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Justice constitutionnelle en France et démocratie

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par Jean- Baptiste KLEBERSON
Université de Bretagne occidentale de France - Master 2 en droit public 2011
  

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§ 2. La légitimité électorale

« Aucun homme n'est assez bon pour diriger les autres sans leur consentement » disait l'ancien président Miterrand. Cette phrase autour de laquelle un consensus est facile à trouver constitue le leitmotiv du système politique représentatif. Elle l'est davantage pour la démocratie parlementaire telle qu'elle fut instaurée à la fin de la révolution française pour ensuite inhiber toute la culture politique républicaine. En s'opposant à la monarchie de droit divin et aux distinctions héréditaires, les révolutionnaires devaient trouver une base au pouvoir qu'ils convoitaient. Il imposa l'idée logique que seul l'assentiment populaire reçu par le triomphe aux élections peut fonder l'exercice du pouvoir. (A) Encore que le régime électoral postrévolutionnaire de 1791 ne satisfait pas à tous les critères du suffrage contemporain (B).

32 G.BURDEAU, « Loi », www.universalis.fr/ encyclopédie

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L'apparente antinomie entre la justice constitutionnelle et la démocratie

A. L'autorisation populaire, source du pouvoir politique représentatif

Le peuple, une fois ravi son pouvoir capturé par la monarchie absolue l'a confié volontairement à des instances représentatives selon l'esprit révolutionnaire de 1789. D'un statut très modeste, le peuple est propulsé au rang élogieux d'électeur. A défaut de pouvoir lui-même être partie prenante, la collectivité populaire s'est vue offerte l'opportunité périodique de nommer, de renommer ou de congédier le personnel politique. Le droit positif a pris acte de cette évolution dans la DDHC français en son article 3 qui se lit ainsi :

« Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément »

Telle est l'innovation de la classe politique qui a servi corrélativement à conforter leur pouvoir ou leur carrière politique à l'assemblée nationale. S'il est vrai que, la doctrine représentative a trouvé dans ses assises populaires sa longévité et sa légitimité, l'on peut voir, en revanche, une véritable avancée démocratique (1) Cette légitimité populaire de laquelle le législateur se prévaut a eu comme conséquence l'affaiblissement du pouvoir exécutif (2).

1. Le suffrage électoral : une grande avancée démocratique

Les peuples se sont apparemment accommodés de l'idée qu'ils sont inaptes à s'auto-diriger. Si l'on est libre de ne pas adhérer à cette idée mais on doit quand même accepter la réalité suivante. La doctrine de la démocratie représentative trouve application au-delà des frontières du monde entier. Inversement du début du 18ème siècle, le concept démocratie est dorénavant confondu à sa forme représentative dans l'imaginaire collectif et même sous la plume de quelques écrivains. Fort de ce constat, il est loisible d'affirmer que les élections sont unanimement acceptées comme l'une des preuves de la santé démocratique de tout pays pourvu qu'elles soient exemptes de fraudes massives et d'irrégularités non sanctionnées.

En effet, le suffrage électoral, par définition, permet à tout citoyen indépendamment de son origine sociale ou familiale, de ses moyens financiers de solliciter le vote populaire. Il faut quand même rappeler que progressivement les générations suivantes ont perfectionné le système lacunaire hérité du 18ème siècle. Cet aspect sera développé dans les lignes suivantes. En dépit de ses lacunes, il est indéniable que le recours aux élections en soi pour renouveler l'équipe dirigeante fut un immense pas sur la longue route de la démocratie fourni par la révolution française. Ceci constitue réellement une rupture totale avec l'ordre socio-politique monarchiste.

En réalité, il ne faut pas occulter les conditions dans lesquelles se déroulent les élections ici et là. D'abord, les tractations entre les grands partis politiques se font souvent sur la base de

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L'apparente antinomie entre la justice constitutionnelle et la démocratie

marchandage politique. La différence flagrante de moyens financiers entre les formations politiques rivales est également susceptible de fausser le jeu électoral. Ces impondérables et bien d'autres sur lesquelles nous ferons l'impasse s'ajoutent à la corruption et à la malversation lors de l'organisation des scrutins dans certains pays. L'aboutissement néfaste à l'avancement de la démocratie est que bien des fois les résultats des urnes ne reflètent pas le vote populaire. Nous répétons après Pasquale Pasquino, directeur de recherche au CNRS :

« Il faut distinguer l'idée d'élection comme source du pouvoir de gouverner de la pratique des élections »

Le point à retenir, après toute analyse, est le lien indéfectible qui est né depuis entre « élection/autorisation et légitimité à gouverner ». Il en est résulté l'infériorisation du pouvoir exécutif représenté sous la première république en la personne du roi.

2. L'affaiblissement du pouvoir exécutif

L'appellation de la 1ère république retenue par l'histoire relève d'un abus de langage. En effet, les premiers moments du parlementarisme français furent une cohabitation presque antinomique. L'exécutif était encore assuré par le roi certes très amoindri. Carré de Malberg résume cette période ainsi :

« La monarchie était limitée, mais restait une monarchie quand-même »33

En effet, le roi, héritier d'un pouvoir délégué héréditairement donc sans appui électoral était considérablement diminué par rapport au Corps législatif élu. La constitution de 1791 consacra conséquemment un régime qui « laissât aux mains du roi un pouvoir singulièrement affaibli au regard de la puissance d'un Corps législatif rendu hautement prééminent »34.

Jouissant de la légitimité électorale, le pouvoir législatif résultant de la Constitution révolutionnaire surplombait l'exécutif ayant comme chef quelqu'un qui ne disposant d'aucune base populaire. Ce n'est pas forcer le trait d'affirmer que le pouvoir exécutif royal ne représentait personne. Survivance provisoire de l'Ancien régime, le roi donc le pouvoir exécutif ne saurait concurrencer une assemblée d'élus. D'où la justification de l'idée d'attribuer l'exclusivité de la représentation nationale au Parlement. L'exécutif ne saurait être le codépositaire de la souveraineté nationale faute de « liens avec le corps électoral »35. N'étant pas d'origine populaire, le pouvoir exécutif était relégué à l'instar d'autres autorités au second plan. Ainsi commençait le long parlementarisme français.

33CARRE DE MALBERG R, op.cit. , p.178

34 Ibid.

35 CARRE DE MALBERG, op.cit.

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La troisième république est le stade de la haute maturation de ce parlementarisme, peut-on constater. L'exécutif n'est plus mené par le roi .Toutefois, le président, faisant office normalement de chef de l'exécutif et les membres du gouvernement, n'était toujours pas issu du suffrage populaire. Pas moins que l'exécutif de la 1ère république, les membres de celui-ci y compris leur chef souffraient d'une absence d'ancrage populaire. Le parlement continuait sa domination due, entre autres, au fait qu'elle soit l'émanation électorale. Le juriste de Strasbourg relève cette constance républicaine en des termes alliant la vigueur à l'élégance en analysant le régime constitutionnel de 1875 :

« En faisant dépendre la nomination des titulaires de l'exécutif, non plus d'élections faites dans le pays, mais d'une élection présidentielle faite en Assemblée nationale par le personnel parlementaire, la Constitution a frappé l'Exécutif d'une cause d'infériorité congénitale, qui devait inéluctablement avoir pour conséquence de le mettre dans une condition de subordination envers le parlement »36.

La tradition républicaine française, interrompue très brièvement sous la 2ème république, fut de ne pas désigner le président de la République au suffrage universel direct. Cette réalité a favorisé la supériorité du parlement lui-même désigné par le corps électoral dès la 1ère république. En effet, la longue prééminence du parlement est due partiellement à sa légitimité électorale. Toutefois, il faut souligner, malgré l'importance historique incontestable du système électoral institué par la constitution de 1791, que celui-ci était amplement lacunaire en tenant compte des critères contemporains.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille