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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

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par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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B. Un secteur dans lequel les salariés sont soumis à de nombreuses contraintes au travail

La catégorie sociale des employés de commerce est souvent mal perçue quant au contenu de son travail, car souvent assimilée à celle des employés administratifs dans la catégorie générique des employés. Il s'en suit une sous- estimation des contraintes physiques auxquelles ils sont soumis qui se rapprochent plus de celles des ouvriers, que de celles de leurs homologues des bureaux.

Par exemple, une caissière dans une grande surface manipule, en moyenne, 2 tonnes de marchandises chaque jour et cette activité physique se réalise dans le même temps contraint (2 mn en moyenne par client), qu'une activité cognitive complexe (réponse aux sollicitations des clients, recherche des codes barres, saisie de ceux qui « ne passent pas », anticipation des modes de paiement, et des incidents liés, surveillance pour éviter le vol, communication avec ses collègues, etc.) (ASKENAZY, 2005).

Il est significatif de souligner la surreprésentation des employés de commerce dans la catégorie « travailleurs de force » définie par la DARES dans son analyse des risques professionnels à partir de l'enquête SUMER réalisée en 2003 (WALTISPERGER, 2006)32.

Cette enquête permet d'approcher plus précisément les contraintes du travail ressenties par les employés33 dans le secteur du commerce de détail.

32 L'auteur met en évidence une typologie des salariés à partir du cumul des contraintes à partir de 20 indicateurs de pénibilité ressentie.

33 Comme, pour toute enquête, il s'agit de la « parole » des salariés interrogés qui exprime leur « ressenti » et non le
résultat de constatations médicales ou résultant d'une méthodologie ergonomique d'analyse des situations de travail. Il
convient, néanmoins de souligner des recoupements convergents avec les études épidémiologiques et les analyses

Les enquêtes nationales sur les conditions de travail, tout comme celles réalisées par la Fondation Européenne pour l'Amélioration des Conditions de Travail (FEACT) montrent des résultats analogues et permettent en plus d'évaluer l'évolution des déclarations des salariés au fil du temps (DAUBASLETOURNEUX et THEBAUD-MONY, 2002), 34

On peut distinguer 4 grandes catégories de contraintes :

· Physiques

· Organisationnelles (horaires et cognitives)

· Expositions à des agents biologiques

· Nuisances chimiques

Par ailleurs, la DARES, à partir de l'enquête SUMER retient 4 catégories de facteurs de pénibilité :

· Les contraintes physiques

· Les horaires atypiques

· Les contraintes de rythme de travail

· Les tensions avec le public

Catégories de contraintes :

Zola : Contraintes physiques, organisationnelles, de rythme ; manque d'autonomie

Obligés du public : Problèmes relationnels avec le public, les clients, les usagers

Contraints : Contraintes organisationnelles, manque d'autonomie

Travailleurs de force : contraintes physiques, intempéries

Cols blancs : longue durée, travail assis, morcelé

D'après D. WALTIPERGER, DARES, 2006

 

ergonomiques réalisées, tout comme avec les statistiques factuelles disponibles, tant au niveau des entreprises (bilan social, Rapport des Services de Santé au Travail et des CHSCT), qu'à celui des institutions (INSEE, CNAMTS, etc.).

34 Nous disposons des résultats de trois enquêtes réalisées en 1984, 1991 et 1998.

14,9

Position à genoux

14,7

22,5

Position fixe de la tête et du cou

15,4

50

46,2

13,6

10,3

25,4

12,1

5,5

13,7

15,2

Maintien de bras en l'air

17,6

Fig. 4

15,4

Locaux climatisés

17,7

16,9

Gestes répétitifs à cadence élevée

21,5

24,9

27,3

43,5

Déplacement à pied dans le travail

50,3

42,8

61,9

48,9

Position debout ou piétinement

70,6

Manutention manuelle de charges (définition européenne)

Conduite sur la voie publique (auto,camion,car,autobus)

Autre bruit gênant pour le salarié (voir question n°204)

Autres contraintes posturales (voir question n°231)

Comparaison des principales contraintes physiques auxquelles sont
soumises les salariés dans l'enquête SUMER 2003

Travail au froid imposé(températures < 1 5°C )

Travail sur écran (en continu ou discontinu)

0 20 40 60 80 100

Tous secteurs Commerce détail

1998
1991
1984

3,6

2,8

0,5

20,7

15,3

7,1

43,0

0,0

0,0

57,0

46,4

28,7

Fig. 5

44,6

34,1

16,4

46,4

27,5

12,3

76,2

77,2

75,5

Rester longtemps dans une autre posture pénible ou fatigante

Effectuer des mouvements douloureux ou

fatigants

Effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents

Porter ou déplacer des charges lourdes

Subir des secousses ou des vibrations

Effectuer d'autres efforts physiques

Evolutions des contraintes physiques ressenties par les
employés de commerce

Rester longtemps debout

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

Source : DARES, ENCDT, 2006 et calculs personnels

a) De très fortes contraintes physiques qui se cumulent souvent avec un environnement difficile

Parmi les treize principales contraintes recensées dans l'enquête SUMER en 2003, les salariés du commerce de détail déclarent en subir neuf avec une fréquence supérieure ou voisine de celle de l'ensemble des salariés. C'est le cas, notamment, pour :

· « la position débout ou le piétinement » (70,6% contre 48,9%),

· « la manutention manuelle de charges »35 (61,9% contre 40,8%),

· « le déplacement à pied dans le travail » (50,3% contre 43,5%),

· « le travail sur écran » (48,2% contre 50%).

Les enquêtes de la FEACT confirment ces résultats en tendance36 et montrent une progression sensible de ces contraintes dans la période 1984 -1998 pour tous les types sauf pour la station débout, dont la proportion de salariés reste stable, mais qui concerne les trois quarts des employés (Fig. 4). On notera, plus particulièrement :

· « le port ou le déplacement de charges lourdes » dont la proportion double pendant la période et qui touche en 1998 près de deux employés sur trois,

· « les déplacements à pied longs ou fréquents» (multipliés par près de 3),

· « les postures pénibles ou fatigantes pendant une longue période » (multipliée par près de quatre).

· « le travail répétitif » est passé de 17 à 25,1 %.

Dans le domaine des pénibilités environnementales, les employés de commerce disent :

· « travailler au froid souvent ou toujours » deux fois plus que la moyenne (29,4% contre 14,9%).

· « subir des courants d'air » plus souvent (49,9% contre 33,9%),

· « travailler avec une lumière artificielle », également plus fréquemment que l'ensemble de salariés (72%, contre 46,5%).

· « avoir une interdiction de parler pendant le travail » dans une proportion cinq fois plus importante que la moyenne (11,0% contre 2,1%). Cette proportion est passée de 5,2% à 11% pendant la période.

35 Au sens de la définition européenne

36 Il convient de souligner un champ différent pour cette enquête, puisque les données présentées correspondent à la catégorie socioprofessionnelle des employés de commerce qui ne recouvre pas complètement le secteur du commerce de détail utilisé pour l'enquête SUMER.

Rendre compte par écrit de son activité au moins 1 fois/sem

Abandon fréquent d'une tâche pour une autre non prévue

Ne pas connaître ses horaires pour la semaine prochaine

Normes de production, délai à respecter en une heure au
plus

Durée de la dernière semaine travaillée supérieure à 40 h

Moyens matériels inadaptés et insuffisants pour le travail

Tourner sur différents postes pour pallier les absences

Demande extérieure obligeant à une réponse immédiate

Ne pas pouvoir changer l'ordre des tâches à accomplir

Contact tendu avec le public même occasionnellement

Exposition à un risque d'agression physique du public

Travail de nuit entre 0 et 5 heures même occasionnel

Exposition à un risque d'agression verbale du public

Travail souvent prolongé au delà de l'horaire officiel

Travail posté en équipes, variable d'un jour à l'autre

Tourner sur différents postes par rotation régulière

Demande extérieure n'obligeant pas à une réponse
immédiate

Ne pas avoir de repos de 48 heures consécutives

Emporter toujours ou souvent du travail à domicile

Formation insuffisante et inadaptée pour le travail

Travail comportant des coupures dans la journée

automatique de pièces ou cadence automatique

Dépendance vis à vis du travail des collègues

Comparaison des contraintes organisationnelles auxquelles sont
soumises les salariés dans l'enquête SUMER 2003

Durée de travail variable selon les semaines

Doit faire appel à d'autres en cas d'incident

Surveillance permanente de la hiérarchie

Devoir toujours ou souvent se dépêcher

Informations insuffisantes pour le travail

Contrôle ou suivi informatisé du travail

Travail au moins 10 dimanches par an

Ne pas pouvoir faire varier les délais

Ne pas pouvoir faire varier les délais

Horaires variables d'un jour à l'autre

Travail au moins 20 samedis par an

Etre en contact avec le public

Travail posté en équipe fixe

Effectuer des astreintes

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

1,3

2,7

2,9

3,0

3,0

7,2

7,7

9,5

11,8

12,3

14,0

14,2

14,6

15,6

15,3

17,3

18,3

19,0

19,0

2,5

4,2

19,4

8,7

6,0

20,4

21,1

22,4

24,0

7,8

10,5

26,1

19,6

14,8

27,2

12,6

15,7

18,7

29,7

19,9

30,8

23,6

19,7

36,4

36,4

23,7

23,4

23,9

25,9

26,7

31,4

40,5

13,6

28,5

30,5

35,1

30,5

41,9

42,2

Tous secteurs Commerce détail

50,7

26,4

58,1

51,2

58,9

53,7

55,2

72,5

59,9

72,5

71,4

68,2

71,0

71,0

70,0

90,4

Il convient de souligner, enfin, un cumul des pénibilités physiques et environnementales pour les employés de commerce, tout comme pour le secteur, ce qui permet de mettre en évidence une surreprésentation des employés de commerce, dans la catégorie des « travailleurs de force » (contraintes physiques, intempéries), au même titre que les ouvriers (Waltisperger D. 2006).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus