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La force du verbe dans la tradition orale wolof: l'exemple des chants du Cercle de la jeunesse de Louga

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par Ousseynou WADE
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - DEA 2007
  

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Deuxième partie 

Les mémorables : pour que le temps suspende son vol

Le Pr Diagne avance que pour échapper aux atteintes du temps, les sociétés à tradition orale produisent ou construisent du mémorable.

Chapitre I. Oralité et temporalité

I. Position du problème

La tradition orale, parce qu'elle est orale et qu'elle est tradition, a pour gardiens des récitants. L'évocation du terme « tradition » laisse aussi sous-entendre la notion de durée, de temps. L'oralité nous met en présence de quelque chose inséparable du temps vécu. C'est pourquoi M. Diagne conclut que la conséquence d'une parole perdue, c'est la disparition pour toujours. La volonté de triompher du temps, de la mort de toute parole proférée amène le récitant à mettre en place une ruse, un code.

L'éclairage de Mircéa ELIADE22 conforte la position du philosophe. La différenciation qu'elle fait du temps sacré et du temps profane est essentielle pour voir comment l'homme dit le temps et dit son aventure à travers le temps dans une société d'oralité. Mamoussé Diagne privilégie la mémoire orale du point de vue de son acte de constitution en tant que mémoire fonctionnant selon des modalités précises.

Dans ces considérations générales, le chercheur rappelle les caractéristiques des concepts d' « oralité » et de « tradition » sous la lorgnette de Joseph KI-ZERBO23 et de Paul ZUMTHOR24. Le premier attribue à l'oralité un statut théorique précis lui conférant un caractère global structurant, et perçoit le concept « tradition orale» comme une vocation essentiellement descriptive, classificatoire. La tradition orale se résume alors à un ensemble de faits de discours qui ne suffit pas à caractériser une culture. S'agissant de l'oralité, le philosophe essaie d'en fonder la pertinence théorique sur des faits de civilisation dépassant et englobant les seuls faits de discours.

Avec Paul ZUMTHOR, il amène les trois types d'oralité :

- L'oralité primaire, immédiate : aucun contact avec l'écrit

- L'oralité mixte : influence externe de l'écrit partielle

- L'oralité seconde : elle se recompose à partir de l'écrit

II. De l'histoire et des historiens

Dans cette sous partie, nous percevons l'intérêt qu'ont les peuples à se remémorer. Cette création historique est perceptible à travers Louis-Vincent Thomas et Cheikh Anta DIOP25 dont les travaux sont cités par le Pr Mamoussé. Le refus de vivre avec la mémoire d'autrui conduit à la création d'une mémoire pour le peuple. Cf position des premiers historiens africains à l'aube des indépendances.

Quant à la tradition orale, elle use de procédés narratifs pour dire l'histoire. Ce sont des techniques mises en oeuvre dans le discours oral pour agencer les faits, les événements et les personnages dans des récits plus ou moins stables afin de construire du mémorable.

III. Les pêcheurs d'étoiles

La civilisation d'oralité use donc de procédés spécifiques pour emprisonner ce qu'elle tient à sauver de l'oubli. Le filet de la mémoire dans la mer du temps ramène dans leurs mailles des étoiles.

La chronologie, dans ces procédures, donne la profondeur et la perspective historique nécessaire. L'élagage sur une tranche historique importante est par moment noté. La durée est parfois écrasée ; on a des télescopages de périodes historiques ; une superposition des personnages historiques. Dans une société d'oralité ces écarts ne sont pas étonnants.

Devant un tel constat, la tentation est grande pour le récitant de combler par des déplacements, des recréations les « trous » existants.

A l'inverse, la surcharge de la mémoire cause des effondrements suivis de réaménagements. L'oubli devient normal car il est comme limites mnémoniques. Le récitant n'a pas le luxe de trainer avec une mémoire morte.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams