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Relation banque-entreprise et croissance économique au Cameroun.

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par Pascal Alain DZOU OMGBA
Université Yaoundé II-Soa - Master 2 en Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2014
  

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II.I.2.2- LES CAUSES D'ORDRE MACROECONOMIQUE DE LA CRISE BANCAIRE

Les difficultés macroéconomiques du cameroun vers le milieu des années 80 sont également un élément explicatif de la crise bancaire. En effet, à partir de 1985, le pays a subit de plein fouet les conséquences de la crise économique. La chute drastique des cours des produits agricoles d'exportation et du pétrole d'où le pays tirait l'essentiel des ressourcs en devises. Cette baisse des cours des matières premières s'est traduite par une réduction des ressources alimentant les finances publiques de l'Etat ; on va alors parler d'une crise de liquidité qui va se traduire sur le plan bancaire, par le retrait des avoirs de l'Etat dans les banques sous forme de dépôts à terme. Le retrait des dépôts à terme de l'Etat, a été un élément très destabilisateur de l'équilibre financier des banques.

II.I.2.3- LES CONSEQUENCES DE LA CRISE BANCAIRE

La crise bancaire du milieu des années 80 a eu des conséquences négatives comme la faillite du système bancaire dans son ensemble. Celle-ci s'est traduite essentiellement par des défauts de paiement, des créances douteuses et irrécouvrables du fait de l'insolvabilité de la clientèle (les opérateurs économiques notamment) des banques, la suspension des découverts, les pertes financières des agents économiques du fait de l'illiquidité des banques, les fermetures d'agences. A la fin des années 80, la situation du secteur bancaire camerounais était donc très critique. Par exemple en 1988, la plupart des banques affichaient un résultat négatif et une situation de fonds propres tout aussi négative (Tableau1). La Société

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Camerounaise de Banque (SCB), la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) et la BCD ont été les premières banques à tomber en faillite en 1988 (tableau 2). Elles ont été suivies respectivement par la Banque Meridien BIAO Cameroun (BMBC) et la Bank of Credit and Commerce (BCC) en 1991, puis la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) en 1995.

Mais, l'un des faits majeurs a été le retrait rapide des succursales des banques américaines dès 1985 (Chase Bank Cameroon, Boston Bank Cameroon, Bank of America). De nombreuses autres banques ont aussi connu des difficultés ; il s'agit de la First Investement Bank (FIB), du Crédit Agricole du Cameroun (CAC), pour ne citer que quelques cas. Pour la seule année 1989, quatre établissements bancaires (SCB, BIAO, BCD CAMBANK et banque PARIBAS) parmi les plus importants du pays ont déposé leur bilan.

La perte pour l'ensemble du secteur se chiffrait à près de 700 millions de FCFA en bilan cumulé, soit un peu plus de 40 % du total des bilans bancaires qui était estimé à l'époque à 1 520 milliards de FCFA23. Par la suite, la perte atteindra le chiffre record de 52,884 milliards en 1990 et 50 milliards au cours de la première moitié de 1995. Cette situation traduit à elle seule la profondeur du mal, dans un pays qui comptait à l'époque moins de 15 banques.

Tableau1 : L'état de quelques banques commerciales en 1988 (en milliards de FCFA)

Groupe de banques

Résultat

1987/1988

Situation nette
des fonds propres
au 30 juin 1988

I-Groupe de banques déficitaires :

 
 

- SCBC

-11

-130,3

- BCD

-4

-37,9

- Cameroun Bank

-4

-56,3

- Paribas Cameroon

-4,2

-39,0

Total

-23,2

-264

II- Groupe de banques préoccupantes :

 
 

- BIAOC

-1,7

-10,2

- SGBC

-1,8

-13,2

- CBC

-0,4

-3,5

- IBAC

-0,4

-0,9

23 Cf: Rentabilité consolidé du secteur bancaire dans les différents Rapports du Conseil National du Crédit et les Documents de la BEAC (Direction de la Recherche et la Prévision).

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

- Méridien Bank

-0,4

+0,7

III- Groupe de banques « saines » :

 
 

- BICIC

1,8

-6,9

- BCCC

2,7

-

Source : Rapport de la Société d'Ingénierie Bancaire Internationale Tableau 2 : Situation des banques au cours des années 80 et 90

Banques

Situation à la fin des années 80

Situation dans lesannées 90

SCB

En faillite en 1988 et liquidée en 1989

Est devenue la SCB-Crédit Lyonnais

BICIC

En restructuration

Est devenue la BICEC en 1997 avec la Banque Populaire

SGBC

En restructuration

En restructuration

BIAOC

En faillite et reprise en 1991 Encore en faillite en 1995

Reprise par la Meridian Bank Cameroon en 1991

Cameroon Bank

En faillite en 1988 et liquidée

-

Chase Bank

Fermée en 1985

-

Boston Bank

Fermée en 1985

-

Paribas Cameroun

En faillite en 1989

-

BCCC

Fermée en 1991

Reprise par la Standard Chartered Bank en 1991

Bank of America

Fermée en 1985

Est devenue l'IBAC avec des intérêts camerounais

BCD

En faillite et liquidée en 1989

-

Source : Rapports annuels du Conseil National du Crédit du Cameroun.

L'examen des données relatives au secteur bancaire laisse croire que la crise bancaire de la fin des années 80 était une crise financière au sens des monétaristes car, celle-ci était caractérisée par la contraction de l'offre de monnaie. Après avoir subi une augmentation régulière de 1970 à 1985, la masse monétaire a connu une baisse de 1986 à 1987 et la situation monétaire a commencé à fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992. La contraction

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

monétaire de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en circulation et des monnaies divisionnaires. Avec l'avènement de la crise bancaire, les crédits alloués au secteur privé ont commencé à baisser au début des années 80. Cette baisse va même s'accentuer au courant des années 1990 (voir graphique 3).

En fait, en 1984, on a observé une substitution entre billets et dépôts. Cette substitution a donné lieu à une hausse sensible du ratio billets / dépôts à vue entre 1984 et 1990. La crise de confiance des clients met en relief le début du retrait progressif de leurs avoirs des banques et l'accentuation de la baisse observée des dépôts (Tableau 3). La réduction des dépôts s'est faite sans distinction, aussi bien dans les banques solvables que dans les banques insolvables. Face à l'ampleur du marasme, l'Etat a essayé de camoufler la baisse des dépôts privés des banques en augmentant substantiellement ses propres dépôts. La situation dégradante et progressive caractérisée par une sortie massive des capitaux a annulé l'effet de camouflage des difficultés financières du pays.

Tableau 3 : Evolution des dépôts (en milliards de francs CFA) dans les banques en difficulté entre 1984 et 1990

Banques

1984 /85

1985 /86

1986 /87

1987/ 88

1988/ 89

1989/ 90

BIAOC

15,54

-

-5,93

-4,83

-26,15

-20,11

BCCC

15,18

13,89

36,62

24,18

-19,24

5,09

BICIC

-2,88

-

-

30,71

6,52

-40,97

CAMBANK

7,57

10,45

11,05

-

-

-

IBAC

-9,99

35,95

1,69

-12,93

53,24

-26,77

MBC

30,13

-2,69

-

4,03

-1,97

-9,57

SCB

-

70,74

20,54

-10,86

1,46

22,06

SGBC

26,20

-

0,26

-12,54

-5,34

-7,14

Source : Etudes et Statistiques de la BEAC

L'ensemble des reformes ainsi entreprises avait pour but d'améliorer la santé du système bancaire camerounais et de relancer la finance intermédiée. Mais la question qui reste posé est de savoir si le marché bancaire camerounais après ces réformes a connu des changements majeurs ?

C'est à cette question que nous tenterons d'apporter des éléments de reponse.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery