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L'Albanie, histoire de langue(s) : pour une approche sociodidactique de l'enseignement apprentissage du français en contexte universitaire albanais


par Amélie GICQUEL
Université Paris 3 La Sorbonne Nouvelle - Master 2 professionnel Sciences du Langage mention Didactique du Français et des Langues Etrangères 2014
  

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Annexe 14 - Interview informateur 06-R & Fj

Interviewer : Amélie Gicquel

Traduction de « Zysh » (prononcer /zuch/), cela peut être équivalent à « Madame » que l'on adresse à son enseignante lorsque c'est une femme.

Note de lecture : 2 personness interviewées indiquées par une lettre les désignant en début de prise de parole. Les questions posées par l'enquêteur sont en italique et les réponses en caractères standards. Cet entretien n'est pas très pertinent dans notre étude mais il a été proposé pour illustrer les représentations qui circulent vis-à-vis du français au sein des apprenants de cette langue étrangère.

Profil de l'informateur R & Fj : Profession : étudiants masculins Expérience à l'étranger : expérience en Italie pour F (parent immigré) / aucune pour R Formation initiale : post communisme

1. Est-ce que le gouvernement fait de la publicité pour les langues étrangères ?

2. R - On le voit à travers les cours à l'école, mais pas plus.

3. Fj - C'est ça, on ne sait pas ce que le gouvernement fait pour les langues étrangères, mais je me dis qu'il ne fait rien, on ne voit rien à la télé pour ça.

4. Toi, F, quand est-ce que tu as commencé le français ?

5. Fj - A la cinquième classe.

6. Et c'était obligatoire ou c'est toi qui a choisi ?

7. Fj - Non, c'était obligatoire. Les deux autres classes faisaient anglais, et nous, français.

8. Et qu'est-ce que tu pensais du français au début, quand tu as commencé en cinquième classe ?

9. Fj - Je n'aimais pas le français mais j'étais un bon étudiant. Ca semblait comme une langue bizarre, une langue qui vient de la gorge. Mais après, j'ai commencé à aimer et à parler. Après au lycée, j'ai participé aux activités de la Francophonie : des pièces de théâtre, et plein d'autres choses.

10. Et pourquoi est-ce que tu as décidé d'étudier le français à l'université ?

11. Fj - Au lycée, je n'étudiais pas beaucoup, mais c'est en français que j'avais les meilleurs résultats. Je savais écrire, parler, je me suis dit « Pourquoi pas ! ». J'avais quelque chose dans la tête avec le français, donc j'ai dit « Pourquoi pas ».

12. Et au lycée, est-ce que tu as réfléchi à la profession que tu voulais faire avant de choisir tes études universitaires ?

13. Fj - Non. Seulement pour apprendre à parler. Si un jour je vais en France, pourquoi pas ?

14.

XLVI

Et est-ce que tu as pris des cours privés en français ?

15. Fj - Non. Je n'avais pas le désir de parler bien la langue, je n'avais pas la volonté d'étudier beaucoup. Avec les profs de français, j'avais de bonnes relations. Je n'étais pas le meilleur, mais les profs m'aimaient bien.

16. Et toi, R, tu as commencé le français quand ?

17. R - J'ai commencé en première année du lycée. Avant de commencer à étudier la langue française, ma soeur qui avait fini le lycée, quatre années avant que je n'y entre, m'avait dit que la langue française est très difficile. Je me suis toujours rappelé de ça, toujours. Mais au moment où on a commencé en classe avec les phonèmes...

/ L'informateur me montre un papier où il a noté : -ei- = e / -eau- = o / -au- = o /

... j'ai aimé. J'écoutais bien la zysh quand elle expliquait, quand elle parlait, quand elle lisait, et après j'ai aimé la langue. A la fin du premier trimestre, il y avait eu les élections législatives et le gouvernement est passé de socialiste à démocrate. Le directeur de l'école a changé parce que l'ancien était avec le parti socialiste. Le nouveau directeur était aussi mon prof de français en classe. Il n'expliquait pas, il n'était pas sérieux. Je me rappelle un jour, j'étais allé au tableau pour faire un exercice, et il m'a dit « Ne bouge pas, on ne danse pas en classe ». A partir de ce jour, la langue française, pour moi, c'était fini. Je ne faisais plus rien. J'allais seulement en classe pour être présent, et ne pas me faire virer de l'école. C'est cinq ans après que j'ai recommencé mes études, parce que tu te rappelles zysh, j'ai fait trois ans de lycée, ensuite je n'ai rien fait pendant deux ans.

18. Oui, oui.

19. R - Après, en deuxième année, j'ai fait un cours privé ici à l'Alliance Française d'Elbasan, et peu à peu, j'ai appris un peu plus.

20. Et pourquoi est-ce que tu as choisi le français pour l'université ?

21. R - Au début, la langue me plaisait beaucoup. Et le français à Elbasan était mon premier choix sur le formulaire.

22. Mais moi, j'aimerais savoir... Au début du lycée, tu aimais le français, ensuite tu as arrêté d'étudier et finalement, tu choisis le français à l'université... Pourquoi ?

23. R - Pour moi, le problème n'était pas la langue, c'était ce prof que je n'aimais pas, pas la langue ! Et puis dès le début, je comprenais bien la langue en classe. Quand tu commences et que tu comprends, tu as envie d'en savoir plus, c'est pour ça !

24. Et vous deux, est-ce que vous parlez italien ?

25. Fj - Moi oui.

26. R - Moi, quelques mots.

27. Alors Fj, est-ce que l'italien t'aide parfois à apprendre ou comprendre des mots en français ?

28. Fj - Euh, quelquefois...

29. Et est-ce que tu penses en italien parfois pour utiliser le français ?

30. Fj - Rarement...

31.

XLVII

D'après vous, quelle est l'opinion générale qui circule en Albanie, à propos du français ?

32. R - Si je peux utiliser mon exemple, les gens autour de moi me demandent souvent pourquoi j'ai choisi d'étudier le français à l'université, ils me disent que c'est très difficile, les homonymes, les voyelles, la diction, c'est bizarre ! Pour ceux qui ne connaissent pas du tout la langue, ils n'aiment pas ça.

33. Fj - Moi je pense que le français a toute sa place en Albanie. C'est la deuxième langue internationale. En Albanie, la moitié des jeunes apprennent l'anglais, les autres apprennent le français. Et on peut étudier le français jusqu'à l'université, ce n'est pas le cas de toutes les langues que tu peux apprendre ici en Albanie. Tu trouves facilement des cours privés, c'est ça...

34. Est-ce que tu te sens différent quand tu parles français ? Est-ce que tu as l'impression qu'il y a une différence entre le Fatjon albanais et le Fatjon qui parle français ?

35. Fj - Oui. Les gens sont surpris quand ils m'entendent parler français. J'aime parler français.

36. Et comment tu te sens quand tu parles français ? Tu te sens différent ou non ?

37. Fj - Non. Je suis le même. Mais c'est pour moi une fierté de parler français, je sais que je peux faire CA. Même en Italie, j'ai parlé français. Mon oncle a habité en France, maintenant, il est en Italie avec mon père. Mon oncle travaillait avec les chevaux et il parlait français. Et le soir, quand on dînait, on parlait français.

38. Et ici en Albanie, ça ne te dérange pas de parler français dans la rue, dehors, comme ça ? Tout à l'heure, tu m'as répondu au téléphone par exemple, tu étais à l'extérieur...

39. Fj - Ah non, absolument pas ! Tout à l'heure, j'étais à la maison avec mon oncle et ma soeur, et ils me regardaient bizarrement parce que je parlais avec toi au téléphone. Et je les ai regardés et j'ai dit (( Eh, c'est ma zysh, laissez-moi tranquille ! ».

40. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez rajouter spontanément, quelque chose que vous voulez préciser par rapport à votre histoire, votre expérience ?

41. Fj - Oj zysh ! J'aime la France, vive la France, allez les Bleus !

42. R - Moi zysh, mon opinion est que les jeunes doivent apprendre et parler la langue française, italienne, anglaise... C'est mieux pour eux. Quand tu connais une langue, tu ne perds rien.

43. Fj - Pour tous les jeunes aujourd'hui, moi je dis : (( Apprenez la langue française, c'est beau, il y a beaucoup de choses à découvrir ».

44. R - Une expression de Napoléon Bonaparte dit qu'avec les hommes, il faut parler albanais, mais avec les femmes, parlez français.

45. Fj - Parce que le français est la langue des amoureux, la langue des dames.

XLVIII

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon