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Partenariat et médiation commerciale: la situation de la société d'état québécoise.

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par Souhail CHALOUHI, Ing; PMP; LL. M.
Université de Sherbrooke - Maà®trise en Droit 2008
  

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2.2.3 La perception de la relation entre le partenariat et le mode de règlement des différends

Pour l'interviewé D-02, il n'y a pas une << plus value » évidente pour Hydro-Québec d'inclure dans les contrats avec les fournisseurs, une clause de règlement des différends incorporant le processus de la médiation. Inclure une telle clause dans les contrats devient contraignant pour la société d'État qui préfère garder sa liberté d'action et l'utiliser cas par cas.

<< Il y a eu déjà des hauts gestionnaires, à Hydro-Québec, qui ont évoqué d'inclure une clause de médiation dans nos contrats. Donc, il y a beaucoup d'ouverture de la part de la haute direction pour la médiation. Mais on ne veut pas être pris avec une clause obligatoire dans nos contrats. On va s'en servir comme outil potentiel comme une façon de résoudre la problématique qui peut être intéressante on ne va pas être obligé à la regarder dans toutes les causes. » Acteur D-02)

Selon l'acteur de la première ligne D-02, la question à savoir s'il faut inclure une clause de médiation dans les contrats d'Hydro-Québec a déjà été débattue par un comité de la haute direction il y a quelques années. Après une mure réflexion, la réponse était non en raison, que dans la plupart des cas, l'écart qui sépare la demande de l'entrepreneur et l'offre de la société d'État est très important. Il y a une crainte que le médiateur coupe la poire en deux. Dans ce cas, Hydro-Québec se trouve dans l'obligation d'accepter un règlement défavorisé :

<< Est-ce que oui ou non on devra inclure une clause de médiation dans nos contrats ? À l'époque la position d'équipement, il n'en voulait pas. Parce qu'ils estimaient que dans les réclamations, avec les entrepreneurs, les écarts sont souvent très importants. Car des réclamations sont faites pour 40 millions $ qui valent selon nous 4 millions $ : dix fois moins à titre exemple. L'écart entre la réclamation et le bien fondé est énorme. Dans ce cas, on ne veut pas se lancer dans un processus de médiation, qui va finir par couter cher. [...] Pour d'autres dossiers on dit l'écart est très grand on veut aller devant les tribunaux pour des questions de principes. Une fois on est allé en médiation et je me suis dit par après on n'aurait pas dû aller en médiation. Par définition, la médiation il faut que tu acceptes de mettre un peu d'eau dans ton vin et l'autre aussi, afin d'arriver à une solution mitoyenne. Il faut que tu sois prêt à concéder. » (Acteur D-02)

Toutefois, selon le gestionnaire, l'entreprise est tout à fait ouverte pour l'utilisation de la médiation lorsqu'elle juge que l'enjeu du conflit est discutable. Lorsque le bien fondé n'est pas évident ou l'écart n'est pas très éloigné Hydro-Québec accepte de participer à un processus de médiation sur une base volontaire selon le cas :

<< Quand on jugera qu'il faut aller en médiation on y ira. Ils en font de temps en temps. On a fait de la médiation dans le passé dans les gros litiges où on a préféré de ne pas aller en cours avec cela. [...] Oui, la médiation est un outil intéressant mais pas pour tous les cas. On a pris la décision à l'époque de ne pas l'introduire systématique dans la clause générale. » (Acteur D-02)

L'acteur D-02 explique qu'il préfère avoir la liberté d'aller en médiation ou non. Car il y a des cas où il n'est pas avantageux d'aller en médiation surtout lorsqu'il s'agit d'une affaire de principe où on est sûr d'avoir gain de cause. Selon lui, il faut adapter le processus de règlement au conflit et non l'inverse :

<< Il faut adapter le mode de résolution des problèmes aux dossiers. Des fois quand on pense qu'il faut aller en arbitrage pour des raisons de confidentialité on va avoir la liberté d'y aller. On ne préfère pas aller devant le tribunal pour des raisons de confidentialité on est prêt à vivre avec la décision. Il y a des dossiers où on juge qu'il est avantageux d'aller en médiation. [...] Quand tu vas en médiation

tu es obligé de faire la concession. On a fini par régler ce dossier en médiation. Mais, moi, je n'étais pas à l'aise. C'est une question de principe. Moi j'aurai aimé mieux aller en cour que concéder. [...] En médiation il faut aller avec un dossier ou tu pense qu'il y a quelque chose à concéder ou ce n'est pas une question de principe pour toi. » (Acteur D-02)

L'acteur D-02 est d'avis que la décision de la société d'État relative au refus d'introduire une clause de médiation dans ses contrats avec les fournisseurs, qui date depuis quelques années peut être reconsidérée et voir une possibilité de le faire à titre expérimental dans quelques contrats. Ensuite on pourra évaluer la pertinence de poursuivre ou de revenir à la position du départ. Ainsi on peut apprécier le plus valu qui sera apporté par une telle clause à la gestion des différends issus des contrats d'Hydro-Québec avec ses fournisseurs :

<< Ca ne veut pas dire que cette position qui date il y trois ans ne peut pas évoluer dans le futur. [...] Cela étant dit, on s'est déjà posé la question pourquoi on le test pas ? On pourra peut être la tester dans un marché au lieu (at large). Puis, voir qu'est ce que ça donne? Puis, faire un poste mortem dans trois, quatre ou cinq ans. Là, on pourra dire on l'a testée. C'est la recommandation qu'on avait faite à l'époque. [...] Moi j'aurai aimé la tester, pour avoir vu quelques articles la dessus et quelque expériences ailleurs dans d'autres entreprise. [...] Pourrons-nous l'essayer pour un secteur? Justement pour faire une idée qu'est-ce que ça représente? Pour justement faire un business case et pour dire c'est rentable ou pas rentable. Pour cela J'ai de la difficulté à se positionner. L'essayer pour pouvoir quantifier les inconvénients et les avantages, rentable ou pas. J'ai un penchant favorable pour l'essayer. » (Acteur D-02)

Selon l'opinion de l'acteur D-02, une clause de médiation incluse dans les contrats risque de se trouver très souvent en médiation. Ainsi, il y aura moins de réclamations qui seront réglées pour négociation entre les administrateurs directement concernés sur le terrain en chantier. Selon lui, l'inclusion d'une telle clause dans les contrats va augmenter les coûts et peut même entraver le règlement hors cour des différends :

<< C'est la faisabilité d'être toujours en médiation. On a des grosses réclamations où très peu d'entreprises au Québec se trouvent dans une telle situation, on a des gros contrats qui amènent potentiellement des grosses réclamations. On a des conditions de réalisation qui sont particulières. Ce ne sont pas des conditions usuelle ni des réclamations usuelles. On a des réclamations dont l'envergure et la complexité sont importantes. Si on était en médiation dans toutes nos réclamations, on as-tu la capacité de supporter les coûts de tout ça? Comment cela coûterait par rapport à notre façon de faire habituelle? Je pense qu'il faudrait faire cette analyse en profondeur car ça n'a jamais été fait. » (Acteur D-02)

Selon ce gestionnaire, d'autre acteurs résistent même à essayer d'introduire une clause de médiation à titre expérimental. Car ils sont convaincus que l'introduction d'une telle clause nuira à la bonne gestion des différends à Hydro-Québec où il y aura une forte augmentation des réclamations qui vont se trouver en processus de médiation. HydroQuébec perdra l'élément dissuasif qui presse les administrateurs directement impliqués dans le conflit à trouver un règlement :

« Ils ont dit non, nous, on aimerait garder le statu quo. D'y aller avec une approche où on se réserve la possibilité de le faire au moment opportun selon la nature du dossier. C'est un peu l'historique à Hydro-Québec concernant la médiation. On le saurait jamais si c'était la meilleure solution ou pas. On n'a pas fait le test. Pour cela, moi, je ne sais pas. Comme on ne l'a pas testé, je ne peux pas dire si c'est une bonne chose. » (Acteur D-02)

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld