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Les litiges entre parents à  propos de la circoncision de leur enfant

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par Ismahène Chamkhi
Université de Nantes - Master 2 Droit Privé Général 2013
  

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B - Exclusivité à l'égard des tiers

44. Le pouvoir d'orienter moralement l'enfant ne peut faire l'objet d'immixtion de la part de tiers. Toute personne qui se substitue aux parents pour une décision à coloration religieuse (baptême, communion, engagement dans un groupement religieux) engage sa responsabilité sur le fondement de l'article 1382 du Code civil.

45. Un seul cas d'immixtion a été rencontré dans le contentieux : celui de la famille de la mère, résidant au Maroc (CA Toulouse 5 mars 2009*).

46. Il est vrai que, compte tenu de leur rôle au sein de la famille, les ascendants ne sont pas des tiers comme les autres. La loi du 4 mars 2002 étend à tous les

ascendants la possibilité d'entretenir des relations personnelles avec leurs
petits-enfants ou arrière petits-enfants, qui devront être organisées en fonction de l'intérêt de l'enfant. Les ascendants n'ont pas à proprement parler d'autorité parentale à l'égard de leurs petits-enfants46. Néanmoins, la loi leur attribue parfois un rôle, subsidiaire, qui se rapproche de l'autorité parentale. La formule légale de "relations personnelles" doit notamment se traduire par une certaine participation à l'éducation de l'enfant (par leur influence intellectuelle, morale ou religieuse), à laquelle les parents ne pourraient s'opposer qu'en établissant leur caractère nuisible pour l'enfant.

47. En l'espèce, le père, appelant, s'est plaint de ne pas avoir été associé à la décision de circoncision. La mère soutient que c'est la famille au Maroc qui, conformément à la coutume, a fait procéder à cette intervention et qu'elle-même n'avait pas été préalablement informée. La Cour d'appel ignore totalement ce conflit et refuse de réduire les droits parentaux de la mère, ou même ceux des grands-parents. Ce silence des juges fait penser que cette immixtion n'est pas considérée comme suffisamment grave.

C - Le contrôle indirect du juge

48. Le principe de neutralité religieuse implique que le juge respecte toutes les croyances. Non seulement le juge ne doit pas intervenir dans le choix d'une religion ou d'une croyance, mais il doit aussi s'interdire de porter un jugement de valeur sur la religion ou la croyance en cause.

49. Une limite à cette non-ingérence doit toutefois être relevée. L'enfant sera soumis à la religion de ses parents (notamment par le biais de sa circoncision) lorsque ceux-ci sont en accord. S'ils s'opposent et saisissent le juge, celui-ci devra trancher le litige en recherchant l'intérêt de l'enfant. Le juge aux affaires familiales aura compétence pour déterminer la religion de l'enfant, modifier l'attribution de l'exercice de l'autorité parentale ou même retirer l'autorité parentale, ou prononcer des sanctions pénales.

46V. T. Garé, note sous T. enfants Toulouse, 13 sept. 1988 et 2 févr. 1989 : D. 1990, juris. p. 395.

50.

20

L'article 375 alinéa premier du Code civil prévoit que le juge des enfants peut intervenir lorsque « la santé, la sécurité, ou la moralité d'un mineur non émancipé sont en danger, ou si les conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et social sont gravement compromises ». L'imprécision délibérée de ces conditions assouplit l'intervention du juge. Mais ces larges pouvoirs peuvent entraîner des abus et susciter l'impérialisme du juge : avoir la faculté de dessaisir des parents parce qu'une « éducation est compromise » est avoir la possibilité d'imposer une orthodoxie officielle de l'éducation, morale, religieuse, politique etc... Sans aller jusque-là, l'affaire de Versailles avait montré les dangers des bonnes intentions judiciaires47.

51. Quelque soit la mesures prise par le juge, ce dernier se doit de rechercher et de respecter l'intérêt supérieur de l'enfant. Il disposera par ailleurs d'un pouvoir souverain d'appréciation48.

52. La règle de principe étant posée, il sera démontré plus loin49 que celle-ci n'est pas respectée lorsque le litige parental porte sur la circoncision de l'enfant.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery