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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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PARTIE 2

Les limites au développement des musiques

actuelles dans le Gâtinais.

Analyses et compréhension des difficultés rencontrées.

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I. Inégalités spatiales et territoriales, quels effets ?

1.1. L'inégale répartition des équipements facteur d'inégalité de pratiques

Nous l'avons vu, le principal constat observable sur le territoire seine-et-marnais est le déficit d'équipement au nord, à l'est, et au sud. La corrélation de ces disparités avec la nature rurale du territoire tendrait à témoigner d'un désintérêt des politiques publiques pour une part notable de la population et de ses besoins. L'enjeu des politiques étant aussi bien de répondre à la forte demande sociale en matière musicale, comme étant l'une des activités culturelles préférées des Français100, que de permettre de développer les conditions d'accès aux équipements, aux services culturels et aux lieux de proximité « avec une répartition géographique compensant les déséquilibres centre/périphérie, zones urbaines/zones rurales, Paris/régions, etc. »101.

Le Conseil Supérieur des Musiques Actuelles, mis en place en 2004, à la demande des acteurs et professionnels du secteur, a souligné, dans son Plan pour des politiques nationales et territoriales concertées en faveur des musiques actuelles, l'importance des Concertations territoriales pour combler les inégalités sociales et territoriales à travers, notamment, la proposition d'élaborer les «schémas territoriaux de développement des musiques actuelles»102. Cette proposition aboutira à la circulaire du 31 août 2010, dont l'objectif est de développer les SOLIMA103 et de dégager des perspectives d'avenir pour les lieux de Musiques Actuelles. Ces schémas visent à prendre en compte l'intérêt de « l'équité territoriale », en rappelant que « le maillage territorial, permettant de répondre â la demande dans le respect des diversités des musiques actuelles, est loin d'être achevé ». Cette circulaire met en avant « les écarts territoriaux » en matière d'aménagement, de diffusion, de production et d'apprentissage, surtout en territoires ruraux.

Et c'est notamment en matière de pratiques amateurs que ses écarts peuvent générer de véritables inégalités. Concrètement cela se traduit par des constats plutôt négatifs des musiciens sur leur propre territoire : « Il manque des locaux de répétition, il manque des studios, ouais il

100 Sondage de la SACEM conduit par Sofres de mai 2005, indique que près de 74 % des Français estiment ne pas pouvoir se passer de musiques, devenues un des loisirs culturels préféré des français. En 2011, près d'un français sur deux (47%) déclare que la musique est une de leur activité culturelle préférée, la plaçant en troisième position après la lecture et la télévision.

101 Berthod-Weber, Rapport de soutien de l'état aux musiques actuelles, 1998, p.55

102 CSMA, Plan pour une politique nationale et territoriale des musiques actuelles, 2004

103 Schémas d'Orientation de développement des Lieux de Musiques Actuelles

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manque vraiment des structures d'accompagnement des artistes. Y'a pas beaucoup de structures donc euh...malheureusement, on fait du bruit, ça embête les voisins. »104 La concentration des lieux structurants sur la frange urbaine entraîne, sur le reste du département, un déficit d'accompagnement des jeunes formations musicales. Selon nos constats, le nombre d'espaces de répétition n'est que de trois : au FLC de Fontainebleau, à la MJC La Scala, et de manière moins permanente, à la Tête des Trains. Si l'on estime le nombre de groupes amateurs sud seine-et-marnais, ayant déjà une activité de diffusion, entre soixante et quatre-vingts formations musicales locales, il est difficile d'envisager que les équipements présents sur le territoire puissent accueillir à l'année l'ensemble de ses groupes. De plus, on peut remarquer que le manque de personnel dédié rend la transmission complexe. Comment former quand on ne l'est pas soi-même ?

Les dispositifs destinés au repérage et au développement des formations musicales sont eux aussi concentrés sur les zones urbaines du département et bénéficient difficilement aux groupes ruraux105. Une situation qui peut s'expliquer par la faible visibilité de ces dispositifs, et le manque de projets similaires organisés entre les seules structures du Gâtinais. Bien évidemment, ce serait à tort d'imaginer que ces structures ne souhaiteraient pas développer ce type de dispositifs, en témoigne les soirées « tremplin » et la dizaine de musiciens accompagnés chaque année dans la diffusion et l'élaboration scénique de leurs projets musicaux. Toutefois, on peut s'interroger sur la véritable portée de ses expériences comparées aux programmes « complets » proposés par les structures dédiées en matière d'accompagnement aussi bien technique qu'artistique (gestion sonore, utilisation et réglage du matériel, arrangement, coaching, prévention des risques auditifs, etc.). Les répétitions sont donc bien souvent organisées chez les particuliers, dans les sous-sols des pavillons, les caves, les granges ou les bâtiments agricoles, qui deviennent les lieux de rendez-vous des copains amateurs de musique et plus largement de leur proche entourage, leurs premiers fans.

Les mêmes difficultés se présentent en matière d'enregistrement. Passage obligé des groupes en développement, l'enregistrement d'un support sonore est une étape cruciale dans le

104 Propos recueillis d'après l'interview réalisé par l'association Musiqafon dans le cadre du projet « La culture, le 77 et moi » initié par le projet Place Aux Jeunes par le Service Jeunesse de Seine-et-Marne. Les jeunes répondants sont des lycéens de Nemours et Fontainebleau.

105 Les dispositifs recensés par le réseau Pince Oreilles sont : le Mégaphone, élaboré entre la Boîte de Concert, à Pontault Combault, et le Pub ADK à Roissy-en-Brie ; le FÔG (Formations Ô Groupes) rassemble lui L'Empreinte, à Savigny-le-Temple, Le Potomak, à Brie-Comte-Robert, L'Oreille Cassée, à Combs-la-Ville, et La Citrouille à Cesson ; et Eureka, mis en place entre Les Cuizines de Chelles, et File7 à Magny-le-Hongre.

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parcours d'un artiste ou d'un groupe. Globalement, la diffusion, la répétition et l'enregistrement sont des activités intimement liées au sein des équipements dédiés aux musiques actuelles, traduisant une volonté d'intégration cohérente et même indispensable. Les studios de répétition de type sociétés commerciales, sont généralement à l'initiative de professionnels du secteur musical, ou de musiciens désireux de répondre par leurs propres moyens à la demande locale. Il en résulte parfois un manque de visibilité et une inadéquation entre le besoin d'être accompagné et la prestation de service purement commerciale. Certains développent leur propre home studio mais cela ne va pas sans investissement, ni sans un minimum de connaissances techniques, qui bien souvent relèvent de l'autodidactie.

Aussi, il ne faut pas sous-estimer l'impact de cette situation inégalitaire sur le propre parcours des artistes et les difficultés que peuvent représenter le passage du statut d'artiste local à celui d'artiste d'envergure départemental. Une évolution qui nécessite, à un certain stade, d'être repéré, pour au moins espérer être programmé dans un espace entièrement dédié à la diffusion des musiques actuelles, en milieu urbain. Les difficultés qui en découlent, lorsque l'offre est insuffisante ou insatisfaisante, peuvent parfois alimenter un réel sentiment d'injustice. L'isolement territorial et ses conséquences en matière d'éloignement des services et des espaces de pratiques peuvent désavantager les populations rurales, et notamment les jeunes. Si inégalités de pratiques et inégalités territoriales peuvent ainsi être corrélées, elles peuvent également présenter un caractère cumulatif, notamment si l'on est jeune et rural.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard