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La fermeture des maternités en Basse-Normandie: état des lieux et causes des fermetures

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par Amélie Lamotte
Université de Caen Normandie  - Maîtrise de géographie 2017
  

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c. De la mobilité

Le thème de la mobilité a été abordé dans le sens où les parents sont amenés à se déplacer à la maternité de leur choix pour accoucher en Basse-Normandie. Le choix des parents peut se faire de façon multiple. Le point de vue géographique est retenu, le choix sentimental, mais aussi le choix par nécessité étant donné la grossesse à risque. Lorsque la grossesse n'est pas pathologique, les parents ont plusieurs possibilités. Ainsi, Eric Macé, le maire de Falaise dit : « laisser les gens voter avec leurs pieds. Ce sont eux qui décident. On n'oblige pas une femme à accoucher ici ou là ». J'ai eu le même discours avec Monsieur Labbé, le gynécologue de Vire : « mes patientes, elles vont accoucher où elles veulent ».

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Ainsi, les critères de choix se font entre « l'argument géographique » et « parfois des raisons sentimentales » tel que le souligne Sandrine Anfray, sage-femme au CPP de Vire.

En ce qui concerne l'argument géographique, le temps d'accès à une maternité peut être un argument de choix. En fonction des conditions de trafics (embouteillages, météo, relief...) le temps d'accès peut varier. De ce fait, une maternité plus éloignée en kilomètres peut être plus accessible en temps. Par exemple, la maternité de Cherbourg, qui est la plus proche de Valognes à un « problème » selon la journaliste Ouest-France, Sylviane Luc : « l'inconvénient de cet hôpital-là, c'est qu'il se trouve en plein coeur de ville, et quand ça se trouve en plein coeur de ville vous mettez beaucoup plus de temps. Et surtout Cherbourg, l'hôpital Pasteur, c'est horrible ». En effet, l'hôpital Pasteur, où se trouve la seule maternité du Nord Cotentin, est situé près du port et il faut traverser la ville de Cherbourg pour y parvenir (trente minutes sans problèmes de circulation). La maternité de St-Lô peut donc la substituer, elle est plus accessible au niveau de sa localisation, car elle ne se situe pas dans le centre-ville mais en périphérie (quarante minutes de Valognes).

La ville de Vire, est dépourvue de maternité depuis 2013, cette ville est située entre trois villes : Flers, Avranches et St Lô. La présidente du collectif de Vire, Rosine Leverrier a indiqué « qu'à Vire les femmes ne choisissent pas forcément Flers » qui est le plus proche car « les Virois ne vont pas à Flers, c'est culturel », et selon elle « aller accoucher, c'est comme pour aller chez Décathlon, c'est une direction ». Dans cette phrase, j'estime que les habitudes des virois(es) s'orientent plutôt vers St-Lô, Caen ou Avranches, et que ces habitudes se confirment dans la maternité choisie. La population oriente ses soins par rapport à ce que l'on pourrait appeler l'aspect culturel, elle se dirige là où elle a l'habitude d'aller, même si ce n'est pas l'hôpital le plus proche, la réputation et les habitudes sont des critères à prendre en compte (lectures de témoignages sur les réseaux sociaux, avis de l'entourage familial et amical, préférence des médecins...).

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Quant à Falaise, selon le journaliste des Nouvelles de Falaise, « Falaise est plus tournée vers Caen » mais d'après Monsieur le maire « si vous venez à l'entrée de Caen, il faut compter trente-cinq minutes, quand tout va bien. Et à Argentan vous ne mettez pas trente-cinq minutes mais vingt (trente kilomètres via l'autoroute A88 et le péage (3,60€)) ». Monsieur Macé précise qu'il ne tient pas compte du CHU dans ses propos « parce que le CHU est pour Falaise au Nord, et vous avez le contournement de la ville qui intervient, et on sait le temps qu'il nous faut à partir du moment où on emprunte le périphérique selon les heures ». Ici, que le facteur des embouteillages est à prendre en considération selon la maternité choisie, pour l'accouchement mais aussi pour les visites avant la naissance. La situation géographique de la maternité, qu'elle soit en périphérie ou dans l'hyper centre est à comptabiliser dans les analyses d'accessibilités.

Les consultations post-natales peuvent se dérouler dans les centres périnatals de proximité (CPP) qui ont remplacé les maternités. Les sages-femmes rencontrées voient les CPP comme étant des services de proximité nécessaires. Madame Lefebvre, la cadre sage-femme de Falaise explique qu'ils sont utiles car « il faut quand même bien prendre en charge ces populations, maintenant avec les maternités à distance, il faut quand même bien s'en occuper et avoir une proximité de soins pour nos femmes ». Le discours est le même au CPP de Vire, Madame Anfray, sage-femme au CPP, dit que « l'idée du CPP c'est de faire en sorte que la population viroise ne se sente pas abandonnée quand ils sont dans un projet de grossesse, ou même tout simplement de surveillance gynécologique». Elle ajoute que ce CPP permet d'apporter un service à la population pour lui permettre d'éviter de se déplacer dans les grandes villes. En effet, les centres périnatals de proximité permettent aux femmes enceintes de pouvoir être suivies proche de chez elle jusqu'au huitième mois de grossesse sans devoir effectuer de longs trajets.

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De plus, lors de mes entretiens, le gynécologue de Vire m'a signalé que de « plus en plus de femmes veulent accoucher chez elles, ça devient une mode ». Cependant, il y a plusieurs problèmes face à cet engouement car il y a peu de sages-femmes formées pour l'accouchement à domicile (AAD), alors qu'il y a de plus en plus de demandes d'accouchement nature à domicile. Les sages-femmes libérales qui pratiquent ces accouchements sont peu nombreuses. Elles ont présentes en Bretagne, donc les personnes limitrophes, dans le Sud Manche, « choisissent de tenter l'accouchement à domicile » (E. Labbé). En outre, cette alternative serait une solution pour les accouchements à bas risques et sans complications, mais selon le gynécologue cela reste un acte risqué en dehors d'une maternité, à la fois pour la sage-femme (dû aux pressions médico-légales) et pour l'enfant et la mère. Cette solution pourrait permettre aux femmes des territoires isolés d'accoucher sans devoir parcourir plus de quarante-cinq minutes de route, le seuil maximal requis par la Haute Autorité de Santé pour un accouchement. Pour cela, il faudrait former plus de sages-femmes à ce type d'acte, améliorer les démarches compliquées telles que les primes annuelles assurances exorbitantes, les pressions médico-légales élevées, et enfin, changer les moeurs des français qui voient ces accouchements comme un retour en arrière.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille