II.1.3.2 Pendant la deuxième république
La deuxième République débute avec la
prise du pouvoir par le coup d'Etat le 24 novembre 1965 par Monsieur MOBUTU.
C'était en effet, une nouvelle preuve d'incompétence du jeune
Etat qui, malgré ses cinq ans d'âge était encore incapable
de se gérer suivant les règles classiques de la
démocratie. Pourtant toutes les conditions semblaient être
réunies pour que cela soit possible. Isidore NDAYWEL é NZIEM
(1998 :p646). A chaque période de son histoire, la RDC va
renouveler son engagement en faveur de ces objectifs.
L'intention politique de s'engager dans le combat contre
l'analphabétisme transparait dans certains documents, le rapport de la
commission socioculturelle de la conférence national souveraine.
1. Le manifeste de la N'sele tenu en 1967
Deux ans après la prise du pouvoir, la deuxième
République présente au monde la vision de son parti, le Mouvement
Populaire de la Révolution (MPR). Ce parti voulait faire du Congo un
pays réellement indépendant, restaurer ainsi l'autorité de
l'Etat et son prestige international. Le but de ce parti était de
libérer les congolais et congolaises de toutes servitudes et d'assurer
leurs progrès en une République vraiment sociale et
démocratique. Un projet était conçu pour chacun des
plusieurs aspects de la vie nationale dont l'éducation. A ce sujet, le
MPR exige une diffusion aussi large que possible et une restructuration de
l'éducation nationale. Par ailleurs, aucun jeune congolais ne doit
pâtir de l'insuffisance des moyens d'enseignement. Manifestation de la
N'sele (p24-25). En effet, le manifeste de la N'sele fut un projet de grande
envergure que la 2ème République avait pas bon nombre
des cadres qui prenaient la relève après le départ de
l'homme blanc à l'accession de l'indépendance politique. Pourtant
le manifeste de la N'sele, présentait un travail de titan.
C'était pour la jeune nation un départ rassurant pour son avenir.
Le but qui était fixé pour l'éducation ne s'était
pas réalisé, par contre, l'éducation scolaire est
tombée dans un marasme progressif ; chaque jour qui passait
l'enfonçait dans une peine sans mesure dont les effets sont encore
d'actualité.
2. La loi cadre 86-005 du 22/09/1986
La loi cadre 86-005 du 22/09/1986 fut proclamé par le
président de la République MOBUTU SESE SEKO en son temps. Ce fut
donc le premier document du règne depuis la conférence de Berlin
de 1885. Ainsi adoptée par le conseil exécutif, la loi-cadre
définissait l'objet et la finalité de l'enseignement national, de
l'élève et de l'étudiant, déterminant les
structures et les finalités spécifiques de l'enseignement
national.
En effet, les premiers textes sur l'enseignement national, ont
été pris sur base des décrets, d'ordonnances,
d'arrêtés et de circulaires. Ces textes ne traitaient que des
aspects particuliers de l'enseignement national tels que les calendriers
scolaires, la règlementation de frais scolaires... Tels furent les
motifs de ladite loi-cadre 86-005 du 22/09/1986 du 22/09/1986. Cette
réglementation d'ensemble de l'enseignement national s'articule autour
de quatre principaux axes qui sont :
Ø La libération ne concernait que l'enseignement
primaire et secondaire ;
Ø L'Etat devait rester seul compètent pour
créer et organiser l'enseignement supérieur et
universitaire ;
Ø Les établissements d'enseignement privé
ne seraient plus subsidiés par l'Etat ;
Ø L'Etat exerce sa souveraineté sur l'ensemble
du système d'enseignement conformément aux idéaux du
MPR.
Le rapport de la commission de l'éducation de la
Conférence Nationale Souveraine (CNS), tenue en 1992, est, à ce
propos, assez éloquent : l'examen des critiques faites à
notre système éducatif révèle de nombreuses
déficiences, notamment le manque d'une politique de l'éducation
fondée sur les impératifs essentiels du développement
intégral du pays, ce qui a comme conséquences :
Ø Une éducation fondamentale
tronquée ;
Ø Une école secondaire
anémiée ;
Ø Un enseignement supérieur et universitaire
inadapté et en faillite.
C'est dans cette même optique que les Etats
Généraux de l'Education (EGE), organisés en 1996, ont
abondé en insistant particulièrement sur le fait que
l'école congolaise a cessé de créer le progrès pour
engendrer plutôt la dégradation. Elle souffre d'un double
décentrement : celui de la société par rapport
à la marche de l'histoire et celui de l'école elle-même par
rapport aux besoins élémentaires de la société. En
effet, les méfaits de la 2ème République
continuent à affecter négativement le système scolaire
jusqu'à ces jours. Cela se remarque par la dégradation continue
des infrastructures scolaires et par le manque de nouvelles constructions. La
conscience émoussée du personnel à plusieurs niveaux dans
la fonction éducative empire le bon fonctionnement de l'école.
3. La nationalisation a la décentralisation de
l'enseignement (1971-1981)
L'année 1974 est marquée par la nationalisation
de l'enseignement primaire et secondaire avec pour conséquence la
suppression du cours de religion dans les écoles du pays au profit de
cours d'éducation civique et politique basé sur la connaissance
du Mouvement Populaire de la Révolution parti-Etat et sur le Mobutisme.
Au niveau de l'enseignement supérieur les facultés de
Théologie sont supprimées à l'université Nationale
du Zaïre.
L'année 1975 sera celle de l'étatisation de tous
les biens meubles et immeubles des anciens réseaux confessionnels et de
l'enseignement (catholique, protestant, kimbanguiste) et de la laïcisation
de tous les petits séminaires avec suppression de la formation
religieuse. Le système éducatif devient donc exclusivement
national.
Une convention scolaire est signée le 26 février
entre l'Etat et les Eglises au sujet de la gestion des écoles
nationales. Selon cette convention, l'Etat demeure propriétaire des
institutions d'enseignement tant primaire que secondaire mais il
délègue une partie de ses pouvoirs aux Eglises qui s'acquittent
de cette mission parallèlement à leurs obligations
traditionnelles.
La nationalisation à outrance pose de sérieux
problèmes de gestion et de fonctionnement des établissements
scolaires au niveau primaire et secondaire. L'étatisation du
système de l'enseignement a entrainé une marginalisation de la
tradition missionnaire au profit de la tradition laïque qui était
centrée sur l'organisation des moyens et la formation du statut civique
de la personne. Cette marginalisation a créé une
dépréciation des valeurs et des pratiques mises en exergue par la
tradition missionnaire comme la discipline comportementale et la
référence religieuse. La morale laïque et le civisme
prônés par sa politique de l'authenticité comme alternative
à la morale chrétienne n'a pas suffi à contenir la
tentation aux comportements dysfonctionnels. PASULA (147 :2015).
L'étatisation par la marginalisation de la tradition
missionnaire a créé dans l'ensemble de la population à
majorité chrétienne une certaine indistinction morale et une
perte de repères qui donnèrent lieu à ce que les
responsables catholiques appellent des « antivaleurs »
à l'instar de la corruption de l'indiscipline.
4. De la décentralisation de l'enseignement
à la loi cadre (1981-1986)
En 1981 deux décisions d'Etat apportent une nouvelle
réforme de l'enseignement dans le pays. Les deux décisions
d'état en l'occurrence la décision d'Etat n°08/CC/81 et
n°9/CC/81 du 8 juin 1981 portent à la fois sur l'enseignement
primaire, secondaire, supérieur et universitaire. La première
décision de la reforme maintient le nombre d'années de formation
a six années d'études instaure un cycle de deux ans pour les
écoles d'art et métiers, un cycle de quatre ans pour les
écoles technique professionnelles et un cycle de six années
d'études pour les humanités complètes. La seconde
décision d'Etat stipule que l'enseignement primaire et secondaire doit
être retenu au programme des priorités actuelles du conseil
exécutif (Gouvernement) que la gestion administrative et
financière de l'enseignement primaire et secondaire doit être
décentralisée et confiée aux entités
politico-administratives régionales locales et que les confessions
religieuses doivent se conformer aux principes du respect de la
souveraineté de l'Etat et de la nouvelle gestion
décentralisée. PASULA (148 :2015).
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