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Service public, intérêt public et concurrence dans le domaine des énergies renouvelables

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par Marion COQUE
Université Montpellier I - Master I droit public général 2011
  

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PARTIE II:

LES REPERCUSSIONS DE LA PRESENCE DES ENERGIES RENOUVELABLES PROMUES PAR LA PUISSANCE PUBLIQUE SUR LE MARCHE

L'essor des énergies renouvelables s'est faite par le biais d'une émergence encadrée par la puissance publique (chapitre 1). De ce fait, cela conduit à s'interroger également sur le nouveau modèle de service public, car en contribuant à l'émergence des énergies renouvelables dans le secteur de l'électricité, elle a en même temps démontré que ces nécessités devenaient inhérentes au service public de l'énergie. Cette promotion des énergies renouvelables va provoquer un mouvement de libéralisation qui va également influer sur la notion de servie public. Elle paraissent désormais intégrées dans la conception de service public de l'énergie (chapitre 2).

Chapitre 1:

L'émergence encadrée par la puissance publique des énergies
renouvelables

Cette émergence va se faire notamment par le biais de la politique de rachat de l'énergie (I), mais également par d'autres moyens tel que les programmes d'ouverture du marché et par les clefs juridiques mise à la disposition des collectivités territoriales (II). Ces exemples de mise en oeuvre de la politique publique en faveur de la promotion des énergies renouvelables ne propose pas une liste exhaustive car les moyens sont

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multiples. Mais elle a l'avantage de présenter les principaux moyens utilisés dans divers domaines. Ceci démontre le caractère éclectique des instruments mis en place et la manière dont la politique publique apporte son soutien, après avoir vu les raisons qui l'ont poussé à l'intervention.

I-La politique de rachat de l'énergie, facteur de réussite

Ce rachat de l'énergie est un exemple typique de la politique publique en faveur des énergies renouvelables. Elle s'illustre comme un moyen de rééquilibrer le marché (A), et lorsque le gouvernement va se désengager, cela va démontrer la nécessaire intervention de la puissance publique pour une libre et égale concurrence (B).

A-Le rachat de l'énergie des producteurs d'énergies renouvelables, un moyen de rééquilibrer le marché

Progressivement, il semble que la réglementation favorable à l'énergie renouvelable se soit développée.

Le gouvernement a réagit dès 2000 en mettant en place une politique de rachat de l'électricité. L'article 10 de la loi du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité, a en effet mis en place une obligation de rachat de l'électricité par EDF ou les Distributeurs Non Nationalisés. Cette obligation touche « des installations qui valorisent des déchets ménagers ou assimilés, des installations qui visent l'alimentation d'un réseau de chaleur, des installations de production d'électricité qui utilisent des énergies renouvelables ou l'énergie mécanique du vent, des installations qui mettent en oeuvre des techniques performantes en termes d'efficacité énergétique, des installations qui utilisent l'énergie marine, l'énergie solaire thermique ou l'énergie géothermique ou hydrothermique, des moulins à vent ou à eaux réhabilités pour la production d'électricité, ou encore, dans les départements d'outremer, des installations électriques qui produisent de l'électricité à partir de la

biomasse »72. Ainsi donc est apparu cette possibilité de rachat qui a contribué à l'époque à l'essor des énergies renouvelables. Par ce biais, les énergies propres disposaient d'une valorisation, en permettant leur développement. En effet, en obligeant leur rachat, la politique publique encourageait à préférer ces énergies.

Ce rachat de l'énergie a été rendu possible notamment par la directive 2001/77/CE73 qui indique que « la nécessité d'une aide publique en faveur des sources d'énergie renouvelables est admise dans l'encadrement communautaire des aides d'État pour la protection de l'environnement ». Le Conseil d'État avait été saisi en ce sens en 200374 où il avait estimé que « la charge financière de l'obligation d'achat dont bénéficient les installations utilisant l'énergie mécanique du vent [étant] (...) répartie entre un certain nombre d'entreprises, sans que des ressources publiques contribuent, directement ou indirectement, au financement de l'aide ». Pour cela, il s'était appuyé entre-autres sur la décision « PreussenElektra » rendue par la Cour de Justice des Communautés

72 Cité par l'article L314-1 du Code de l'Énergie

73 Directive 2001/77/CE du 27 septembre 2001 relative à la promotion de l'électricité produite à partir de sources d'énergie renouvelables sur le marché intérieur de l'électricité

74 CE décision n°237466 du 21 mai 2003

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Européennes75 qui indique que seules les ressources provenant directement ou indirectement des ressources de l'Etat sont constitutives d'aides d'État. Claudie Boiteau soulève à propos de cet arrêt de 2003 que le Conseil d'État a conclu que « l'avantage accordé ne provenait pas de ressources d'État tout en ignorant toutefois que le principal contributeur au fonds était alors une entreprise publique détenue par l'Etat »76. C'est-à-dire EDF. C'était donc possible de le discuter.

Mais depuis la situation a évolué et les surcoûts imposés à Électricité de France et aux Distributeurs Non Nationalisés dans le rachat de l'énergie font depuis la loi du 3 janvier 200377 « l'objet d'une compensation intégrale non plus par un fonds du service public de la production d'électricité alimenté par des contributions dues par les producteurs, fournisseurs et distributeurs mentionnés dans la loi mais par des contributions dues par les consommateurs finals d'électricité installés sur le territoire national, dont le

montant est calculé, dans la limite d'un plafond, au prorata de la quantité d'électricité consommée et arrêté par le ministre chargé de l'énergie sur proposition de la Commission de régulation de l'énergie78 ». Le financement ne vient en effet plus de producteurs fournisseurs et distributeurs mais directement des consommateurs au moyen de la Contribution au Service Public de l'électricité »(CSPE). Le juge a donc été saisi et cela a donné lieu à un arrêt rendu par le Conseil d'État « Association vent de colère ». La haute juridiction a reconnu que cela pouvait être constitutif d'une intervention de l'Etat, elle a donc dû sursoir à statuer afin de poser une question préjudicielle à la Cour de Justice des Communautés Européennes: « Ce mécanisme doit-il désormais être regardé comme une intervention de l'Etat ou au moyen de ressources d'État au sens et pour l'application des stipulations de l'article 87 du traité instituant la Communauté Européennes »79. L'article 87 est celui qui interdit les aides d'État. La question reste donc pour le moment en suspens.

Afin de promouvoir les énergies renouvelables, l'État s'est donc engagé dans une politique d'obligation de rachat des énergies renouvelables. Il a donc voulu son essor en allant jusqu'aux confins de l'aide illégale d'État. Cela montre l'impact des aides sur la concurrence et le fait que cela puisse concurrencer EDF, mais pose le problème de l'origine publique des fonds.

Cette aide aux énergies renouvelables qui va s'amenuiser par la suite, s'explique par la volonté de répondre aux nouvelles préoccupations environnementales et aux objectifs fixés. Néanmoins, il s'agit d'aider une forme d'énergie au détriment d'une autre, et c'est ce qui peut être constitutif d'une aide illégale mais cela va avoir des effets. En effet, comme il a été abordé plus tôt, la libéralisation a été insuffisante du fait notamment de la position d'EDF qui avait des moyens techniques lui permettant d'être en position dominante, mais aussi du fait du choix du gouvernement qui n'a pas vraiment aidé cette libéralisation. Le seul moyen qu'il y ait une vraie concurrence était donc de rééquilibrer les déséquilibres en apportant plus de soutien aux autres producteurs qui étaient défavorisés, notamment ceux des énergies renouvelables. Pour pallier au moyens techniques, le rachat de l'énergie était une bonne alternative. Avant cela, les producteurs de nouvelles énergies étaient souvent exclus parce qu'il étaient moins intéressant financièrement. En obligeant le rachat de l'énergie, cela leur permettait de réduire cette

75 CJCE 13 mars 2001 « Preussen Elektra »

76 Claudie Boiteau « le prix controversé du rachat de l'énergie éolienne où l'énergie renouvelable à quel prix? » AJDA 2009 p2105

77 Loi n°2003-8 du 3 janvier 2003 relative au marché du gaz et de l'électricité et au service public de l'energie

78 CE «Association vent de colère» 15 mai 2012

79 Idem

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inégalité. En se donnant comme objectif la protection de l'environnement, le gouvernement a donc permis dans le même temps de consolider un concurrent sérieux à EDF, et donc au nucléaire puisque c'est sa principale activité. Il y avait difficilement d'autres alternatives puisque comme il l'a été abordé, concurrencer le nucléaire par le nucléaire était quasiment impossible.

Cet effet des énergies renouvelables sur le marché peut également s'apprécier en négatif en observant les effets néfastes sur le marché de la baisse du soutien aux énergies renouvelables par le gouvernement.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle