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La prime pour l'emploi (PPE) un outil de politique publique à  fonctions multiples, un sujet permanent de réforme et de redéfinition.

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par Thierry GATINES
UPMF Grenoble 2  - Master 2 Evaluation et management des politiques sociales 2015
  

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CHAPITRE II - L'actualité du dispositif PPE

La Prime pour l'emploi est assortie de vives interrogations : par exemple, ne devrait-elle pas porter un autre nom ? Quelle est sa principale fonction aujourd'hui ? Pour quelles raisons cette mesure est-elle appelée si souvent à être réformée ? La Prime pour l'emploi n'est-elle pas victime de sa fonction multiple ?

Principalement, la Prime pour l'emploi a-t-elle un impact redistributif, stimule-t-elle l'emploi (Pisany-Ferry in OFCE, 2003), notamment l'emploi des femmes (Cahuc, 2002),

est-elle socialement juste (Dupond, Sterdyniak, 2001), est-elle compréhensible,
attractive, et efficace (Sirugue, 2013), peut-elle poursuivre plusieurs objectifs en même temps (Dupond, Sterdyniak, 2001) ? Enfin, quelles perspectives sont-elles à venir pour la Prime pour l'emploi (Sirugue, 2013) ?

L'objet de ce second chapitre est de mesurer la pertinence, l'efficacité, et l'efficience du dispositif de la Prime pour l'emploi (problématique).

L'objectif est de vérifier la pertinence du dispositif face à ses objectifs premiers : l'incitation à la reprise et au maintien dans l'emploi, et la lutte contre la pauvreté laborieuse (et in fine la lutte contre les inégalités, du moins dans la catégorie des actifs au travail). Ces deux principaux objectifs sont-ils atteints, et quel sont réellement leurs impacts redistributifs et ceux sur la stimulation de l'emploi (l'emploi des femmes en particulier) (Pisani-Ferry, 2003 ; Cahuc, 2002) ? D'autre part, ces deux « missions » sont-elles en mesure de cohabiter : en l'espèce, ce dispositif peut-il poursuivre en même temps deux objectifs distincts (Dupond, Sterdyniak, 2001 ; Commission familles, vulnérabilité, pauvreté, 2005 ; Cour des comptes, 2011) ?

En position de neutralité face aux thèses en présence, l'objectif est par là-même d'apporter une réponse aux questions centrales. Ces réponses s'articuleront autour d'une reformulation simplifiée du questionnement : pourquoi finalement la Prime pour l'emploi n'a-t-elle pas fonctionné, et quelles sont ses perspectives d'avenir ? A ce titre, l'analyse mettra en évidence, en démonstration, les avantages et les inconvénients de cet outil de politique publique.

Pour poursuivre, la question de la justice sociale sera abordée, dépassant une approche seulement monétaire de l'aide qui peut être apportée aux personnes en situation de reprise d'emploi, ou de maintien dans un emploi faiblement rémunéré : la PPE est-elle socialement juste (Dupond, Sterdyniak, 2001) ? Notamment s'agissant de primer des actifs au travail quand plus de 3 500 000 actifs sans emploi étaient inscrits en catégorie A sur les listes de Pôle-Emploi fin avril 2015 (Ministère du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle, et du Dialogue social, 2015 - 2). La PPE créé-t-elle et/ou gomme-t-elle des inégalités sociales ? Apporte-t-elle une aide adaptée et équitable aux travailleurs, particulièrement aux femmes en situation d'emploi ?

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Enfin, le dispositif sera abordé sous l'angle des capabilités, selon la grille d'analyse proposée par Amartya Sen, afin de dépasser l'approche seulement monétaire des situations de pauvreté laborieuse et des solutions qui peuvent y être apportées.

Pour cette démonstration, des cadres théoriques d'analyse seront mobilisés. Il sera particulièrement fait usage de l'analyse séquentielle des politiques publiques (Jones) et de l'analyse cognitive des politiques publiques (Muller). L'Approche par les capabilités (Sen) sera utilisée s'agissant de l'approche non monétaire qui peut être faîte des aides à apporter aux situations de reprise ou de maintien dans l'emploi faiblement rémunéré.

La PPE est-elle assez ciblée ? Les montants versés sont-ils substantiels ? Les bénéficiaires comprennent-ils vraiment le fonctionnement du dispositif ? (Annexe 6, 7, et 8 ; Cour des comptes, 2006). La PPE est-elle réellement incitative alors qu'elle est versée avec un décalage dans le temps de 9 à 18 mois (Cour des comptes, 2006) ?

Sur les exemples étrangers, L'EITC américain est une mesure plus ciblée que la PPE puisque seul un foyer sur cinq (1/5) en bénéficie, contre un foyer sur quatre (1/4) pour la PPE. Les montants alloués sont également plus importants : l'EITC peut par exemple accroître de près de 40 % le revenu des ménages ayant deux enfants et dont un seul membre travaille à temps plein avec un salaire minimum (Arnaud et al., 2008 ; OFCE, 2003). Le WFTC britannique est beaucoup plus ciblé que l'EITC et la PPE, puisque seul un foyer sur vingt (1/20) en bénéficie. Les montants accordés sont également plus élevés. Ainsi, la prestation peut atteindre 160 % du revenu déclaré. Cependant, ces chiffres sont à relativiser car le WFTC est considéré comme un revenu pour le calcul des autres aides et peut entraîner une réduction des aides globales accordées au ménage (Arnaud et al., 2008 ; OFCE, 2003).

A titre d'exemple, L'EITC est une mesure particulièrement incitative pour les foyers mono-actifs avec enfant. Il est estimé ainsi que l'EITC a fait passer le taux d'activité pour cette catégorie de la population de 65,5 % à 72,1 % entre 1993 et 1996, ce qui représente 146 millions d'heures de travail. En revanche, la mesure semble avoir un effet désincitatif sur l'activité des femmes mariées. On estime à cet égard, et pour la même période, une perte à 8,9 millions d'heures de travail (Arnaud et al., 2008 ; OFCE, 2003). Le WFTC britannique a induit de son côté une augmentation du taux d'activité de 0,15 %. Cependant, rapporté au coût net du WFTC, l'impact est faible et le rapport coût / efficacité est médiocre (6000 livres par nouvel entrant) (Arnaud et al., 2008).

Dans ce contexte, pourquoi la Prime pour l'emploi n'a-t-elle pas fonctionné, et quelles sont ses perspectives d'avenir ?

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A - De la non-optimalité à la contreperformance de l'impact redistributif et de la stimulation de l'emploi

Même si le coût budgétaire de la Prime pour l'emploi est loin d'être négligeable, la faible contribution de la PPE à la redistribution totale s'explique en partie par sa masse financière qui est sans commune mesure avec celles de l'impôt sur le revenu ou des prestations familiales44. Il est également important de souligner que l'exclusion de son bénéfice des personnes ayant des revenus d'activité inférieurs à 0,3 SMIC, et son extension à des personnes ayant des revenus d'activité supérieurs à 1,4 SMIC, en amoindrissent le caractère purement redistributif , puisque la prise en compte de certaines situations familiales permet notamment à des personnes disposant d'un revenu d'activité atteignant 2,1 SMIC d'en bénéficier (Bonnefoy et al., 2008 - 2). Pour les personnes ayant des revenus d'activité compris entre 0,3 et 1,4 SMIC (« le coeur de cible»), les gains financiers sont toutefois substantiels : le supplément de ressources s'élève à 9 % du revenu d'activité pour les personnes percevant entre 0,3 et 0,7 SMIC annuel, et de 5 à 6 % pour celles dont les revenus d'activité se situent autour du SMIC, soit 760 euros environ en 2007 pour les personnes ayant des revenus proches du SMIC (Arnaud et al., 2008 - 2). Loin d'être négligeable pour les personnes aux revenus modestes, la PPE joue néanmoins un rôle redistributif limité (Bonnefoy et al., 2008 - 2).

Le Conseil de l'emploi, des revenus, et de la cohésion sociale (CERC), qui avait examiné le projet initial de PPE (rapport n° 1, « Accès à l'emploi et protection sociale »), avait déjà souligné à cette époque que le coût budgétaire était important pour un faible effet redistributif, notamment en raison du niveau des plafonds retenus pour le revenu total du foyer fiscal pour les couples avec ou sans enfants à charge. Il préconisait une refonte visant à réduire ces plafonds. Cette refonte aurait permis de concentrer les effets budgétaires sur les ménages ne disposant que de faibles revenus du fait d'un accès insuffisant à l'emploi et aurait également eu des effets d'incitation plus marqués au retour à l'emploi des allocataires de minima sociaux (Conseil de l'emploi, des revenus, et de la cohésion sociale, 2006).

Au cours des trente dernières années, la montée du chômage et de la précarité des emplois ont suscité des interrogations croissantes sur l'approche essentiellement « réparatrice » de l'assurance chômage et sur les désincitations qu'elle pouvait induire, tant du point de vue de l'offre que de la demande de travail. Il est donc apparu nécessaire de développer des politiques actives de l'emploi : des politiques de subvention visant à renforcer la demande de travail des employeurs, et des politiques d'intéressement visant à stimuler l'offre de travail des salariés. Parmi les dispositifs d'intéressement mis en place figure la Prime pour l'emploi, visant à la fois à soutenir l'offre de travail et à assurer une meilleure redistribution des revenus (Bonnefoy et al.,

44 En 2006, la prime pour l'emploi représentait 0,4 % du revenu disponible, l'impôt sur le revenu avant PPE 6,5 %, les prestations familiales 4,1 %, les aides au logement locatif 1,3 % et les minima sociaux 1,1% (Bonnefoy et al., 2008 - 2).

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2008 - 2). Faisant partie des politiques actives de l'emploi, la PPE (comme le RSA) a entre autres pour but de connecter les minima sociaux au travail, en référence aux modèles britannique et américain (ou au Kombilohn allemand) (Hirsch, 2008).

Dans son rapport annuel de 2005, la Cour des comptes indiquait que peu d'études sur le volet incitatif de la PPE avaient été réalisées, les seuls éléments chiffrés disponibles étant issus de simulations économétriques ex ante, et non de données observées sur le marché du travail ex post. Ces simulations sont néanmoins riches d'enseignement, et montrent que l'impact de la PPE sur l'offre de travail est positif mais faible (+0,2 à

+0,4 % selon les études). Ces simulations présentent certes des faiblesses, mais les enquêtes réalisées auprès des ménages corroborent en définitive ces conclusions : ainsi, en juin 2003, dans les réponses à l'enquête de l'INSEE, 3 % seulement des ménages interrogés ont indiqué être incités par la PPE à reprendre une activité, 4% seulement à travailler davantage et 31 % à continuer à travailler. L'effet de la PPE sur l'emploi, selon ces modèles économétriques ex ante, paraît donc incertain, et compte tenu du coût budgétaire, son rapport coût/efficacité paraît faible (Bonnefoy et al., 2008 - 2).

Pour promouvoir l'emploi et les revenus des salariés faiblement rémunérés, le système français dispose essentiellement de trois instruments : le SMIC, les charges sociales et la Prime pour l'emploi. « Trois instruments pour atteindre deux objectifs, c'est, du point de vue de l'arithmétique, plus qu'il n'en faut » (Cahuc et al., 2008 : p. 110).

a - Impact redistributif

« Le modèle simple de redistribution optimale a été introduit dans la littérature économique il y a presque 30 ans par Mirrlees45. Il met parfaitement en lumière les enjeux essentiels de la redistribution, et en particulier les termes de l'opposition entre équité et efficacité » en terme d'arbitrage (Bourguignon, 2012 : p. 188). A ce titre, la Prime pour l'emploi a-t-elle un réel impact redistributif (Pisany-Ferry in OFCE, 2003) ?

L'aspect redistributif, doit s'entendre ici uniquement au sens de la modification de la distribution des revenus. En effet, et idéalement, les choix des agents ne doivent être modifiés que par l'effet revenu, tandis que les prix relatifs de l'économie restent inchangés (prix relatifs entre biens, entre travail et loisir, et entre facteurs de production ou entre facteurs de consommations) (Conseil d'orientation pour l'emploi, 2006).

En rappel, il est utile de préciser les concepts de revenu et le contour du champ de la redistribution dans le système français, tel que l'image le schéma 2.

45 Sir James Alexander Mirrlees est un économiste écossais, né le 5 juillet 1936 au Royaume-Uni. Il a reçu en 1996 le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel et a été fait chevalier en 1997.

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Schéma 2 : Récapitulatif des différents concepts de revenu et
contour du champ de la redistribution

Source : Marical 2009 : p. 77.

Dans une première évaluation de la Prime pour l'emploi à l'aide du modèle de micro-simulation « Myriade46 » de la caisse nationale des allocations familiales (destiné à l'analyse des politiques sociales et fiscales), il est démontré que « la Prime pour l'emploi permet de réduire le taux moyen de prélèvements nets de deux catégories d'individus : les individus les plus modestes qui sont membres d'une famille comprenant un actif occupé, et les individus dont le niveau de vie est moyen mais qui supportent un taux moyen de prélèvements nets particulièrement élevé » (Legendre et al., 2002 : p. 557). Les revalorisations successives appliquées au modèle de 2001 n'ont pas modifié cet aspect.

En définitive, on présente la Prime pour l'emploi comme un crédit d'impôt réservé aux titulaires d'un revenu d'activité compris entre 0,3 SMIC et 1,4 SMIC à temps plein et dont le montant est maximal pour un revenu équivalant au SMIC à temps plein. Ainsi, le montant de la Prime présente un profil, en fonction du revenu, en « dos d'âne ». Pour des revenus inférieurs au SMIC la Prime pour l'emploi s'apparenterait à une ristourne de CSG, en étant une fonction croissante du revenu. Cependant, la prime est une fonction décroissante de la rémunération horaire lorsque celle-ci est supérieure au SMIC horaire (Legendre et al., 2002).

46 Voir annexe 3.

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Les modèles français de simulation (« Myriade » pour la CNAF47 et « Ines48 » pour l'INSEE)49 offrent une représentation assez fidèle du dispositif et donnent donc un chiffrage précis des effets redistributifs (Périvier, 2003). Ainsi, selon ces deux modèles de simulation, il ressort que la faiblesse des sommes allouées, associées à une distribution insuffisamment ciblée, font de la PPE une mesure peu redistributive, dont l'impact sur la pauvreté, les inégalités, ou encore la progressivité de l'impôt sur le revenu est limité (Arnaud et al., 2008).

En démonstration, « en 2006, 1,9 million de personnes sont considérées comme des travailleurs pauvres, c'est-à- dire qui exercent une activité professionnelle mais ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. La moitié d'entre elles ne bénéficie pas de la PPE. Dans 70 % des cas, cela s'explique par leur trop faible revenu d'activité inférieur à

0,3 SMIC annuel. Les personnes pauvres exclues de la PPE bien qu'ayant exercé un emploi, n'ont souvent travaillé qu'une partie de l'année (la moitié d'entre elles déclarent avoir travaillé moins de trois mois dans l'année), mais 35 % des personnes pauvres qui ne bénéficient pas de la PPE déclarent avoir exercé un emploi durant toute l'année. La non-éligibilité à la PPE peut s'expliquer par un faible nombre d'heures travaillées. Dans ce cas, soit le revenu d'activité annuel est inférieur à 0,3 SMIC, soit au contraire, il est trop élevé en équivalent temps plein. La non-éligibilité à la PPE de travailleurs pauvres peut aussi s'expliquer par leur appartenance à une famille nombreuse : dans ce cas, le revenu de leur foyer fiscal est trop élevé pour être éligible mais leur niveau de vie est faible en raison de la présence d'enfants... ... Sur l'ensemble des travailleurs pauvres, seuls 6 % sortent ainsi de la pauvreté grâce à la prime. Les changements de barèmes en 2007 augmentent sensiblement les montants de PPE versés, mais l'impact sur la pauvreté reste limité » (Bonnefoy et al., 2008 - 2 : p. 14).

Globalement, la PPE profitent aux ménages du bas de la distribution des revenus. Cependant, elle est davantage ciblée sur le troisième décile et s'étale très haut dans la distribution des revenus50/ 51 (Périvier, 2003). A titre d'exemple, en 2010, la Prime pour l'emploi, en tant que crédit d'impôt destiné aux travailleurs à bas revenu, améliore le pouvoir redistributif de l'impôt sur le revenu et contribue pour un peu moins de 4 % à la réduction des inégalités (Cazenave et al., 2011). Les prestations réduisent davantage les inégalités de niveau de vie que les prélèvements, telle que le démontre, au titre de l'année 2011 le tableau 7.

47 Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF).

48 Voir annexe 1 et 2.

49 « Myriade » et « Ines » sont des appellations qui ne représentent des sigles ou acronymes.

50 Un tiers du budget de la PPE bénéficie à des individus appartenant aux cinq déciles supérieurs de la population (Hirsch, 2008).

51 Les personnes des deux premiers quintiles sont en effet non imposables, sauf exception selon la configuration du foyer fiscal, et la baisse de niveau de vie est plus forte pour les ménages du dernier quintile que pour les ménages des troisième et quatrième quintiles (Cazenave, 2011).

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Tableau 7 : Contribution des différents transferts à la réduction
des inégalités de niveau de vie en 2011

1. Les cotisations sociales retenues ici regroupent les cotisations patronales et salariales famille, les taxes logement, transport et apprentissage.

2. Allocation de soutien familial, allocation d'éducation de l'enfant handicapé, compléments de libre choix d'activité et de libre choix du mode de garde de la PAJE52, subventions publiques pour la garde d'enfants en crèches collectives et familiales.

3. Complément familial, allocation de base de la PAJE, allocation de rentrée scolaire, bourses du secondaire.

4. Partie « socle » du revenu de solidarité active, minimum vieillesse (ASPA53), allocation supplémentaire d'invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément.

Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.

Lecture : les prestations représentent en moyenne 7,3 % du niveau de vie et contribuent pour 66,2 % à la réduction des inégalités.

Note : la colonne (A) représente le rapport moyen entre le prélèvement ou la prestation considéré et le niveau de vie. La colonne (B) estime la progressivité du transfert via la différence entre son pseudo-Gini et le Gini du niveau de vie avant redistribution. La colonne (C) estime la contribution (en %) de chaque transfert à la réduction des inégalités. Elle s'obtient en faisant le produit des valeurs absolues des colonnes (A) et (B) pour le transfert et en divisant ce produit par la somme des produits sur tous les transferts.

Sources : INSEE ; DGFIP54 ; CNAF ; CNAV55 ; CCMSA56, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2009 (actualisée
2011), modèle « Ines », calculs DREES57 et INSEE, in Duval et al. 2012 : p. 81.

Les personnes appartenant aux 10 % les plus pauvres ne peuvent bénéficier de la PPE (Périvier, 2003). Ce fait s'explique par les caractéristiques du marché du travail français : le salaire minimum élevé implique que les individus ayant une productivité

52 Prestation d'accueil des jeunes enfants (PAJE).

53 Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA).

54 Direction générale des finances publiques (DGFIP).

55 Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV).

56 Caisse centrale de la mutualité sociale et agricole (CCMSA).

57 Direction de la recherche, des études, de l'évaluation, et des statistiques (DREES).

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trop faible ne peuvent trouver un emploi et donc ne peuvent pas bénéficier de la mesure (Cahuc, 2002). D'autre part, le montant de la prime est croissant avec le nombre d'heures travaillées pour des rémunérations horaires inférieures au SMIC, puis, au-delà, il décroît à mesure que le temps de travail augmente. Ce principe implique une certaine ambiguïté vis-à-vis de la cible visée. D'un côté, elle est défavorable aux travailleurs à temps partiel subi (alors que ceux-ci constituent l'essentiel des travailleurs pauvres), mais d'un autre côté, elle favorise les travailleurs ayant une rémunération horaire faible, et devrait donc malgré tout cibler une partie de cette catégorie d'individus (Périvier, 2003). D'un point de vue plus technique, l'exclusion des travailleurs ayant gagné moins de 0,3 SMIC dans l'année, une condition de ressources assez peu restrictive notamment pour les couples, et le fait que le calcul de la prime se fasse essentiellement sur une base individuelle, en dépit de l'existence de conditions de revenus au niveau du foyer fiscal, limitent le pouvoir redistributif de la PPE. Or, aucune de ces caractéristiques n'a été modifiée depuis 2001. Ainsi, même si le dispositif a été revalorisé fortement à plusieurs reprises, ces hausses ont concerné tous les groupes de bénéficiaires, quel que soit leur niveau de vie, mais n'ont pas modifié la configuration redistributive (Bonnefoy et al., 2009).

En conclusion, les montants distribués via la PPE sont de faible importance et le bénéfice de ce crédit d'impôt n'est pas particulièrement ciblé sur les individus de faible niveau de vie (Legendre et al., 2004), d'autre part, « peu ciblée et excluant les salariés et non-salariés ayant de faibles revenus d'activité (inférieurs à 0,3 SMIC), la Prime pour l'emploi ne réduit que de 0,5 point le taux de pauvreté des personnes en emploi » (Bonnefoy et al., 2008 - 2 : p. 4).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon