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Droit à la santé et développement

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par Rachid Aboutaieb
Université de Nantes - Diplôme d'université de 3 cycle "Droits fondamentaux" 2007
  

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II- Les obstacles à l'application du droit à la santé lors de la mise en oeuvre des politiques de développement ont des causes multiples

Pourquoi les pays n'obéissent pas à leurs obligations de mise en oeuvre du droit à la santé lors de l'élaboration des politiques de développement. De nombreux obstacles se dressent devant eux. Certains sont d'ordre financiers auxquels ils ne peuvent se soustraire en raison des exigences internationales. D'autres enfin le fait de contraintes commerciales. Enfin certains obstacles sont structurels ayant des origines sociales et aboutissant à la corruption et l'inefficacité du système judiciaire.

A-Les obstacles financiers à la mise en application du droit à la santé dans les politiques de développement

Les obstacles financiers au développement des secteurs de santé sont réels. Les choix des gouvernements dans les allocations budgétaires aux secteurs sociaux sont souvent dictés par les institutions financières internationales dans le cadre de programmes d'ajustement structurel. Ces programmes ont tendance à réduire au maximum les dépenses publiques de santé.

1- Les réductions budgétaires dans le secteur de la santé

a- Les réductions des budgets sociaux dans le cadre des programmes d'ajustement structurels

Les politiques de développement imposent de faire des choix lors des allocations budgétaires. Ces choix ne sont pas délibérés. Les gouvernements sont obligés de se soumettre à des recommandations issues d'organismes extérieurs. En effet, les institutions financières internationales sont impliquées dans toutes les décisions d'ordre économique des pays débiteurs. Le FMI et la banque mondiale imposent des réformes néolibérales qui tournent le dos à la vision intégrale et progressiste de la santé annoncée à Alma Ata. Les budgets de santé publique sont fortement réduits, le secteur privé est encouragé, de même que le recouvrement des coûts de santé. (36).

Ces institutions imposent des réductions budgétaires dans les services sociaux des pays en développement dans le but d'aider ces pays à pouvoir honorer leur dette extérieure. Le FMI et la banque mondiale affirment que les dettes extérieures des pays doivent être remboursées. Or les valeurs de la dette atteignent des chiffres très importants. Le transfert de capitaux du tiers monde vers les pays développés est estimé à 189 milliards de dollars en 1995. Pour s'acquitter de leur dette, les pays adoptent des stratégies de développement axées sur une croissance induite par l'exportation des produits agricoles et des produits miniers, ils fournissent les matières premières aux pays industriels et se cantonnent au rôle d'importateur de produits finis beaucoup plus chers. Ces politiques de développement créent la récession économique qui s'accompagne de revenus insuffisants et de malnutrition, et par conséquent de vulnérabilité face à la maladie.

Des programmes économiques rigoureux sont imposés par les institutions financières aux pays débiteurs. Ils ont pour objectif d'entraîner une croissance dynamique et permettre aux pays du tiers monde de sortir de l'endettement. L'adhésion des pays du tiers monde aux programmes d'ajustement structurel est une condition exigée par ces institutions pour que ces pays puissent bénéficier du rééchelonnement de la dette. Le PAS est ainsi considéré comme le seul modèle de développement capable de transformer les économies des pays dans les plus brefs délais possibles et les aider à tirer partie des possibilités offertes par la mondialisation rapide de l'économie planétaire. Les gouvernements sont encouragés à changer leur politique de développement en passant de la planification du développement, à une politique de dévaluation, de déréglementation, de libéralisation et de privatisation. L'ajustement structurel vise à restructurer les capacités productives pour accroître l'efficience et contribuer à rétablir la croissance, et s'inscrit par conséquent dans le moyen terme et le long terme. Il implique une réforme du marché, la privatisation et la libéralisation. L'objectif des programmes d'ajustement structurel est de réduire la consommation de biens et de services.

Le FMI et la Banque mondiale imposent la réduction du rôle de l'état non seulement dans l'économie, mais aussi pour la fourniture de services sociaux comme la santé, l'éducation et la sécurité sociale. L'objectif est de réduire l'enveloppe budgétaire en éliminant les services gratuits, en instituant les redevances d'utilisation pour les services d'éducation et les soins de santé. Les coupes budgétaires sont opérées sans discrimination avec des effets négatifs sur les services de base d'une importance cruciale pour le développement humain. Le FMI exige des réductions des subventions et des financements alloués à des secteurs comme l'éducation de base, la santé de base et l'infrastructure rurale atteignant 60% (20).

Mais, ces institutions financières ne prennent pas en considération le développement humain. En effet, une croissance forte du PNB ne débouche sur le développement que si elle s'accompagne de changements dans la répartition du revenu, de manière à permettre à une plus large proportion de la population de jouir effectivement de ses droits économiques, sociaux et culturels. Or le remboursement de la dette absorbe entre le quart et le tiers des recettes publiques des pays en développement, ce qui entraîne un effet d'éviction sur les investissements publics nécessaires au développement humain. L'endettement élargit le fossé entre riches et pauvres, augmente le nombre des affamés, des sans abri, dégrade la situation des femmes, aggrave la situation sanitaire en particulier des groupes sociaux vulnérables (19). Si les PAS ont permis d'enregistrer des taux de croissance dynamiques du PIB, d'accroître les exportations et d'améliorer la balance des paiements, ils n'ont pas atteint les objectifs essentiels tels que l'auto approvisionnement alimentaire, la réduction de la pauvreté, et l'amélioration des indicateurs de santé. Les performances économiques positives et une croissance positive du PIB ne sont pas synonymes de développement.

Par ailleurs, l'ajustement structurel et la libéralisation ont été imposés aux africains dans une conjoncture caractérisée par la baisse des prix de produits de base, le recul de l'aide publique au développement, le tarissement des prêts de source privée, l'aggravation des mesures protectionnistes prises par le nord contre les produits africains, et des niveaux d'endettement insoutenables. Ainsi, s'explique que les pays africains soient peu nombreux à avoir réalisé des progrès appréciables sur la base des indicateurs qui donnent la mesure du développement réel et à dimension humaine. La plupart ont au contraire replongé dans des inégalités croissantes, la dégradation écologique, la désindustrialisation et la misère. Un groupe consultatif de l'ONU a signalé que dans toute l'Afrique subsaharienne, les systèmes de santé s'effondrent faute de médicaments, que les écoles manquent de livres et que les universités souffrent d'une pénurie paralysante de bibliothèques et de laboratoires. Une malnutrition sévère frappe les campagnes, ouvrant la voie à une répétition de l'épidémie de choléra qui a dévasté Lima à la fin des années 80 (19).

Le rapport international établi par M. Danito Turk, rapporteur spécial de la sous commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités, sur la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels (E.CN. 4/sub.2/1991/17) porte sur la relation entre les mesures d'ajustement structurel et la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels. Les données recueillies montraient que les PAS compromettent le droit au travail, à l'alimentation, au logement, à la santé, à l'éducation et au développement.

Les compressions budgétaires imposées par les PAS ont été opérées sans discrimination, portant un coup sévère aux services de santé. L'ampleur de la crise sociale et économique des pays en transition d'Europe centrale et orientale s'accompagne d'une baisse significative des indicateurs de la santé et de l'éducation (21). L'application aveugle des PAS a remis en cause le droit à l'alimentation, le droit à l'éducation, le droit au logement, le droit à la santé. FMI et Banque mondiale n'ont pas réussi à épargner les budgets de santé lors de l'application de PAS. Dans le but d'amasser des fonds pour rembourser leurs créanciers, les états du tiers monde imposent des politiques d'austérité économique à leur population. Les mesures ont pour conséquence le renchérissement des produits alimentaires, la baisse des salaires et l'augmentation du chômage, la réduction des programmes de santé, de nutrition et d'alphabétisation. Les personnes les plus affectées par le PAS sont les femmes, les enfants, les familles, les jeunes, les paysans et ouvriers agricoles, les travailleurs urbains.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand