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Drapeaux, iconographies et géopolitique


par Simon GERMAIN-BATISSE
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master 1 Géographie 2012
  

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III - Le drapeau : Une carte d'identité internationale4

Le territoire emprunte désormais une autre voie, celle de la reconnaissance internationale. La légitimité d'un Etat n'est reconnue que si elle s'accompagne de la maîtrise d'un territoire5. En représentant le territoire, le drapeau agit, par métonymie du territoire, pour la légitimation d'une autorité sur un espace donné.

En arborant un drapeau lors de cérémonies officielles, ou à l'ONU, l'on sait que ce pays possède un territoire définit reconnu par la majorité des Etats déjà officiellement indépendants. Par conséquent, des querelles peuvent alors éclater et elles découlent de logiques géopolitiques. Le cas récent du drapeau palestinien hissé à l'UNESCO à Paris est particulièrement révélateur du nouveau rôle du drapeau, lié à l'évolution des rôles du territoire. Avoir ajouté ce drapeau aux cotés, entre autres, d'Israël, c'est reconnaitre la Palestine dans son intégrité territoriale telle qu'on la connait maintenant, ce qui n'est évidemment pas sans créer des tensions politiques entre ceux qui souhaitent la reconnaissance officielle du territoire palestinien et ceux qui ne le veulent pas. Le rapport s'inverse : il fallait auparavant un territoire avant que le drapeau ne le sacralise, c'est désormais le drapeau qui crée et fait reconnaître un territoire. Il le crée en le précédent sur la scène mondiale. Remarquons le récent exemple de la Libye : le drapeau des rebelles a longtemps précédé la reconnaissance internationale de la souveraineté de ce mouvement rebelle sur le territoire libyen. Le drapeau possède donc cette faculté de donner l'accès6 d'un territoire et de l'autorité exercée sur celui-ci à la reconnaissance de la communauté internationale. Finalement, le drapeau réactualise en permanence le territoire en le dotant d'un argument

1 PREVELAKIS, 1996 : 86

2 JEAN GOTTMANN, 1973

3 PREVELAKIS, 1996 : 86

4 Jean Gottmann parle lui de « union card »

5 PREVELAKIS, 1996, 87

6 Lire sur la « faculté d'accès », concept gottmanien l'étude suivante : Olivier Labussière, « La norme et le mouvant : éléments pour une relecture de Jean Gottmann », 2011, Géographie et cultures n°72, pp.7-23

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supplémentaire et d'une carte de souveraineté crédible avant l'éventuelle reconnaissance internationale.

Le drapeau palestinien hissé à l'UNESCO en décembre 2011

Source : unesco.org

IV - Un retour aux sources militaires.

En fait si le drapeau a toujours eu et aura toujours le même impact dans les sociétés humaines politisées, c'est qu'il dote n'importe quel acte politique d'une puissance symbolique sans égale. Et que retient-on finalement ? Le symbole plutôt que l'action, les images d'un drapeau que l'on plante plutôt que tous les combats qui les ont précédées.

Ce n'est pas sans rappeler le rôle militaire du drapeau qui prédominait dans les siècles passés et que notre monde moderne ne fait que perdurer sous l'angle géopolitique. D'ailleurs, l'inversion du rouge et du bleu en cas de conflit aux Philippines souligne bien ce lien jamais estompé entre le drapeau et le domaine militaire.

Souvenons-nous. Dans le passé, l'objectif ultime d'une bataille est de prendre le drapeau ennemi, et de le remplacer par son propre étendard de manière à immortaliser la victoire. D'ailleurs, on allait jusqu'à comptabiliser dans les pertes « officielles » (mors, blessés, canons perdus) le nombre de drapeaux pris à l'ennemi, et le nombre de drapeaux perdus au combat (exemple de la bataille d'Austerlitz qui recense la perte d'un drapeau pour les forces napoléoniennes, quarante cinq pour la coalition russo-autrichienne). On ajoutait ainsi la part symbolique aux débats humains et matériels, le symbole se situant même au même niveau qu'aux pertes humaines. Dans un sens, les guerres d'aujourd'hui prolongent cette fonction symbolique militaire de façon récurrente. Lors d'invasions territoriales, ou de batailles pour la paix, on hisse toujours à la fin des combats le drapeau de celui qui gagne. Ce sera le drapeau de l'ONU pour symboliser la paix comme au Kosovo dans les années 1990-2000, ou en

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Somalie au milieu des années 1990, ou alors le drapeau éthiopien sur un quart du territoire érythréen lors de la guerre d'indépendance entre 1998 et 2000.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams