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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

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par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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c) Les cotisations sociales : coût ou investissement ?

Depuis 1993, les gouvernements français successifs ont mis en place une série de mesures consistant à alléger les cotisations sociales des employeurs sur les salaires les plus bas. On peut considérer que depuis treize ans il y a eu trois vagues de mesures d'allègement des cotisations sociales (Voir annexe G).

· Première vague : Entre juillet 1993 et octobre 1996, sont mises en place des réductions de cotisations sociales portant sur les salaires inférieurs à 1,2 fois le SMIC (juillet 1993 à décembre 1994), puis sur les salaires inférieurs à 1,3 SMIC (de janvier 1995 à septembre 1996), et enfin sur tous les salaires inférieurs à 1,33 SMIC (à partir d'octobre 1996). Ces dernières réductions sont plus connues sous le nom de « ristourne Juppé ». Ces diverses réductions de cotisations salariales avaient pour objectif d'encourager les employeurs à recourir à plus de main-d'oeuvre non qualifiée et à créer des emplois non qualifiés. Elles étaient par ailleurs inconditionnelles : seul le niveau de salaire déterminait l'accès ou non à une réduction de cotisations.

· Seconde vague, à la fin des années 1990, les lois Aubry I (juin 1998) et Aubry II, janvier 2000) ont eu quant à elles pour objectif d'inciter les employeurs à réduire la durée du travail en atténuant le « surcoût » salarial induit par la baisse de la durée du travail. Les allègements proposés, plus conséquents que les précédents, sont cette fois conditionnés à l'adoption par l'entreprise d'une nouvelle durée du travail, inférieure ou égale à 35 heures hebdomadaires ou 1.600 heures annuelles. L'aide est double : à une réduction forfaitaire de cotisations sociales s'ajoute un allègement dégressif pour les salaires inférieurs ou égaux à 1,8 SMIC. Par ailleurs, la « ristourne Juppé » reste en vigueur pour les entreprises qui ne réduisent pas le temps de travail.

· Troisième série de mesures, le dispositif Fillon de 2003 se donne pour objectif de réduire le coût de la convergence des salaires minimums. Il vient se substituer à la réduction dégressive sur les bas salaires et à l'allègement « 35 heures » des lois Aubry. Les taux de cotisations sociales sont allégés pour tous les salaires inférieurs à 1,6 SMIC. Le seuil au-delà duquel on ne bénéficie plus des allègements est ainsi en baisse par rapport au dispositif Aubry, mais reste néanmoins au voisinage du salaire médian. Le niveau des allègements doit augmenter progressivement entre 2003 et 2005. Enfin, cet allégement est, comme la « ristourne Juppé », inconditionnel : son impact est cependant différent selon que l'entreprise est « passée » ou non aux 35 heures et selon la date de passage.

Si chacune de ces vagues visait des objectifs différents, elles ont abouti à des effets similaires. D'autant que cette présentation succincte ne doit pas faire oublier qu'au fil du temps, différents aménagements au mode de calcul des allègements ont été apportés, pouvant eux aussi avoir des effets, tant sur le recours au temps partiel plutôt qu'au temps complet, que sur le recours aux heures supplémentaires plutôt qu'à l'embauche de CDI, CDD ou intérimaires.

Toutes les études réalisées sur les effets de ces allègements produisent des résultats mitigés, discutés et certains auteurs avancent, même des jugements sévères (REMY, 2006). C'est ainsi que la Cour des comptes dans un rapport non publié de 2006 (Liaisons sociales, 2006), considère un coût trop onéreux,

au regard des faibles effets sur l'emploi. LERAIS (2001), émet l'hypothèse d'un effet négatif sur la productivité du travail !

Ces différents dispositifs ont un coût croissant : on évalue à environ 19,8 milliards d'euros le coût des réductions de cotisations patronales pour l'année 2005, contre17,1 milliards en 2003 ; 5,8 milliards en 1996 et 0,6 milliard en 1993, date de la première mesure de ce type (CREPON et DESPLATZ, 2001 et Liaisons sociales n°14696 septembre 2006). De plus, ils ne compensent pas complètement le manque à gagner pour la Sécurité Sociale (VOLOVITCH, 2001).

Cette croissance des coûts et leur niveau atteint, appelle une remise à plat urgente du système, d'autant que le gouvernement De Villepin, s'apprête à mettre en place, encore, un nouveau dispositif de dérégulation, pour mettre en oeuvre une des promesses du Président de la République, avec l'exonération de toutes les cotisations sociales patronales pour les salaires égaux au SMIC.

Plusieurs pistes non exhaustives, nous semblent intéressantes à explorer avec un phasage dans le temps qui permette de traiter parallèlement les problèmes de court terme et une action en profondeur sur le long terme :

· Une réévaluation des salaires (et pas seulement des plus bas), qui permet de relancer la consommation et l'épargne, répond à un besoin crucial de reconnaissance du travail, participe au bien-être des salariés et par là même, contribue à inverser la tendance à la dégradation de la santé liée à ces questions. Cette réévaluation, apportera, de manière mécanique, une hausse des cotisations sociales significative : A titre d'exemple, une hausse de 1% des salaires en plus des hausses programmées, amènerait 9 milliards d'euros, permettrait une réduction du déficit 2005 de la protection sociale de 46,4%. Ce financement par le profit des entreprises ne représente que 2% de l'excédent brut d'exploitation national !

· Une réduction progressive et modulée des exonérations de cotisations sociales permettrait de réduire le budget de l'Etat et de rééquilibrer celui de la protection sociale. Elle peut se faire, de manière jumelée avec la réévaluation des salaires, en rétablissant une affectation plus juste de la valeur ajoutée des entreprises, dont nous avons vu l'évolution disproportionnée au profit des revenus du capital. Ces mesures devraient intégrer une plus grande systématisation du contrôle des cotisations versées par les employeurs en rendant obligatoire une information détaillée au Comité d'entreprise, qui devrait disposer des moyens de vérification ad hoc. Dans le même sens, la question devrait être abordée dans les négociations annuelles sur les salaires et donner lieu à une information détaillée.

· Un transfert plus juste et plus incitatif combiné à une hausse du taux de cotisation à la caisse des ATMP, permettrait de mieux sensibiliser les partenaires sociaux dans les entreprises à mettre en place de véritables politiques de prévention de la santé au travail. Le rapport DIRICQ71 a évalué la dépense en cause : « a minima, une fourchette située entre 355 et 750 millions d'euros (hors IJ en ce qui concerne les maladies)» (DIRICQ, 2006). Cette évaluation est largement

71 Du nom du Président de la commission chargée par l'Assemblée Nationale d'évaluer les dépenses prises en charge par la caisse de l'assurance maladie en lieu et place de celle des APMP.

contestée, à la fois, par des universitaires (ASKENAZY, 2005) et par les organisations syndicales. C'est ainsi, que la CGT a transmis à la commission DIRICQ (voir annexes du rapport DIRICQ), une évaluation argumentée estiment le transfert nécessaire à 15 milliards d'euros. Le parlement à retenu un montant de 330 millions d'euros !

· Une amélioration significative et une transparence accrue du système d'information de la CNAMTS qui permette un meilleur suivi épidémiologique des pathologies en lien avec la santé et une meilleure prise en charge dans les tableaux des maladies professionnelles. Il faut souligner que la commission DIRICQ, comme celle qui l'a précédée a émis un avis sévère sur la qualité de ce système d'information.

· La suppression de la CADES et la reprise par les institutions publiques de la gestion de la dette sociale amènerait des économies de frais financiers et supprimerait une spéculation encourageant les marchés financiers.

· La modification de l'assiette des cotisations. Nous serons, volontairement prudents sur cette question, dans la mesure où les débats actuels72 sur le sujet, montrent les risques de déstabilisation du système pouvant entraîner de nombreux effet pervers. De plus, le quasi consensus apparent des tenants de l'élargissement de l'assiette à la valeur ajoutée, nous semble masquer des divergences tellement profondes, qu'il ne nous paraît pas possible de soutenir une solution seulement sur la base de son principe, sans en explorer de manière approfondie les modalités et les conséquences possibles.

La plupart de ces propositions, peuvent permettre, rapidement une réduction massive du déficit social et favoriser sur un plus long terme, l'approfondissement et l'expérimentation nécessaires à réforme en profondeur que la plupart des acteurs réclament de concert. Encore faudra-t-il que chacun prenne ses responsabilités.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo