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Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

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par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

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a-2-2-2) Synthèse :

Les besoins dégagés par le témoignage de Jacques Vautier rejoignent à peu de choses près, ceux qu'a révélés l'analyse des sites et des plaquettes des éditeurs juridiques. Ils seraient selon lui à rattacher à trois causes:

-Les relations qui lient les praticiens à leurs clients.

-La masse des informations juridiques disponibles.

-Le manque de clarté et les difficultés d'interprétation que peuvent soulever la loi.

1) La relation qui lie les praticiens à leurs clients et les responsabilités qui pèsent sur eux, induisent que ceux-ci ont besoin d'une information exhaustive et complète sur le droit positif et son actualité, dont on peut facilement imaginer, qu'elle doit également être fiable.

2) La masse des informations juridiques disponibles est dense. Or, les praticiens n'ont pas nécessairement le temps et les moyens de se consacrer à la recherche d'informations. Aussi, ils ont besoin d'un accès rapide à l'information juridique et que celle-ci fasse l'objet d'un travail de sélection.

3) Le droit est parfois peu clair, contradictoire et difficile à interpréter.

Pour cette raison, les praticiens ont besoin de l'éclairage d'experts (la doctrine et des praticiens) pour trancher certaines questions.

Ce à quoi il convient d'ajouter leur besoin de discuter et échanger sur le droit et les innovations qu'ils peuvent lui apporter. Avec l'idée que, s'agissant des innovations, ils en attendent validation par des experts avant de les appliquer.

a-2-2-3) Un besoin ?

Plus qu'un besoin être informé sur le droit positif et ses évolutions, est pour les praticiens du droit un devoir.

Les relations qui les lient à leurs clients, font peser sur eux de véritables obligations de connaissance (exhaustive, fiable, complète) et vigilance du droit applicable susceptibles d'engager leurs responsabilités civiles sur le fondement du droit commun64(*), dont la jurisprudence a tendance à envisager largement les manquements.

En ce sens, les compétences personnels d'un client et la présence à ses côté d'un autre professionnel du droit ne déchargent pas un professionnel de son devoir de conseil.65(*)

Ces obligations: quelles sont-t-elles ?

1) Comme pour tous les professionnels, pèse sur eux un devoir d'information et de conseil: « l'obligation d'informer et d'éclairer les parties ».

A ce titre, les professionnels du droit sont tenus « de conseiller leurs clients conformément au droit positif en vigueur » et de leur délivrer une information juridique sur leurs droits, leurs situations et les conséquences de leurs actions.

Commet ainsi un manquement à ce devoir:

-le notaire qui n'attire pas « l'attention des parties sur l'importance et les risques de leurs engagements ».66(*)

-l'avocat qui n'informe pas « son client sur l'existence et les formes des voies de recours, existant contre les décisions rendues à son encontre »67(*)

-ou l`« avocat qui agit pour son client en méconnaissance d'une nouvelle jurisprudence de la Cour de cassation.68(*)

2) Pèse également sur eux « un devoir général de loyauté, de prudence, et de diligence. »69(*)

A ce titre « l'avocat doit recueillir, de sa propre initiative auprès de ses clients, l'ensemble des éléments d'information et les documents propres à lui permettre d'assurer, au mieux, la défense de leurs intérêts.70(*)

3) Pèse, enfin, sur eux, une obligation d'assurer l'efficacité de leurs actes.

Commet ainsi un manquement à cette obligation, l'huissier de justice qui ne conseille pas ses clients sur l'utilité et l'efficacité des actes qu'ils sont requis d'accomplir.71(*)

a-2-3) Synthèse des besoins.

Les besoins du premier marché de l'édition juridique découlent pour l'essentiel de la nature complexe, instable et foisonnante du droit.

Et, si l'on entend souvent dire que cette situation est dangereuse pour la sécurité juridique des citoyens qui sauraient difficilement respecter un droit qu'ils ne connaissent ou ne comprennent pas, on remarque qu'elle l'est tout autant, si ce n'est plus, pour celle des professionnels du droit dont la responsabilité peut plus facilement être engagée: « La complexité croissante du droit multiplie les risques d'erreur ».72(*)

Certes, la question se pose sans doute dans une moindre mesure pour les universitaires, les étudiants, et les autres professionnels. Cependant, ayant tous affaire quotidiennement au droit, ils sont comme les professionnels confrontés à sa densité et son instabilité, qui font qu'il est de plus en plus difficile, d'y trouver l'information pertinente et utile.

Ainsi les besoins en information juridique des publics du premier marché déjà assimilables à ceux de leurs auteurs (publics et auteurs de l`édition se confondent), peuvent être assimilés, sans peines à ceux des praticiens du droit, qui sont à l`appui de cette thèse, les publics les plus représentés de ce marché.

· Les éditeurs juridiques disent, en effet, « s'adresse[r] « quantitativement » davantage à des praticiens, avocats d'affaires et autres, soucieux de solutions juridiques concrètes qu'à des théoriciens férus de doctrine ».

Ce qui est pour eux un des effets de l'«  l'influence [...] de la culture juridique anglo-saxonne », qui aurait transformé les besoins des publics de l'édition : « La recherche de solutions immédiates prend[rait], de plus en plus, le pas sur la quête d'arguments de raisonnement »73(*):

« C'est le fantasme du précédent : plutôt que de raisonner, de passer par l'abstraction, les praticiens sont persuadés souvent qu'existe déjà une décision leur donnant raison dans la situation en cause.

