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Partenariat et médiation commerciale: la situation de la société d'état québécoise.

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par Souhail CHALOUHI, Ing; PMP; LL. M.
Université de Sherbrooke - Maà®trise en Droit 2008
  

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3.2. Analyse de la perception par rapport à la médiation

À l'instar d'une grande entreprise, les procédures administratives d'Hydro-Québec sont règlementées par des politiques et des directives internes, de telle sorte que le mode usuel de règlement des différends entre Hydro-Québec et ses fournisseurs est encadré par une clause normalisée insérée dans les clauses générales des contrats et par un guide administratif de gestion des réclamations126. La lecture de la perception des acteurs clés par rapport à la médiation est faite à travers leur pratique et leur conception du mode usuel, avec ses forces et ses faiblesses, ainsi qu'à travers leur expérience de la médiation qui inclut leurs attentes et leurs déceptions par rapport au processus et au médiateur. Ainsi, l'analyse documentaire en accord avec les données recueillies va permettre d'expliquer dans quelle mesure les avantages de la médiation dans un tel contexte ne sont pas perçus par les décideurs.

En premier lieu, les acteurs rencontrés sont unanimes à dire que la pratique usuelle de règlement des différends est presque uniforme en raison des procédures internes normalisées et de l'existence d'un comité interne consacré à la gestion des réclamations afin d'assurer une pratique homogène de traitement des différends commerciaux. Tous les gestionnaires s'entendent pour affirmer que le recours aux modes alternatifs des règlements des différends comme la médiation, la facilitation ou l'arbitrage n'est pratiqué qu'exceptionnellement, dans des cas particuliers.

Cependant, les acteurs mentionnent que toutes les mesures sont prises pour inciter leurs employés à régler le conflit dès son apparition, en négociant directement avec le fournisseur une entente à l'amiable. À cet effet, selon les gestionnaires, des directives sont données aux administrateurs des contrats afin qu'ils soient réceptifs aux requêtes de

126 R. Charbonneau, M. Marcotte et J. p. Pellerin (2007). Hydro-Québec, Guide de gestion des réclamations, Unité contrôle Direction-Administration et Contrôle HQE/SEBJ, révision 2 mai 2007.

l'entrepreneur et qu'ils étudient toute demande selon des critères objectifs bien fondés en droit. Selon les acteurs, il s'agit, le plus souvent, d'une négociation bipartite que le représentant d'Hydro-Québec conduit avec équité et transparence, en se basant sur les clauses contractuelles, les lois et les règlements en vigueur.

On peut expliquer cette attitude par le sentiment de lourde responsabilité qui anime le responsable d'Hydro-Québec en tant administrateur de la chose publique. Cette directive donnée à l'administrateur de la société d'État, d'être réceptif, s'explique par le devoir de posséder un sens plus aigu des valeurs morales qui doivent guider ses actions. Donc, il doit exercer ses fonctions avec transparence et intégrité totale, de même que l'administrateur de la société voit, dans les critères objectifs des négociations, une équité par rapport au deuxième plus bas soumissionnaire qui n'a pas eu le contrat. Cependant, les discours des acteurs rencontrés laissent sous-entendre que l'équité est subjective. Ainsi, le représentant d'Hydro-Québec considère que son offre de règlement est équitable, car il est confiant dans sa façon de voir les choses et de la justesse de son appréciation de la demande de compensation présentée par l'entrepreneur. Cette attitude de très grande confiance s'explique par le caractère bureaucratique qu'on trouve chez les employés en pouvoir dans une fonction étatique. Ce genre de comportement est expliqué par la théorie de Mathiot127 où le bureaucrate, fier de ses connaissances, se glorifie et devient peu sensible aux arguments provenant de l'extérieur.

Ainsi, tous les acteurs interviewés se voient comme des gestionnaires des fonds publics dont le mode de gestion diffère de celui des entreprises privées. De sorte que la gestion de la chose publique exige une imputabilité au corps social qui est en mesure de questionner toute entente et toute prise de décision. Pour cette raison, il paraît clair qu'on est plus libre de faire de compromis lorsqu'on négocie des intérêts privés que lorsqu'il s'agit des deniers publics. Par la suite, si l'entrepreneur et l'administrateur du contrat désigné par HydroQuébec ne parviennent pas à s'entendre, le conflit sera alors entendu par un comité de réclamation interne à Hydro-Québec. Pour ce faire, l'entrepreneur doit déposer un dossier bien argumenté à partir de critères basés sur la normativité juridique tels que le contrat, les lois et les règlements en vigueur.

127 A. Mathiot (s. d.) La pathologie de la bureaucratie. Article.

Ainsi, ce comité formé des cadres d'Hydro-Québec agit à l'instar d'un tribunal interne d'arbitrage pour intervenir entre l'administrateur du contrat désigné par Hydro-Québec et le fournisseur. En conséquence, le comité examine le dossier présenté par l'entrepreneur ainsi que la réponse de l'administrateur du contrat à cet effet. L'analyse du cas et la décision qui en découle sont faites selon des critères objectifs où les clauses contractuelles, les lois et règlements demeurent la source de toute justification pour la prise de décision. Donc, il s'agit d'un processus quasi judiciaire, car un avis préalable du contentieux de la société d'État est un pré requis à la conclusion de toute entente avec le fournisseur.

Ainsi, selon trois acteurs interviewés, on arrive à régler la majorité des cas présentés au comité et très peu des cas se rendent devant les tribunaux. Néanmoins, les interviewés s'entendent pour révéler que la poursuite d'un dossier en justice est très rare, car les parties préfèrent toujours trouver une entente avant d'en arriver à se faire dicter une décision par un officier de la justice. Cette recherche révèle que la volonté de la société d'État est de régler ses conflits avec ses fournisseurs par des ententes hors cours. Toutefois, elle tient à préserver le contrôle de tout processus de règlement extrajudiciaire, ce qui explique la formation de ce comité interne de réclamation. Cette attitude ainsi que cette pratique usuelle de règlement des différends sont expliquées par le souci de bien gérer les biens communs.

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