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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

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par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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D. De la prescription des tâches à la mobilisation de la subjectivité au travail des salariés :

L'organisation de la société industrielle du XIXème et de la première moitié du XXème était dominée par le taylorisme et le fordisme. L'industrie produisait en masse des produits standardisés pour des marchés de premier équipement et le public qui découvrait la consommation achetait ce qu'on lui proposait. Nous étions dans une « économie de l'offre ». L'organisateur pouvait donc, naturellement prescrire les tâches à effectuer dans le détail et traiter les salariés comme de purs exécutants.

Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des marchés, pour l'essentiel, de rééquipement (du moins dans les pays développés) et donc à des clients avertis, dans une situation de concurrence exacerbée. Du point de vue des sciences de la gestion, les conditions de la production et de la performance en sont transformées. Elles ne tiennent plus, seulement aux économies d'échelles que permettait la production de masse d'objets standardisés mais à la capacité à adapter l'activité au plus près des variations quantitatives et qualitatives de la demande. La flexibilisation des outils de production liés à la robotisation permet de réaliser des séries courtes et d'alterner les productions en fonction de la demande. Les rôles respectifs des directions, de l'encadrement et des agents sur le terrain en sont profondément affectés. Le pilotage par l'aval, ce que les organisateurs appellent « une gestion en flux tiré », tend à se substituer aux

modalités antérieures d'organisation (en « flux poussé »). Nous sommes, à présent, dans « une économie de la demande ». Le rôle de l'encadrement a fondamentalement changé, de ce fait. Il doit moins s'attacher à prescrire la tâche, qu'à prescrire des objectifs et viser à la mobilisation de la subjectivité (CLOT, 1998, p. 8) des salariés, tout en étant lui-même soumis à cette même logique.

Ces derniers se retrouvent donc sous la double pression directe de la hiérarchie pour l'évaluer et gérer son contrat de travail et celle du client, du patient ou de l'usager qui va déterminer pour l'essentiel, le rythme et le contenu de son travail. La proportion de salariés dont le rythme de travail dépend d'une demande extérieure obligeant une réponse immédiate passe de 28 % en 1984 à 55,4 % en 2003. Et il faudrait ajouter les 28 % dont l'activité dépend immédiatement de la demande de collègues (DARES, 2006). LORIOL a bien montré (2000), les liens existants entre contraintes et douleurs physiques et le manque de reconnaissance ressenti dans « la construction sociale de la fatigue ».

Nous sommes dans une ère d'un nouveau « productivisme réactif » comme le dit Philippe ASKENAZY (2005). Les nouvelles formes d'organisation des entreprises renforcent l'autonomie des salariés. Les entreprises font plus que par le passé appel à l'initiative de leurs salariés pour mieux répondre à la demande de leurs clients et pour améliorer leur productivité. La contrepartie de cette plus grande responsabilisation et de cette plus forte implication dans l'entreprise est un accroissement relatif de la charge mentale au travail (HAMON-CHOLET et ROUGERIE, 2000). Cette charge apparaît comme le coût d'un certain enrichissement du travail et elle n'est pas nécessairement le signe d'une dégradation des conditions de travail.

Cependant, les dernières enquêtes sur les conditions de travail font état, entre 1991 et 1998, d'une augmentation générale des facteurs de pénibilité mentale et psychologique, alors même que les pénibilités physiques n'ont pas régressé. L'intensification des rythmes de travail en est le principal facteur. Or la progression de la pénibilité mentale au travail naît principalement du cumul de ces contraintes. L'intensification des rythmes de travail contrarie, alors, les effets bénéfiques d'une plus grande autonomie des salariés.

Partout le travail évolue sur le modèle du service. Ce qui fait dire à Philippe DAVEZIES que nous sommes à l'ère de la « serviciarisation du monde du travail » (2003)..

Le commerce et, plus particulièrement, la grande distribution, ont joué dans ce sens, un rôle déterminant, comme nous le verrons dans le prochain chapitre.

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Nous avons adopté un cadre théorique qui s'appuie sur une démarche pluridisciplinaire, regards croisés, entre analyse économique héterodoxe et critères de gestion alternatifs, apports de la psychodynamique du travail sur les évolutions des organisations dans l'entreprise et travaux de la sociologie du travail sur les évolution de la protection sociale, les statuts sociaux et leurs relation contractuelles.

Cette démarche, nous semble nécessaire à la différenciation du travail et de l'emploi, tout comme à la compréhension des interactions entre facteurs et acteurs de la santé au travail et à l'interprétation du phénomène d'absentéisme maladie et d'accidentéisme qui constitue le point de départ de notre recherche.

Les nouvelles organisations du travail, liées aux exigences de rentabilité des marchés financiers et à la « serviciarisation de l'économie », conduisent à une modification de la prescription qui substitue les objectifs à la description des tâches.

Cette modification se traduit par une responsabilisation accrue des salariés, avec un cumul croissant de contraintes physiques et mentales, à la base d'un cercle vicieux de dégradation des conditions de travail.

Cette dégradation est aggravée par un contexte de déréglementation du travail qui conduit à un travail de moins en moins reconnu organisé entre « sur-travail » et « sous-emploi ».

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Le premier grand magasin crée en 1824 :

La belle Jardinière fera sa fortune grâce à la fourniture d'uniformes aux grandes entreprises et à l'habillement des couches moyennes parisiennes.

Man ufrance à SaintEtienne à la

fin du XIXème

siècle.

Le premier magasin Casino à Saint Etienne en 1898, dans les locaux de l'ancien casino lyrique... !

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