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Politique, pauvreté et stabilité. le Sénégal peut-il basculer dans des violences sociales

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par Vivien MANEL
Institut français de géopolitique - Université Paris 8 - Master I géopolitique 2008
  

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D - Le vote militaire : une armée partisane ?

«J'ai toujours pensé que le rôle de l'Armée, dans les pays africains comme ailleurs, n'est pas de remplacer un pouvoir civil. Il est de garantir la sécurité du pays. La prise du pouvoir par l'Armée est toujours la marque d'un échec, le signe d'une régression.»39. Ces propos sont du général Lamine Cissé, ancien ministre sénégalais de l'Intérieur et auteur de : « Carnets secrets d'une alternance. Un soldat au coeur de la démocratie ». Avec le

39 - Cité par Abraham EHEMBA dans : «le vote des militaires sénégalais : Jeu et enjeu des pouvoirs politiques » Le Quotidien du 07 juin 2006

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général Mamadou Niang, ils étaient en charge de l'organisation et de la supervision des élections présidentielles de l'an 2000. Des élections dont le déroulement - une organisation presque parfaite et une transparence à toute épreuve - a été salué par la totalité de la classe politique sénégalaise et par l'ensemble des observateurs, qu'ils soient africains ou représentants de pays européens ou d'organismes internationaux (OIF, Transparency internationale, jeune Afrique, RADDHO, presse locale...).

Si l'organisation des élections a été confiée à l'armée, c'est parce qu'à cette époque, sa neutralité et son absence d'implication dans le débat politique et politicien, lui conférait naturellement le rôle d'arbitre dans les joutes électorales. En effet, après les violentes contestations qui ont suivi les élections présidentielles de 1988 et de 1993, les acteurs politiques ne se faisaient plus confiance. Il fallait donc pour assurer la viabilité du scrutin, une décision courageuse du régime socialiste de laisser l'organisation du processus électoral entre les mains de l'armée. C'est ainsi qu'en 1997 et 1998 Abdou Diouf nomma respectivement le général Mamadou Niang comme responsable de l'Observatoire nationale des élections (ONEL) et le général Lamine Cissé comme ministre de l'Intérieur.

La particularité de l'armée sénégalaise réside dans le fait qu'elle est, en Afrique de l'Ouest, la seule à ne pas avoir pris, au moins une fois, le pouvoir. Au-delà de l'Afrique de l'Ouest, elle fait partie des exceptions. Mais, si cette assertion cache mal le fait qu'il y ait eu des tentatives de coups d'Etat (dans les années soixante) qui ont toutes échoué bien entendu, elle permet, au moins de supposer que l'armée a toujours été préoccupée par sa mission première c'est-à-dire défendre la patrie contre toute agression extérieure. Le fait d'arme qui conforte cette analyse c'est ce qui s'est passé en 1968 lorsque, menacé par la mobilisation estudiantine et toutes les contestations qui s'en sont enjointes, le Président Senghor demanda à l'armée de « tirer à vue et sans sommation »40 sur la foule. Chef d'Etat-major de l'Armée, à l'époque, Jean-Alfred Diallo refusa d'exécuter les ordres mettant en avant son devoir de servir et de protéger le peuple plutôt que son obligation

40 - Idem

d'obéissance envers le Président de la République qui est considéré, encore aujourd'hui, comme le chef supreme des Armées. On raconte d'ailleurs que, lors d'une réunion du conseil national de sécurité, Senghor, en réponse à une question qui lui était posée, fit cette réponse : ((Mon général, prenez le pouvoir, si vous le voulez »41 offre déclinée, bien entendu par le général. Que cet épisode soit vrai ou qu'il soit à mettre dans le compartiment des faits divers infondés ou de la légende, il laisse penser que l'armée n'a jamais réellement été intéressé ni par l'exercice du pouvoir ni par le débat politique.

Aussi, lorsqu'à l'issue du Conseil des ministres du 4 mai 2006, la décision fut prise de soumettre à l'Assemblée nationale un projet de loi levant l'interdiction du vote des militaires et paramilitaires, le pouvoir en place prit de cours toute la classe politique. La Loi n° 2006-37 du 15 novembre 2006 modifiant l'article 33 de la Constitution fut votée par le parlement et adoptée. L'article 33 stipule : (( Le scrutin a lieu un dimanche. Toutefois, pour les membres des corps militaires et paramilitaires, le vote peut se dérouler sur un ou plusieurs jours fixés par décret ». Avant cette modification, l'article 33 dans la Loi n° 2001-03 du 22 janvier 2001 stipulait ce qui suit : (( Le scrutin a lieu un dimanche. Nul n'est élu au premier tour s'il n'a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés représentant au moins le quart des électeurs inscrits. Si aucun candidat n'a obtenu la majorité requise, il est procédé à un second tour de scrutin le deuxième dimanche suivant la décision du Conseil constitutionnel. Sont admis à se présenter à ce second tour, les deux candidats arrivés en tête au premier tour. En cas de contestation, le second tour a lieu le deuxième dimanche suivant le jour du prononcé de la décision du Conseil constitutionnel. Au second tour, la majorité relative suffit pour être élu. »

Les (( hommes de tenue », comme on les appelle affectueusement au Sénégal n'en revenaient pas eux-mêmes puisqu'ils apprirent, pour la plupart, la nouvelle par les médias. S'il est vrai que la loi n'en était qu'à l'étape de projet, l'on savait d'avance que l'Assemblée nationale sénégalaise,

41 - Idem

dans sa configuration actuelle, où le président dispose d'une majorité confortable, l'opposition ayant boycotté les dernières élections législatives, est devenue plus une chambre d'enregistrement que de représentation de la voix du peuple. Elle vote toutes les lois qui lui sont soumises par le président où qui émanent de sa volonté. Les débats à l'Assemblée ont tourné essentiellement autour de la justification de la loi. Pour la plupart des députés, le Sénégal parachevait ainsi la maturité de sa démocratie. Car il est resté un des derniers pays en Afrique et au-delà à ne pas avoir autorisé le vote des militaires et paramilitaires. C'était donc faire justice et permettre à de (( braves hommes » de participer enfin à l'accomplissement de la démocratie. Le professeur de Droit constitutionnel El Hadji Mbodj dit à ce propos de l'assemblée nationale et des parlementaires du Sénégal : (( il y a un dérèglement du système politique.» et il ajoute : (( le député dans notre démocratie est de plus en plus le député du parti et de moins en moins le député du peuple »42.

Toujours est-il qu'en prenant sur lui la décision d'introduire cette proposition de loi, sans consultation aucune ni avec les acteurs politiques encore moins avec les militaires et paramilitaires qui, somme toute, sont concernés au premier chef, le président Wade entendait sans doute, montrer qu'il détenait le pouvoir sur la scène politique sénégalaise. Mais, si la façon de faire cette proposition de loi n'est en soi qu'une demi-surprise, car depuis 2000, les Sénégalais ont pris l'habitude des décisions unilatérales du chef de l'Etat, c'est plutôt le moment choisi qui pose problème. C'est après avoir prorogé les délais d'inscriptions sur les listes électorales qui devaient s'étaler sur une période de 6 mois (du 6 septembre 2005 au 28 février 2006) de onze mois, que la loi autorisant le vote des militaires a été soumise au Parlement pour adoption.

Il convient de préciser que, pendant cette longue période des inscriptions, plusieurs séances de concertation entre le gouvernement, et les partis politiques de l'opposition ont été organisées. La surprise et les vives

42 - Professeur El hadji Mbodj cité par Dialigué Faye dans le (( Populaire » N° 1073 du lundi 19 juin 2005

réactions des opposants et des citoyens dans leur ensemble après l'introduction de cette loi laissent croire que cette question n'a jamais été abordée au cours de ces discussions. Pour El Hadj Mbodj « il fallait un consensus d'abord au niveau des intéressés, ensuite un consensus entre les acteurs politiques pour que ces derniers prennent leurs responsabilités de lever l'interdiction de vote concernant les militaires. Mais lorsqu'en matière électorale, on agit de manière tout à fait discrétionnaire, je crois que là c'est fausser les règles du jeu ))43.

Au-delà des péripéties de son introduction au parlement et de son adoption, l'application de cette loi pose une question toute simple : pourquoi ? Pourquoi le président Wade a-t-il choisi d'impliquer les militaires et paramilitaires dans le processus électoral ? Est-ce pour s'attirer leurs faveurs et compter pour lui les milliers de voix qu'ils représentent ? Est-ce dans le méme ordre d'idées que les militaires, dont le salaire moyen va de 80 000 F Cfa (122 euros) pour les militaires du rang, à 250 000 F Cfa (375€) pour les sous-officiers en fin de carrière, font partie des fonctionnaires les mieux payés du Sénégal ? Répondre par l'affirmative à cette interrogation serait prétentieux de ma part car, à ce jour, aucune étude sérieuse ne permet de dire pour qui les militaires ont voté ou votent. Toujours est-il qu'en remportant, au premier tour et avec une avance confortable, les élections présidentielles de 2007, Maître Wade semble avoir peut-être profité des voix des militaires.

Toutefois, si on s'accorde sur le fait que l'implication des « hommes de tenue )) dans la compétition politique ne se résume pas seulement à passer par l'isoloir et à introduire un bulletin de vote dans une urne, on peut dès lors s'interroger sur toutes les étapes qui précèdent ces actes. En effet, autoriser le vote militaire, c'est incontestablement introduire le débat politique dans les casernes. C'est aussi et surtout amener militaires et paramilitaires à matérialiser leur choix par un bulletin de vote, et même si on peut supposer que, par le bulletin blanc, le votant n'accorde de crédit à

43 - Idem

aucun des candidats en lice, n'est-ce pas comme dit l'autre « ne pas choisir, c'est choisir de ne pas choisir » ? C'est aussi, prendre le risque de voir des désaccords surgir dans les rangs de l'armée selon qu'on soutienne tel ou tel candidat ou que l'on soit pour tel ou tel parti. Lors de la dernière campagne pour les élections locales, la violence dont sont capables les partisans des différents partis politiques dans la conquête ou la défense de leurs mandats électifs qui, si elle n'est pas nouvelle, a pris de l'ampleur comme le montrent les quelques exemples cités dans le tableau ci-dessous, permet d'avancer qu'on n'est peut-être pas à l'abri de confrontations nées des divergences de choix au sein de l'armée.

Tableau 2 : QUELQUES EXEMPLES DE SCENES DE VIOLENCES
PENDANT LA CAMPAGNE ELECTORALE DE MARS 2009

DATE

LOCALITE

COMMENTAIRES

09 mars 2009

Vélingara (Kolda)

Des affrontements ont opposé des militants du maire libéral Amadou Woury Diallo, candidat sortant, à ceux de la Coalition And Liggey Senegaal, conduite par le parti Rewmi de Idrissa Seck. 7 blessés et une voiture brûlée.

16 mars 2009

Niakhar (Fatick)

En plus des brassards et foulards rouges, la

délégation du Chef de l'Etat a essuyé des jets de pierres qui ont fait des dégâts matériels (2 véhicules du cortège) et plusieurs blessés dont un officier de la Division des Investigations Criminelles (DIC)

19 mars 2009

Linguère (Louga)

Des affrontements armés ont supplanté les échanges verbaux par meetings interposés entre les deux listes, Coalition Sopi 2009 et Benno Siggil Sénégal à Linguère. Des coups de feu, des armes blanches et des matraques électriques ont constitué l'essentiel des armes utilisées. De nombreux blessés graves ont été acheminés dans les centres hospitaliers de la région

19 mars 2009

Ouakam (Dakar)

une bataille rangée entre militants de la Coalition Sopi 2009 et ceux de Convergence citoyenne a failli tourner au pire. Armés de gourdins, de machettes, de pistolets entre autres armes, les partisans du maire libéral sortant Samba Bathily et ceux de moussa Diouf, l'opposant et candidat de Convergence citoyenne

16 avril 2009

Kolda

A l'annonce des résultats du vote pour l'élection du président du Conseil régional de Kolda qui donnent vainqueur Fabouly Gaye, des affrontements se sont produits entre le camp de ce dernier et celui d'un de ses adversaires malheureux, le député Alpha Koïta. Les militants des deux camps ont usé de machettes, de gourdins ou encore de pierres pour s'affronter.

Sources : Walfadjri, SudQuotidien, nettali, Le Quotidien, Le Soleil Mars 2009

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Il faut, cependant, préciser, que les partis politiques ne sont pas autorisés à faire campagne dans les casernes. Cette interdiction traduit-elle, de la part des autorités publiques, la crainte de voir le débat politique et politicien transformer les casernes en zones d'affrontement entre partisans de différents camps ? Constituera-t-elle un frein à une forte implication des militaires et paramilitaires dans la compétition politique ? Dans tous les cas, l'on est en droit de se demander si cette interdiction doit nous amener à occulter les risques de dissensions, de désaccords voire d'affrontements que le droit de vote octroyé aux militaires pourrait induire ? En effet, le problème que pose cette situation, c'est le risque de voir une armée républicaine, connue et louée pour sa neutralité, devenir tout simplement une armée partisane, méme s'il n'est pas certain que tous les militaires votent de la méme façon. D'ailleurs pourquoi le feraient-ils ? Mais si on ne peut pas affirmer de but en blanc que celle-ci, pourrait user de moyens illégaux pour faire gagner un candidat déterminé, imitant en cela les militaires togolais qui, lors des élections présidentielles du 24 avril 2005, avaient bourré volontairement les urnes au profit du régime en place, on peut en revanche craindre plusieurs choses.

D'abord, que les divergences des choix et des soutiens électoraux au sein des corps militaires et paramilitaires ne divisent les troupes, élevant les uns contre les autres. Ensuite, qu'en perdant des élections comme c'est le cas lors du dernier scrutin local, les rapports entre l'armée et les pouvoirs en place ne soient plus aussi simples dès lors que ces derniers les considèrent comme des opposants au régime. Des signes prémonitoires de la détérioration de ces rapports ont déjà commencé à poindre, car lorsque, pour les élections législatives de 2007, les militaires à l'image de la plupart des autres Sénégalais, ont massivement boycotté le scrutin (27 % pour les militaires et 34,75 % pour les civils) 44, un militant du parti démocratique sénégalais (PDS) a manifesté sa désapprobation. Il a écrit dans un blog : « Dans un pays qui se respecte, l'armée vote pour le parti au pouvoir que diable ! (...) L'armée n'aurait-elle pas été insidieusement minée par la

44 - Source : Ministre de l'intérieur Me Ousmane Ngom, Agence de presse sénégalaise (APS) et RADDHO

perverse idée de boycotte prônée par une opposition aussi antidémocratique qu'antinationale (...) ? »45. Enfin, en impliquant l'armée dans les processus électoraux, on ne dispose plus, au Sénégal, d'acteurs neutres capables d'organiser des élections libres et transparentes sans parti pris. Bien entendu, il ne m'appartient pas de prétendre que les élections qui sont organisées par le régime en place ne le sont pas car je ne suis en possession d'aucun élément me permettant d'avancer une telle assertion.

Toujours est-il que, mises les unes dans les autres, ces craintes constituent de réelles menaces pour la stabilité du pays. Si la menace est insidieuse, elle n'en est pas moins réelle. En effet, le Sénégal reste, pour le moment, un îlot de tranquillité dans une Afrique occidentale où presque tous les pays, du Nigéria à la Mauritanie en passant par la Côte d'Ivoire, la Sierra Léone, les deux Guinées (Bissau et Conakry), la Gambie, le Burkina Faso, le Mali..., ont connu des régimes militaires qui dans certains cas ont été tout bonnement dictatoriaux, cela étant dû le plus souvent par le fait que les militaires étaient impliqués dans le jeu politique.

En somme, il me semble que cette décision de redonner aux « hommes de tenue » le droit de vote après plus de quarante ans de privation, sans que ceux-ci en fassent la demande, et sans que des objectifs autres que politiciens en soient la raison, n'aurait pas due être prise de façon aussi unilatérale. D'ailleurs, les débats qui ont précédé l'adoption de la loi par le parlement, comme ci-dessus évoqué, n'ont pas permis de lever le voile sur les véritables raisons qui la sous-tendent. Une question d'une telle sensibilité interpelle toute la classe politique et au-delà toute la nation dans ces différentes composantes. Elle pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Les militaires sénégalais, contrairement à d'autres en Afrique, ont toujours été au service du pouvoir politique, alors pourquoi les obliger à choisir entre les multiples forces politiques en compétition ? Madior Diouf professeur à l'Université Cheikh Anta Diop et leader du Rassemblement National Démocratique s'interroge à ce sujet : « Que gagnerait-on à avoir couru le risque de cette situation ? Devant les désordres qu'engendrent les

45 - Naomed, le lundi 28 mai 2007, dans le site www.blogs-afrique.info/senegal-politique

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passions partisanes et leurs dérives, la force de recours, déjà impliquée dans la compétition politique, par son vote qu'elle tient normalement à faire respecter, va-t-elle s'arrêter à imposer la fin de la récréation et sous quelle forme ? »46. L'on peut toutefois supposer qu'en agissant de la sorte, le pouvoir libéral cherche peut-être à affaiblir le pouvoir qu'une armée unie derrière ses principaux chefs pourrait avoir.

Par ailleurs depuis l'alternance, on assiste à ce que certains journalistes comme Madior Fall appelle une (( inflation d'étoilés » au sein de l'armée nationale. En effet, en l'espace d'un mandat, Abdoulaye Wade a dépassé le nombre de nomination de généraux de ses prédécesseurs. Il en a promu plus que Senghor et Abdou Diouf qui a eux deux, ont gouverné le Sénégal pendant quarante années. Si ce dernier, en vingt ans n'a élevé au grade de général des armées et de la gendarmerie que 19 officiers supérieurs, atteignant à peine un général par an en moyenne. Entre 2000 et 2008, 12 officiers supérieurs de l'armée nationale et de la gendarmerie ont été élevés au grade de général, occasionnant ainsi une moyenne annuelle de près de deux généraux par an. Il s'agit de Babacar Gaye, Pape Khalil Fall, Abdoulaye Dieng, Abdoulaye Fall, El Hadj Alioune Samba, Ibrahima Gabar Diop, El hadji Mohamed Kandji, Antou Pierre Ndiaye, Abdel Kader Guèye, Madické Seck, Pape Abdoulaye Diagne et Bakary Seck. Quatre vingt onze candidats au grade de général sont répertoriés en 2009. Le Président va-t-il accéder à leur requête. Le cas échéant, le Sénégal, proportionnellement à sa population et à l'effectif de son armée et des corps paramilitaires serait sans doute un des pays où on compte le plus de généraux. Cette (( inflation d'étoilés » peut être considérée comme un calcul politique de la part du Président. Car en (( caressant » l'armée, les militaires et les paramilitaires dans le sens du poil, il espère sans doute entrer dans leur bonne grace et s'attirer leurs faveurs. Toutefois, cette situation n'est-elle pas à double tranchants ? N'y a-t-il aucun risque de dissensions au sein de l'armée qu'elle ne puisse induire ? En fait il me semble qu'en multipliant et en égalisant les niveaux de décision au sommet, il favorise la création de groupuscules sous-tendus d'une part,

46 - Madior Diouf, dans Le Quotidien du 16 Mai 2006

par les affinités qui ne manqueront pas de se créer ou qui existent, d'autre part par les jalousies. Au total, en voulant s'attirer les faveurs de ceux-ci, Abdoulaye Wade semble avoir créé, en même temps, un nouveau foyer de probable prolifération de tensions susceptibles de menacer la stabilité du pays.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera