WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

( Télécharger le fichier original )
par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b) Une approche plurielle pour des diagnostics partagés

Il convient, sans doute, d'expliquer par cette contradiction, l'une des causes essentielles de la crise qui touche, aujourd'hui, l'ensemble des élites institutionnelles et des experts et de leurs modèles explicatifs.

C'est, précisément, cet état de fait qui fait émerger le besoin de repenser l'analyse du réel, en vue de donner de la lisibilité (éléments de compréhension) et de la visibilité (éléments de perspectives) aux citoyens tant sur le plan macro-économique que sur le plan micro-économique sur les critères et indicateurs de performances et de gestion qui pourraient alimenter un débat plus fondé sur des approches plurielles, s'inscrivant dans une conflictualité positive. Il s'agit de rapprocher, non pas les points de vue, mais la représentation des faits et des résultats à partir d'une base commune et partagée de données et de concepts pertinents.

C'est ainsi, qu'il nous semble nécessaire d'améliorer le contenu et l'utilisation du bilan social.

L'utilisation de l'ensemble des indicateurs globaux n'est certainement pas aussi répandue qu'elle le pourrait. Leur diffusion sur un support unique, avec des commentaires actualisés, en imposant un calcul homogène, à partir d'une source fiabilisée (La déclaration annuelle des salaires, DADS), est sans doute une des actions souhaitables dans le cadre de la modernisation du dispositif législatif et réglementaire sur le bilan social et son articulation avec les données financières et économiques de l'entreprise et le système d'information de la CNAMTS.

En effet, Il s'agit moins de contester le point de vue qui fonde les outils classiques de l'évaluation du réel, que de contribuer à l'émergence et la validation d'outils alternatifs visant à faire reconnaître celui des salariés, à partir de leurs besoins et de leurs intérêts spécifiques (BOCCARA, 1985 et LOUCHART, 1995).

Notre pratique professionnelle au sein d'un cabinet d'expertise et d'études au service de l'économie sociale, et plus particulièrement des institutions représentatives des salariés, a toujours été nourrie par la volonté de surmonter cet écueil.

Elle se caractérise par la recherche de la construction et de l'expérimentation de méthodes et d'outils opératoires que les salariés et leurs représentants peuvent s'approprier afin de mieux appréhender le réel. Cela nous paraît être une condition essentielle pour leur permettre de s'impliquer dans l'élaboration d'alternatives crédibles dans un cadre d'action et de démocratie participative sans en galvauder le concept, ce qui suppose d'avoir une claire conscience des enjeux de l'évaluation.

Les multiples déséquilibres que l'on peut observer dans les effets des pratiques

actuelles de gestion, tant au niveau des entreprises, qu'à celui des institutions de régulation collective remettent en question les modèles utilisés. Ils appellent à la recherche, la confrontation et l'expérimentation d'autres pratiques fondées sur une approche différente des critères d'évaluation du concept de « performances ».

Le cas de CASINO illustre parfaitement cette évolution. L'ensemble des matériaux recueillis (parole des salariés, statistiques sociales, économiques et financières) suggère, l'ouverture d'un véritable chantier de mise en débat des théories et des pratiques de gestion des entreprises par la « déconstruction » des critères dominants actuels pour en tirer les enseignements dans le fonctionnement des institutions sociales. C'est à ce prix que l'on pourra mieux traiter les enjeux de la tension efficacité-santé par une approche renouvelée de ces théories et de ces pratiques.

C'est le cas, notamment, pour le « coût du travail » qui apparaît de plus en plus comme un mythe qui cache mal l'antagonisme capital-travail toujours d'actualité et dont la domination du premier, permet de moins en moins les régulations garantes de la cohésion sociale.

L'exemple, parmi d'autres, des pratiques de la négociation annuelle obligatoire des salaries dans les entreprises (NAO), illustre la nécessité de repenser les critères pertinents utilisés dans la négociation sociale. En effet, la question de l'organisation du travail est exclue de fait, de la sphère de la négociation, alors qu'elle devient de plus en plus centrale, au coeur des questions de charge physique et mentale du travail, de ses conséquences sur la santé, l'emploi et sur la reconnaissance du travail et donc, de sa rémunération à sa juste valeur.

Ce n'est plus seulement une question de justice sociale, mais cela relève d'un questionnement plus global, sur les capacités du système et de la société à dépasser ses propres contradictions et éviter le déclin. Cela pose le problème d'un antagonisme croissant entre les normes sociales et celles des marchés financiers. A l'échelle de l'entreprise, le renouvellement des pratiques de négociation entre les acteurs sociaux pour sortir d'un paritarisme de façade, nous paraît indispensable. Une des voies à explorer étant celle des articulations nécessaires dans les négociations entre rémunération directe et indirecte, emploi, statut et organisation du travail.

Par exemple, l'évolution divergente de la productivité apparente (fig. 43) du capital (VA / Immobilisations) et du travail (VA / FP) que l'on a vu au chapitre IV pour Casino, pose la question de l'efficacité économique des pratiques de gestion actuelle, considérant le personnel comme la principale variable d'ajustement. Elles posent, par là même, la question du « coût du travail » et suggère une remise en question du concept.

Tout d'abord, dans l'utilisation des mots. Pourquoi, parle-t-on de « coût du travail », alors que l'on ne semble pas considérer la rémunération des actionnaires comme un coût ? Chez Casino, en 2004, elle représentait 2,3% du CA contre 0,4% en 1992. Il s'agit bien d'un coût, puisqu'il s'agit de rémunérer le capital que les actionnaires mettent à la disposition de l'entreprise en tant que facteur de production de valeur. Dans le cas du « travail vivant », le terme de « coût », nous semble mal adapté pour caractériser une rémunération dont l'objectif est d'abord de reproduire la force de travail au sens de MARX (1859). Elle constitue, par là même, au moins en partie, un investissement pour financer un travail potentiel dans le futur.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo