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La fermeture des maternités en Basse-Normandie: état des lieux et causes des fermetures

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par Amélie Lamotte
Université de Caen Normandie  - Maîtrise de géographie 2017
  

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d. La renommée et la mobilisation des populations différentes selon la maternité ?

L'annonce de la fermeture des maternités a eu un impact négatif pour les communes touchées. À Cricqueboeuf par exemple, le maire, Monsieur Depuis indique que « l'hôpital, c'était un joyau de notre canton », ils étaient fiers d'avoir une nouvelle maternité. Concernant Falaise, Eric Macé, le maire de la ville, dit : « la maternité, vous savez au sein d'un hôpital, c'est un service évidemment affectif parce que c'est là où on donne la vie ». La perte de la maternité est vue comme la disparition de l'avenir, elle était synonyme de vitalité et de dynamisme pour la ville.

Pour certaines villes, l'image des maternités s'était détériorée quelques années avant la fermeture définitive. La maternité de Vire était « en sursis » depuis 2010, après le départ d'un gynécologue. Ainsi, «la réputation qui était faite, c'est qu'il y a un certain nombre de parturientes qui n'allait pas à Vire, qui préféraient aller à St-Lô, à Avranches, à Flers, ou à Caen ». Cette évasion de patiente aurait eu raison de la fermeture et c'est ce qui a fragilisé aussi la maternité selon Monsieur Sabater (le maire de Vire). C'est également ce que précise Monsieur Labbé (gynécologue à la maternité de Vire entre 2010 et 2012) : « Ce qui a fait fermer dans ces cas-là, c'est que dès qu'il y a une fragilité, ou le moindre incident qui survient dans une maternité, on l'utilise pour fermer la maternité pour des raisons de sécurité, on utilise un incident, on médiatise et on fait accepter la situation de fermeture en disant qu'elle est dangereuse, ce qui n'est pas toujours vraie ».

Les nombreux combats menés dans les villes pour tenter de sauver les maternités ont pris plus ou moins d'ampleur, et certains ont contribué à diffuser l'image d'une ville combattante et militante, ce qui n'est pas toujours positif.

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À Falaise par exemple : « ce sont des gens venus de l'extérieur, du syndicat Sud qui sont venus essayer de mettre le bordel » (Éric Macé, le maire de Falaise). La population ne s'est pas mobilisée comme celle de Vire. Pour certains, le combat n'a pas était suffisant fort à cause du calendrier choisi pour annoncer cette fermeture. À Falaise, le personnel « l'a su le 28 juin, c'est-à-dire la veille des vacances d'été » comme le souligne Madame Lefebvre (sage-femme de Falaise) ce qui expliquerait que la population n'ait pas « vraiment bougées ». Cette perception est la même de la part du journaliste des Nouvelles de Falaise, Pascal Lecoq : « la population ne s'est pas vraiment mobilisée, enfin pas à la hauteur de l'enjeu » mais selon lui cela était également dû au fait que « les gens voyaient depuis plusieurs années les faiblesses, les gens justement, étaient capables de comprendre ». Enfin, le maire de Cricqueboeuf note que « la population n'a pas suffisamment réagit » non plus, il semble attristé par le comportement inactif des habitants de la Côte-Fleurie.

Pour d'autres, le combat a été trop violent et n'a pas était en leur avantage après la fermeture, c'est notamment le cas pour la maternité de Vire. La sage-femme du centre périnatal, Sandrine Anfray, exprime le fait que « tout le combat qui a été mené ici, toute la médiatisation qui a été faite, n'a pas du tout plus à l'ARS ». Ce combat selon elle, a fait qu'elle n'a pas pu être mutée à l'hôpital d'Avranches : « je suis titulaire, alors que je pense qu'on aurait tout à fait pu me trouver un poste. J'ai même fait une lettre à l'ARS pour les solliciter, mais ils m'ont fait comprendre gentiment, avec une lettre bien formulée, qu'ils ne pouvaient absolument rien faire pour moi ». Et elle pense que cette mobilisation à « Vire a tellement fait de bruit au niveau national qu'on est vraiment étiqueté Vire = fermeture de maternité = combat ».

Enfin, cette sage-femme souligne un point important : « même en menant un combat comme on a pu le mener, malgré cela, nous avons fermé ». Monsieur Sabater, le

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maire de Vire indique qu'à « posteriori, à la réflexion, malheureusement, c'était presque inéluctable. C'était presque un combat perdu d'avance ». Après plusieurs années, les acteurs concernés par la fermeture de la maternité de Vire comprennent que la décision de l'ARS était inévitable et que le combat qu'ils ont pu mener les ont affaiblit au final.

De plus, la fermeture de la maternité de Vire a connu des événements plus ou moins officieux. Par exemple, Monsieur Labbé, gynécologue de Vire, précise qu'une « conférence avec les journalistes [devait avoir lieu] en juin 2011 sur les qualités de la maternité de Vire, avec des statistiques par rapport aux mortalités qui étaient très bons » ce qui aurait valorisé la maternité aux yeux de tous. À ce moment, il a eu un « harcèlement moral du directeur » à son égard et « pour répondre à cette menace, la conférence de presse a été annulée ». Selon lui, les habitants n'ont pas étaient informés de tout ce qui se passait en « OFF », notamment le suicide du président du CME (Comité Médical d'Établissement), Monsieur Khalili : il était « l'instance entre les médecins de l'hôpital, et il s'est suicidé, personne ne sait pourquoi, on a dit qu'il était fragile ». Monsieur Labbé insiste sur le fait qu'il s'est « suicidé une semaine ou deux après un article de presse où il (M. Khalili) défendait la maternité ». La pression exercée sur cet homme l'aurait poussé à mettre fin à ses jours ? Au final, d'après ce gynécologue, le problème de Vire, c'est la « multiplicité d'intérêts personnels et très peu d'intérêts collectifs ». Le long combat de quatre ans contre la fermeture a contribué selon lui à devenir « parano » et se dire que « l'ARS préparait des sales coups, que Flers nous prépare des sales coups pour récupérer les accouchements » il évoque une « espèce de paranoïa complète ».

La mobilisation contre la fermeture de la maternité de Vire a servi d'exemple aux autres maternités. En effet, les habitants ont pensé que ce n'était pas nécessaire de se mobiliser comme la ville de Vire, car au final le combat était pour ainsi dire, perdu d'avance s'ils se mobilisaient.

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Ainsi, les causes externes aux établissements de soins sont nombreuses. La baisse du nombre de naissances en Basse-Normandie, mais aussi en France est une première cause. Les nouvelles politiques territoriales mises en place : les GHT (le regroupement des moyens financiers et humains) et la volonté de l'ARS afin de restructurer les maternités pour plus de sécurité et une meilleure qualité des soins sont également des raisons de fermetures.

Bien que souvent, les familles choisissent la maternité la plus proche de leur domicile, le choix des futurs parents restent libre. Les critères de choix sont la réputation (famille, réseaux sociaux, médecins) et l'accessibilité. L'accessibilité d'une maternité suivant le temps d'accès n'est pas le premier critère de choix, l'aspect culturel et de l'habitude quotidienne est à prendre en compte.

Enfin, une renommée défavorable peut amener une maternité à fermer, à Vire la mobilisation violente en défaveur de l'ARS a eu un effet boule de neige pour le personnel de l'hôpital. Les maternités suivantes ont préféré ne pas suivre cet exemple et coopérer avec l'ARS pour tenter de trouver un accord.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus