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L'erreur dans les réalisations écrites d'élèves marocains. état des lieux de leurs performances écrites, interrogations sur son statut et sur les modalités de sa gestion dans les documents officiels et dans les pratiques d'enseignement.


par Sarah TAMIMI
Université du Maine - Master 2 Didactique des Langues et l’enseignement du FLE  2019
  

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L'erreur au service de l'enseignement du FLE

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Analyse et interprétation des résultats du questionnaire

Introduction

Nous consacrerons cette partie à une analyse approfondie des réponses du questionnaire présentées par un groupe d'enseignants du français du cycle primaire et collégial exerçant dans des établissements scolaires publics et privés au Maroc. Il est à noter que, nous sommes, dans le cadre de cette analyse loin de juger les pratiques pédagogiques de ces enseignants. Notre souci primordial est de relever le statut et le mode de traitement de l'erreur en classe de FLE, de présenter les spécificités de chaque méthode et de proposer éventuellement des pistes de remédiation. Cette partie analytique sera divisée en quatre sous parties.

· Démarche méthodologique adoptée

Avant de commencer l'analyse et l'interprétation des résultats du questionnaire, nous avons pensé en premier abord à expliciter dans ce premier chapitre la démarche méthodologique adoptée dans le cadre de cette analyse. Nous appuierons en effet cette démarche sur une comparaison compréhensive aussi bien des différentes conceptions que les enseignants du français ont de l'erreur et de son statut en classe de langues que de leurs méthodes pédagogiques déployées en vue de traiter/gérer l'erreur de leurs élèves. Nous rappelons à cet effet que l'objectif principal de cette comparaison est de mettre en relief les pratiques des professeurs et les méthodes qu'ils mettent à la disposition de leurs élèves pour remédier aux erreurs. Comme nous l'avons mentionné précédemment, l'inventaire du questionnaire a été fondé sur un ensemble d'interrogations et de constats qui nous interpellaient avant la réalisation de l'enquête. Notre démarche consiste dans un premier temps à établir un inventaire des représentations des enseignants sur l'erreur et de circonscrire en second lieu sa problématique.

1) Le statut et rôle de l'erreur dans les pratiques des enseignants

Comme nous le savons tous, l'erreur représente actuellement un outil indispensable dans l'enseignement/apprentissage du FLE. En effet, beaucoup de recherches en didactique des langues ont commencé depuis une dizaine d'années à donner de l'importance à l'erreur et à s'intéresser à son étude. L'erreur est très souvent considérée comme un élément perturbateur qui dérange en quelque sorte le processus d'apprentissage de l'élève. En d'autres termes, lorsqu'un élève par exemple commet une erreur ou se trompe, l'enseignant a tendance à penser qu'il a échoué dans sa mission ou qu'il n'a pas bien expliqué la leçon. Ce qui est le cas des enseignants du primaire qui ont participé à la réalisation de notre enquête. En effet, on remarque que tout le long de leurs réponses, ils rejettent la présence de l'erreur et la perçoivent comme étant un frein dans l'apprentissage de la langue. Ces enseignants sont par ailleurs confrontés au quotidien à un certain nombre de difficultés liées à la remédiation des erreurs. Dans cette perspective, Marquillo-Larruy précise qu'« interpréter les erreurs sera toujours une pratique risquée du métier d'enseignant (car jamais totalement définitive et jamais totalement certaine) mais elle est pourtant indispensable car seule une réaction réfléchie prenant en compte les spécificités des productions de chaque élève nous semble à même de permettre un étayage pertinent qui accompagnera l'élève sur le chemin de l'apprentissage. Pour la plupart d'entre eux, le problèmeémane tantôt de l'apprenant (son niveau, ses besoins, ses attentes et son profil d'entrée) tantôt de la complexité de la langue française.

Notre avancée dans l'élaboration de l'analyse des résultats du questionnaire nous ont poussé à changer nos représentations préalables sur le mode de traitement de l'erreur dans les classes marocaines. Cependant, il est très important à souligner que la gestion ou remédiation de l'erreur de la part d'enseignants exerçant dans une école privée diffère de celles d'enseignants travaillant dans une école publique. Il est à noter que dans tous les établissements publics au Maroc, les enseignants du français ont à leur charge plusieurs classes (soit environ 160 élèves voir des fois 180 dans les zones rurales) et sont suivis par un programme défini qu'ils doivent terminer avant la fin d'année, contrairement aux écoles privées où les enseignants ont à leur charge un nombre de classes moins élevé. De cet effet, la remédiation des erreurs ne peut pas se faire d'une façon individuelle, ce qui signifie, entre autres, que le temps (restreint à la classe) ne suffit pas à l'explicitation des origines et causes de l'erreur en classe de FLE et à amener en même temps leurs élèves à en prendre conscience.

Le groupe d'enseignants ayant affirmé que les erreurs proviennent du niveau bas de leurs élèves et du profil d'entrée qui ne correspond pas à la réalité décevante des classes (niveau catastrophique des élèves) se retrouvent dans ce contexte, dans l'obligation d'établir un diagnostic et de revoir les bases de langue avec leurs apprenants. Les enseignants se retrouvent alors dans une autre problématique, ce qui explique alors la réapparition de certaines erreurs chez les élèves. Le socle sur lequel ces enseignants construisent leurs apprentissages est très fragile voir même des fois inexistant. Il faut bien évidemment prendre les besoins et attentes des élèves en compte, cependant il ne faut pas perdre de vue qu'il existe en effet plusieurs stratégies et mécanismes sous-jacents à l'apprentissage d'une langue étrangère. Le français, est à cet effet pour les élèves marocains, une langue étrangère et son usage/pratique demeurent très restreints. Il faut dans ce sens noter que la majorité des élèves marocains dans les établissements publics pratiquent le français qu'au sein de la classe, durant les quatre heures consacrées au cours de français (ce qui n'est pas du tout suffisant).

En outre, leur entourage familial et social ne les encourage pas à pratiquer cette langue en dehors de l'établissement, cela explique leur niveau très bas et leur profile d'entrée inexistant. Pour remédier aux erreurs et impliquer les élèves dans ce processus, la majorité des enseignants optent le plus souvent pour une correction collective en classe n'incitant pas en conséquent leurs apprenants à prendre conscience individuellement de leurs erreurs. On reconnait que l'erreur est un indice d'apprentissage important qui permet à l'enseignant de pouvoir situer la progression de ses élèves en classe, par ailleurs cette progression se retrouve malheureusement entravée par le manque d'implication individuelle des élèves dans la phase de remédiation.

2) Comprendre le statut et rôle de l'erreur du point de vue des enseignants

· Attitude des enseignants vis-à-vis de l'erreur en classe de FLE

Afin de mieux assimiler l'erreur et son statut dans l'enseignement/apprentissage du FLE, il est nécessaire de l'identifier et de connaitre à quoi elle est liée. Les erreurs sont des indices du processus didactique de l'apprenant, des différentes tâches cognitives et conceptuelles qu'il effectue et des difficultés rencontrées, l'erreur est de ce propos inhérente au processus d'apprentissage. Nous remarquons cependant, qu'il existe toujours cette conception négative/rejet de l'erreur de la part des enseignants du français. L'erreur demeure pour eux regrettable. Ils acceptent en effet l'erreur, la repère, l'identifie, essaient d'y remédier mais ont toujours cette conception qu'elle symbolise un signe d'échec de l'apprenant qui n'a pas réussi à mettre en place des mécanismes d'apprentissage efficaces et pertinents pour intérioriser l'erreur, se l'approprier et y remédier. En effet, les moyens et supports pédagogiques qu'utilisent les enseignants du français au Maroc (programme éducatif chargé, manuels scolaires comportant des exercices de langue n'induisant pas les élèves à réfléchir eux-mêmes sur leurs erreurs) ne les préparent pas à transformer la production de ces dites erreurs d'un obstacle d'apprentissage à un outil au service de l'acte d'apprendre, comme nous le dicte le modèle constructiviste. Et encore faut-il savoir qu'il n'est pas évident, dans le cadre de ce modèle, de déconstruire les représentations préalables profondément ancrées et stimuler un changement de comportement.

Les perceptions qu'ont les enseignants du français sur l'erreur et son rôle dépendent largement de leur contexte d'enseignement et des besoins réels des élèves dans la situation didactique. Néanmoins, l'attitude que doivent avoir ces enseignants à l'égard des erreurs doit être positive en vue de libérer les apprenants de la phobie de l'erreur. Jacques Attali affirme dans ce sens : « Quand on aura compris qu'on apprend en se trompant, on reconstruira l'école différemment. (Le monde Éducation 10 novembre 2010 ». Parmi les difficultés que les enseignants du français rencontrent lors de la correction des copies des élèves et la phase de remédiation, le manque d'implication des apprenants dans ce processus et leur niveau très bas en français, qui, entrave le bon déroulement de la remédiation des erreurs.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci