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L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

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par Guy DONGMO
Université de Nantes  - Master II Sciences de Gestion 2008
  

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Section VI - Quelques principes directeurs de gestion des projets d'innovation

La conduite de ce type de projet diffère fondamentalement de celui d'un projet de développement. La difficulté majeure est d'explorer de façon synchronique les éventualités techniques et les valeurs d'usages d'une innovation, sans oublier quelques fois la problématique de son intégration à laquelle il faut faire face. Autrement dit, l'incertitude technologique ; et économique ne sont pas la seule caractéristique des projets d'innovation. Elles sont aussi organisationnelles, car ; les tâches à accomplir ne sont pas précisées à l'avance. Ainsi, l'affectation des ressources st suffisamment maitrisée par la hiérarchie.

G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 56

G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 57

L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

En outre, puisqu'il est question en principe de développer des connaissances et des compétences nouvelles, l'incertitude prend également un aspect cognitif. Il faut souligner bien plus que tout cela ne saurait être essentiellement rationnel, étant donné que ; un certain nombre de mythes cadreraient les repères cognitifs des acteurs. Nous comprenons au moins pourquoi le pilotage des projets innovants ne doit pas se faire par la méthode classique du management, puisqu'on est face à un conteste différent d'une part et d'autre part il faut s'investir dans une dynamique de gestion de l'incertitude.

Lenfle (2001), propose à l'inverse des préconisations de M.Porter ; pour répondre au menaces de l'environnement (interne et externe), il est indispensable de combiner plusieurs stratégies (domination par les coûts, différentiation...), c'est ce qu'il qualifie par la notion « d'endossement stratégique ». Cela permettra de repartir le risque financier notamment, de diffuser aussi les connaissances et transférer les apprentissages.

Cette incertitude bouleverse selon Lenfle (2008) les méthodes de management et met en exergue trois problèmes relatifs au projet d'innovation : 1) quelle est sa légitimité dans l'organisation ? 2) Quels sont les modes d'action adaptés ? 3) Comment le piloter ? Nous pouvons ajouter un quatrième problème relatif aux mythes qui gouvernerait les choix stratégiques (montrant les limites de la raison dans la construction de l'action collective) sans oublier les critères d'évaluation de la performance des laboratoires qui ne sont eux aussi pas très scientifiques.

En nous appuyant sur ces éléments et toute une littérature pertinente, nous pouvons présenter avec Lenfle (2001) quelques « principes susceptibles de fonder un système de gestion des projets d'innovation» :

> Construire un référentiel d'évaluation spécifique.

La première difficulté que rencontrent les projets d'innovation est sa légitimité. Comme énoncés plus haut, les caractéristiques des projets innovants, ceux-ci doivent trouver leur place dans le système, car, stratégiquement ambigus, sans clients les justifiant, ils sont en perpétuel recherche des ressources. Il est donc indispensable comme le montre les travaux sur le management de l'innovation et des projets de développement (voir le tableau 2, ci-dessous) de mettre des

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structures ad hoc. Il peut s'agir « d'une équipe pluridisciplinaire », jouissant d'une autonomie opérationnelle, ce qui permettra de dynamiser le processus de création des connaissances (Nonaka, 1994).

Tableau 2 comparaison des recherches sur le management de
l'innovation (Lenfle, 2008)

Burns & Stalker, 1963

Freeman, 1974

Nonaka & al.,

1985 - 1994

Van de Ven & al.,

1986-1999

Burns & Stalker sont les premiers à caractériser le fonctionnement « organique » adapté aux situations d'innovation. On retient habituellement 6 points :

1. Continuelle redéfinition des tâches individuelles en fonction des objectifs à atteindre qui sont eux très clairs.

2. . Ajustement continu entre les différents membres de l'organisation. Chacun intervient bien au-delà de son rôle « officiel ».

3. Contrôle plus souple. Autour des problèmes à résoudre et pas de l'organigramme.

4. Multiplication des échanges informels et latéraux sur le mode de la consultation, de l'échange d'informations.

5. On reconnaît la répartition des connaissances entre les différents acteurs.

6. Valorise l'engagement sur des programmes qui permettent le développement de l'entreprise

En comparant des paires de projet d'innovation dans le secteur de la chimie et des instruments scientifiques,

C. Freeman met en évidence trois variables discriminantes pour expliquer le succès (ou l'échec) des projets innovants. Si les deux premières traitent des relations à l'environnement, la dernière renvoie directement au management du projet :

1. La compréhension des besoins des utilisateurs T et l'intégration de la question des usages à toutes les étapes du processus d'innovation

2. L'existence de relations avec le monde scientifique extérieur

3. Le niveau hiérarchique de « l'innovateur-gestionnaire ». Celui qui gère le projet doit être un « general manager » expérimenté ce qui lui permet de recruter les bonnes personnes, de mobiliser des ressources importantes et de trouver les appuis nécessaires dans l'organisation.

L'article fondateur d'Imaï, Nonaka & Takeuchi (1985) se concentre lui sur la question du fonctionnement des équipes projet et identifie 6 facteurs qui contribuent à un processus de développement innovant, rapide et flexible :

1. «Top management as catalyst»

2. «Self-organizing project teams»

3. «Overlapping development phases»

4. «Multilearning»

5. «Subtle control»

6. «Organizational transfer of learning»

Le point 1 renvoie au rôle de la DG qui impulse et supervise le processus, alors que les points 2 à 6 concernent le fonctionnement de l'équipe. Ils correspondent tout à fait au fonctionnement « organique » décrit par Burns et Stalker, mais le cadre est cette fois explicitement le projet.

Le Minnesota Innovation Research Program, piloté par A. Van de Ven, a donné lieu à de nombreuses publications. L'article fondateur de 1986, après avoir identifié les problèmes centraux du management de l'innovation, décrit 4 principes pour concevoir une organisation innovante :

1. «Self-organizing autonomous unit»

2. «Redundant functions»

3. «Requisite variety»

4. «Temporal linkage»

Nous retrouvons donc, à partir de cas différents de ceux étudiés par les auteurs précédents (projets très innovants étudiés sur longue période), des caractéristiques tout à fait similaires. Les idées d'auto-organisation, d'autonomie de l'équipe, de plurifonctionnalité (requisite variety) ou de redondance sont toutes présentes chez Nonaka.

G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 58

G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 59

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> Le rôle de l'expérimentation: valeur des produits et connaissances accumulées. La deuxième difficulté à laquelle les acteurs doivent faire face est l'incertitude. Puisque le mode classique d'action de l'acteur projet est en partie incompatible à cause entre autres de la difficulté à fixer les jalons, absence de planning, découpage en tâches délicats, difficulté d'insérer le projet innovant dans un réseau d'acteur etc.

A- Elaboration d'un programme de recherche et conception d'une innovation

Par ailleurs, l'élaboration d'un programme de recherche doit être perçue comme une structuration temporaire du champ à explorer, il est question essentiellement de tester les premières idées, ce qui est l'essence même de la théorie de la conception et de l'innovation (Nonaka (1995) ; Hatchuel & Weil (1999) etc.) qui met en exergue l'importance de l'action en l'absence de préférence claires ; action qui va stimuler la découverte des problèmes et éventuellement les solutions aux problèmes. Ainsi, l'épreuve5 qui est « évènement créateur de connaissances et d'outils de coordination des acteurs » étant donné qu'elle permet de créer des échéances. Elle doit être l'unité d'oeuvre au centre du dispositif de pilotage. A tout prendre, l'intensité de l'apprentissage va dépende de la capacité du groupe à produire, réaliser et exploiter un flux continu d'épreuves au cours d'une période de temps (Iansiti, 1998 ; cité par Lenfle (2008)). C'est le rôle central de l'épreuve dans le dispositif de pilotage d'un processus d'innovation.

> La focalisation temporelle de l'exploration : Ici il est question de constater l'évolution du projet dans un environnement extrêmement dynamique. Ainsi, les variables de contrôle qui cadre la dynamique d'un projet ne sont pas statiques. Elles (valeurs d'usage, stratégies, technologies etc.) ne doivent pas être traitées

5 Pour mieux comprendre la nature des épreuves (essais, stimulations etc.) et les problèmes d'organisations qu'elles mettent en lumière voir Lenfle (2001)

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séquentiellement. Ceci permet de réduire le risque qu'une réponse partielle et pertinent ne soit plus lorsqu'on a résolu les autres dimensions du problème.

> La reformulation de la problématique chemin-faisant : Selon H. Simon la conception c'est à la fois construire un problème et trouver une solution à ce problème. Cette démarche classique, du problème vers la solution n'est pas évidente à mettre en application, car, on est incapable au départ de « bien poser le problème » d'une part ; et d'autre part ; le problème posé au départ, la probabilité dune solution est très faible puisqu'on raisonne avec un problème parfois superficiellement défini.

> La nature de la performance : valeurs des connaissances accumulées.

Chaque situation d'innovation est construite dans un cadre qui met en jeu un processus de production des connaissances à un processus de création de chiffre d'affaire. On est confronté à une ambigüité qui s'explique de plusieurs façons ; ainsi, une recherche peut déboucher sur le plan commercial, sans créer des nouvelles connaissances. Et inversement, une étude peut ne pas aboutir sur le plan commercial ; mais apporter des connaissances pertinentes sur la compréhension de la technique. Par conséquent, on réduit les incertitudes techniques grâce aux connaissances accumulées, on réduit de ce fait les coûts et les risques d'échec.

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