oignon) est souvent fondée sur des mythes (Meyer, 2011).

Il est difficile de dater l'introduction de l'échalote en zone ON, mais son ancienneté va sans dire. Son histoire est à tout point de vue liée au maraichage dans l'ON. On estime que la culture de l'échalote existe depuis l'arrivée des premiers colons18 dans la zone ON.

Initialement, cette spéculation est produite par les colons dans les jardins, pour une autoconsommation. Mais progressivement, tout comme le maraichage de manière générale, sa production s'est intensifiée et a pris une dimension commerciale.

C'est sans doute le résultat du changement de stratégie de l'ON, qui s'est tournée vers la diversification agricole, permettant d'étendre les superficies maraichères, notamment dans des parcelles aménagées (« Sol maraicher », casier rizicole).

Cela a aussi permis l'amélioration des techniques de production d'échalote, grâce à l'émergence d'une politique de formation et d'information du personnel encadrant et des colons, à travers des échanges entre des bassins historiques de production d'échalote comme le plateau Dogon. Entre 1987 et 1992, des animateurs de l'ON sont formés à la culture d'échalote par des dogons. Ceci a contribué au développement de la filière dans cette zone de l'ON (Meyer, 2011).

Enfin, l'aide apportée par les partenaires internationaux au développement (Rétail, ARPON) et nationaux (ON, IER, APROFA), a contribué à faire de la zone ON le premier producteur d'échalotes au Mali, soit 2/3 de la production nationale, sur des superficies moyennes de 0,5 hectare. (Dembélé, 2018)

18 On appel « Colon » les exploitants de la zone ON

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I.4.4.b. Introduction de la culture de la pomme de terre dans les rizières de l'ON

Ainsi, contrairement à l'échalote, la pomme de terre est une culture relativement récente en zone ON. Son insertion fait suite à une volonté paysanne de cultiver la pomme de terre, dans le cadre de la politique de diversification de l'ON (Bengaly et Ducrot, 1998).

Ainsi, un programme est mis en place durant la campagne 1997/1998, avec le soutien de l'ON, l'APROFA19 et l'URDOC. Il s'appuie notamment au préalable sur une formation pour des paysans (10), ainsi que des agents d'encadrement de l'ON (6) et de l'URDOC (2), qui est réalisée à Sikasso (plus grande zone de production de pommes de terre au Mali), afin que ces derniers puissent à leur tour diffuser leur enseignement relatifs à cette « nouvelle » culture aux exploitants de la zone de l'ON. Les semences utilisées lors de cette première campagne de culture de la pomme de terre sont fournies par l'ON et l'APROFA ; il s'agit des variétés Lola et Léon ATLAS, dont le cycle dure de 70 à 80 jours (Bengaly et Ducrot, 1998).

Les raisons de l'insertion de la pomme de terre dans la zone ON sont multiples. D'une part sur une échelle nationale, elle a pour but d'accroitre la production pour répondre à la demande. La zone ON en termes de production de pommes de terre recèle en effet de nombreuses potentialités. La présence de terres en maitrise totale en eau, l'accès plus où moins facile aux intrants, la présence massive de partenaires au développement et de structures d'encadrements (IER, ON) facilitent potentiellement l'accès à des semences améliorées à forts rendements. Autant de paramètres qui expliquent le potentiel de rendement plus fort en zone ON que dans le premier bassin de production de pommes de terre au Mali, Sikasso, ainsi que d'autres bassins de production, comme Kati.

Son potentiel de rendement varie entre 20 à 40 tonnes à l'hectare, contre moins de 30 tonnes à l'hectare pour la pomme de terre cultivée à Sikasso (IER, 1996).

Cela permet également de diversifier les zones de productions, dans le souci d'une certaine sécurité d'approvisionnement.

19 Agence pour la Promotion des Filières Agricole qui a pour but d'aider les exploitants à améliorer et à développer leur activité. Afin de réduire la pauvreté.

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D'autre part, pour l'exploitant, la pomme de terre possède des avantages, liés à l'amélioration de leurs revenus.

En effet l'échalote présente un souci majeur qui est la fluctuation de son prix après production, à une période de l'année. Les prix chutent, au point d'atteindre à certaines périodes (mars) 100 FCFA (0,15 centimes d'euros) le kilogramme. Contrairement à la pomme de terre, dont les prix fluctuent, mais en période de forte production, le kilogramme ne passe jamais sous la barre des 225 FCFA (0,34 centimes d'euros). C'est en cela que sa production dispose d'un fort potentiel d'augmentation des revenus.

Elle n'est aucunement la culture maraichère dominante aujourd'hui, mais présente des perspectives « radieuses » pour les exploitants au vu de ses potentialités. Elle est présentée en zone ON comme une véritable spéculation d'avenir.

Par ailleurs, ces potentialités semblent s'obscurcir. Ces dernières années, la méfiance des exploitants vis-à-vis de cette spéculation grandit, en raison de la mévente en 2010. Les exploitants ont reçu cette année là, des semences de la part de l'ON, qu'il fallait rembourser à l'ON après la production.

Mais suite à une incompréhension de part et d'autre, des conflits ont émergé. Selon les exploitants, l'ON avait garanti l'achat de la production aux exploitants. Promesse non tenue, les pommes de terre n'ont pas trouvé preneurs et les exploitants n'ont pas pu rembourser à l'ON les semences. L'ON a alors fait appel à des huissiers de justice pour le recouvrement des créances auprès des exploitants. En 2018, certains exploitants n'ont toujours pas remboursé cette dette à l'ON.

Ceci explique en partie la faiblesse de la production en 2018, en zone de Niono. Le maraichage dans cette zone illustre relativement bien l'articulation des spéculations dans les autres zones de l'ON.

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5. Présentation générale du maraichage à Niono et l'articulation des cultures de l'échalote et de la pomme de terre dans la zone : Cas des villages de Djicorobougou, Foabougou et Bagadadji km 36

I.5.1 La place de la culture de l'échalote et la pomme de terre dans les trois villages

Lors des enquêtes de terrain, il apparaît que la pomme de terre est une spéculation peu produite par rapport à l'échalote dans la zone de Niono, notamment dans les trois villages pris comme cas d'étude : Djicorobougou, Foabougou et Bagadadji km36,

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Les types de spéculations produites

Échalote Pomme de terre Autres cultures

source: D'après les questionnaires d'enquêtes

Sur les personnes interrogées, seulement 36 % avaient cultivé la pomme de terre cette année, tandis que 96 % ont produit de l'échalote. D'autres spéculations telles que la tomate, le gombo, le piment ou l'ail ont aussi été largement cultivés. 91 % de ces sondés ont donc cultivé d'autres spéculations, en dehors de la pomme de terre et de l'échalote.

Des trois villages pris comme exemple lors de l'étude, Djicorobougou est le village qui a produit le plus de pommes de terre. L'intégralité des personnes (femmes) sondées ont produit de la pomme de terre lors de cette dernière campagne

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maraichère. La culture de la pomme de terre est réalisée dans ce village depuis 2002 et résulte de la création de sa coopérative, qui a engendré une véritable notoriété nationale. Bon nombre de partenaires au développement et d'acteurs dans le secteur de l'agriculture leur ont apporté leur aide (USAID, WAAPP, PCDA, ON, IER...). Cherchant à permettre aux femmes de s'émanciper et dans un souci d'équité, ces structures ont aidé les femmes, premières cibles pour les innovations. C'est le cas de la pomme de terre. Son insertion en zone ON lors de la campagne 1998-1999 de par son potentiel a été facilitée pour les femmes, notamment dans la coopérative de Djicorobougou. Des formations leurs ont été proposées. Elles ont pu acquérir ainsi de véritables connaissances agricoles leur permettant d'accroitre leur production de pommes de terre et d'échalotes.

Outre cela, la production de pommes de terre, normalisée et courante dans ce village est le résultat d'autres avantages qui leur sont conférés, notamment l'accès à des prêts de la BNDA. À titre d'exemple, en 2017, elles ont emprunté 10 millions de FCFA (Plus de 15 000 euros) auprès de la BNDA. Ceci a servi à acheter les engrais, qu'elles ont partagés. Après avoir vendu leur récolte, elles ont remboursé leur emprunts.

La coopérative dispose également de facilités pour l'accès aux semences, notamment pour la pomme de terre. En effet, la présidente Assa Diarra, entretien avec des commerçants de Sikasso, un partenariat, qui permet aux femmes de la coopérative d'emprunter des semences de pomme de terre.

Ainsi, ces nombreux atouts permettent aux femmes de mener la culture de pomme de terre sans grande contrainte, contrairement aux deux autres villages.

Dans le village de Foabougou, seulement 16 % des personnes sondées ont cultivé la pomme de terre lors de la campagne 2017-2018 (36 % pour le village de Bagadadji km36). Ces derniers, pour la culture de pomme de terre, rencontrent plus de difficultés à la faire.

L'échalote y est la spéculation dominante. Elle est réalisée dans les sols de double culture, notamment dans les casiers rizicoles en période de contre saison, mais également près des villages dans les parcelles dites de sol de maraichage (Pasquier, 1996) réservées à l'origine aux femmes (Années 1980) pour le maraichage, ou le long des canaux d'irrigation et de drainage.

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Le maraichage dans la zone de Niono et notamment pour ces trois villages, est basé sur la culture de l'ail, le piment, le gombo, la tomate, l'aubergine africaine, mais aussi de la pomme de terre et surtout de l'échalote/oignon.

Les rendements pour l'échalote, la pomme de terre et les autres spéculations sont relativement élevés par rapport aux autres zones.

Source : données du Bilan de Campagne de l'ON de 2016/2017

D'après le diagramme ci-dessus, durant la campagne 2016-2017, la zone de Niono a réalisé une production de 28 000 tonnes d'échalotes/oignons sur une superficie de 800 hectares. Le rendement est donc de 35 tonnes l'hectare. C'est la spéculation la plus produite dans la zone. S'ensuite celle de la tomate (4 025 tonnes/161 hectares), puis de la patate douce (3 900 tonnes/156 hectares) ; le gombo quant à lui représente une production de 2 096 tonnes/131 hectares, la pomme de terre une production de 525 tonnes/15 hectares ; l'ail dans la zone de Niono a réalisé une production de 520 tonnes/26 hectares ; enfin, les 17 tonnes de piment ont été produites sur 17 hectares.

En outre, le maraichage à l'ON, dont Niono, est marqué par une diversité de spéculations, avec une dominante de la culture d'échalotes/oignons.

Ceci résulte de la place importante que prend l'échalote dans les habitudes culinaires maliennes.

Cette spéculation est fortement consommée dans les repas maliens. La grande majorité des sauces qui accompagnent le riz contiennent de l'échalote : le « Djaba

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sauci », par exemple ; comme l'indique son nom qui signifie « la sauce oignon », elle est constituée à 80 % d'échalotes. Ainsi, l'échalote contrairement à l'oignon est plus appréciée par les Maliens, du fait de sa capacité à « alourdir » la sauce. Sa forme fraiche est très consommée mais également transformée.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault