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L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

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par Guy DONGMO
Université de Nantes  - Master II Sciences de Gestion 2008
  

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PREMIERE PARTIE :

L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 14

L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

L'évaluation des performances réalisées peut être analysée dans un laboratoire au moins à trois niveau :

1. Au niveau des chercheurs du laboratoire

2. Au niveau d'une unité de recherche ou équipe de recherche dans le laboratoire

3. Au niveau de globalité du laboratoire.

Ce troisième aspect est le plus couramment utilisé, puisque de la nature de ses objectifs, découlent les attentes envers ses chercheurs et envers ses unités ou groupe de recherche.

Ainsi, les performances des trois niveaux vont s'influencer mutuellement. De ce fait, les critères mobilisés pour l'apprécier doivent être cohérentes. Autrement dit, nous pouvons considérer que la cohérence de ses évaluations est effective, lorsque la performance des chercheurs et celle des équipes participent à la réalisation effective des objectifs du laboratoire.

Toutefois, l'étude de l'évaluation de la performance d'un laboratoire de recherche nécessite la prise en compte des activités qui font la vie d'un laboratoire.

Dans un premier chapitre, nous traiterons des théories du management de la recherche et de l'innovation.

Dans une première section consacrée aux généralités nous mentionnerons :

- Les difficultés à définir le concept d'innovation

- La nécessité de tenir compte des enjeux et surtout des repères cognitifs des chercheurs pour donner un sens à la notion d'innovation.

Il existe cependant plusieurs approches théoriques du processus d'innovation. Et cela va en fonction de la construction de ce processus déterminer les orientations stratégiques de l'organisation. Ces typologies constituent le sujet de la deuxième section du chapitre.

Les attentes d'un laboratoire n'étant à priori pas identiques, chaque laboratoire mobilise des savoirs qui lui permettent de construire de façon raisonnable une structure

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G. DONGMO ; Mémoire de MII en Sciences de Gestion- Institut d'Administration des Entreprises, Nantes, France Page 16

L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

organisationnelle nourrie par les influences de toute nature. Et parfois même, faisant Co-émerger la flexibilité et la rigidité. Ainsi, nous traiterons dans une troisième section de l'équivoque liée à l'innovation au sein des organisations ; en interrogeant les difficultés à la fois d'adaptation de l'idée innovante à la structure et la structure à l'idée innovante.

Par ailleurs, il faut souligner que tout ce qui est dit plus haut, n'est pas sans rencontrer des difficultés. Ces dernières peuvent compromettre un projet ou même détourner la nature de la mission première d'un laboratoire de recherche dont la fonction première est la création des connaissances nouvelles. Pour avoir une idée au moins théorique, nous traiterons dans la quatrième section du chapitre des obstacles empiriques de l'innovation.

Les notions de recherche, de projet étant importantes pour comprendre le fonctionnement d'un laboratoire, nous verrons comment ces paramètres sont mobilisés ou mieux pilotés pour créer du sens au sein des équipes de recherche et par extension des laboratoires. Bien plus, « le projet est la forme stabilisée de gestion de l'innovation » ; permettant ainsi de faire interagir les concepts apparemment distincts dans la cinquième section afin de proposer quelques principes directeurs de la gestion des projets « Innovation » dans les laboratoires dans la sixième section.

Le deuxième chapitre est consacré à l'étude des difficultés de construction des critères d'évaluation de la performance d'un laboratoire de recherche.

La première section définit brièvement la notion de performance, avant d'aborder les critères d'évaluation de la performance des chercheurs, ce qui nous semble tout-à-fait logique puisqu'il est question pour nous de comprendre les mobiles qui entourent l'évaluation de la performance d'un laboratoire. Et comme un laboratoire est un système dont le fonctionnement va dépendre de l'activité collective des chercheurs, nous étudierons la performance du personnel chercheur. Cela nous permettra de voir les variables qui guident (peuvent guider) cette évaluation.

En outre, nous allons nous appesantir sur la mesure de la performance d'un laboratoire en considérant le niveau de réalisation des objectifs. Nous évoquerons dans cette deuxième

L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

section la théorie des buts de l'organisation et nous traiterons bien plus leur cohérence avec la réalisation des chercheurs dans une organisation. Même si les jeux de pouvoir au sein de l'organisation nous font comprendre que les buts d'une organisation et d'un (ou des) chercheur ne sont pas de même nature ; il faudra avoir un regard plus nuancé par rapport à cela.

En somme, ce détour par les théories est essentiel pour comprendre pourquoi nous mobilisons un concept/notion et pas un autre. Ainsi manager un laboratoire de recherche suppose de bien connaitre, 1) ce qu'est la recherche, 2) l'innovation, et bien plus, quelle 3) organisation qui est derrière tout cela. Par ailleurs la notion de projet qui est la forme stabilisée de la gestion de l'innovation nous permettra de concilier les différents concepts qui nourrissent la vie d'un laboratoire.

En outre, l'évaluation de la performance est essentielle et cela passe par la compréhension non seulement des buts et des objectifs d'un laboratoire, mais aussi de voir le lien entre ces buts et objectifs de l'organisation et les réalisations des chercheurs.

Il est donc indispensable de partir de ces théories générales pour construire un cadre théorique et conceptuel qui conviendront à notre problématique de recherche.

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L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

CHAPITRE I :

THEORIES DU MANAGEMENT DE LA RECHERCHE ET DE L'INNOVATION.

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L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

Section I- Définition et enjeux de l'innovation.

La multitude d'appréhensions confère au mot «innovation » une complexité de définitions qui varient en fonction des points de vue et du contexte dans lequel on l'utilise. A la suite de Daltman, Duncan et Holbek (1973); (Barreyre, 1980) classifie la notion en trois concepts qui dans l'utilisation correspond à trois approches contextuelles possibles: 1) processus global de création, 2) adoption d'une nouveauté par une société, ou ; 3) une nouveauté en elle-même.

La première approche de l'innovation correspond presque à l'invention. Elle s'applique alors au « processus de création »qui consiste en la mise en oeuvre de manière à obtenir une configuration nouvelle deux ou plusieurs concepts.

Selon Fenerz-walsh.F & Romon.F (2006, P10) il s'agit d'un processus qui va de la conceptualisation d'une idée nouvelle à la construction de la solution et par conséquent à sa matérialisation par l'utilisation d'une nouvelle entité ayant une « valeur économique et sociale ».

La deuxième approche du mot met plutôt en exergue le processus par lequel un objet nouveau s'intègre partiellement (ou totalement) dans la culture et le comportement des individus du groupe qui l'entérinent.

Enfin, la troisième approche de l'innovation met en évidence le résultat d'une invention considérée comme nouvelle sans s'occuper de son processus de mise en oeuvre.

Mais Alter.N (2002), attire l'attention sur deux façons d'aborder toute réflexion portant sur l'innovation. Il s'agit, 1) de distinguer l'invention qui n'est que création de l'innovation qui donne in fine « sens et effectivité » à l'invention. Bien plus, 2) il faut considérer que l'utilisation finalement tirée de la création n'est ni prévisible, ni perceptible: « il est la réalisation du possible ». On peut comprendre que pour Alter.N (2002) il n'existe pas de

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L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

relation déterminée entre une découverte et son usage, car l'invention n'aurait que peu de chose avec la création.

Schumpeter (1935) pour qui l'innovation est « une destruction créatrice », il faut distinguer cinq cas d'illustration de l'innovation: a) la fabrication d'un bien nouveau; b) l'introduction d'une méthode de production nouvelle; c) l'ouverture d'un débouché nouveau; d) la conquête d'une source de matière première ou de produit semi-ouvré et e) la réalisation d'une nouvelle organisation, la création d'une situation de monopole entre autres par exemple. Cette démarche Schumpetérienne est essentiellement économique donc très déterministe. Car, elle ne tient pas compte du caractère « recherche » qui est une activité à l'issue incertaine.

L'innovation peut être classée en fonction de l'ampleur des changements qu'elle engendre. C'est dans ce sens que Freeman et Perez (1988, cités par Boldrini, 2005, P26) parlent :

- Des innovations incrémentales qui relèvent d'un ensemble continu de petites actions qui s'articulent des opportunités techniques dans le cadre de trajectoires déjà définies. La demande et le jeu du marché y jouent un rôle essentiel.

- Des innovations radicales sont associées à une idée de rupture par rapport au cadre technique défini. Elles sont beaucoup plus dépendantes des initiatives de R&D que de la pression de la demande.

- Des systèmes techniques qui combinent les innovations radicales et incrémentales.

- De la révolution technique qui provoque un changement du système technique, qui déstabilise tous les secteurs de l'économie en modifiant la structure des coûts ; les conditions de production ; de distribution etc.

Toutefois, les différentes représentations au sujet de l'innovation sont pertinentes, car elles déterminent sans doute la façon dont sont modélisés les processus et managés les projets d'innovation dans les laboratoires de recherche. Nous verrons plus loin l'importance des paramètres d'évaluation de la performance des projets de recherche innovants dans les laboratoires. Bien plus, nous savons que les laboratoires sont perçus

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comme étant le « temple de la raison », de la science qui est un modèle de civilisation très particulier où les dogmes sont en principe inexistants dans le processus de création des connaissances. En revanche, ce temple de la rationalité est investi par des mythes aussi divers que variés. Alors que l'anthropologie nie les mythes, puisqu'il s'agirait des faits sociétés primitives, prélogiques.

A- Les mythes autour de l'approche de

l'innovation

Un laboratoire est l'incarnation de la rationalité, pourtant, il y a des acteurs qui estiment que l'innovation est construite autour des mythes (des données pré-rationnelles), il y ainsi un retour à une logique qui pourrait écraser même la raison. Autrement dit ; là où on fait la science, où s'élaborent les derniers technologies de l'industrie, des connaissances pour des sociétés modernes, on trouve des modes de raisonnement pas ou peu rationnels (qu'on attribuerait à des sociétés primitives au sens anthropologique du terme).

C'est mythes sont d'autant plus importants qu'ils fondent une image (représentation) où une définition à la fois des processus et des acteurs. De telle manière que ceux qui les portent (parfois sans s'en apercevoir) sont guidés dans leurs choix décisionnels et par conséquent sur leur façon de manager.

Ainsi, selon certain auteurs ; l'innovation est construite autour de deux mythes. Le premier stipule que la théorie précède la pratique, alors que le second, les bonnes idées changent le monde, instantanément et irrémédiablement. Gaudin (1998 ; P 13, 15) décline les deux approches, puisqu'il examine les faits en montrant par la suite qu'en général c'est la pratique qui précède la théorie. Il appuie son argumentaire sur la machine à vapeur qui a précédé de plusieurs décennies la thermodynamique. Autrement dit, le changement de technique provient très souvent de l'initiative des acteurs extérieurs au mouvement scientifique. Le deuxième mythe stipule qu'il suffit qu'une théorie soit bonne pour éclairer le monde de sa « vérité et le transformer ».

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En fait, ces deux mythes qui peuvent être vus comme étant contradictoire, sont à notre sens mutuellement inclusifs. Même s'il faut souligner que « les connaissances pour l'action ne peuvent être construites que dans l'action et par l'action » (Avenier, 2000, P 20). Il faut en somme reconnaitre tout de même avec E.Kant que « la théorie sans la pratique est vaine, la pratique sans théorie aveugle ». Ce qui veut dire à notre avis que les deux mythes ne sauraient être séparés, ils s'entremêlent au contraire.

Selon M. Callon (1994) en revanche, dans une approche sociologique, trois mythes centraux régissent les construits de l'innovation : a) le mythe des origines ; b) la séparation du social et du technique ; et ; c) l'improvisation romantique.

Le mythe des origines postule qu'il existe un inventeur génial, marginal, visionnaire, obstiné et incompris par ses pairs et d'une façon générale par son entourage. Cependant, les travaux consacrés à l'innovation montrent qu'elle est le fait d'une activité collective, des multiples acteurs qui agissent en symbiose, non une action individuelle qui la mettrait en forme. Par ailleurs, avec le développement des collaborations et des coopérations entre les laboratoires, les entreprises..., le traçage des frontières entre les contributions devient extrêmement difficile. Partant de cette problématique, il est convenable d'admettre que l'innovation résulte des acteurs d'un système qui capitalisent les travaux d'une myriade d'autres acteurs, d'un autre système. (M.Callon).

De plus, le second mythe qui est la séparation du technique et du social, est vue de deux manières : en opposant d'une part la phase de conception d'une innovation à celle de sa diffusion et en distinguant le contenu de l'innovation du contexte au sein duquel elle prend forme et se diffuse. Cette disjonction est impossible, car une innovation ne réussira que lorsque l'inventeur au sens « callonien » du terme, c'est-à-dire d'être collectif, doit intéresser d'autres acteurs au dispositif proposé. Pour susciter leur intérêt, et se faire d'avantage des alliés, il faut que leurs demandes, attentes et observations soient traduites « dans le dispositif » et sous la forme de choix techniques adéquats.

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L'évaluation de la performance de la recherche et de l'innovation dans les laboratoires universitaires.

Dès lors, nous observons que « la technique n'a pas plus d'impact sur la société que la société n'a d'impact sur la technique : les deux forment un tissu sans couture » (M.Callon ; 1994 ; P13).

L'improvisation romantique qui est le troisième mythe stipule que l'innovation est spontanée, sauvage, qu'elle n'est ainsi pas planifiée. Or, aucun mythe n'est plus inadmissible scientifiquement, ni funeste que celui-ci car, l'innovation ne peut être conçue indépendamment d'une organisation (M.Callon) aussi minime soit-elle.

Toutefois, les acteurs, l'inventeur, le groupe... qui la mettent en oeuvre font partie intégrante du monde dans lequel, l'innovation est censée prendre forme et s'enrichir. Donc « il est le porte-parole et la représentant de réseaux avec lesquels, il interagit. La diffusion d'une innovation peut donc être vue comme un « processus social » » (Boldrini, 2005 P27).

En conséquence, dans un premier temps, l'idée nouvelle suscite des échanges d'informations perçues de façon subjective. Ainsi à travers un processus de construction social, le sens de l'innovation s'élabore graduellement. Selon Alter (2002 ; P13) l'approche sociologique de l'innovation a pour objectif de comprendre un comportement hors normes qui devient progressivement un comportement normal (habituel) puis normatif (obligatoire). Ainsi, est-ce que les problèmes posés dans les laboratoires de recherche se résolvent uniquement par la science, donc la raison ?

A partir de ces différentes approches de l'innovation, on peut se s'interroger sur les variables qui favorisent la construction ou l'orientation de la recherche sur un projet innovant dans les laboratoires de recherche. Est-ce en fonction des exigences internes c'est-à-dire, des ressources disponibles (humaines avec leur différents jeux de pouvoir, et matérielles) ; et /ou externes (en fonction de la stratégie publique de recherche ou des appels d'offres des particuliers) ? Nous verrons plus en détail dans la suite du travail l'influence des ces paramètres environnementaux sur management des projets d'innovation dans un laboratoire de recherche et par extension sur sa performance.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault