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Service public, intérêt public et concurrence dans le domaine des énergies renouvelables

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par Marion COQUE
Université Montpellier I - Master I droit public général 2011
  

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B- La régulation et la concurrence par la réglementation en faveur des énergies renouvelables aboutissant à une forme de libéralisation

L'objectif de l'Union Européenne est un un marché concurrentiel comme en témoigne le considérant 8 de la directive 96/92 qui indique « que, dans le marché intérieur, les entreprises du secteur de l'électricité doivent pouvoir agir, sans préjudice du respect des obligations de service public, dans la perspective d'un marché de l'électricité qui soit concurrentiel et compétitif ».

Et la suppression de formalité peut passer par la déréglementation afin de créer un marché libre.

La déréglementation dans son acception générale est en effet « l'action de soustraire une matière à l'empire du droit public en la rendant à la liberté des conventions et à la loi du marché, allègement du réseau contraignant qui enserre une activité, désigne aussi la politique qui, inspirant cette tendance, traduit un retour relatif au libéralisme économique et un recul corrélatif de l'interventionnisme public (spectre du

dirigisme)107 »

Afin d'atteindre un marché concurrentiel, il faudrait donc déréglementer.

Cette définition montre également le lien entre libéralisation et déréglementation.

La libéralisation est une « tendance législative à rendre plus libéral un système de droit, à admettre ou à permettre plus largement un comportement, une action, notamment par ouverture de nouveaux cas ou suppression de formalités108. Son but est d'atteindre un marché concurrentiel, cela dessert donc l'objectif de l'Union Européenne. La libéralisation en règle générale passe donc par une déréglementation. Ce que confirme Marianne Laigneau à propos du marché de l'électricité.

Selon elle, « Dans l'esprit des rédacteurs des directives de 1996 et 2003 relatives à l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence, la libéralisation, fondée sur le principe du libre choix de leur fournisseur par les consommateurs devait nécessairement s'accompagner de la disparition de toute forme de réglementation des prix de l'électricité à l'aval. 109. »

Et cette déréglementation n'est pas seulement celle du prix.

Afin d'atteindre un marché concurrentiel par la libéralisation, il faudrait donc déréglementer.

107 Gérard Cornu « vocabulaire juridique » 2003 quatrième édition définition sous déréglementation

108 Idem définition sous libéralisation

109 Marianne Laigneau « Vers de nouvelles règles du jeu du marché de l'électricité : à propos du rapport Champsaur » Rjep n° 667, Août 2009, repère 8

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Néanmoins dans le cas de l'ouverture à la concurrence du secteur de l'électricité, il semble que la libéralisation soit en réalité passée par une réglementation. Selon Jean-Yves Chérot à propos de la libéralisation des secteurs économiques en général : «On n'assiste donc, plus à une simple libéralisation sous forme de déréglementation (suppression des droits spéciaux et exclusifs), mais au remplacement d'un cadre réglementaire ancien par un cadre réglementaire nouveau. La libéralisation des réseaux dans le cadre d'une politique commune n'est donc pas une déréglementation. Il convient donc de prendre acte de ce que la libéralisation s'accompagne d'une sur-réglementation110 . »

Et cela semble en effet le cas pour le secteur de l'électricité.

Lorsqu'il est pris l'exemple des prix, L'État a du intervenir afin de proposer des prix de gros de production d'énergies nucléaire aux petits producteurs. Comme il a été évoqué, il était en effet nécessaire de pouvoir racheter de l'électricité à plus bas coût pour leur permettre d'assurer suffisamment de production d'électricité et de pouvoir concurrencer de manière effective. Comme concurrencer le nucléaire par le nucléaire est excessivement difficile, ce moyen s'adresse aux producteurs d'énergies renouvelables.

Mais cela n'a pas été immédiat, dans un premier temps « L'objectif a été d'abord d'éviter tout dérapage des prix comme s'il fallait donner l'impression rassurante que rien n'a changé dans un monde où pourtant tout a changé, tant en termes juridiques depuis le 1er juillet 2007 que, plus fondamentalement, par la hausse mondiale des cours de l'énergie et la priorité qui devrait être dorénavant donnée au développement durable 111». Il était fait usage de l'application des tarifs réglementés mais selon la commission cela faisait obstacle à l'entrée sur la marché des nouveaux producteurs car les prix réglementés étaient trop bas pour qu'ils puissent les concurrencer. S'ensuivent donc ensuite les mesures transitoires comme il a déjà été évoqué qui ont maintenu les tarifs réglementés pour les particuliers. Puis la proposition de rachat au pris de gros par la commission Champsaur pour les producteurs concurrents d'EDF afin de « mieux éviter ce paradoxe qui consiste à lier ouverture effective des marchés et hausse des prix112 ».

L'État a donc déréglementé les prix, en faisant référence à la citation de Martine Lombard. Cela est ensuite passé par une nouvelle réglementation mais cette fois-ci du prix de l'achat de l'électricité par les producteurs.

L'État pour assurer un marché concurrentiel semble en fait obligé de réglementer. La libéralisation voulue par les directives de l'Union Européenne, ne pouvait s'effectuer seule. La situation de monopole était bien trop ancrée. Le seul moyen était donc de proposer une alternative, celle des énergies renouvelables et de la soutenir par la promotion.

C'est par les autres formes de soutien aux énergies renouvelables évoquées précédemment comme l'appel d'offre qui relève de l'application du droit de la concurrence ou par la réglementation des prix qui est le signe d'une politique de régulation que cela se manifestera.

110 Jean-Yves Chérot « Droit public économique » 2007. deuxième édition.

111 Martine Lombard « L'État face à l'ouverture des marchés de l'électricité et du gaz : un pompier pyromane ? » RJEP n°646 octobre 2007 repère 3

112 Idem Fabien Tesson note 96

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Cette régulation semble aller au delà du mécanisme de régulation du marché assurée par la Commission de Régulation de l'Énergie. En effet celle-ci s'occupe de la surveillance des transactions effectuées sur les marchés de gros d'électricité et de quotas d'émission de gaz à effet de serre mais aussi des fonctionnements des marchés de détail en donnant son avis sur les tarifs réglementés de vente d'électricité jusqu'à la fin de la période transitoire, c'est-à-dire le 7 décembre 2015. De même, elle assure la mise en oeuvre des dispositifs de soutien à la production et à la fourniture d'électricité en émettant un avis sur les arrêtés tarifaires fixant les conditions d'achat et concernant l'appel d'offre, elle assure la rédaction du cahier des charges, le dépouillement des offres et émet un avis sur le candidat sélectionné113. Elle poursuit donc des impératif de régulation du marché.

Selon M.A Frison-Roche « Le droit de la régulation économique se met en place, en grande partie sur les cendres de l'organisation économique construite autour des monopoles d'Etat en charge des services publics et dans la perspective de la mondialisation. 114» ce qui est le cas en l'espèce. Pour elle « l'objet du droit de la régulation n'existe que dans des secteurs particulièrement ouverts à la concurrence et qui ne peuvent pas en eux-même produire leur équilibre ». Il y a donc cette idée d'équilibre du marché que l'on retrouve dans la régulation du secteur de l'électricité.

Néanmoins, l'équilibre du marché passe par une action plus poussée que celle de la commission de l'énergie car la régulation utilisée emprunte la voie de la réglementation. Cela se voit à travers la fixation des prix. Pour Michel Bazex,

« La régulation empruntant la voie de la réglementation, notamment tarifaire, est la solution classique, et elle a connu une importance de plus en plus grande avec l'introduction des règles de concurrence et leur opposabilité à l'action des autorités publiques 115. Ce n'est donc pas impossible et même souvent usité.

Pourtant la réglementation se distingue de la régulation. « On ne fait plus aujourd'hui le contresens de confondre la régulation avec le terme anglais de 'regulationÇlequel renvoie à la réglementation. En cela, le vocable anglophone est à la fois plus restrictif que le concept francophone, puisqu'il ne vise que la réglementation, et plus large puisqu'il concerne tous les types d'interventions des autorités publiques prenant la forme réglementaire. Pour distinguer ces faux amis, un argument par l'absurde suffit: puisqu'il s'agit de langage, on observe que des organismes qualifiés expressément comme des «autorités de régulation. Par exemple l'Autorité de régulation des télécommunications (ART), ne disposent pas du pouvoir réglementaire, ce qui suppose que l'on peut réguler sans réglementer »116. Or là justement cette politique de régulation semble s'être faite par une politique de réglementation de la part de la puissance publique qui elle bénéficie d'un pouvoir de réglementation que ce soit au niveau législatif ou réglementaire. La régulation sans réglementation est elle assurée par la commission de la régulation de l'énergie.

La politique de soutien aux énergies renouvelables est donc allée plus loin qu'une simple régulation auquel procède la CRE notamment en réglementant les prix, ou même que l'application du droit de la concurrence. Elle a donc permis une forme d'alternative

113 JCP Administratif « Electricité » fascicule 154 J-Y Simonnet de 190 à 192

114 M.A Frison-Roche « Définition du droit de la régulation économique ». Concurrence distribution. Recueil dalloz 2004 n°2

115 Michel Bazex « la régulation des tarifs réglementés de vente du gaz naturel » revue droit administratif n°10 octobre 2012 , commentaire 85

116 M.A Frison-Roche article précité note 101

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au nucléaire en proposant son soutien aux autres formes d'énergies et de ce fait, cela a eu pour effet de poser les bases d'un marché concurrentiel.

L'équilibre du marché ainsi que la libéralisation ne pouvaient donc s'effectuer seul, c'est en empruntant la voie de la réglementation et par une régulation et l'application du droit de la concurrence en faveur des énergies renouvelables que ceci s'est réalisé.

Néanmoins, il est à noter que si la libéralisation n'est pas encore tout à fait opérationnelle, cela a permis des avancées. La promotion des énergies renouvelables a également impacté le service public de l'électricité.

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