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Partenariat et médiation commerciale: la situation de la société d'état québécoise.

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par Souhail CHALOUHI, Ing; PMP; LL. M.
Université de Sherbrooke - Maà®trise en Droit 2008
  

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CHAPITRE 2 PRÉSENTATION DES DONNÉES RECUEILLIES IN SITU

Ce chapitre est consacré à la présentation des données recueillies sur le terrain à l'aide des entrevues semi-dirigées. À cet effet, une grille est établie sous forme d'un texte avec des paragraphes construits pour chacun des acteurs à partir du guide d'entrevue de ce projet de recherche. Pour chacun des acteurs interviewés, on présente d'abord la perception du partenariat; ensuite, on expose la conception du mode de règlement des différends et enfin on présente la lecture que fait l'acteur de la dynamique entre le partenariat et le mode de règlement des différends. Cette étape va permettre de répondre à la deuxième question spécifique de recherche et de connaître la perception des acteurs chez Hydro-Québec, devant une éventuelle incohérence entre l'absence de médiation et le partenariat.

Il est d'une importance capitale de connaître la lecture que font les acteurs interviewés de la politique d'acquisition énoncée par Hydro-Québec et de la conception du partenariat avec sa signification d'après leur expérience pratique au sein de la société d'État. Il est essentiel de situer la perception et la conception des acteurs clefs qui interviennent en première ligne dans la stratégie de gestion d'acquisition d'Hydro-Québec. Ces éléments permettent de mesurer l'écart entre le partenariat tel que perçu par les acteurs et celui présenté dans le cadre de référence afin de comprendre dans quelle mesure le partenariat tel que perçu est mobilisateur pour implanter de nouveaux modes de règlement des différends.

2.1 Acteur D-01

L'acteur D-01 est ingénieur de formation, cadre relevant du PDG et membre du comité de gestion de la Direction qui oriente les politiques de l'entreprise dans le domaine de l'approvisionnement et de la réalisation des grands projets. Il a consacré 27 ans à la gestion et la réalisation des projets majeurs dans le domaine de l'énergie hydroélectrique dont 15 ans à Hydro-Québec et plus de 12 ans dans le secteur privé. Avec une culture de gestion hybride publique/privée, ses opinions sont susceptibles de contribuer d'une manière significative aux réponses aux questions posées par ce projet de recherche.

2.1.1 La perception du partenariat

Pour l'acteur D-01, le terme partenariat dans le domaine des affaires est très général et il peut avoir des significations et interprétations multiples dépendamment des personnes et du milieu où il est pratiqué : << On a trop charrié le mot partenariat, [...] La notion de partenariat, j'ai de la difficulté avec ça.. » (Acteur D-01). D'après lui, il est très difficile de considérer la relation avec l'entrepreneur de construction comme du partenariat en raison du caractère publique des appels d'offres où la société d'État est souvent tenu de prendre la plus bas soumissionnaire conforme : << Quand on me parle du partenariat avec nos entrepreneurs, pour moi ce n'est pas du partenariat. C'est de la collaboration qu'on doit avoir. » (Acteur D-01).

Il ajoute que les contrats sont octroyés selon un appel d'offres public et par conséquent, il n'y a pas de partage des pertes ou des profits entre le donneur d'ouvrage et l'entrepreneur. Pour cette raison, il perçoit la relation entre le client et le fournisseur comme une relation d'affaires normale où chacun tente de maximiser ses profits. En conséquence, ce genre de relation est loin d'être vue comme une relation de partenariat, mais plutôt comme de la bonne collaboration qui facilite la tâche pour tous afin de réussir le projet entrepris : << Dans notre système avec le plus bas soumissionnaire, ce n'est plus du partenariat. Tu ne peux pas être partenaire avec lui car tu ne partages pas ses profits, tu ne partages pas ses pertes et tu ne partages pas ses décisions. » (Acteur D-01)

En plus, le discours de ce gestionnaire laisse entendre que dans un appel d'offres public, le donneur d'ouvrage ne participe pas à la prise de décision du fournisseur. Ce qui fait en sorte que la relation de partenariat cède la place à une relation commerciale où les intérêts des parties ne sont pas toujours convergents : << Le partenariat est lorsque tu es capable de t'asseoir et négocier avec l'entrepreneur : T1Voici ce qu'on va faire s'il arrive telle ou telle chose, on fait telle ou telle chose » (Acteur D-01).

Pour cet acteur, dans le domaine de la construction des grands projets à Hydro-Québec, le partenariat est vécu comme une relation gagnant-gagnant où chaque solution recherchée doit apporter des bénéfices ou un plus valu à chacune des parties en relation d'affaires :

<< On a était obligé de renégocier à la baisse le prix unitaire avec l'entrepreneur et nous avons obtenu une réduction importante des coûts de réalisation. C'est rare pour un entrepreneur accepte de redonner pour le donneur d'ouvrage un crédit de six millions. C'était une négociation gagnant-gagnant. » (Acteur D-01)

La confiance, qui est difficile à gagner en relation d'affaire, s'est imposée comme l'élément clef d'une relation de partenariat pratiqué par ce gestionnaire du premier niveau. Selon lui, les partenaires doivent faire preuve d'une bonne attitude où la confiance et le respect mutuel doivent prévaloir dans leur négociation et dans leur approche pour résoudre leurs différends : << L'entrepreneur a ouvert ses livres ce qui lui a permis de faire des profits raisonnables et consentir à Hydro-Québec un crédit substantiel. La communication était très bonne tout au long du projet. » (Acteur D-01)

Parlant d'une expérience d'un partenariat qui a mal réussi, il mentionnait : << Cet entrepreneur, même si tu essayais de l'aider, il n'était pas capable de prendre tes commentaires » (Acteur D-01). On peut lire à travers cet extrait que le manque de confiance est l'élément perturbateur d'une relation de partenariat.

Selon ce décideur, la transparence dans le milieu des affaires est essentielle pour le bon déroulement d'un partenariat. Car en cas d'une mauvaise décision de la part d'un partenaire, l'autre partie sera incitée à partager les difficultés et à lui aider à redresser la situation et limiter les préjudices. En plus la transparence aide à la prise des décisions sans trop d'hésitation : << Les gens qui sont transparents sont confiants que ça va bien aller, mais les gens qui ne sont pas transparents et qui ne sont pas confiants de leur décision ne sont pas capables de supporter leur décision » (Acteur D-01).

Aussi, la transparence est perçue par cet acteur comme l'admission de nos erreurs ce qui évite les longues discussions et les délais interminables en restant campés sur nos positions. Cette attitude ne contribue pas à préserver une bonne relation de partenariat : << Si je fais une erreur, il faut vivre avec. Ma philosophie : il faut admettre nos erreurs. » (Acteur D-01)

De plus, il voit dans le partenariat un partage des risques d'affaires entre le donneur d'ouvrage et le fournisseur : « Quand on me parle de partenariat avec nos entrepreneurs, pour moi, un partenaire doit partager le risque » (Acteur D-01). Il considère, en outre, que l'équité est au centre de la relation commerciale entre Hydro-Québec et ses partenaires. Il s'agit d'une valeur d'entreprise énoncées par sa politique et à laquelle on attache beaucoup d'importance. L'équité, perçue par cet acteur, est surtout celle qui a trait aux fournisseurs qui ont participé à la soumission. Dans ce cas, il considère que la société d'État doit se comporter comme un bon père de famille pour traiter équitablement ses fournisseurs. Ainsi, le souci de protéger les soumissionnaires qui n'ont pas eu le contrat est omniprésent dans chaque décision pour de question d'équité : « Tu peux faciliter l'exécution du contrat à l'entrepreneur sans être préjudiciable au deuxième plus bas soumissionnaire. Si tu favorises le plus bas, tu peux léser les autres qui n'ont pas eu le contrat. » (Acteur D-01) À cet égard, l'acteur D-01 n'a pas manifesté de désir de fondre l'identité du fournisseur en l'intégrant à Hydro-Québec, ce qui laisse croire que l'interviewé est en faveur du respect du degré d'autonomie du partenaire avec sa propre culture de gestion. Par ailleurs, il fait connaître sa manière directe de manifester le respect envers l'entrepreneur lors de la réalisation d'un projet de construction. Il s'agit de bien accueillir avec une grande ouverture les demandes et les arguments de l'entrepreneur :

« Il ne faut pas prendre le document présenté par l'entrepreneur et essayer seulement de voir comment je peux le détruire. On n'y ira pas nulle part avec ça. Si c'est fondé, il faut que je trouve le moyen pour le compenser. » (Acteur D-01)

« J'explique aux gens qui travaillent pour moi : T'Vous n'êtes pas là pour démolir l'entrepreneur.T' » (Acteur D-01)

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus