WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les transformations métropolitaines de Marseille

( Télécharger le fichier original )
par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C. É Créateurs de synergies et pérennisation

Le dernier effet de la CEC que nous analyserons est la création de synergies que l'événement a produites pour l'ensemble du territoire. La CEC et MP 2013 ont en effet eu un impact très influent sur la mise en réseau des différents acteurs du territoire.

Cette mise en réseau a touché, dans un premier temps, les acteurs culturels. Le rapport d'évaluation de MP 2013 et le rapport de l'INET montrent que la CEC MP 2013 a été l'occasion pour différents acteurs culturels de nouer des coopérations entre eux. Bien que de nombreux acteurs culturels pratiquaient déjà des partenariats, 73 % 86 des acteurs culturels indiquaient avoir construit de nouveaux partenariats lors de l'année 2013, ceux-ci pouvant être d'ordre financier (39%) et/ou pour la conception et la réalisation de projets (51%). Parmi ces nouveaux partenariats, les coopérateurs sont divers et variés : les opérateurs culturels occupent bien sûr une place importante, mais on compte aussi des associations, des collectivités et des acteurs sociaux.

De multiples exemples peuvent être cités. Cependant attardons nous sur les coopérations qu'on pu développer les acteurs culturels entre eux. La constitution d'un « club Joliette 4 (J4) », par exemple, réunissant les institutions muséales du périmètre de l'Opération d'Intérêt National Euroméditerranée (le MuCEM, la Villa Méditerranée, le Centre International du Verre et des Arts Plastiques, le Fond Régional d'Art Contemporain et la Fondation Regard de Provence -initiative privée) représente une avancée notable. Ce club s'appuie sur une charte de signalétique commune et de tarification coordonnée, met en place des opérations de « co-valorisation » du site et réfléchit à un système de billet combiné. La CEC a encouragé ces nouveaux acteurs culturels à coopérer. D'autres acteurs culturels ont noué des partenariats nouveaux : le théâtre de la Criée a ainsi développé les Folles journées de la Criée avec le Festival de la Roque d'Anthéron (territoire de la CPA) ; le Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence a co-produit une création avec MP2013 et le théâtre des Salins à Martigues, renforçant ainsi sa dynamique locale. La coopération entre acteurs culturels ne s'est donc pas limitée aux frontières territoriales mais elles les a dépassées, ce qui est sans doute l'un des grands succès de l'année capitale.

86 Euréval : MP 2013 : L'évaluation, p.92.

100

Les synergies crées par la CEC ont aussi concerné les collectivités de deux manières : en interne, et pour les relations entre elles.

La CEC MP2013 a favorisé un dialogue interservices, essentiellement à l'intérieur des frontières communales et intercommunales. En effet la CEC MP 2013 a permis à certaines collectivités de mieux coordonner leurs services, c'est le cas pour Marseille. En créant la mission 2013, la ville de Marseille a souhaité faire le lien entre le projet culturel et ses différents services. Cherchant à coordonner les différents services, la mission 2013 a été créée en 2007 et a tout au long du projet accompagné l'association et les différents services de la ville pour que ceux-ci collaborent et prennent conscience de l'enjeu de 2013. Jouant un rôle de coordinateur, la mission 2013 a, selon Sthephane Bassile directeur de la Mission 2013, facilité la relation entre les services de la ville et les autres collectivités. Bien qu'aucun blocage n'ait eu lieu en raison de l'entente politique autour du projet, « la répartition des compétences entre échelons territoriaux n'est pas optimale pour l'accueil d'un grand événement, la mission avait alors tout son intérêt » 87.

Les effets de la CEC se sont aussi ressentis dans les relations entre les collectivités ; celles-ci ont en effet créé des relations formelles ou informelles reconÞgurant ainsi la cartographie des coopérations sur le territoire. En permettant la création d'outils de gouvernance métropolitaine appelés les comité territoriaux de programmation, MP 2013 a fait discuter les différents territoires et a enclenché un débat métropolitain. Cette tâche n'a pas été facile car il a fallu inventer cette coopération territoriale, mais elle constitue la réelle avancée politique du projet :

« L'objectif politique du projet MP 2013 était la réussite d'un dialogue et d'un projet commun entre les différents territoires, et cet objectif a été atteint. Nous l'avons vu, bien que certains aient été réticents ou aient bloqué à certains moments le projet, les acteurs politiques se sont réunis autour de MP 2013. Je ne crois qu'un projet commun entre Aix et Marseille aurait été possible sans la CEC » 88.

Le meilleur exemple de cette coopération territoriale est sans aucun doute la mise en place d'un « Pass transport » à l'échelle du territoire. La signature d'une convention par les 6 EPCI du territoire montre bien que celles-ci ont coopéré pour une plus grande efÞcience des transports. La Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole a joué un rôle important dans le pilotage de la thématique transports, en réunissant l'ensemble des acteurs concernés : MP 2013, la ville de Marseille, le Conseil Général, le Conseil Régional, l'Agence d'urbanisme de l'agglomération de Marseille (AGAM), le Syndicat Mixte de Transport des Bouches-du-Rhône (SMT), la Régie des transports de Marseille (RTM) et l'Etablissement Public Euroméditerranée (EPAEM), ainsi que des collectivités qui pouvaient être invitées ponctuellement.

Cependant aujourd'hui la question se pose vis-à-vis des restes de la coopération et des synergies créées. Bien que les personnels de l'association, mis à disposition par les différentes collectivités soient retournés dans leurs services et que ceux-ci coopèrent de fait, la question se pose de la coopération ofÞcielle entre les collectivités, et notamment entre les 6 EPCI.

87 entretien avec S. Bassille, le 28 novembre 2014.

88 entretien avec U. Fuchs, le 24 novembre 2014.

Aujourd'hui fortement entravés par la loi MAPTAM et ses détracteurs, les liens entre collectivités sont au points mort ; pourtant selon Ulrich Fuchs ceci est ce que pouvait apporter de mieux la CEC :

« La pérennisation de l'événement dépend des acteurs locaux qui doivent se saisir de la formidable occasion qu'a été l'année Capitale. Bien que l'association ait encore des responsabilités, les acteurs des territoires qu'ils émanent de la sphère publique ou de la société civile, doivent prendre les leurs pour coopérer » 89.

Il est donc essentiel de ne pas laisser retomber les efforts consentis et de monter d'autres projets réunissant le territoire car celui-ci, uni est capable de porter de belles réussites. Allant dans ce sens, la récente obtention du label French Tech, semble montrer que les liens créés entre les territoires se sont pérennisés et que la coopération territoriale est possible autour d'un projet commun.

Néanmoins lorsque l'on s'intéresse à d'autres thématiques, comme les transports ou la préservation de la bio-diversité et des sols, il faut se rendre à l'évidence : les communautés urbaines ne travaillent pas ensemble, chacune reste dans son territoire et aucune, mis à part MPM ne souhaite porter des projets de territoire d'envergure métropolitaine.

101

89 entretien avec U. Fuchs, le 24 novembre 2014.

Nous avons pu le voir tout au long de cette partie, MP 2013 a été un projet culturel de territoire. Réunissant différentes intercommunalités autour d'une volonté commune, développer et montrer la culture du territoire, la CEC a aussi permis de « rénover la cité ». En fournissant un calendrier, le titre de CEC a encouragé les acteurs publics a accélérer les chantiers et projets en cours pour que tout soit prêt pour l'année 2013. Catalysant les investissements publics, la CEC a fortement modifié l'image de sa ville centre : Marseille. Ce changement de perception s'est produit chez les touristes mais aussi, et cela est certainement plus important, chez les habitants du territoire.

En appliquant une stratégie touristique recherchée, l'événement a été une énorme réussite pour le territoire qui n'avait « rien gagné depuis un demi-siècle » 90 . Néanmoins aujourd'hui la question se pose de la pérennisation de cet événement. Au niveau de la stratégie touristique, la ville de Marseille semble avoir opté pour un politique d'accueil de grands événements. Si au niveau culturel les suites de MP 2013 peuvent se ressentir avec l'instauration d'une Biennale des Arts de la rue, de nombreux acteurs culturels sont méfiants vis à vis de cette stratégie et ont peur d'être délaissés.

C'est au niveau de la coopération territoriale que les doutes persistent. Ayant travaillé « main dans la main » pour la préparation du projet, les rapports entre les différents EPCI sont aujourd'hui au point mort. La nouvelle loi a en effet eu pour effet de rompre tout contact entre les différents territoires. Alors que l'année capitale et la réussite d'un projet commun ont montré les bienfaits de la coopération territoriale, les acteurs sont fortement opposés à la création de la métropole. MP 2013 a donc encouragé la future métropole, mais celle-ci reste entre les mains des élus locaux et de la mise en application de la loi. Aujourd'hui bien que des services techniques coopèrent et perçoivent l'intérêt de la construction métropolitaine les élus campent sur leurs positions et ne veulent en aucun cas s'intéresser aux solutions que la métropole pourrait apporter. Afin de clore ce mémoire nous allons, en nous basant sur les travaux de la mission interministérielle, nous pencher sur les solutions et les projets que pourrait entrainer la métropole d'Aix-Marseille.

90 J. Viard, Marseille, le réveil violent d'une ville impossible.

102

103

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand