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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

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par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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B. Des compromis à trouver dans la définition du concept de performance et des critères de son évaluation

Il existe parmi les salariés, un sentiment d'incompréhension quant au lien entre, d'un côté, ce qu'ils vivent au quotidien, et de l'autre, les descriptions qu'en font la hiérarchie, les médias et les élites en général, puis les solutions préconisées, à caractère univoque, qui s'imposeraient d'elles mêmes. Ce fossé se creuse, d'abord, au sein même de l'entreprise, révélant ainsi, une crise aigüe des représentations.

Il s'agit d'une véritable fracture qui conduit souvent à des dérives et cantonne le débat dans une sphère idéologique au nom des « certitudes » de chacun. Ce débat a le plus souvent cours, sans qu'un état des lieux précis et partagé, ne permette à chacun de se construire une idée précise sur le réel et ses enjeux, notamment, au sein de l'entreprise en tant que lieu de valorisation du processus économique.

a) Des indicateurs de gestion insuffisants pour les salariés et leurs représentants

C'est ainsi que l'on peut suivre en temps réel et en continu, les performances d'une entreprise sur les marchés financiers, tandis que, par exemple, le bilan social résultant d'une obligation légale datant de 1977, n'a guère évolué dans son contenu, sa présentation, dans la pertinence et la fiabilité de ses données et dans le délai de présentation aux IRP (Institutions Représentatives des Salariés)63 depuis son instauration.

Pourtant, les systèmes d'information utilisés pour la gestion64 des entreprises, permettent d'établir des tableaux de bord multiples, généralement réservés aux seuls dirigeants des centres de profit, renforçant ainsi, l'opacité de la gestion et de la définition stratégique des objectifs de l'entreprise. Pourtant, les salariés, par le biais de leurs représentants, doivent se contenter des documents mis à la disposition du Comité d'entreprise (et d'établissement), tel le bilan social, dont la qualité n'est plus à la hauteur des enjeux de l'information dans le débat social à l'aube du troisième millénaire. Par ailleurs, seuls sont communiqués les comptes sociaux au niveau de l'entreprise, ce qui ne permet pas le plus souvent aux élus et aux salariés, de disposer d'éléments d'appréciation factuels sur les performances de leurs établissements.

Sur le plan institutionnel, on peut relever également, le caractère réducteur, incomplet et parfois partial des indicateurs utilisés, alors que les documents officiels, tels la DADS65, sont informatisés et rassemblent un grand nombre de données sociales, sans qu'elles ne soient utilisés systématiquement pour alimenter l'information sociale et publique66, participant ainsi, à une certaine

63 Les données annuelles du Bilan Social sont présentées au Comité d'entreprise dans un délai variant de 3 à 6 mois après la fin de l'exercice écoulé.

64 Les entreprises utilisent de plus en plus des systèmes informatisés de gestion intégrés (ERP) permettant un suivi permanent des performances industrielles, économiques, comptables, financières et sociales.

65 La déclaration annuelle des salaires est transmise obligatoirement chaque année aux organismes fiscaux et sociaux.

66 Il convient, néanmoins de valoriser l'initiative de L'INSEE qui produit depuis 1998 une enquête sur une dizaine
d'indicateurs de la DADS sur un échantillon égal à 1/12ème de la population des entreprises (de 1/25ème de 1998 à

« privatisation » du savoir. Les bases de données économiques et sociales privées se multiplient, alors que l'Etat et les institutions publiques ne se dotent pas des moyens nécessaires pour traiter une information fiable, transparente et pertinente accessible à tous et répondant aux critères d'intérêt général dont la puissance publique est responsable.

C'est ainsi, qu'en matière de réparation intégrale des AT et des MP, le rapport commandé par le ministre de la santé Elisabeth GUIGOU note : « On observera, à ce stade, combien le contraste est saisissant entre la sensibilité de ce dossier et son ancienneté, d'une part, et, d'autre part, la pauvreté des informations disponibles pour éclairer d'éventuelles décisions. Ainsi, le dossier n'est-il pas fondamentalement mieux documenté que lors de la parution du rapport de M.M DORION et LENOIR, membres de l'IGAS, en 1991... » Par ailleurs, on sait que les résultats de l'enquête CNAM de 1997 sur les maladies professionnelles n'ont pas été publiés ! (YAHIEL, 2002).

D'une manière plus générale, les indicateurs de la macroéconomie versés dans le débat ne correspondent pas aux critères de management de l'entreprise. Issus de la comptabilité nationale, ils mesurent les agrégats, tout en négligeant les flux et ignorent une partie non négligeable de l'activité (associative, souterraine, etc.). En effet quand le PIB (Produit Intérieur Brut) par habitant ou l'indice de Développement Humain (IDH) 67 sont les ratios les plus connus pour caractériser la performance d'un pays, l'entrepreneur et l'actionnaire s'intéressent essentiellement à la rentabilité des capitaux investis68, rarement à la richesse produite (valeur ajoutée)69 et encore moins à la santé des salariés. Ceux-ci continuent de considérer le travail comme un coût et non comme une source de valeur.

Cette situation génère des effets pervers et alimente des débats contradictoires sur la qualité et la fiabilité des statistiques publiques. L'exemple des chiffres publiés par le gouvernement sur les statistiques de l'emploi et du chômage est significatif à cet égard. L'opacité du système favorise les suspicions quant à la réalité des données et aux tentations possibles de leur utilisation à des fins autres que scientifiques et professionnels.

Elle tend également à affaiblir la crédibilité des analyses sur la réalité économique et sociale, et par conséquent, la pertinence des solutions proposées. Ces solutions sont perçues, plus comme appartenant à la sphère du politique, que comme des perspectives dont les citoyens pourraient s'approprier. Comme disait GRAMSCI : « Le peuple sent, mais ne sait pas ».

Et, pourtant, la présence de plus en plus marquée des experts des élites dans le débat ambiant70, vise à légitimer le point de vue défendu. Sans doute, parce qu'au-delà du discours à la mode sur la démocratie participative, les principaux concernés ne se sentent pas associés à l'élaboration que l'on présente, toujours selon une démarche élitiste distinguant ceux qui pensent et qui ont le pouvoir réel ou symbolique, de ceux qui doivent mettre en oeuvre. Dans ce

2001). L'accès à ce type de données, n'est cependant pas simple, puisque soumis au contrôle de la CNIL, sous prétexte de confidentialité.

67 Indicateur mis au point et utilisé par l'ONU à partir des travaux d'A. SEN pour établir des comparaisons internationales.

68 Résultat net sur capitaux propres.

69 Solde entre le chiffre d'affaires et les consommations intermédiaires.

70 Commissions de sages, rapports d'experts, commentateurs « professionnels » aux côtés des journalistes, etc.

sens, l'irruption des experts dans la sphère politique n'est pas sans influence sur le concept de démocratie dans la mesure où le politique s'appuie sur l'opinion de l'expert en tant que « vérité révélée ». Il ne tire plus sa légitimité du peuple qu'il représente, mais de l'expert dans un mouvement d'instrumentalisation réciproque. La distinction entre le politique et le savant, au sens des travaux de Max WEBER (1919), nous semble de ce point de vue, brûlante d'actualité.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King