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Le graffiti à  Beyrouth : trajectoires et enjeux dà¢â‚¬â„¢un art urbain émergent

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par Joséphine Parenthou
Sciences Po Aix-en-Provence - Diplôme de Sciences Politiques 2015
  

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C. Un passé communautaire ou militant peu renseigné : entre rejet et

tabou

Nous sommes partis d'une « analyse profane »37 d'un phénomène social, notamment parce que nous souhaitions mettre en lumière la nécessité de rompre avec des schémas d'interprétation guidés par le religieux dès lors que certains acteurs décrivent l'espace dans lequel ils évoluent. Aborder l'aspect communautaire et interroger sa pertinence au regard de l'engagement des graffeurs semblait toutefois

35 BOURDIEU, Pierre, « L'illusion biographique », Actes de la recherche en sciences sociales, 1986/6 (vol. 62-63), p. 69-72, p. 69.

36 Ashekman on CNN international, « Inside the Middle-East show », mis en ligne le 12 avril 2011, consultable à l'adresse https://www.youtube.com/watch?v=SgvAYrkdJqc.

37 CORM Georges, « Pour une analyse profane des conflits », Le Monde Diplomatique, février 2013.

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être un « passage obligatoire », entendant que cette analyse se fonde sur les représentations de ce qui serait communautaire ou non. Remarquons également que la notion de militantisme s'insère aux côtés de l'appartenance communautaire, par effet de fusion - ou plutôt de confusion - de ces deux concepts dans l'espace libanais.

1. L'incompréhension des graffeurs lors des entretiens

L'accentuation des recherches sur le degré d'appartenance communautaire ou de socialisation militante dans le milieu familial des graffeurs s'est très vite révélée problématique, en particulier lors des entretiens. Il est plutôt aisé de deviner la communauté d'appartenance d'un individu à l'origine de son nom et/ou prénom, et à la régularité de ces derniers au sein d'une communauté donnée. La difficulté provient en réalité des entretiens, puisque connaître la communauté de référence ou le passé militant d'un acteur n'a ici que peu d'intérêt ; le discours qu'il adopte sur ceux-ci en revanche pourrait permettre de comprendre s'ils ont un impact sur son engagement ou son activité. C'est précisément à cet endroit que nous avons eu affaire à des refus de terrain. Ces refus sont, en toute honnêteté, autant dus à nos propres réticences face à une situation délicate, qu'à l'incompréhension des graffeurs lorsque nous leur posions des questions sur la potentielle importance du sentiment communautaire (religieux) dans leur famille, ou si leurs parents avaient pris part à une activité militante quelconque. Le contexte libanais, plus ou moins instable selon la conjoncture politique et régionale, rendait ces questions délicates, à toutes fins peu utiles. Nous devrons alors nous contenter des rares expériences d'entretiens que nous avons récoltées sur le sujet. D'ailleurs, ces refus ou « échecs » dans l'établissement de la conversation deviennent partie de l'enquête puisque « même lorsqu'on se voit refuser l'entrée sur le terrain, on peut transformer en matériau d'enquête une expérience sociale désagréable pour l'enquêteur »38 .

Ici, il ne s'agissait pas de refus catégoriques, mais plutôt d'une incompréhension de la part des enquêtés qui pourrait se formuler comme telle : quel est l'intérêt de nous poser des questions sur la religion ou la politique alors qu'on parle de mon activité comme graffeur ? Cela n'a a priori pas de sens. Il était difficile pour ces graffeurs de faire un lien entre le sujet de l'entretien et ces questions, tout comme il nous était difficile de les justifier ou de les reformuler. Il semble qu'il était même impossible de transposer des termes et expressions d'un contexte à l'autre, d'employer des concepts issus de la sociologie française au contexte libanais. Des termes comme « militantisme » ou « politique » ne disposent pas d'une connotation négative en France et sont généralement compris selon un référentiel de valeurs partagées propres à ce territoire.

38 DARMON, Muriel, « Le psychiatre, la sociologue et la boulangère : analyse d'un refus de terrain », Genèses, 2005/1 (n° 58), p. 98-112, p. 100.

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Au Liban en revanche, le simple mot « politique » provoquait des réactions de rejet quasi-systématique, en particulier du fait que « les adolescents [et jeunes adultes] confondent guerre civile, affrontement entre leaders politiques »39, sphère politique et communautarisme... Confusion compréhensible au regard de la constitution du système étatique. Même en tentant d'expliciter ce terme et l'intérêt de ces questions, les réponses ressemblaient généralement à celle donnée par Spaz : « so... yes, I don't have a problem... politics actually... I'm not that into politics, but I've tried my best to deliver the best answer. »

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