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Liberté de presse et accès aux informations administratives en république du Bénin

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par Stéphane SONON
Université de Nantes - DEA 2004
  

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B- Les conditions de travail

La presse béninoise ne jouit pas d'un environnement encourageant. Outre le déficit en formation de base déjà évoqué, les journalistes sont en nombre insuffisant. Ils souffrent aussi d'une insuffisance d'équipements et d'outils de travail. L'exemple le plus frappant est celui de l'Agence Bénin Presse qui compte à la rédaction centrale trois (3) journalistes et à l'intérieur du pays cinq (5) journalistes.80(*)

Pour combler le déficit en personnel, certains organes recrutent de collaborateurs extérieurs ou de jeunes stagiaires qui ne sont pas payés. Certains gardent ce statut de stagiaire pendant plusieurs années. Les journalistes béninois ne disposent pas d'une convention collective. Ils ne sont donc pas bien payés ou sont payés en fonction de l'importance de l'organe de presse. Le journaliste de base reçoit un salaire variant entre 25 000 et 75 000 FCFA. Dans certaines rédactions, il y a des journalistes qui ne perçoivent même pas de salaire. Il se font rémunérés à travers les dons et libéralités de particuliers dénommés perdiems.81(*) Il peut s'agir d'argent, de bons d'essence,... Toute chose que le code de déontologie interdit. Dans ces conditions, la déontologie et l'éthique ne sont pas respectées dans la publication de l'information.

A défaut de faire chanter, contre de l'argent le fonctionnaire ou l'homme politique détenteur d'une information administrative (comme le font certains journalistes) ou de se laisser corrompre pour publier des informations partisanes, d'autres journalistes évitent de prendre les « risques » d'une investigation journalistique.

La faiblesse des rémunérations amène également la plupart des journalistes à avoir des activités parallèles. Une enquête82(*) réalisée en 2000 sur 100 journalistes a démontré que 76 % parmi eux mènent une activité secondaire en dehors de la presse.

Il faut ajouter que le marché publicitaire n'est pas si florissant pour la presse et la moyenne des tirages tourne autour de 500 à 3000 exemplaires par jour. Cette situation ajoutée au dénuement des moyens dans lequel se trouvent beaucoup d'organes (pas de budget de fonctionnement, pas de moyens de transport pour le journaliste ni de frais de carburant ....) n'est pas incitative d'un journalisme d'investigation au Bénin.

Une réalité révélée par une étude83(*), qui a montré que sur 100 numéros successifs de cinq quotidiens choisis pour apprécier la fréquence d'utilisation de ce genre journalistique (le journalisme d'investigation), le constat a révélé qu'aucun des cinq quotidiens n'a pratiqué ce genre pendant la période d'enquête. Or, c'est ce genre journalistique qui amène surtout le journaliste à accéder aux sources d'informations administratives.

Il faut signaler que les organes de presse ne disposent pas d'un service d'information et de documentation pour pouvoir, non seulement conserver les documents administratifs (rapports, discours officiels, communiqués officiels..), mais surtout approfondir leurs recherches pour la publication d'enquêtes bien documentées. Selon une étude84(*) effectuée en 1999, cinq (5) organes de presse seulement, sur vingt (20) sélectionnés, disposent d'une unité documentaire.

En définitive, dans un environnement socioprofessionnel difficile et dans un environnement juridique complexe, marqué par une multitude de textes sur les médias, le journaliste béninois est embrouillé par la nébuleuse des nombreuses limites qui lui sont fixées par les textes. Ce qui a amené un journaliste-juriste à dire : « Il est difficile aujourd'hui de se retrouver dans les différents textes applicables aux médias au Bénin 85(*)».

Le cadre socioprofessionnel étant également difficile, le journaliste béninois est frileux - malgré la bonne volonté de certains - quant aux risques à prendre pour accéder à l'information administrative ou pour faire des investigations. Il revient dès lors à l'Etat de briser ces goulots d'étranglement afin que la liberté de l'information puisse réellement contribuer à l'avènement au Bénin d'une administration plus transparente et plus démocratique dans laquelle la bonne gouvernance sera de mise grâce à une information vraie et variée fournie aux citoyens.

* 80 ODEM ; Etude sur l'état des médias au Bénin : 1988-2000 ; Friedrich Ebert Stiftung ; P.98

* 81 ODEM ; ibidem ; p. 105

* 82 YAKA Enock et GNANVI Pothin ; Les conditions de travail et d'exercice des journalistes de la presse écrite privée au Bénin ; mémoire de formation de fin de cycle II à l'ENA ; Filière : gestion des entreprises de presse, décembre 2000

* 83 AGOSSA, Césaire ; Le journalisme d'investigation au Bénin ; mémoire de fin de formation du cycle 2 de l' ENA, Filière : gestion des entreprises de presse,1998-2000 ; p. 35

* 84 ZOGO, Francis Marie-José, ZANTOU Pascal ; « Résultats de l'enquête sur les services d'information et de documentation (SID) dans les organes de presse au Bénin » ; Ministère de la Culture et de la Communication, Centre de Documentation des Services de l'Information ; 1999 ; p.2.

* 85 BADOU Jérôme Adjakou ; « Fusion des législations sur les médias au Bénin : approches et possibilités » ; communication présentée aux Etats généraux de la Presse Béninoise.

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