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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

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par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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b) La responsabilité sociale des entreprises, ne peut pas s'exercer sur le mode unilatéral en matière de protection sociale

A l'occasion du 35ème anniversaire de Carrefour et de la première année de la création de sa Direction des Ressources Humaines, Le Figaro du 9 juillet 1998, dans un article intitulé : « Carrefour veut se donner une image sociale », décrit l'initiative médiatique du distributeur en écrivant :

« Chez Carrefour, on ne néglige pas le social et on tient à le faire savoir. L'initiative est conforme à une tendance de fond des grandes sociétés, qui de plus en plus, revendiquent le titre d'entreprise citoyenne, image et marketing obligent. ».

Sans rentrer dans une polémique stérile, on à peine à lui accorder un tel label, tout comme d'ailleurs aux autres entreprises de la grande distribution, lorsqu'on lit attentivement les réponses aux questions ouvertes de notre enquête parmi les salariés de Casino, Carrefour et Auchan. La lecture des travaux qui racontent le quotidien des relations hiérarchiques et des souffrances vécues par les salariés, n'autorise pas plus à aller dans ce sens (PHILONENKO et GUIENNE, 1998, RAMAUT, 2006).

Par contre, il nous semble que la question se pose et même, qu'il est indispensable de ne pas laisser les entreprises « s'autoattribuer » les médailles dans ce domaine, d'autant que l'utilisation du commerce équitable dans les principes du marketing tend à devenir, aujourd'hui, un passage obligé pour la valorisation de l'image des entreprises. On ne comprendrait, pas en effet, qu'elles puissent vanter, auprès des consommateurs, les mérites de la solidarité internationale pour « payer le juste prix aux petits producteurs dans le monde, tout en considérant dans la pratique du quotidien, leur personnel comme une simple variable d'ajustement.

Certains des travaux qui se développent sur ce sujet (ARNAL et GALAVIELLE, 2005, et CAPRON M. et QUAIREL-LANOIZELEE F. 2004), tendent à montrer le caractère souvent réducteur de l'approche des employeurs dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). En effet, les initiatives, en ce domaine se heurtent rapidement à la contradiction entre le « leadership », mode de gestion qui a prévalu, jusqu'à présent « shareholders74 » et la prise en compte des acteurs de l'entreprise en dehors des actionnaires (« stakeholder »). D'ailleurs, certains, préfèrent utiliser le terme de « Responsabilité Sociétale des entreprises », choix qui n'est pas anodin et qui traduit la volonté d'accréditer l'idée que les entreprises pourraient se substituer à l'Etat pour assurer les régulations nécessaires, dans une démarche toute libérale.

74 La prise de conscience de la multiplicité des parties prenantes et de leurs intérêts dans le fonctionnement des entreprises a conduit à l'approche de ce que les anglo-saxons nomment la « stakeholders theory » qui s'oppose à la conception première de la gouvernance d'entreprise qui privilégie uniquement l'actionnaire « shareholders » ou «leadership ».

On peut regretter, de ce point de vue, le caractère général de la loi de 2001 sur les NRE (Nouvelles Régulations Economiques) 75 et surtout, la négation du principe d'association des salariés et de leurs représentants à la gouvernance de l'entreprise, malgré la nécessité reconnue de tenter de concilier les intérêts des actionnaires (petits et grands) et des salariés (ALTERNATIVES ECONOMIQUES, 2004 et ATTAC, 2004).

Dans ce cadre, il nous semble nécessaire de souligner un problème qui nous paraît relativement peu abordé dans le débat sociétal, et souvent négligé par les organisations syndicales, alors que pourtant fondamentalement d'actualité : celui du pouvoir dans les lieux mêmes de la valorisation du travail créateur de richesses.

Autrement dit, nous ne pouvons pas nous contenter d'un système social qui confine la démocratie aux portes de l'entreprise. L'actualité quotidienne fourmille d'exemples qui montrent, la crise grave affectant le pouvoir dans toutes ses déclinaisons (managérial, médiatique, politique, etc.).

Contrairement à une idée reçue, le contenu des luttes ouvrières en France a souvent été marqué par la revendication de pouvoir participer à la gestion de son destin, même si on ne l'a pas souvent valorisé. Cela a été le cas, notamment, des luttes pour le contrôle des caisses d'initiative patronale au XIXème siècle, qui relèvent d'une lutte plus globale et traditionnelle en France contre l'arbitraire patronal (DREYFUS, 2001).

N'est-on pas dans une époque particulièrement propice à la revendication du pouvoir à partager dans les décisions d'utilisation des richesses créées par le travail ? Nous croyons à la nécessité d'une véritable révolution symbolique à engager de ce coté là, pour donner les raisons de faire émerger de nouvelles espérances et de fonder de nouvelles solidarités sociales indispensables à la cohérence de l'Etat-Nation.

Cela implique, non seulement la définition de nouvelles régulations sociales, mais également, la mise en place de processus d'informations pertinentes et de contrôles, associant l'ensemble des acteurs du monde du travail et plus largement des citoyens.

Nous ne croyons pas au concept d'entreprise « souveraine » associée à celui de « gouvernance » par un noyau d'actionnaires sous le contrôle moral des autorités du marché. Ce modèle montre, chaque jour, un peu plus ses limites. L'entreprise résulte d'une construction sociale dans laquelle chacun des acteurs (actionnaires, dirigeants, salariés, clients, fournisseurs, Etat, etc.) a une légitimité associée au rôle qui est le sien dans les processus de création de richesses.

Cette remarque nous renvoie au concept de propriété et du rapport social induit dans toute la complexité qu'il recèle. Nous ne pouvons réduire le sens de la propriété de l'entreprise pour les actionnaires, à celui de la propriété d'un objet réservé à leur usage personnel, pas plus que celui d'une propriété collective déléguée à l'Etat par le biais d'une nationalisation, s'est révélé opérant en soi. La question de la responsabilité sociale des entreprises existe bien, mais au travers de la responsabilité sociale de chacun de ses acteurs et, notamment, par l'investissement qu'en décideront les salariés, en tant que partie prenante du processus décisionnel.

75 Loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques

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L'exploration du réel avec un regard qui cherche à s'affranchir de la pensée dominante en matière de gestion, suggère de nombreuses pistes de recherche pouvant répondre au malaise croissant crée par les contradictions d'un système qui semble montrer de plus en plus ses limites.

L'exemple de l'évolution des performances économiques, sociales et financières de Casino réinterroge les mécanismes qui président au fonctionnement de l'assurance maladie. Il pose le problème de la responsabilité sociale des entreprises au sens premier du terme, c'est-à- dire de leur contribution à un fonctionnement harmonieux de la société et au développement de la cohésion sociale.

Force est de constater, que les évolutions de l'organisation du travail et de la rémunération, favorisés par la déréglementation et, paradoxe libéral, par une dérégulation organisée par l'Etat, contribuent à généraliser une incertitude sociale dont les effets sur la santé génèrent de multiples troubles supportés par l'ensemble de la société.

Cette responsabilité est également celle de l'Etat et par conséquent des citoyens qui devraient s'atteler à reprendre l'édifice inachevé de « l'Etat social » pour lui redonner les moyens, adaptés à la situation actuelle, et capables de contribuer à la cohésion sociale nécessaire par des régulations plus efficaces.

C'est également la responsabilité des salariés, de leurs organisations syndicales et de leurs institutions représentatives, pour investir le domaine de l'organisation du travail, plus et mieux participer à la prévention de la santé au travail et contrôler les fonds distribués sous forme de cotisations sociales, tout comme le niveau des exonérations dans ce domaine et leur utilisation.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984