[...]On assiste à la naissance de nouvelles valeurs, d'essence marchande plus qu'intellectuelle : l'exhaustivité (la quantité prime la qualité ; le client, le consommateur de droit, prime le juriste : je veux pouvoir tout acheter pour être sûr de tout avoir), l'actualité (comme en d'autres domaines, la tyrannie de l'actualité s'exerce dans le domaine juridique : un article, un ouvrage juridique a une valeur parce qu'il traite d'un sujet d'actualité [telle réforme, à peine adoptée], donc il se vend bien), la réactivité (même idée : caractère jetable du commentaire immédiat, sa valeur tient à ce qu'il est le premier disponible ; « vite écrit, vite lu, vite périmé, vite oublié »), le décryptage : le lecteur veut un mode d'emploi, une explication de la loi et de la jurisprudence, opérationnel, simplifié. »

Les besoins des publics du premier marché de l'édition son ainsi au nombre de trois :

1) Ils ont besoin d'avoir accès à une information juridique sur le droit positif et ses évolutions, qui soit fiable, actualisée, facilement et rapidement accessible. Soit triée, sélectionnée, synthétisée, pratique, guidée, complète et exhaustive.

2) Ils ont également besoin d'un accès à une information juridique enrichie d'une analyse du droit positif scientifiquement discutée, éclairée et commentée.

En ce sens:

· Cette jurisprudence, que le praticien est contraint à connaître, est le strict résultat d'un travail de synthèse et réflexion des auteurs de l'édition.

« Dans la remarquable thèse qu'elle a consacrée à « la jurisprudence en droit privé », et où elle cherche à faire la « théorie d'une pratique », E. Serverin a parfaitement mis en lumière le rôle des ouvrages de droit-et en particulier des revues -dans la fabrication de la jurisprudence: en soi, le fait qu'une décision, quelle que soit son importance, soit rendue, ne suffit pas à la faire accéder au statut de « jurisprudence », et ceci, d'ailleurs, quelle que soit l'importance que la jurisprudence elle-même prétend lui donner.

Ce statut jurisprudentiel suppose que la décision en question, qui aurait pu demeurer obscure, sera reçue par la communauté des juristes comme porteuse d'une règle jurisprudentielle. »74(*)

« Les conséquences attachées aux dispositions légales et aux décisions jurisprudentielles sont déterminées, non par application, mais par l'intermédiaire de transpositions, de compléments, d'enrichissements qui sont de l'ordre du savoir, de sa constitution et de sa transmission...

Certaines réformes limitées, des revirements de portée réduite, prennent une ampleur inattendue, tandis que d'ambitieuses refontes se heurtent à d'insidieuses résistances.

[...] Les ouvrages de droit... assurent la promotion des décisions qu'ils retiennent. Ils en changent la nature; d'un jugement, d'un arrêt, ils font une référence porteuse de la règle qu'ils semblaient se borner à illustrer »75(*).

· Les professionnels ont également besoin, que soient traités « des problèmes » qu'ils rencontrent « dans l'exercice de [leurs] métiers » et de pouvoir trouver des « réponses aux questions que [leur] pose leur activité quotidienne. »

Ce qui est pour Pierre Grimaldi, l'attente « d'un professionnel légitimement soucieux de sa compétence, en un temps où la densification et l'instrumentalisation du droit en rendent difficiles la connaissance et plus encore la compréhension. »76(*)

3) Et ils ont enfin besoin de lieux où s'exprimer, échanger et débattre sur le droit, les innovations qu'ils peuvent lui apporter, et précisément pour les universitaires, les thèses et théories qu'ils développent.

* 64 Article 1382 du code civil.

* 65 Civ. 1ère, 25 novembre 1997, Bull. n° 329 ; 7 juillet 1998, Bull. n° 238 ; 4 avril 2001 Civ. 1ère, 26 novembre 1996, Bull. n° 418, Civ. 1ère, 10 juillet 1995, Bull. n° 312.

* 66 Civ. 1ère, 7 novembre 2000, Bull. n° 282.

* 67 Civ. 1ère, 2 février 1994, Bull. n° 44 et 13 novembre 1997, Bull. n° 303.

* 68 Civ. 1ère, 15 octobre 1985, Bull. n° 257.

* 69 Patricia Cassuto-Teytaud, La responsabilité des professions juridiques devant la première chambre civile.

* 70 Civ. 1re, 1er mars 2005: Bull. civ. I, no 98; D. 2005. IR 913.

* 71 Civ. 1ère, 15 décembre 1998, Bull. n° 364.

* 72 Marie-Lucie Demeiseter, « Avocat responsabilité et généralité », Dalloz 2009.

* 73 Discours Charles Vallée précité.

* 74 Pascal Ancel, « Le Dalloz, source du droit ? ».

* 75 C.Atias, « Des réponses sans questions ; 1904-1899-1999 (quantitatif et qualitatif dans le savoir juridique) », D 1998, chr p 406.

* 76 Pierre Grimaldi, « Quelles revues pour le XXI es, les attentes du notariat ».

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius