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L'éthique face aux valeurs culturelles et le sous-développement dans la gouvernance publique. "Cas d'Haiti"

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par Claude THOMAS
Université de Nantes - Master en droit et sciences politiques 2011
  

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CHAPITRE I : Présentation générale

Afin de mieux comprendre la relation qui existe entre le mode de management, les valeurs culturelles et la question d'éthique en matière de gouvernance publique actuellement en Haïti, nous avons choisi tout d'abord de traiter la question des valeurs culturelles de la société afin de comprendre les différents traits et images de la société. Ce qui nous permettra de mieux apprécier les faits et les réalités afin d'apporter un jugement plus ou moins juste un peu plus loin.

Les lois fondamentales de la société haïtienne reflètent-elles les valeurs culturelles sur lesquelles la population s'appuie pour agir, voire prendre les décisions quotidiennes ? Une question à laquelle nous répondrons dans la troisième section de ce chapitre en faisant ressortir certaines lois indispensables au bon fonctionnement et à la bonne gouvernance des institutions et des hommes.

Les valeurs culturelles développées au sein de la société revêtent une grande importance lors de la prise de décision, mais aussi sur lesquelles l'on doit compter afin d'obtenir des résultats positifs quant au comportement des hommes et des femmes. Etant donné que le comportement d'un individu n'est pas automatiquement lié à la morale, il va de soi que si l'on veut avoir des individus qui respectent les principes éthiques une incitation à l'amélioration du comportement individuel est nécessaire.

La question que nous nous posons ici est : quelle serait la meilleure formule pour associer la culture d'un peuple au respect des principes établis afin d'obtenir des résultats éthiques grâce à des comportements responsables ?

Si les valeurs culturelles ont autant d'importance pour le développement d'un peuple, quelle est la meilleure forme d'association entre la culture et la bonne gouvernance ?

Section 1 Croyances, valeurs et le sous développement en Haïti

Selon un texte de Jean Baptiste Onana, les performances économiques des sociétés négro africaines font qu'elles s'éloignent radicalement des débats d'experts sur les concepts de développement utilisés actuellement. Deux auteurs ; Etounga Manguélé (L'Afrique a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ?) et Axelle Kabou (Et si l'Afrique refusait le développement ?), ont ouvert la voie à un débat sur un éventuel éveil des consciences africaines sur la nécessité d'une véritable révolution des mentalités, condition sine qua non du développement des sociétés négro africaines.

Dans la société haïtienne, comme pratiquement dans toutes les sociétés négroafricaines, trois critères permettent de caractériser le sous développement ou tout simplement l'absence de développement : les inégalités sectorielles de productivité, la désarticulation du système économique et la dépendance économique extérieure.

Avoir le pouvoir de contrôler, d'utiliser à des fins personnelles tout ce qu'on peut trouver sur sa route et qui parfois renvoie à des puissances imperceptibles, l'homme issu de la culture négro-africaine emboîte le plus souvent le pas. La croyance dans les forces invisibles a sans aucun doute plus d'importance pour lui qu'une réponse scientifique lui permettant de résoudre un problème ou d'améliorer une situation.

L'individu croit beaucoup plus dans ce qu'il ne peut pas voir plutôt que faire confiance à un être visible, avec qui il y a moyen de communiquer et trouver ensemble des aboutissements. Par exemple, un jeune universitaire faisant des démarches pour trouver un emploi après ses études, qui préfère passer des journées de prière (pour certains) et/ou interpeller des forces occultes pour aveugler le recruteur (pour d'autres) afin que le dossier passe sans trop grande difficulté.

Pour faire suite, celui qui a la responsabilité de prendre des décisions et ne pouvant pas s'en acquitter, préfère implorer l'aide d'une (soit disant) force invisible pour

empêcher à d'autres de le critiquer afin de garder son poste et continuer à diriger comme bon lui semble, au lieu de laisser la place a quelqu'un d'autre.

La croyance aux forces surnaturelles a une très grande emprise sur l'individu évoluant dans la société haïtienne. "Elles lui permettent de trouver ce dont il a besoin et de donner de bons résultats". Comment peut-on avoir un comportement responsable et une morale acceptable si les actions dépendent de l'imagination et de la bonne volonté des autres ?

Ce moule culturel qui existe dans notre société fait que les individus ont un comportement conditionné par des habitudes et des positions équivalentes. Une figure qui conduit le plus souvent les jeunes à prendre comme référence les prédécesseurs en disant que "ce n'est pas l'acte qui est important en matière de gouvernance public, mais plutôt sa positon". Donc avant même de penser à réaliser des actions éthiques il vaut mieux rechercher une position de pouvoir.

Une attitude commune dans la société ; prendre une décision qui ne plairait à certains groupes de personnes ne serait pas trop indiqué. Il y a un fort développement de la mentalité communautaire. Ceci constitue un obstacle pour des prises de décisions éthiques et responsables dans la mesure où celles-ci exigent de la part des acteurs d'avoir des obligations envers les autres (esprit de protection, envie de la redistribution, comportement de soumission et d'obéissance).

Ces valeurs sont source de sous développement dans la mesure où les actions des individus restent inachevées mais acceptées par la grande majorité sous prétexte que "li bon konsa" (c'est bon comme ça). Selon un rapport datant de 19971, le développement ou le sous développement au niveau d'une société dépend en grande majorité de sa culture. Il affirme avec certitude que certaines cultures humaines se

1 Enquête du Mail au Guardian, Afrique du Sud, 12 juillet 1997

prêteraient davantage que d'autres aux exigences et contraintes du développent moderne.

Certainement, il ne fait pas doute d'affirmer qu'une culture qui encourage le travail, l'éducation, le sens de l'épargne, la recherche et une conception restrictive de la parenté aura quelques avantages du point de vue économique par rapport à une culture qui encouragerait l'oisiveté, la prodigalité, les relations parentales trop extensives et qui ne mette pas beaucoup l'accent sur des hommes et des femmes bien formés. La culture haïtienne fait partie de cette deuxième catégorie.

A noter que la culture n'est pas statique mais plutôt dynamique. Elle est sujette à subir soit des changements fonctionnels et structurels, soit une adaptation à l'évolution sociale et économique du pays en question. Identique à notre échantillon étudié qui est la société haïtienne.

Ce sous développement est aussi lié au facteur "temps" auquel les individus de la population haïtienne n'accordent aucune importance particulière. Pour la plupart des décideurs publics haïtiens, la perte de temps rentre dans l'ordre normal des choses. Si dans le traitement d'un dossier le temps octroyé n'est pas respecté, il semble toujours que prendre le temps qu'il faut pour le finir est acceptable. Les valeurs développées dans la société haïtienne ne forcent pas les individus qui décident voire ceux qui exécutent à respecter les agendas définis à l'avance2.

La question du sous-développement rend de plus en plus difficile les bonnes actions éthiques des individus. Du fait que l'Etat n'arrive pas à répondre à la demande de satisfaction des acteurs qui évoluent dans la prise de décision publique, le vide à combler offre toujours des possibilités de fraudes et d'actions non conformes à la règle.

2 Voir à ce propos l'analyse de William H. Newman, « Croyances culturelles et pratiques du management », Revues Française de Gestion, No 56-57, mars-avril-mai, 1986.

Par exemple l'Etat dans ses observations a décidé d'augmenter le salaire des juges parce que ce qui est payé actuellement ne pouvait pas répondre au besoin et à la capacité financière de ces derniers pour résister à certaines ouvertures de corruption3. Ce rappel nous pousse à comprendre qu'il y a effectivement un besoin à combler, mais le problème du sous-développement, de la capacité financière du pays à faire face reste une solution à trouver.

Des actions ou des comportements éthiques sont très difficiles à trouver de la part des individus parce qu'il y a un grave problème de centralisation des services publics. Ce qui fait que pour une certaine activité un individu peut avoir le plein pouvoir de prendre sa propre décision et contrôler tout un système.

Les croyances, les valeurs et les modes de vie développés au sein de la société haïtienne permettent aux individus de faire ressortir une identité à partir de laquelle ils essayent de donner un sens à leur existence.

Face au problème du sous-développement qui est remarqué en Haïti aujourd'hui et qui crée un véritable embarras vis-à-vis de l'éthique dans certaines décisions, nous sommes obligés de poser trois hypothèses :

a) Il faut sans doute aujourd'hui une évolution culturelle de grande ampleur pour arriver à faire des pas considérables. Même si cette évolution aura à des résistances culturelles à vaincre.

b) Il faut trouver une approche de management raisonnable, adaptée à notre culture, à notre manière de vivre et travailler progressivement.

c) Comme ce qui existe actuellement en Afrique sub-saharienne, la mutation culturelle est tellement difficile à obtenir que l'on considère tout simplement que certaines zones sont condamnées par leur culture à ne pas sortir du sous développement.

3 Le nouvelliste, novembre 2009

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery