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Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

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par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

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b) Comment les éditeurs juridiques répondent-ils à ces besoins ?

Du panel d'offre mis en place par les éditeurs juridiques pour répondre aux besoins des publics du premier marché, se dégagent désormais cinq grands types de produits.

· Il y a d`une part :

-les répertoires qui « décrivent les régimes juridiques des institutions et portent les principales solutions du droit positif, dont-ils regroupent les sources »77(*),

-les codes, « des recueils de textes qui régissent une matière déterminée »78(*),

-les ouvrages, « conçus par rapport à la clientèle qui est leur cible présumée »79(*) et « dont l'inspiration [peut être] utilitaire ou idéologique »80(*),

-et enfin, les revues périodiques dont certaines sont générales et d'autres « opèrent sur profil », qui proposent « sous la plume des meilleurs spécialistes un regard expert et un éclairage pratique de l'actualité jurisprudentielle et législative ».81(*)

Ils sont les produits traditionnels de l'édition. Et, lorsqu'on s'y attache, de plus prés, on remarque que si les deux premiers répondent aux deux premiers besoins des publics du premier marché (l'accès à une information juridique brute et l'accès à une information juridique enrichie), seuls les deux derniers répondent également au troisième de ces besoins.

Ce qui se fait cependant au prix d`un certain encadrement et sous la grande réserve que pour pouvoir débattre ou s'exprimer dans un ouvrage ou une revue, encore faut-il être publié... Ce qui n'est pas, on l'a vu82(*), à la portée de tous.

· D'autre part, le web 2.0 a permis aux éditeurs juridiques d'ajouter à leur panel un cinquième produit: les blogs.

Ils sont une réponse au besoin d'échanger et débattre de leurs publics (blogs des éditions Législatives, Lamy et Dalloz), et parfois même de leurs auteurs (blog Dalloz). Ils permettent des échanges plus réactifs, plus libres, et plus fréquents, que ne le permettent les colloques, congrès et revues.

Ainsi:

Le blog Dalloz est « un espace de discussion ouvert à tous les intervenants en droit, quelle que soit leur profession, et leur lien avec la matière » dans lequelle la parole est donnée en priorité aux auteurs Dalloz. Les autres intervenants pouvant réagir par le biais des commentaires.

Les éditions Lamy (Lamyblog) mettent à disposition de leurs publics « des espaces pour commenter l'actualité et partager [leurs] expériences ».

Et enfin, le blog des éditions législatives met à disposition de ses publics « des espaces [...] d'échange [...], de commentaires sur l'actualité et de partage de [leurs] expériences.»

Pour ce qui est maintenant plus particulièrement, des exigences tenant à la qualité de l'information juridique :

· L'exigence de fiabilité repose essentiellement sur la confiance des publics du premier marché dans les éditeurs juridiques et les auteurs qui y sont « attachés ».

On l`a vu, « le marché de l'édition juridique en France est occupé par très peu de maisons d'édition [...] qui [pour beaucoup] se sont créées à la fin du 19ème siècle [...] et sont devenues des références dans le domaine de la documentation juridique »83(*):

« Dans ce domaine, on achète un « Lamy », un « Francis Lefebvre » ou un « Juris-classeur »  »: « le nom seul de l'éditeur apporte le capital confiance nécessaire à l'achat. »

« Si l'éditeur est reconnu, on sait que l'on trouvera dans ses produits ce que l'on en attend : exactitude des sources, exhaustivité, intérêt des commentaires, et mise à jour fréquente. »84(*)

Ainsi la satisfaction de l'exigence tenant à la fiabilité des informations, par ces maisons d'édition que l'on peut qualifier d'historiques, fait peser  une présomption de qualité sur l'ensemble de leur offre.

« Toutes [l]es oeuvres, quel que soit leur support -- codes, revues, ouvrages, F.M., -- produits électroniques, s'inscrivent dans une « labellisation »

Cela signifie que toute contribution est apparentée à celles qui l'ont précédée, qu'elle est inscrite dans une famille qui permettra son identification par le lecteur, grâce à la mémoire qu'il conserve d'une marque ou d'une collection. Celles-ci créent un véritable climat de confiance, fondé sur le caractère sérieux, exigeant, rigoureux, que l'on accorde à une marque. »85(*)

Ce qui ne les dispense toutefois pas de tout mettre en oeuvre pour satisfaire aux autres exigences de qualité.

· Pour ce qui est de la clarté, l'intelligibilité et l'accessibilité de l'information, est avant tout à relever que la satisfaction de ces exigences a connu une nette amélioration avec l'avènement d'Internet.

1) Depuis l`origine, les éditeurs y répondent par :

-Le recours à des classifications, dans lesquels « l'information se trouve [...] circonscrite ou dans un encadrement numérique, ou dans une nomenclature classée alphabétiquement, ou encore dans un plan dépendant de l'organisation préférentielle des auteurs ».

Avec l'idée que lorsque ces plans « reflète[nt] [leurs] analyses personnelles », leur « subjectivité est systématiquement compensée par des tables des matières et des index alphabétiques, qui précisent les localisations ».

-Des exigences tenant au style de rédaction :

Les revues et les ouvrages, dans lesquelles la « personnalité » et la « subjectivité » des auteurs « s'accomplissent » et « s'expriment sans retenue » exceptés.

Le style des auteurs doit, en permanence, rechercher « l'objectivité et la neutralité ».

-Et des systèmes d'accès à l'information par « index ou tables », «  abstrats ou séries de mots-clés »86(*)

2) Et si aujourd'hui tout cela existe encore, se sont greffés d'autres produits:

-Les éditeurs ont mis leurs fonds documentaires sur logiciel.

Ceux-ci s'organisent en « portes d'entrées »87(*) (rubriques) et moteurs de recherches internes, à l'intérieur desquels les recherches peuvent se faire suivant différents critères.

-Mais la véritable révolution consiste cependant en leur mise en ligne88(*).

Avec elle, la « recherche de l'information est simplifiée ». Elle permet de plus un accès rapide à l'information : « pour « effectuer une recherche » qui peut être lancée sur un ou l`ensemble89(*) des fonds documentaires, il suffit d'en saisir les termes (décisions, mots, expressions, auteurs.) « dans les différentes zones de saisie, [et le cas échéant, les relier] par des opérateurs (et, ou, proximité 5 mots, proximité 15 mots, sauf, tous les mots de la même famille). ».90(*)

Les résultats peuvent être affichés par sources pertinentes ou dates de publication.

Et il reste possible d'accéder aux fonds documentaires, qui sont reliés entre eux par des liens hypertextes, par leurs sommaires et tables des matières.

· Enfin, l'exigence tenant à l'actualité et à la rapidité de l'accès à l'information au sens de sa rapide mise à disposition, a également connu sous l'impulsion du web quelques aménagements.

1) A l'origine et avant l'avènement d'internet, elle n`était pas, par tradition, mise en oeuvre, à outre mesure, par les éditeurs juridiques qui n'y voyaient pas une priorité.

« Le gain d'actualité pourrait constituer la première pour le journaliste. Pour l'éditeur juridique le fond consiste surtout dans la valeur de l'information dispenseé. Elle augmente lorsque celle-ci est plus complète et mieux orientée » expliquait, André Dunes, dans un article paru en 1990.

Ainsi les quelques quotidiens juridiques mis à part, elle était le fait des revues pour lesquelles l`actualité juridique est toujours reportée au tirage du prochain numéro, donc nécessairement moins actuelle lorsqu'elle parvient au lecteur.

Seul le développement de l'internet a permis une véritable prise en charge de ce besoin.

2) L'internet 1.0 a permis:

-Des mises à jour et une actualisation permanente, parfois automatiques, souvent mensuelles, des fonds documentaires,

-Des services de veilles personnalisées avec alertes e-mail, dont on peut déterminer soi même « la périodicité » et le référentiel,

-Et l'apparition de rubriques d'actualité sur les sites des éditeurs.

3) Avec l'internet 2.0, les éditeurs ont enfin développé des blogs d'actualité, qui permettent pour certains91(*) d'accéder à une information d'actualité enrichie d`une analyse du droit positif scientifiquement discutée, éclairée ou commentée.

Bilan :

Les éditeurs juridiques semblent ainsi avoir relativement bien cerné et pris en charge les besoins des publics du premier marché.

Toutefois, cela n'est pas sans contrepartie, si certains de leurs services sont gratuits (Le blog Dalloz, Lamyblog), les informations, qu'ils leurs transmettent avec ce qu'ils qualifient de valeur en information,92(*) ont un coût relativement élevé.

Elles sont d'ailleurs sources d'inégalités pour certains publics de ce marché : -Les praticiens particulièrement eu égard à l'actualité juridique, ce que justement Jacques Vautier déplorait (1).

-Les étudiants qui s'ils bénéficient d'un accès quasi-gratuits93(*) aux ouvrages et bases de données des grandes maisons d'édition juridiques94(*) doivent tout de même investir dans certains manuels, ne serait-ce, que pour disposer d`ouvrages à jour (2).

(1) « Si différents outils sont aujourd'hui offerts au praticien pour posséder une connaissance parfaite de l'actualité juridique, il n'en reste pas moins que ces outils sont pour la plupart payants. Or tous les praticiens n'ont pas les ressources financières suffisantes pour s'abonner à tous ces outils d'information.

[...]

Il en résulte nécessairement une inégalité entre praticiens. Certains auront la chance d'être avertis en temps réel de l'actualité juridique qui sera sélectionnée, alors que d'autres n'auront connaissance de l'information que plus tard, lorsqu'ils auront le temps de lire leur documentation... »

 

(2) Blog de Dimitri Houtcieff:

Faire-part : naissance et déménagement-05.06.2007

[...]

Je saisis l'occasion - encore que cela ait peu à voir avec le droit - pour saluer l'arrivée sur blogspirit de mon ami A. Vermouth. Il m'avait été fort précieux lorsqu'il s'était agi de rédiger un ouvrage dit "de droit commercial" - que l'on pourra acquérir en cliquant sur le côté, pour un prix qui fera sans doute rire... Le voici qui crée désormais un blog que l'on dira musical. Il est juste que je laisse un lien vers son blog...

08:00 Publié dans Web

Commentaires:

Rire jaune ?...
Juste un petit commentaire d'un étudiant sur l'évolution récente des prix des ouvrages juridiques...

De clics en clics, je découvre le prix de votre ouvrage de droit commercial. En tant qu'étudiant au budget limité (pléonasme), je pense que ce prix reste dans les limites du raisonnable, c'est-à-dire aux limites des bornes des frontières du bout du possible.


Car c'est peu dire d'abord qu'en la matière, les prix ont flambés. C'est peu dire ensuite que les bibliothèques universitaires ne sont pas toujours à jour des dernières éditions, et c'est peu dire enfin que les étudiants préparent parfois leurs TD avec le Précis-Dalloz de droit des obligations 6ème édition, seule disponible dans les rayons...

Ainsi, le rêve de l'étudiant (un tant soit peu soucieux d'actualisation dans une matière galopante) d'avoir des ouvrages à jour, ne serait-ce que dans les matières "principales", se brise sur les prix !


Juste un exemple. En deuxième année de droit, j'avais acquis un formidable ouvrage chez L*DJ sur Les conditions de la responsabilité. Un ouvrage majeur m'avait-on dit, et qui pour le coup m'avait énormément apporté.

Non content de découvrir la nouvelle édition chez mon libraire, j'ai pâli et rougi d'être pauvre en découvrant le prix exorbitant de 70,00 euros...

Finalement, je me suis contenté de l'Equipe...

Bref, les éditions passent et les étudiants aboient en regardant passer les prix...

Ecrit par : Tartuffion | 06.06.2007

Réponse Dimitri Houtcieff:

Ma remarque était un potache, je dois l'admettre, mais comme vous le faite remarquer, elle touche un sujet important.
Il est difficile d'espérer une baisse du prix des livres (d'autant que les livres de droit se vendent finalement assez peu). Il est regrettable que les universités ne disposent pas de moyens - en général - pour permettre aux étudiants d'acquérir quelques ouvrages. J'ajoute que certaines bibliothèques de facultés de province manquent cruellement d'ouvrages. L'ordinateur à un euro, c'est très bien, le livre de droit à un euro ne serait pas mal non plus.
La problématique est du reste plus générale. Sans revenir sur ce sujet polémique, il me semble que l'agrégation de droit deviendrait (encore) plus juste qu'elle ne l'est si les frais de transport et d'hébergement des candidats provinciaux étaient pris en charge...

Ecrit par : Dimitri Houtcieff | 06.06.2007

 

* 77 André Dunes, opus précité.

* 78 André Dunes, opus précité.

* 79 André Dunes, opus précité.

* 80 André Dunes, opus précité.

* 81 Plaquette des éditions Lextenso.

* 82 Tableau de concordance Auteurs/ Publics/ Offres / Marques réalisé sur la base des informations délivrées par les sites et plaquettes des éditeurs.

* 83 Cécile Lagabe, « la diffusion de l'information juridique une activité en pleine mutation ».

* 84 Cécile Lagabe, « la diffusion de l'information juridique une activité en pleine mutation ».

* 85 Discours Charles Vallée, opus précité.

* 86 André Dunes, opus précité.

* 87 Aude Gerardin, Anne-Claire Bertrand, Marie-Laurence Dechanet; Bérénicé Fort, Fanny Desrousseaux, le recueil Dalloz: Outil de recherche.

* 88 Le nombre de produits en ligne « diffère selon la base ». Ainsi, si « Dalloz et Lexisnexis donnent accès, en plus de leurs revues, à des fonds juridiques importants, encyclopédies, décisions de jurisprudence, actualité, etc. Lextenso ne présente que des revues ». Marie Pierre et Mathieu Colas, « Une information sur quelques revues juridiques ».

* 89 On parle alors de recherche transversale.

* 90 Catalogue des éditions LexisNexis.

* 91 Le blog des éditions législatives et le blog Omnidroit.

* 92 Le fruit de la division de « la somme documentaire » des informations juridiques existantes, « leur enregistrement (publicité) » et leur adaptation « aux besoins spécifiques des catégories différentes d'utilisateurs »: André Dunes, opus précité.

* 93 Le paiement des droits d'inscription et frais de bibliothèques donne un accès illimité aux bases de données et ouvrages des grandes maisons d'édition juridique.

* 94 Les manuels disponibles dans les bibliothèques sont peu nombreux eu égard à la masse des étudiants. Et ce, d'autant plus, s'agissant des éditions récentes, qui sont dans les bibliothèques en nombre très limités.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon