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Famille et abandon scolaire des enfants de 6 à  14 ans en Guinée.


par FranàƒÂ§ois Xavier LAMAH
Institut de Formation et Recherche Démographiques - Master Professionnel en Démographie 2018
  

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5.3 Hiérarchisation des facteurs explicatifs de l'abandon scolaire

Après avoir identifié les facteurs explicatifs de l'abandon scolaire, nous allons à présent passer à leur hiérarchisation. Cette activité consiste à classer par ordre décroissant, selon les contributions de chaque facteur dans l'explication du phénomène étudié. La hiérarchisation des facteurs est importante car elle permet de prioriser les actions à mener pour baisser les taux d'abandon scolaire des enfants pendant des éventuelles interventions.

La formule de calcul de la contribution relative de chaque variable est la suivante :

2

Ci = ????2-????

2 où
????

Ci est la contribution de la variable i dans l'explication du phénomène ; ????2 représente le chi-deux du modèle saturé et ;

??i 2 représente le chi-deux du modèle sans la variable i,

D'après le tableau 5.2, de tous les facteurs explicatifs de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée, c'est l'âge de l'enfant (groupe d'âge) qui contribue le plus (30,4%). Il est suivi par la Région naturelle de résidence (11,9%), puis le milieu de résidence (6,5%%), la survie de parents (6,4%) et le niveau de vie du ménage (4,6%). Par contre, ceux qui contribuent le moins dans l'explication de notre phénomène sont : le statut d'occupation du CM (0,2%), la religion de l'enfant (0,4%), le sexe de l'enfant (instruction du CM (0,6%), etc...

Tableau 5.2 contribution relative des facteurs dans l'explication de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée

VARIABLES

Chi-deux du modèle
saturé (
xs2 )

Chi-deux du modèle sans la variable (xi 2)

Contribution (en

%)

Rang

Groupe d'âge de l'enfant

27319,9

19013,0

30,4

1

Région naturelle de résidence

27319,9

24078,6

11,9

2

Milieu de résidence

27319,9

25551,0

6,5

3

Survie des parents biologiques

27319,9

25583,0

6,4

4

Niveau de vie du ménage

27319,9

26053,9

4,6

5

Sexe de l'enfant

27319,9

26283,9

3,8

6

Niveau d'instruction du CM

27319,9

26599,3

2,6

7

type de ménage

27319,9

26900,2

1,5

8

Statut Matrimonial du CM

27319,9

27057,7

1,0

9

Sexe du CM

27319,9

27160,2

0,6

10

Religion de l'enfant

27319,9

27217,8

0,4

11

Statut d'occupation du CM

27319,9

27276,0

0,2

12

Source : Traitement des données du RGPH-3, Guinée

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5.4 Discussion des résultats

La discussion des résultats consiste à comparer les résultats de l'étude à ceux des études antérieures précédemment présentés au chapitre II. Elle permet de savoir si les résultats obtenus de notre étude corroborent ou au contraire s'opposent à ceux des études antérieures. Une explication contextuelle de chaque résultat est également donnée à la suite de chaque comparaison.

? Milieu de résidence de l'enfant

Il ressort des analyses qu'en Guinée, l'abandon scolaire des enfants est plus récurrent en milieu rural qu'en milieu urbain. Ce résultat va dans le même sens que ceux des études antérieures. Par exemple, dans l'étude de NOUMBA (2006) au Cameroun, il arrive au résultat que taux d'abandon en milieu rural est plus élevé que la moyenne nationale.

Au regard du contexte guinéen, ce résultat s'explique par le fait qu'en milieu urbain, presque toutes les infrastructures scolaires y sont au complet et les enfants sont moins exposés aux activités extra-scolaires comparativement au milieu rural. A ces éléments d'explication, s'ajoutent les problèmes de distances qui séparent les domiciles des enfants à leur école dont sont généralement confrontés les élèves des zones rurales. En effet, de tous les abandons scolaires des enfants de 6 à 14 ans déclarés en 2014 en Guinée, 11,7% sont causés par le manque d'école ou l'éloignement de l'école aux domiciles des enfants en milieu urbain contre 17,6% en milieu rural (Tableau A14, en annexe).

? Région naturelle de résidence de l'enfant

Les résultats montrent qu'en Guinée, le risque d'abandonner l'école chez les enfants est plus élevé en Haute Guinée et Moyenne Guinée par rapport en Basse Guinée. Et plus faible en Guinée Forestière comparativement à la Basse Guinée.

Les différences observées au départ entre les deux premières régions (Moyenne Guinée et Basse Guinée) et la région de la Basse Guinée sont dues au fait que les deux premières sont moins urbanisées que la troisième. Deux autres explications contextuelles peuvent intervenir dans le cas de la différence entre la Haute Guinée et la Basse Guinée : la première est liée à l'extraction traditionnelle de l'or observée en Haute Guinée au cours de ces dernières années. Plutôt que de continuer l'école, la plupart des enfants de cette région seraient à même d'aller dans des orpaillages pour vite devenir des « milliardaires », comme ils le disent généralement. En outre, cette pratique ouvre la région de la Haute Guinée à l'immigration interne, pour laquelle la plupart des immigrants sont des décrocheurs, des

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enfants ayant abandonné l'école. Deuxièmement, cette région est à forte densité de population musulmane. C'est dans cette région que le phénomène de mariage précoce est plus rependu (KEITA, 2017), l'une des causes de l'abandon scolaire des enfants.

Pour ce qui de la différence entre Basse Guinée et Guinée Forestière où le risque d'abandon scolaire est faible en Guinée forestière, chose qui est d'ailleurs étonnante, est sans doute, une des conséquences plus ou moins directes, des interventions politiques pour maintenir les enfants à l'école par la mise en place des cantines scolaires dans des établissements publics. Puisque la région de la Guinée Forestière est celle qui a plus bénéficié ce programme vu que la région administrative de Nzérékoré qui couvre plus de 70% de la Guinée Forestière, égorge 45% des cantines scolaires publiques de la Guinée.

? Religion de l'enfant

Les résultats montrent que comparativement aux enfants de religion musulmane, les enfants de religion chrétienne ont moins de risque d'abandonner l'école alors que ceux de la religion « Autre » ont plus de risque d'abandonner l'école que ceux du groupe de référence.

Ces résultats peuvent également se justifier par le fait que, certains abandons se font chez les enfants musulmans au profit de fréquenter les écoles coraniques (Tableau A14, en annexe). Plus encore, l'enseignement général et la religion chrétienne sont issus de la même culture (culture occidentale). Par conséquent, ils ont tendance à se compléter ; alors que la religion musulmane est issue de la culture arabo-musulmane et envisage plus l'école coranique qui, est d'ailleurs l'une des causes des abandons chez les enfants musulmans.

? Type de ménage

Le type de ménage dans lequel vit l'enfant a des effets significatifs sur l'abandon scolaire de ce dernier en Guinée. En effet, comparativement aux enfants vivant dans les ménages familiaux, ceux vivant dans les ménages non familiaux ou monoparentaux ont plus de risque d'abandonner l'école. Ces résultats corroborent avec ceux que Isabelle Bouchard relève au niveau des déterminants familiaux de l'abandon scolaire dans sa revue, en confrontant famille monoparentale (gynoparentale, famille monoparentale dirigée par une femme) et famille biparentale à l'aide des résultats de Lipman et al. (1998).

Si les abandons scolaires sont plus récurrents dans les ménages non familiaux, c'est parce que ces ménages abritent principalement les enfants confiés (notamment les orphelins).

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? Niveau de vie du ménage

Le risque d'abandon scolaire diminue significativement avec le niveau de vie du ménage. Ce résultat vient confirmer ceux de la littérature (Bourdieu, 1970 ; Fleuret et al., 1992 ; AKOUÉ, 2007 ; GUEDDARI, 2015 ; NGANAWARA, 2016).

Ce résultat pourrait s'expliqués par les coûts élevés des études et les manques de soutien aux enfants qui sont aussi causes de l'abandon scolaire des enfants vue que, 23,55% des enfants déscolarisés ont déclaré au moment du recensement que la principale cause de leur abandon est l'une des deux susmentionnées (Tableau A14, en annexe). Déclarations qu'on trouverait très probablement plus dans les ménages pauvres que dans des ménages riches. En plus, on trouve principalement les ménages riches en milieu urbain.

? Sexe du chef de ménage

Les enfants vivant dans les ménages dirigés par les femmes ont moins de risque d'abandonner l'école que ceux vivant dans les ménages dirigés par des hommes. Ce résultat corrobore à ceux des études antérieures parmi lesquelles pouvons citer : WAKAM (2001) dans le contexte Camerounais, CLEVENOT et PILON (1996) dans une étude portant sur sept pays d'Afrique subsaharienne (Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi, Rwanda, Sénégal, Zambie) et Marc PILON dans le cas du Togo.

Une explication contextuelle serait que, le moindre risque d'abandon scolaire des enfants dans des ménages dirigés par les femmes par rapport aux ménages dirigés par les hommes est l'une des conséquences de l'autonomisation des femmes. Ces femmes sont généralement autonomes surtout économiquement (par exemple, veuve dont le mari défunt lui a laissé de bons héritages, ou elle-même exerçant une activité rémunératrice).

? Niveau d'instruction du chef de ménage

On constate que, comparativement aux enfants dans les ménages dont les chefs sont sans niveau d'instruction ou préscolaire, le niveau d'instruction du CM n'a défet sur l'abandon scolaire à son plus haut niveau. En revanche, au niveau primaire, la différence observée est plutôt positive. Ce dernier résultat s'oppose à ceux des études antérieures. La reconnaissance de l'éducation scolaire comme moyen efficace pour l'amélioration des conditions de vie par la population analphabète pourrait justifier ce résultat.

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s Statut d'occupation du chef de ménage

Les enfants vivant dans les ménages dont le chef est non occupé ont moins de risque que ceux vivant dans les ménages dont le chef est occupé. Ce résultat s'oppose à celui attendu dans cette étude. On pourrait expliquer cela par le fait que la catégorie des chefs de ménages occupés, telle que définie dans ce travail, regroupe la quasi-totalité des chefs de ménages vivant en milieu rural, alors que l'abandon scolaire des enfants est beaucoup plus rependu dans ce milieu. Toutefois, ces différences doivent être utilisées avec des réserves vue que le statut d'occupation est une variable qui varie significativement avec le temps. Il est très fort probable que les positions selon de statut d'occupation des chefs de ménages pendant le recensement soient significativement différentes de celles qu'avaient au moment où les enfants abandonnaient l'école. C'est raison pour laquelle une étude évolutive, permettant de suivre les enfants est mieux placée de vérifier ce genre de relation avec toute certitude.

s Statut matrimonial du chef de ménage

On remarque que les enfants vivant dans les ménages dont les chefs sont mariés polygames ont plus de risque d'abandonner l'école que ceux des ménages dont les chefs sont mariés monogames. Par contre, les enfants vivant dans les ménages dont les chefs appartiennent à la catégorie « autre » du statut matrimonial ont moins de risque d'abandonner l'école que ceux du groupe de référence.

s Survie des parents biologiques de l'enfant

Comparativement au risque d'abandon scolaire des enfants dont les deux parents sont en vie, ce risque est plus élevé chez les enfants dont l'un au moins des parents biologiques est décédé. Ce résultat corrobore avec ceux de la littérature et peut s'expliquer par le manque de soutien et la « non gratuité » de l'école telles que prévalent les lois en vigueurs dans le contexte guinéen.

s Sexe de l'enfant

Les résultats montrent que les filles sont relativement plus touchées par l'abandon scolaire que les garçons en Guinée. Ce résultat est une confirmation de la plupart des études antérieures. En Guinée, cette vulnérabilité des filles d'être plus victimes de l'abandon scolaire, s'explique par le fait que certaines d'entre elles sont touchées par le phénomène de mariage précoce accompagné des grossesses précoces vue que 0,2% des abandons scolaires de ces enfants sont attribuables à ces deux éléments. A cela s'ajoute, le moindre intérêt

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longtemps accordé à la scolarisation et le maintien des filles à l'école. Car dans certaines cultures en Guinée, les femmes doivent être dans les foyers et par conséquent, elles ne doivent pas rester longtemps à l'école.

? Groupe d'âge de l'enfant

En faisant une comparaison par rapport au risque d'abandon des enfants de 6 à 8 ans, on voit que les risques des enfants de 9 à 11 ans et des enfants de 12 à 14 ans sont tous plus élevés. Ces résultats corroborent avec ceux de la littérature et ne sont qu'une confirmation de ce qu'on pouvait attendre. Car, l'abandon scolaire étant un processus dans lequel, un enfant inscrit au compte d'un établissement d'enseignement général, arrive à quitter l'école après un nombre d'années d'étude. Vu que nous sommes en train de mener une étude du moment, c'est-à-dire une étude qui cherche des explications à un phénomène à un moment donné, il est évident qu'en statique, qu'on pût observer une relation positive entre proportion d'abandon scolaire et à âge de l'enfant.

Tableau 5.3 Synthèse des résultats d'hypothèses confirmées, partiellement confirmées ou non confirmées

Hypothèse

Synthèse

H1. Le type de ménage dans lequel vit l'enfant est associé à l'abandon scolaire en Guinée de sorte que l'abandon scolaire soit plus récurrent dans les ménages non familiaux que dans les ménages familiaux.

Confirmée

H2. Les enfants issus des ménages pauvres sont plus enclins à l'abandon scolaire que leurs homologues issus des ménages riches.

Confirmée

H3. Plus le niveau d'instruction du CM est élevé plus le risque d'abandon scolaire est faible chez l'enfant.

Partiellement Confirmée

H4. Les enfants vivant en milieu rural courent plus de risque d'être victime d'abandon scolaire que ceux du milieu urbain quelle que soit la région naturelle de résidence.

Confirmé

H5. Le risque d'abandon scolaire est moins élevé dans les ménages dirigés par les femmes que dans ceux dirigés par les hommes.

Confirmé

H6. Les enfants orphelins sont plus susceptibles d'être touchés par l'abandon scolaire que les enfants dont les deux parents sont en vie.

Confirmée

H7. Les enfants vivant dans des ménages dont les chefs sont mariés polygames sont enclins à l'abandon scolaire que les autres quel que soit son statut d'occupation.

Partiellement confirmée

 

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle