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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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1.3. La mobilité en question.

La façon dont la jeunesse entrevoie son territoire de vie est un indicateur d'importance. Elle résulte bien sûr des configurations spatiales mais aussi des manières de maîtriser son environnement, en termes de distances aussi bien géographiques que symboliques. Aussi, la mobilité apparaît comme un enjeu majeur, capable d'influencer directement les sociabilités, notamment des jeunes, dans leur rapport aux études, à l'emploi, et à leurs loisirs.

Quand on interroge les jeunes sud seine-et-marnais sur les évolutions à entrevoir en termes d'accès à l'offre culturelle sur leur territoire, et plus globalement, en matière de service, le manque impérieux de transport est largement mis en avant : « Au niveau des transports, je trouve quand même y'a un problème. Moi j'habite dans un petit village, et c'est vrai que c'est pas évident de se déplacer â l'intérieur du département. », « Bah du transport, des activités...euh...oui...des choses qui font vraiment changer la vie de tous les jours. », « Ah, qu'est-ce qui manque...Bah en premier se serait les bus, parce que chez moi y'a pas du tout de bus », « Bah quand t'as pas de permis...bah t'es coincé. ».

Le réseau de transport sud seine-et-marnais est en effet peu dense. La ligne 34 du Seine-et-Marne Express, ligne de bus principale qui dessert cinq communes entre Melun et Château-Landon (et Égreville autre terminus), se concentre uniquement sur l'axe nord-sud parallèle au Loing. Il en est de même pour la ligne R du Transilien, qui relie les gares de Souppes-sur-Loing à Paris, mais qui ne dessert que quatre gares sud seine-et-marnaises. Les bus intercommunaux sont pour l'essentiel réservés aux transports scolaires. En matière d'horaires, les services par bus ou par voie ferroviaire n'excèdent généralement pas 23h ou minuit et pour certains 20h. Notons que le fait même de pouvoir accéder à un de ses services nécessite d'être véhiculé. Alors, certes si le problème se pose moins pour les 86% de ménages seine-et-marnais qui disposent d'au moins un véhicule, elle se pose aussi bien pour la jeunesse, que pour les plus démunis.

Avoir le permis, c'est s'offrir un avenir, c'est passer du stade d'adolescent à celui d'adulte indépendant ou tout du moins autonome. Dans les communes isolées, peu ou pas desservies, cela peut aussi dire accéder à d'autres formes de vie sociale, hors du cadre familial ou scolaire. En matière d'accès à l'offre culturelle, la dépendance à la voiture s'avère forte en zone rurale compte-tenu des horaires généralement tardifs des concerts qui corrèlent mal avec ceux des services de transports. Aussi, certains doivent compter sur un(e) ami(e), un proche ou un membre de la famille, plus ou moins enthousiasmé pour effectuer les déplacements. Les coûts de consommation d'essence ne sont d'ailleurs pas à sous-estimer. Bien que les distances à parcourir, parfois longues, soient le lot quotidien d'une partie de la population du Gâtinais,

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lorsqu'il s'agit de se rendre dans un équipement dédié aux musiques actuelles en Seine-et-Marne, elles peuvent potentiellement dissuader (par exemple, pour se rendre à L'Empreinte, à Savigny-le-Temple, salle dédiée la plus proche du Gâtinais, il faut compter, selon l'éloignement, plus d'une centaine de kilomètres à parcourir aller et retour.).

Si les distances et l'éloignement peuvent représenter un frein pour la jeunesse selon certains acteurs, comme Musiqafon, d'autres en revanche, comme Pierre Beltante de la Tête des Trains nuance toutefois cette situation : « Moi je pense que pour avoir un public plus jeune, il faut être en milieu urbain pour faire ça. Parce que le public plus jeune ici, les mecs ils ont une voiture, quand ils commencent â avoir une voiture tout ça, ils vont aller en ville, lâ où y'a de la moquette, des néons, des trucs qui flashent quoi. (...) Un gamin qu'a jamais voyagé, il préfère aller où y'a des néons, où y'a de la moquette, où ça brille quoi et de la musique qu'il aime. (...) en plus les jeunes qui pourraient venir si ils sont très jeunes faudrait qu'ils viennent en mob', d'un village â l'autre, donc lâ c'est.... Bah c'est galère. Une salle en milieu urbain, comme La Fontaine, le Potomak, du côté Cuizines, l'Oreille Cassée, tout ça, ils viennent plus facilement. ». Pour Pierre Beltante, la ville représenterait pour ces jeunes le cadre privilégié des pratiques culturelles ou festives. Un constat qui peut s'expliquer par une certaine passivité des jeunes à l'égard des activités proposées localement, ou par un manque de visibilité de l'offre en zone rurale.

Ainsi, les modalités d'accès à l'offre sont intimement liées à la maitrise de la mobilité, de son environnement social (en termes de ressources mobilisables à l'échelle de l'entourage), des configurations spatiales (en termes d'appréhension des distances) et des possibilités matériels et financières (avoir une voiture, savoir maîtriser les services de transports). Ces constats invitent à poursuivre notre réflexion sur les politiques mises en oeuvrent à l'échelle locale pour prendre en compte ces inégalités et tenter de les réduire.

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