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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

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par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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c) Le fer de lance d'une profonde transformation du travail et de l'emploi fondée sur leur déréglementation :

La naissance et l'évolution du grand commerce s'est traduite sur le plan social par une profonde modification de l'organisation du travail traditionnelle et de l'approche des qualifications qui ont volé en éclats progressivement, pour imposer le temps partiel, les contrats à durée déterminé, le recours à l'intérim et à la sous-traitance, la polyvalence, les systèmes d'intéressement qui caractérisent cette nouvelle organisation du travail et cette nouvelle conception des rapports de subordination du salarié à l'entreprise.

C'est le triomphe du modèle de gestion de l'entreprise régulé par une flexibilité généralisée du travail, dans toutes ses composantes (emploi, rémunération, protection sociale). Dans le commerce de détail certains métiers sont très instables. On observe que le quart des effectifs est renouvelé chaque année chez les vendeurs, les caissiers, les employés de libre service. Cette instabilité se concentre surtout dans la grande distribution (grandes surfaces à prédominance alimentaire), qui représente un tiers des effectifs du secteur : le taux annuel de rotation atteint 66 %, avec une forte part de CDD dans les entrées et les sorties (CERC, 2005).

Insee, DADS, 2002

45

40

25

20

50

35

30

15

10

5

0

Total secteurs
marchands

18

% de salariés à temps partiel en 2002

Total Commerce Commerce de

détail

26,3

Fig. 3

37,4

Grandes surfaces à prédominance alimentaire

47,5

En matière de temps partiel, on relève, pour les salariés du commerce de détail, une proportion supérieure de vingt points à celle de l'ensemble de l'économie en 2004. Pour les Grandes surfaces à prédominance alimentaire, c'est près d'un salarié sur deux qui est concerné (INSEE, DADS 2002).

Il n'est pas inintéressant de remarquer, que les évolutions de la législation sociale et de la négociation conventionnelle depuis le milieu des années 1970 sont fortement imprégnées de ces nouvelles conceptions en les institutionnalisant ou en les favorisant.

Les politiques de l'emploi ont joué un rôle important dans la banalisation du recours aux CDD à travers les contrats aidés dont 2,2 millions de salariés sont titulaires en 2003 (IRES, 2005). Cette réalité touche particulièrement les jeunes de moins de 25 ans dont le tiers est en stage ou en contrat aidé en 2003. Il convient, enfin, de rappeler que 7 embauches sur 10 se font en CDD ou en intérim ce qui a donné de fait, à ce type de contrat, un statut de norme

ceux qu'il occupe habituellement et surtout de participer à leur élaboration et à leur mise en oeuvre. La polycompétence se développe de plus en plus dans les organisations fondées sur la prescription d'objectifs.

d'embauche. Par ailleurs, si le temps partiel concernait moins de 10% des actifs jusqu'en 1977, il atteint 17% en 2004 (DARES). Cette progression résulte pour une part importante des mesures d'exonération des charges sociales portant sur cette forme d'emploi pendant la période 1992-2000 (date de la suppression de ce type d'exonérations).

Ces mesures contribuent à dédouaner les employeurs de leurs responsabilités de cofinanceurs de la protection sociale en reportant sur la collectivité leur financement. Ces exonérations sont massives pour le recrutement des bas salaires, les plus nombreux dans le commerce, ce qui contribue par ailleurs à peser sur les bas salaires et à déstabiliser la fonction de garantie de revenu du SMIC. Comme pour les CDD, le temps partiel est également plus répandu parmi les jeunes, nombreux dans le secteur. Il a, ainsi, une fonction de « sas d'entrée » dans le monde du travail.

Les chambres syndicales du commerce, et plus particulièrement le Conseil du Commerce de France31, ont joué un rôle de lobbying important dans ces évolutions. Déjà, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les succursalistes inventent le contrat de gérant mandataire qui sera une des premières formes d'externalisation du coût du travail, déresponsabilisant l'entreprise du temps de travail du couple de gérants et de la gestion de leur personnel. En effet, en donnant au gérant la responsabilité de la gestion du chiffre d'affaires de son magasin et en liant sa rémunération à celui-ci, le gérant est implicitement incité à ne plus compter son temps de présence et donc de travail effectif, sans changer le temps de travail théorique.

A partir de la décennie 1970, les employeurs du grand commerce ont revendiqué l'ouverture des magasins le dimanche et l'augmentation de l'amplitude des horaires de travail dans la journée (fermetures tardives à 20 heures, puis 22 heures et jusqu'à minuit). C'est Darty (chaîne de magasins d'électroménager et de produits techniques) qui a initié les ouvertures le dimanche dans l'illégalité, suivi par la plupart de ses concurrents, préférant payer les amendes en cas de verbalisation par les inspecteurs du travail ou les jugements des tribunaux. Plus récemment, c'est par la médiatisation de l'ouverture de la période des soldes, que nombre d'enseignes ont initié des ouvertures nocturnes.

La question du temps de travail a toujours été un élément central dans la gestion de l'emploi pour le commerce, traité en parallèle avec l'amplitude des horaires d'ouverture des magasins et la réglementation du travail. Il s'agit d'aller dans le sens d'une externalisation des risques liés à l'emploi ou à l'activité sur un tiers (salarié ou entreprise sous-traitante). Paradoxalement, et contrairement à certaines idées reçues, les actions pour favoriser la hausse du temps de travail (dans le sens de « sur-travail ») comme sa diminution (dans le sens de « sous-emploi ») ont toujours été mises en oeuvre conjointement dans l'objectif de diminuer le coût du travail :


· A la hausse (mais le plus souvent sans rémunération directement liée), par l'instauration du contrat de gérance, par la forfaitisation des horaires des cadres, par les contrats de travail prévoyant une rémunération liée au chiffre d'affaires, par l'utilisation des heures supplémentaires, par la modulation et l'annualisation du temps de travail, par une incitation

31 Organisation syndicale des employeurs du commerce, affiliée au MEDEF (ancien Conseil National du Commerce regroupant les organisations spécialisées par produit).

informelle au dépassement d'heures, en particulier pour les employés administratifs, les agents de maîtrise et les cadres.


· A la baisse (proportionnelle à la baisse des rémunérations), par la création du contrat de démonstration qui permet d'externaliser une partie du personnel sur les fournisseurs (personnel représentant les grandes marques : contrats de démonstration dans les Grands Magasins ou « Merchandiseurs », dans les Grandes Surfaces). Mais également par l'utilisation des contrats à durée déterminée (CDD) et de tous les statuts atypiques (stagiaires, intérim, personnel extérieur, etc.) en remplacement de contrats à durée indéterminée (CDI), ou par une évolution de l'offre d'emploi à temps et à salaire partiels, instaurant de fait, un temps partiel subi pour une majorité des salariés concernés.

L'ensemble de ces caractéristiques organisationnelles pour le secteur a fortement favorisé une situation sociale difficile pour les salariés du commerce, en général. En effet, ils sont majoritairement rémunérés sur une base égale ou proche du SMIC et la forte proportion de contrats à temps partiel ou non permanents, plongent un grand nombre d'entre eux dans une pauvreté laborieuse en recrudescence (IRES, 2005, p.10) et qui touche plus nettement les femmes et les jeunes.

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