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Dématérialisation du service public. étude du lien entre médiation numérique et l’action sociale.


par Lauriane DEBAQUE
Université Toulouse Jean Jaurès - Master 1 Sciences de l'Education et de la Formation 2019
  

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Partie 1. Eléments de contexte

Chapitre 1. L'action sociale : de l'assistance à une injonction à l'autonomie

Les politiques sociales, l'intervention sociale, le travail social : les définitions sont diverses. Elles s'entremêlent ou bien se confrontent. L'ensemble est à replacer dans le champ plus vaste de l'action sociale au sein duquel j'ai choisi de situé mon objet de recherche.

L'action sociale, bien qu'ancienne, s'est structurée au fil des différentes crises de la société telles que les guerres et les révolutions. La révolution industrielle, en particulier, a marqué un tournant important vers sa professionnalisation. De Robertis (1994) précise que nous sommes passé de l'assistance (au XIXème siècle), à l'aide et la protection (entre 1904 et 1930), au suivi (entre 1930 et 1945), à la prise en charge (entre 1946 et 1970), puis à l'approche globale et à la notion d'intervention (entre 1970 et 1985) et finalement à l'accompagnement à partir de 1985.

1.1.L'action sociale au coeur de la révolution industrielle : de l'assistance à l'accompagnement

Bien qu'elles puissent s'inspirer de la Grèce Antique, les origines de l'action sociale sont vagues. Celles-ci sont évoquées, plus précisément, dans le contexte de la révolution industrielle (1820-1910). En effet, au début du XIXème siècle, l'action sociale se résume aux oeuvres de bienfaisance ainsi qu'à la charité induite par la religion et la philanthropie (Pascal, 2014). Le bénévolat est de rigueur : il n'y a pas de titres professionnels. L'assistance est au coeur des pratiques. Selon son étymologie, l'assistance est définie comme l'action d'« être présent auprès de quelqu'un » ; il s'agit d'aider en servant, de secourir (CNRTL, Assister). En effet, l'aide sociale est définie comme « l'ensemble des oeuvres d'assistance et de bienfaisance régies par les collectivités publiques » (CNRTL, Aide). Nous remarquons le terme d'aide qui renvoie bien à l'idée de charité. Ces définitions nous apportent un éclaircissement sur les pratiques prépondérantes de l'action sociale au cours la période préindustrielle.

Les années passent, et, au cours de la révolution industrielle, une transition s'opère entre l'engagement religieux et la professionnalisation de l'action sociale. Au début du XXème siècle, les premiers centres sociaux sont créés, leurs buts sont de préserver la santé des individus et de parvenir à limiter les éventuelles épidémies. En 1922, Mademoiselle Delagrange fonde l'Association des travailleuses sociales et revendique des valeurs « non politiques et non

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confessionnelles » (Baudain, Pommier, & Pommier, 2015, p. 3). L'action sociale rompt ainsi avec la bienfaisance et la charité. La fin de cette transition s'effectue nettement à partir de 1938 avec la création du diplôme d'État d'assistante de service social (2015). De fait, la professionnalisation de l'action sociale est reconnue par l'État, et ce, à l'aube de la seconde Guerre Mondiale.

La période d'après-guerre est celle d'un fort développement des actions sanitaires et sociales. L'action sociale renforce son rôle : répondre aux besoins individuels et familiaux d'une population fragilisée. Le terme de prise en charge, fortement lié au secteur sanitaire, apparait. Il désigne « le fait de prodiguer des soins à un patient » mais renvoie également au fait de « se substituer à autrui » et d' « assumer une responsabilité » (Lintern@ute). La prise en charge contribuait à une stigmatisation des classes inférieures dans un rôle de dépendance et de soumission. Nous précisons qu'en psychologie, la dépendance est définie comme l' « état d'une personne qui est ou se place sous l'autorité, sous la protection d'une autre par manque d'autonomie » (CNRTL, Dépendance). La notion de prise en charge induirait donc l'idée que l'individu manquerait d'autonomie et qu'une forme de dépendance pourrait se dégager de la relation avec les assistants. Ces derniers devraient pallier au manque d'autonomie dans un principe de réparation (Paul, 2004). Djaoui (2002, p. 107) émet l'idée que « dans cette volonté d'aider se révèle un désir de réparer. On veut réparer ce qui a été détruit, mal formé, mal-aimé, méprisé, opprimé. » Nous comprenons qu'en se substituant à l'Autre ainsi qu'en se sentant responsable de ce dernier, les assistants sont amenés à prendre une posture de savant, de sauveur ; créant ainsi une dépendance et une soumission de la personne prise en charge. Ce dernier est alors perçu comme inférieur, placé sous l'autorité, la protection d'un être supérieur.

Par la suite, les Trente Glorieuses s'avèrent être une période de reconstruction puis de croissance pour l'action sociale. Grâce aux divers financements et au rapprochement avec le monde universitaire et les sciences humaines, un travail théorique et réflexif est entrepris. C'est ainsi que des pratiques sont théorisées et des diplômes reconnus ou réformés. Le terme travail social apparait au cours des années 1970 ; la professionnalisation de l'action sociale est ancrée. L'Etat poursuit la reconnaissance de cette dernière et tente de d'éclaircir son rôle : le 30 juin 1975, la loi N°75-535 relative aux institutions sociales et médico-sociales vient confirmer l'identité du secteur social et médico-social par rapport au secteur sanitaire. Donnant suite à cette distinction, le secteur social et médico-social s'ordonne.

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La loi N°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant la loi de 1975 vient préciser que l'action sociale « tend à promouvoir, [...] l'autonomie et la protection des personnes, la cohésion sociale, l'exercice de la citoyenneté, à prévenir les exclusions et à en corriger les effets. » (Legifrance, 2002). Cette loi permet de clarifier la place de l'usager : celui-ci est au coeur de la prise en charge. Dans un contexte social laissant plus de place à la participation active et à l'initiative de l'usager, la notion de d'assistance connote fortement d'une attitude passive à l'autre et devient péjorative.

Dans leur article, Kertudo et Vanoni (2014, p. 8) définissent le travail social comme « un processus organisé d'accompagnement des personnes et des groupes, visant à leur faire retrouver leur autonomie. ». La finalité du travail social est d'augmenter l'autonomie de l'individu par des interventions qui permettent d'aider sans assister, de soutenir sans dominer (Chambon, David, & Devevey, 1982) : une rupture s'opère avec l'assistance.

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