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Analyse criminologique des interactions entre les agents de sécurité et les creuses dits clandestins dans le site minier MMG/Kinsevere


par Nestor NEDI PALANGA
Université de Lubumbashi - Licence en criminologie 2019
  

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3.2. DESCRIPTION DES PRATIQUES

Dans cette section, nous voulons essayer d'entrer en profondeur des pratiques que nous venons d'énumérer dans la partie précédente sous l'angle descriptif, c'est-à-dire en adoptant le langage des enquêtés. Ce code descriptif nous permet selon Noreau (1998 : 590) d'approcher notre objet en dehors des fictions juridiques et de déceler derrière l'action supposée des acteurs qui s'agitent ou qui se sont agités.

L'émergence de ces pratiques problématiques peut être expliquée comme un moyen par lequel ces acteurs se débrouillent pour répondre à leurs besoins. Parlant du concept « débrouille » comme économie de survie, Villers et Gauthier (2002 : 33) définissent l'activité économique informelle comme des activités échappant au cadre institutionnel et règlementaire officiel de l'économie qui sont dès lors non contrôlées et non enregistrées et à des degrés divers. En dépit du fait qu'elles sont les plus souvent pratiqués au grand jour, non légal ou illégal.

C'est ainsi qu'à partir des entretiens sur le site de recherche avec les personnes-ressources nous avons épinglé les pratiques problématiques suivantes :

a. La pratique « Frappe » ou « le cop »

Dans le contexte de notre étude, le concept « frappe » est un langage ou un jargon utilisé par les enquêtés spécialement les agents de sécurité pour designer « le vol » ou « les avantages du site ». Notamment dit, c'est l'ensemble des pratiques qui permettent aux acteurs d'avoir un bien matériel ou financier dans un lieu donné.

Un garde MOMO s'est exprimé en ces termes :

« Nous avons parfois certains termes que nous utilisons comme code lorsque nous sommes entre nous, par exemple la frappe (...) » partout dans chaque entreprise il y a toujours des frappes, donc minezi kusema ni buivi (je peux dire que c'est le vol). Les autres utilisent même le cop ».

b. La pratique « Swapping »

Du point de vue sécuritaire, le concept « swapping » fait référence à la mutation d'un officier de sécurité dans un poste de travail vers un autre. Dans le site minier Kinsevere, le déploiement change à chaque prestation ; un officier de sécurité ne peut être déployé dans un poste de travail deux fois successives, s'il est déployé dans un poste donné dans une prestation, le jour ou la nuit qui suit il sera swappé (muter) dans un autre endroit.

L'officier MIMI explique en ces termes :

« Chez MMG, on travail deux day (jours), deux night(nuit) et deux of (repos) ; si tu prestes dans un poste pendant ton premier day, le deuxième day tu dois être swapé vers un autre poste ».

Sous un regard criminologique, les gardes utilisent ce concept dans leur langage pour désignerle fait de déplacer ou de prendre un bien du client pour les intérêts privés. Et pour sortir avec cela sur le site, l'agent de sécurité doit signaler à l'un des officiers à la barrière afin qu'il ne soit pas fouillé systématiquement.

Le garde Wisckyajoute en ces termes :

« Pendant la ronde sécuritaire, un officier peut remarquer qu'on a oublié par exemple un ordinaire ou tout autre bien dans le véhicule, alors il va le déplacer pour le cacher quelque part afin qu'il puisse sortir avec cela après la prestation ».

c. La pratique « kubuwa » ou « Milembe »

Le concept « Milembe » ou « kubuwa » signifie en swahili simple comme « kulala », qui veut dire en français« dormir ». Donc c'est un concept utilisé par les enquêtés, spécialement les agents de sécurité pour designer « dormir au poste ». Dans le règlement sécuritaire, le sommeil est punissable car il a des conséquences graves lorsqu'ils sont appelés à sécuriser les biens du client. Mais pour les gardes, peu importe les exigences de l'entreprise et les conséquences qui accompagnent le sommeil, ils dorment toujours.

L'officier Kilo enrichit en ces termes :

« Si vous êtes surpris en sommeil pendant la prestation ; c'est un licenciement sans prévu, mais vous savez que le sommeil c'est un devoir naturel bien que les règles du travail nous l'interdisent, même si on preste.Mais nous ferme quand même l'oeil ».

d. La pratique « Kumueneya » ou « ku bobola »

Ce concept est utilisé par les creuseurs clandestins pour designer toute forme d'actes des mauvais traitements, des menaces et agressions, etc. envers toute personne(les gardes ou d'autres personnes) qui les empêche d'accéder dans la mine ou de sortir de la mine avec les sacs des minerais ou d'autres biens volés dans le site. Souvent cette pratique se fait toujours en groupe.

Le creuseur clandestin Chako explique :

«Kama garde anatubamba soit anatukatariyatutoke na bintu bietu kuko deux possibilité : soit mita « mueneya » soit « tunaishana » naye ; kumueneya ndjo kusema kama mambo inakua nguvu, vile tuko ba mingi tunezi kumupika soit kumu fania fudio,...pale atakimbiya njo tuna toka bila mambo ».

Traduction française :

« Si les gardes nous arrêtent ou soit s'ils nous empêchent, nous pouvons lesfrapper oules faire des terreurs,...à ce moment ils vont fuir et nous sortirons sans problème ».

e. La pratique « Kuishana »

Selon notre analyse, le concept « kuishana » veut dire régler le compte. Il est utilisé par les creuseurs clandestins pour designer toutes les pratiques qui font usage de la coopération et la négociation entre les acteurs ; c'est-à-dire les actes de corruption entre les deux protagonistes sur ses transactions des biens et services.

Le creuseur clandestin Kilos'exprime :

« (...) kuishana naye ndjo kusema kama tuko ba mingi tuta sumburiya nabo tuna bapatshiya ata makuta ju ya kutuacha ».

Traduction française :

« (...) comme nous sommes nombreux, nous allons négocier avec eux pour leur donner l'argent afin que nouspuissions sortir ».

f. La pratique « kulokota »

Le mot « kulokota » signifie « ramasser ».Alors « bakalokota » signifie « les ramasseurs ». Il s'agit de toute catégorie de creuseurs (enfant ou adulte) qui ramasse les minerais pendant la journée tout comme la nuit dans les remblais et concassent au cas où ce sont des grosses pierres. Tous sont munis des sacs dans lesquels ils mettent des minerais ramassés. S'ils ramassent des grosses pierres, le concassage est appliqué sur les minerais formés en blocs; les creuseurs écrasent les minerais en blocs à l'aide de marteaux et autres matériels en métal afin de réduire leurs volumes. Le concassage permet de récupérer les minerais et jeter les mauvaises pierres.

Kako s'exprime :

« Tunendaka njo kulokota minerais ile bana muangaka ku remblais,... ».

Traduction française :

« Nous ramassons des minerais qu'on jettent dans les remblais,... ».

g. La pratique de « forage »

Le forage consiste à miner dans le sol avec des bèches et de barres des mines qu'ils appellent en leur langage « Mungala » ou « Djobi ». Pendant cette opération, une équipe peut faire 1 ou 2 jours soit plus pour arriver à la couche minéralogique appelée « Filon » ou le « Kalolo »; qui est la présence des minerais dans la cheminée (le puits).

Dans la cheminée il y a ce qu'ils appellent « salon » : qui est un lieu où les creuseurs clandestins viennent déposer les minerais et se reposer. En descendant dans la cheminée, ils ont créé des « bâtais » qu'ils appellent escaliers qui leur permettent de descendre ou de sortir du puits.Pendant le forage, les creuseurs clandestins sont bien structurés et organisés. Un groupe un constitué de (d'un) :

· Un chef d'équipe : qui coordonne les opérations, il est aussi chargé de négocier avec les agents de sécurité en cas de flagrance.

· Un visionneur ; il est chargé de contrôler le mouvement du site et des agents de sécurité.

· Les remonteurs (Ba kapandisha): c'est une catégorie de creuseurs clandestins qui remontent les colis de minerais mis dans des sacs qui pèsent plus ou moins 10 à 25 Kg du puits à la surface. Ils sont parfois appelés « saliseurs » ou les « aide-creuseurs ».

· Les transporteurs (ba kapapa) : le mot kapapa veut dire transporter quelque chose par le dos. Dans le langage des creuseurs clandestins, « ba kapapa » qui veut dire les transporteurs des sacs des minerais de la mine jusqu'à la destination. En dehors du site minier, ils font recours aux motards pour transporter les sacs de minerais.

De tout ce qui précède, Dibwe Dia M. (2OO2 : 33) estime que « les villes congolaises connaissent depuis plus de trois décennies une prolifération d'activités économiques diversifiées qui échappent au contrôle du pouvoir politique ».

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote