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Liberté de presse et accès aux informations administratives en république du Bénin

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par Stéphane SONON
Université de Nantes - DEA 2004
  

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A- Les pressions politiques, économiques et culturelles

Quelques exemples nous permettront de cerner l'importance des pressions sur le journaliste béninois dans sa quête de l'information vers les administrations publiques. Certains exemples sont puisés dans une étude76(*) sur le journalisme d'investigation au Bénin et les autres sont recueillis auprès des journalistes concernés.

En 1999, un journaliste du quotidien gouvernemental « La Nation » a décidé de vérifier l'encours et le service de la dette extérieure du Bénin à la suite d'une remise de dette accordée au pays par l'Union Européenne. Arrivé au Ministère des finances, il rencontre le Secrétaire Permanent du PAS77(*)qui, après deux séances de travail, l'envoya vers le directeur de cabinet. Celui-ci le met en contact avec le directeur de la CAA78(*). Après quelques rendez-vous manqués, ce dernier invite le journaliste à une séance de travail entre son personnel et le ministre des finances. A cette séance, aucun chiffre précis n'a été donné, mais plutôt des pourcentages pour faire des comparaisons avec les exercices précédents. La séance de travail que le journaliste a eu ensuite avec le directeur de la CAA ne lui a pas permis de savoir si le Bénin était un pays pauvre, lourdement endetté pour avoir bénéficié de cette remise de dette. Le Directeur a évité de donner de chiffres précis sur la dette du Bénin. Après trois (3) mois, le journaliste, ne parvenant toujours pas à obtenir les informations exactes dont il a besoin, dû abandonner le dossier.

Un quotidien, «Le Matinal » a entrepris en 1999, de fouiller une affaire de trafic de drogues dans laquelle un ambassadeur du Bénin et ses complices ont été cités. La directrice de cabinet du ministre du plan devait transporter un colis aux Etats-Unis dont le destinataire serait cet ambassadeur. Le colis contiendra la drogue. La dame a révélé le montage. L'ambassadeur a été rappelé. Quand le journaliste a voulu fouiller le dossier, il y a eu non seulement des interventions de parents et amis, mais aussi des intimidations des autorités politiques pour l'amener à classer le dossier.

En 1997, les journalistes du quotidien, «Les Echos du jour» ont été soumis à l'interrogatoire d'un tribunal militaire pour avoir publié le rapport d'une commission d'enquête sur les détournements commis par de hauts officiers de l'Armée béninoise. Ils ont été intimidés et sommés de ne plus continuer la publication du document, car «cette affaire relève de la sécurité d'Etat». Pourtant, il était plus question dans cette affaire, de mauvaise gestion que de sécurité intérieure. Plus tard, les officiers en question ont été arrêtés.

Après la formation du gouvernement béninois de 2002 et la lecture du décret de nomination à la radio, un journaliste du quotidien « L'Aurore » s'est rapproché d'un cadre du Secrétariat général du Gouvernement pour prendre le décret en intégralité. Il fut éconduit. Le même journaliste subit le même déboire à propos du texte du discours annuel du Chef de l'Etat devant l'Assemblée nationale. Il s'agit d'un discours radiotélévisé, retransmis en direct. Le refus est intervenu après que le conseiller du Chef de l'Etat à qui la demande a été adressée, demande d'abord au journaliste le but de l'utilisation du texte.

En 1998, des journalistes de l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin ont voulu enquêter un peu plus sur un meurtre intervenu dans les années 1990. Dès qu'ils ont entrepris les recherches auprès des services de police et des témoins, il leur aurait été demandé d'abandonner ce dossier s'ils tiennent à leur vie.

Un journaliste du quotidien «Le Point au Quotidien» décide de vérifier si les cinq bus achetés par le gouvernement en novembre 2000 pour le transport des étudiants sont neufs. Le journaliste est allé sur le terrain, mais le soumissionnaire qui a gagné le marché les aurait fait tourner en rond. Il ne peut pas affirmer si les bus sont usagés comme le proclame la rumeur publique. La Commission qui a statué sur ce marché public fit de même.

Le journal «La Nouvelle Tribune» enquête sur les conditions d'octroi par le ministre en charge des Télécommunications de la licence GSM à un opérateur privé partenaire. Dès la publication de l'enquête, la publicité de l'office dans les pages du journal, a cessé. Le ministre qui n'est plus en fonction, abonné du journal, a demandé au journal de suspendre son contrat d'abonnement.

En 2000, un journaliste d'une agence de presse locale79(*), se rapproche de la greffe du tribunal de Cotonou afin de recueillir les différentes décisions de justice en matière de délit de presse au Bénin. Il voulait les mettre sur un site Internet. Le site devrait être consacré aux délits de presse en Afrique de l'Ouest. Le greffier, très accueillant, au départ se rétracta lorsqu'il apprend la qualité du demandeur de l'information et sa finalité.

Ces différents exemples, montrent que le journaliste est soumis à des obstacles divers : pressions politiques, économiques, sociales et même culturelles (menace d'envoûtement). Elles proviennent des hommes politiques, des cadres de l'administration, de simples citoyens mêlés à une affaire et même de parents qui tiennent à la vie de leur fils, frère ou cousin journaliste.

* 76 AGOSSA, Césaire ; Le journalisme d'investigation au Bénin ; mémoire de fin de formation du cycle 2 de l' ENA, 1998-2000 ; p. 40

* 77 Programme d'Ajustement Structurel

* 78 Caisse Autonome d'Amortissement

* 79 Il s'agit de l'Agence Proximité. Elle n'est pas une agence d'information comme les agences internationales. Elle réalise des enquêtes et reportage sur le terrain.

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