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Les incidences fiscales des normes IAS / IFRS en France

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par Thomas Gruet
Institut supérieur du commerce de Paris - Master en expertise juridique et fiscale 2004
  

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B . Les incidences fiscales des modifications apportees au compte de resultats

La disparition du compte de resultats au profit du « Performance reporting » implique

d'abondant changements comptables et fiscaux. Le code de commerce et le PCG precisent que les entreprises doivent presenter les differents resultats de l'entreprise. L'Administration fiscale devra effectuer un travail de fond quant aux normes impactant le compte de resultats. Le « Performance reporting » devra faire l'objet d'une etude particuliere et de nombreux retraitements sont a attendre afin de pouvoir par exemple l'integrer a la declaration 2065.

Deux hypotheses sont a envisager :

Le compte de resultats fait l'objet d'une adaptation etalee dans le cadre d'une convergence du

PCG vers les IFRS. Ainsi, les entreprises seraient amenees a etablir progressivement le

« Performance reporting », tout en laissant le temps a l'Administration fiscale de se pencher sur

les eventuelles modifications a apporter pour que celui-ci soit compatible avec les regles edictees par le CGI (ou l'inverse...)

Dans le cadre d'une non-convergence, plusieurs difficultes apparaissent. Les entreprises seraient amenees a etablir le « Performance reporting » uniquement pour leur communication financiere

et devraient simultanement dresser un compte de resultats conforme au PCG et CGI actuels. Cette situation est source de nombreux retraitements lourds et coüteux. De plus, les deux comptes sont d'une logique totalement differente : l'une financiere et l'autre fiscale. De méme, il serait d'autant plus difficile de mesurer les impacts fiscaux du changement de methode comptable d'une part et des nouveaux investissements (charges, produits) d'autre part. Autrement dit, comment determiner de maniere fiable et rapide les impacts fiscaux, alors méme

que ces impacts ne peuvent s'evaluer qu'a partir du « compte de resultats a la française » et non

pas du « Performance reporting » ? Et comment expliquer et reintegrer le coüt en terme d'impôt

dans le « Performance reporting » ?

Ainsi, dans les deux cas, les IAS / IFRS impliquent de revoir totalement le CGI en ce qui concerne le compte de resultats ce qui signifie reviser integralement les notions de charges et de produits et donc leur caractere deductible ou non...

l. L'apparition du resultat ordinaire

a. Charges ordinaires

· Definition et comptabilisation des charges ordinaires

Avec les IAS / IFRS, les charges doivent étre rattachees a l'exercice au cours duquel elles sont nees, ce qui n'est pas le cas en principes français. En effet, avec le PCG, les contrats d'assurances sont portes en charge des l'instant que leur montant est connu et que leur existence est certaine. Les contrats d'assurance d'un exercice N sont donc supportes par l'exercice N-l. Sous les nouvelles normes, tel n'est pas le cas et les contrats d'assurance sont portes en charge a l'instant méme de leur versement : Ce qui prime est la sortie de ressources pour l'entreprise. Ainsi, des lors que l'entreprise peut justifier d'une sortie de ressources dans le futur, elle constitue une charge immediatement deductible, sauf disposition specifique contraire.

Un tel changement de principe devra faire l'objet d'une adaptation de la legislation fiscale, puisque les principes fiscaux ont les mémes dispositions que le PCG : Pour étre deductibles, les charges doivent étre comptabilisees dans l'exercice au cours duquel elles ont ete engagees.

Rappelons que les modifications apportees aux provisions ont des consequences directes sur

les charges d'exploitation.

Fiscalement, dans l'hypothese où la definition des IAS / IFRS seraient retenue a l'avenir en

ce qui concerne les charges, cela constituerait un avantage important pour l'entreprise. En effet, le flou juridique relatif qui demeure actuellement au sujet de la definition des charges n'existerait plus.

En cas de contentieux, il serait plus facile de justifier que telle ou telle depense constitue bien une charge deductible comptablement (et a priori fiscalement) puisqu'une reelle definition generale s'appliquerait et non pas seulement des indications plus ou moins interpretees. Reste a savoir quelle position l'Administration adopterait au sujet d'une veritable definition des charges, definition a la fois stricte et precise.

· Les stock-options

Les stock-options constituent des charges de personnel pour l'entreprise. L'avantage des stock-options pour l'entreprise, en dehors de la motivation qu'elles engendrent pour les salaries, est qu'elles sont hors charges sociales. Or qu'en sera-t-il si celles-ci sont desormais considerees comme

des charges de personnel et une remuneration a part entiere ?

De plus, en tant que charges (méme si l'option n'est pas levee), les stock-options representent un montant deductible supplementaire. L'Administration devra se prononcer sur la deductibilite des plans et d'autant plus que les charges ne seront pas reactualisees en fonction du cours de l'action, ce qui peut representer un caractere excedentaire dans leur montant en cas de baisse du cours de l'action. Fiscalement, une reintegration devrait-elle operee ? Une telle solution collerait avec la logique des IFRS puisque celles-ci prônent la « fair value ». Peut-on parler de « fair value » lorsque la charge n'est pas reactualisee, et d'autant plus lorsque son montant est dependant

du cours de bourse ?

De méme, le caractere irreversible de cette charge pourrait a terme poser probleme vis a vis

de l'Administration, particulierement au regard de l'article 3874 quater de l'annexe III du CGI. Une charge comptabilisee au cours d'un exercice est sensee étre certaine dans son existence et son coüt

74 Voir B du premier chapitre portant sur le bilan

selon le PCG et representer une sortie de ressource selon les IAS / IFRS. Bien qu'aucune

disposition du CGI ne soit prise a cet egard, faute de position officielle de l'Administration, ces charges conserveraient-elles leur caractere deductible ?

· Les frais de recherches et developpement

Les IFRS imposent d'immobiliser les frais de developpement et permettent de comptabiliser

en charges immediatement deductibles les frais de recherche appliquee et fondamentale.

Le PCG laisse le choix pour les frais de developpement ainsi que pour les frais de recherche appliquee, sous reserve de certaines conditions.

Deux incidences fiscales apparaissent en cas d'adoption des IFRS pour les frais de developpement:

Les contentieux portant sur l'immobilisation ou l'inscription en charge des frais de developpement diminueront avec l'homogeneisation des pratiques comptables et fiscales. En effet, l'obligation d'immobiliser ces frais presente des criteres relativement imprecis (projets individualises, chances de reussite, coüts distincts), souvent interpretes de maniere abusive et a l'origine de contentieux.

Avec le passage aux normes IFRS en 2005, les entreprises, qui n'auraient pas totalement amorti

les frais de developpement dans le cas d'une immobilisation, opereront une deduction massive

des charges restantes, correspondant au total non encore amorti desdits frais. Reste que l'Administration fiscale n'a pas encore communique sa position en la matiere, mais il est evident

qu'elle sera vigilante aux abus eventuellement pratiques.

Les frais de recherche appliquee et fondamentale :

Les mémes consequences quant a l'homogeneisation des pratiques sont a attendre en ce qui concerne les frais de recherche appliquee.

Aucune divergence particuliere n'est a relever au sujet des frais de recherche fondamentale. Les desaccords portent davantage sur les frais de recherche appliquee. Les entreprises ont exprime le souhait de pouvoir continuer a exercer l'option de comptabiliser en charge ou d'immobiliser ces frais. A ce sujet, l'AFEP a fait part de son desaccord avec le projet d'avis du CNC, puisque la disparition de l'option comptable et fiscale (et des avantages qui en decoulent) serait plutôt defavorable a l'accroissement des depenses de recherche des entreprises françaises. La encore,

les entreprises n'ayant pas totalement amorti les frais de recherche appliquee devront les deduire massivement en charge, ce qui souleve les mémes remarques qu'a propos des frais de developpement.

· Les stocks

Les comptes statutaires sont impactes par les modifications comptables apportees par le

projet d'avis du CNC sur la definition, la comptabilisation et l'evaluation des actifs. Ces regles impliquent aussi de nombreuses incidences fiscales, pour le moment non encore arrétees et qui feront l'objet de decisions de la part de l'Administration fiscale durant le 2nd semestre 2004.

- Enregistrements des stocks

Les dates d'enregistrement et de sortie des stocks peuvent conduire a des divergences entre principes français et IFRS. En droit français, seuls sont inclus dans les stocks les biens dont

Avril 2004 80

l'entreprise est proprietaire, exceptes les biens comportant une clause de reserve de propriete.

Rappelons que les normes IFRS s'attardent plus a la notion de propriete economique que juridique. C'est ainsi que l'entreprise peut compter dans ces stocks des biens dont elle n'a pas la propriete mais dont elle assume les risques, ce qui est le cas des commissionnaires en marchandises. Ceux-ci verront donc leurs stocks gonfler avec l'application des normes IFRS. Ces divergences de comptabilisation peuvent conduire a des modifications importantes sur le resultat d'exploitation et donc sur le resultat fiscal. De plus, l'Administration n'a pas encore publiee de position a ce sujet et

n'a pas precisee qu'elle serait le traitement fiscal a operer en cas de divergences pour les entreprises lors du passage aux IFRS.

- Coüt d'acquisition des stocks

Les principes de comptabilisation du coüt des stocks sous les IFRS presentent des divergences relativement fortes avec le PCG. La non prise en compte des pertes ou gains de change peut influencer le coüt des stocks de maniere significative. Des consequences fiscales positives ou negatives peuvent concerner des entreprises qui ne commercent qu'avec certains pays du globe dans

la mesure où le cours de monnaie de ces pays est stable. Ainsi, le coüt des stocks peut presenter des differences en janvier 2005 une fois les normes IFRS appliquees.

Rappelons que les gains et pertes de changes font l'objet d'une norme particuliere (IAS

2l.2l). A ce jour, cette norme n'a pas encore ete reprise par les normes IFRS, ce qui implique que

le CNC et l'Administration fiscale ne se sont pas encore prononces. Fiscalement, cela pose probleme puisqu'en 2005, les gains et pertes de change ne sont plus incorpores au coüt des stocks. Ainsi, lorsqu'une entreprise constatera de tels differences de changes, quel traitement fiscal devra t

il étre applique ?

Avril 2004 8l

- Coüt de production des stocks

Les divergences en matiere de coüt de production des stocks sont importantes. Le montant

des coüts des stocks s'accrolt sous les normes IFRS avec la prise en compte des frais generaux fixes

de production et la prise en compte pure et simple des frais d'Administration generale. Les conditions auparavant exigees par le PCG ne sont plus a reunir, ce qui peut aboutir a des abus de la part des entreprises. L'Administration sera particulierement regardante lors du passage aux normes IFRS, particulierement lorsque l'on sait que les stocks constituent une part importante du nombre de verifications...

La definition des stocks peut poser probleme en ce qu'elle diverge fortement de celle retenue par l'Administration. Des difficultes sont aussi a attendre en ce qui concerne l'inclusion des incidences d'escomptes. Ceci n'a pas encore fait l'objet de communique de la part de

l'Administration

· Depreciation des actifs75

Les conditions de comptabilisation des depreciations sont plus strictes avec les IFRS et permettent une harmonisation des pratiques comptables en la matiere. Voir « Depreciations des immobilisations corporelles et incorporelles » du premier chapitre.

75Voir aussi parties correspondantes dans I A et B

b. Produits ordinaires

La divergence principale concernant les produits reside dans la definition. Les textes

français fournissent une definition beaucoup plus detaillee que les normes IFRS, tandis que ces dernieres se cantonnent a des principes generaux. De plus la notion de produit ordinaire qui englobe

la quasi-totalite des produits que l'entreprise reçoit est largement differente de la notion de produit d'exploitation. Des retraitements importants sont a operer afin d'eliminer les discordances entre

comptabilite (IFRS) et fiscalite et d'aboutir au resultat fiscal.

· Ventes de biens et prestations de service

Vente de biens

Les dates de comptabilisation des ventes de biens peuvent étre largement decalees entre les normes IFRS et PCG, puisque le fait generateur retenu pour l'enregistrement du produit en comptabilite est different. Sous les IFRS, les solutions s'effectueront au cas par cas en fonction des conditions de paiements et de livraison. Ces differences auront essentiellement un impacts lors du passage aux normes IFRS et les entreprises seront amenees a reintegrer et exclure une partie de leur produit. Fiscalement, le fait generateur est le méme qu'en comptabilite mais qu'en sera-t-il sous les normes IFRS ? L'Administration ne s'est pas encore prononcee sur les solutions a retenir en cas de differences de date entre les regles des IFRS et celles du CGI.

Prestations de services

Les IFRS permettent la encore une homogeneisation des pratiques comptables en ne retenant que la methode a l'avancement. Fiscalement, l'obligation de comptabiliser certains services selon la methode a l'achevement peut poser probleme, notamment au regard de l'article 38-2 bis du CGI.

Comptablement, les entreprises doivent suivre les regles de la methode a l'avancement mais qu'en

est-il en cas de divergence entre comptabilite et fiscalite pour de telles prestations de services ? Les autorites competentes n'ont fourni aucune indication quant aux eventuels retraitements a operer. Cette situation peut-elle étre source de contentieux au regard de l'article 38 quater de l'annexe III

du CGI ?

Afin d'assurer une securite juridique satisfaisante pour les entreprises, ces questions doivent étre traitees lors de l'application des normes IFRS aux comptes statutaires. Il est necessaire que ces normes restent en l'etat dans un souci d'homogeneite entre comptes consolides et statutaires.

· Comptabilisation des redevances76

Un decalage des dates de comptabilisations selon le PCG ou les normes IAS / IFRS peut apparaltre lors de la comptabilisation des produits de redevances. La notion de « Substance over form » etant inexistante en droit comptable français, il est impossible de comptabiliser ces produits selon la « substance » du contrat.

La comptabilisation integrale et immediate est donc theoriquement impossible. Ce peut par exemple étre le cas en normes IFRS des contrats analyses comme des ventes (Produits de redevances fixes, depôt non remboursable en application d'un contrat non remboursable...).

Fiscalement, il serait necessaire que des textes precisent si un tel contrat pourrait étre rencontre et quel serait la position a adopter puisqu'en aucun cas un produit de redevance n'est analyse comme une cession en droit comptable et fiscal français.

Ainsi, les principes retenus par les IAS / IFRS peuvent étre valides par l'Administration fiscale et les operations seraient alors analyses comme une vente. Dans le cas contraire, un

76 Voir aussi normes IAS l8.30 et l8.33

retraitement fiscal est de mise ce qui, une fois de plus, plaide a terme en la faveur d'un bilan fiscal.

En cas de comptabilisation selon un principe lineaire, il n'y aucune divergence avec les principes français. Aucun probleme fiscal n'est souleve.

Les modifications apportees au resultat d'exploitation sont importantes mais touchent

principalement les comptes consolides. Pour le moment, les comptes statutaires sont impactes par

les depreciations d'actifs. A l'avenir, les modifications et les incidences fiscales seront plus nombreuses et plus lourdes de consequences, notamment en terme de definition et de comptabilisation des charges et produits d'exploitation.

Concernant le resultat financier, il n'en reste pas moins que des incidences fiscales importantes sont d'ors et deja a prevoir, particulierement sur la notion de coüt d'emprunt.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite