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Reflexions sur la fonction consultative de la cour internationale de justice (CIJ)

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par Kpatcha Lazare EWAROU
Université de Lomé -Togo - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA), Droit public 2012
  

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Section 2 : La paix et la sécurité internationales dans la jurisprudence de la Cour

Les avis consultatifs de la CIJ ont contribué significativement à la consolidation de la paix et de la sécurité internationale en reconnaissant d'une part le droit à l'autodétermination de certains peuples (Paragraphe I) et d'autre part en limitant l'usage de la force (Paragraphe 2).

Paragraphe I : En matière du droit à l'autodétermination

Nous examinerons le contenu du principe du droit à l'autodétermination (A) avant de relever la position de la Cour en la matière (B).

A- Le contenu du droit à l'autodétermination

Le droit à l'autodétermination est un principe cardinal du droit international public. L'idée de liberté qu'il véhicule découle directement de la philosophie des lumières, notamment celle de

92 CIJ, Mémoires, Personnel diplomatiques et consulaires des Etats-Unis à Téhéran, p. 29.

93 Voir, Avis sur certaines dépenses des Nations Unies, Avis Consultatif, 20 juillet 1962.

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J. J. ROUSSEAU94. Encore appelé le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le droit à l'autodétermination95 des peuples est le principe selon lequel chaque peuple dispose d'un choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique et de sa voie de développement sans aucune ingérence externe. Il sous-tend par ailleurs la souveraineté pleine et entière sur les ressources dont regorge son territoire.

Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes fut consacré par des textes aussi bien internationaux que régionaux. Sur le plan international, on peut faire référence entre autres à la Charte des NU qui énonce déjà dans son article premier que l'objectif de l'Organisation est de « développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes ». Dans son article 55, la Charte rappelle le même objectif, en prévoyant que l'ONU entend promouvoir le développement économique et social, la coopération internationale et le respect universel des droits humains « en vue de créer les conditions de stabilité et de bien-être nécessaires pour assurer entre les nations des relations pacifiques et amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes». La contribution concrète de l'ONU relative à l'autodétermination des peuples a été matérialisée par la résolution 1514 (XV) de l'AG en date du 14 décembre 1960. Dans cette résolution sur « L'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux », les Etats ont reconnu que « Tous les peuples ont le droit à l'autodétermination » et ont proclamé solennellement que« La sujétion des peuples à une subjugation, à une domination et à une exploitation étrangères constitue un déni des droits fondamentaux de l'homme, est contraire à la Charte des Nations - Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales ».L'article 1er commun aux deux Pactes - le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques- se fait plus explicite sur la question de la libre disposition des peuples :« 1. Tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel.2. Pour atteindre leurs fins, tous les peuples

94Ce principe fut reconnu premièrement par Lénine qui dans son écrit « La révolution sociale et le droit des Nations à disposer d'elles-mêmes » considérait le droit à l'autodétermination comme un critère général de la libération des peuples opprimés. Il fut proclamé pendant la première guerre mondiale dans les 14 points de Wilson afin de légitimer les nouvelles frontières de l'Europe.

95 Certains auteurs lient le droit à l'autodétermination au principe des nationalités, cf. DALLIER(P.) et PELLET (A.), Droit international public,Nguyen Quoc Dinh, Paris, LGDJ, 6éd., 1999, p. 61. D'autres par contre les différencient. Selon SCELLE (G.), alors que dans la première hypothèse la volonté prédomine, dans la seconde, elle est purement secondaire, cf. SCELLE (G.), Précis du droit des gens, Paris, Sirey, 1932, II, p. 257.

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peuvent disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, sans préjudice des obligations qui découlent de la coopération économique internationale, fondée sur le principe de l'intérêt mutuel, et du droit international. En aucun cas, un peuple ne pourra être privé de ses propres moyens de subsistance.3. Les Etats parties au présent Pacte, y compris ceux qui ont la responsabilité d'administrer des territoires non autonomes et des territoires sous tutelle, sont tenus de faciliter la réalisation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et de respecter ce droit, conformément aux dispositions de la Charte des Nations-Unies ». La Déclaration relative aux principes de droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les Etats conformément à la Charte met l'accent sur « Le droit des peuples à déterminer leur statut politique, en toute liberté et sans ingérence extérieure et de poursuivre le développement économique, social et culturel »96.

Sur le plan régional, la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples dispose à son article 20 que « Tout peuple a droit à l'existence. Tout peuple a un droit imprescriptible et inaliénable à l'autodétermination. Il détermine librement son statut politique et assure son développement économique et social selon la voie qu'il a librement choisie. Les peuples colonisés ou opprimés ont le droit de se libérer de leur état de domination en recourant à tous moyens reconnus par la communauté internationale. Tous les peuples ont droit à l'assistance des Etats parties à la présente Charte, dans leur lutte de libération contre la domination étrangère, qu'elle soit d'ordre politique, économique ou culturel »97.L'acte final d'Helsinki qui constitue le texte fondateur de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) adoptée le 1er aout 1975 consacre le principe de l'autodétermination dans son chapitre VIII. La Convention Américaine des Droits de l'Homme pour sa part ne consacre pas explicitement le principe. Mais plusieurs de ses dispositions peuvent être utilisées pour sauvegarder ce droit98.

Le droit à l'autodétermination a contribué à l'indépendance entière de certains peuples colonisés ou occupés. Seulement il n'est pas sans soulever certaines inquiétudes notamment le

96 Cf. la Résolution 2625 de l'AG adoptée le 24 octobre 1970. On retrouve les mêmes dispositions à l'article 1.2 de la Déclaration et le programme d'action de Vienne adoptée en juin 1993 à l'issu de la 2ème conférence sur les droits de l'homme.

97 Le droit à l'autodétermination des peuples est fortement exprimé dans la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples. Qualifié de droit imprescriptible et inaliénable, le droit à l'autodétermination peut être, suivant les dispositions de cette Charte, arraché par tout moyen et si nécessaire avec le concours des autres Etats partis à la Charte (articles 20 et 21 de la Charte).

98On peut faire référence aux articles 4 (droit à la vie) ; 11 (droit à la protection de l'honneur et de la dignité de la personne) ; 21 (droit de la propriété privée).

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risque de balkanisation du monde que le principe contient en germe. C'est dans cette optique que le droit à l'autodétermination fut encadré par deux principes cardinaux que sont, le principe de l'intégrité territoriale et celui de la non-ingérence. Le paragraphe 6 de la Résolution 1514 (XV) dispose en effet que « Toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays est incompatible avec les buts et les principes des Nations Unies ». Mais cette Résolution, à partir de 1990 fut l'objet de nombreuses transgressions avec la reconnaissance internationale de l'indépendance de l'Erythrée et du démembrement de la Yougoslavie ou de l'URSS. Le principe de non-ingérence défini à l'article 2 du Chapitre I de la Charte ne connait d'exception qu'en cas de non-respect des droits de l'homme ou de menace contre la paix.

La position de la Cour en matière du droit à l'autodétermination se déduit largement de plusieurs de ses avis consultatifs.

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