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Entre trajectoire du patient et temps thérapeutiques. Analyse sociologique du monde de la psychiatrie à  partir de la chambre d'isolement.

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par Stéphane LE ROUZIC
Institut de Formation des Cadres de Santé de Sainte Anne Paris - Cadre de santé  2005
  

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CHAPITRE I / APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES ET
THÉORIQUES DE L'OBJET DE RECHERCHE

Si l'on se réfère aux manuels de méthodologie des sciences humaines et sociales (Beaud, Weber, 1997 ; Quivy, Campenhoudt, 1995), tous soulignent l'importance de la phase de problématisation de son objet de recherche. Ce premier effort de circonscription de sa recherche est indispensable à la phase de réalisation de l'enquête. L'approfondissement du monde de la psychiatrie constituera ainsi un préalable à nos questionnements et à nos choix théoriques. Cette première partie d'initiation à la recherche emprunte au cadre conceptuel offert par le courant interactionniste ou encore appelé école de Chicago. La construction de notre sujet se situe donc dans la perspective dite interactionniste. Cette dernière s'est intéressée plus particulièrement au monde de la santé et à celui de la déviance. Pour entrer dans notre sujet nous commencerons par poser le cadrage théorique et expliciter notre problématique. Pour l'éclairer, il nous faut jeter un regard historique sur les paradigmes qui gouvernent la pratique aujourd'hui. Pour aborder notre sujet il nous faut tout d'abord expliciter au lecteur le monde de la santé mentale et faire le point sur ce qu'est une chambre d'isolement aujourd'hui dans un service de psychiatrie. Il s'agit aussi de jeter un éclairage sur l'offre de soin et son organisation en santé mentale. La dimension législative viendra compléter notre compréhension de ce qui encadre cette pratique. En effet, l'approche socio-historique de notre travail est indispensable à la compréhension des conceptions (argumentations) qui fonde (ou ne fonde pas) la pratique quotidienne relative entre autres à l'isolement.

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I « Problématique et hypothèses de travail »

De l'ethnopsychiatrie à la sociologie de la déviance, les deux premières parties à suivre précisent le cadrage théorique de notre problématique.

I.1.1 « Les apports de l'ethnopsychiatrie »

Comprendre le rôle de la chambre d'isolement en tant qu'outil thérapeutique est une manière de situer notre travail dans la problématique des troubles mentaux en fonction des groupes ethniques ou culturels, ainsi que la place qu'ils occupent dans l'équilibre social. Dans cette perspective, l'ethnopsychiatrie propose une grille de lecture innovante. L'ethnopsychiatrie est une méthode d'investigation qui s'efforce de comprendre la dimension ethnique des troubles mentaux et celle, psychiatrique, de la culture. La classification des maladies est toujours envisagée comme différente d'une culture à l'autre. Le « Shaman » par exemple a un rôle de « psychanalyste autochtone » faisant appel à des mythes sociaux. Il s'agit de quelqu'un de déviant, catalyseur de la communication vers le savoir sacré, interprète du divin auprès du commun des mortels (Benedict, 1950, 1972).

L'ethnopsychiatrie se donne alors pour but de donner un sens culturel à la folie. Elle tente d'expliquer dans quelle mesure chaque collectivité « sécrète » ses propres modèles de déviance. Ainsi, on est toujours considéré comme « fou » que dans un rapport à une société donnée.

Pour notre travail, nous retenons alors que la manière « correcte socialement parlant » d'être fou diffère donc selon les cultures. La plasticité de l'expression psychiatrique, pour reprendre les formulations de l'ethnopsychiatrie, est due au fait que le symptôme n'a pas d'existence en soi mais qu'il a une signification et une fonction pour le sujet et l'entourage auquel il est destiné. Là où le psychiatre n'existe pas, la folie n'est pas une maladie. Elle est une déviance par rapport à la norme sociale (Benedict, 1950, 1972). La question centrale à laquelle se trouvent confrontés ethnologues et psychiatres se résume ainsi : chaque civilisation ayant son propre système de normes, ce qui est normal dans

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une civilisation ne pourrait-il être considéré comme pathologique dans une autre, et vice versa? L'anthropologue américain Benedict est l'une des premières à avoir posé cette question dans son étude: "Anthropology and the abnormal" (1972). Se référant à un certain nombre de faits relevés par les ethnologues, comme la normalité de la transe dans les sociétés shamaniques, elle en conclut que ce que nous considérons, en Occident, comme un ensemble de faits pathologiques, passe au contraire pour être tout à fait normal dans d'autres sociétés (Op.cit, 1972). C'est sans doute que le concept de « normal » est une variante du concept de « bon » dans le sens de la « morale »: une action normale est, selon l'anthropologue, une action bonne, approuvée par la collectivité, en accord avec l'idéal du groupe. Mais si sa théorie, à la fois relativiste et statistique, comme celle des culturalistes américains, constituent une mise en garde utile contre l'ethnocentrisme des psychiatres, si elles nous apprennent à ne plus juger les autres hommes à partir de nos propres systèmes de valeurs, elles suscitent néanmoins certaines réserves. C'est pourquoi, nous avons souhaité combiner cette perspective à une approche sociologique de type interactionniste.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams