CONCLUSION GENERALE
Après l'analyse menée le long de ce document,
une grande question reste occultée : peut-on appliquer le nouveau
système d'avancement au mérite si l'administration publique
béninoise est toujours politisée ?
La réponse à une telle interrogation trouvera sa
justification dans les effets que la politisation pourrait avoir sur la mise en
application du système.
En effet, notre analyse des effets que la politisation
pourrait avoir sur la mise en application du nouveau système
d'avancement au mérite a révélé des lendemains
sombres pour l'administration publique béninoise si le système en
vient à y être appliqué dans les conditions actuelles
caractérisées par une forte politisation.
Faut-il le rappeler, si le nouveau système d'avancement
au mérite est appliqué dans les conditions actuelles de
l'administration publique béninoise, les
fonctionnaires en harmonie avec la classe au pouvoir, du fait
de la politisation, avanceront plus facilement qu'aujourd'hui ; il
s'ensuivra alors l'incapacité du budget national à faire face
à l'incidence des avancements. D'où, le risque de blocage des
avancements et des recrutements mais aussi de réduction des effectifs
de la fonction publique béninoise. La réforme administrative sera
alors une réforme tordue et largement orientée vers le
favoritisme et la contre-performance.
Or, d'un autre côté, la nécessité
d'aboutir à une administration de développement presse. Il faut
alors choisir.
Seulement, si l'analyse des effets de la politisation sur le
nouveau système d'avancement au mérite nous a amené
à comprendre que la politisation constitue un grand obstacle pour le
système, l'urgence de ce dernier ne nous offre que deux
possibilités de choix : soit initier des efforts pour combattre la
politisation avant de mettre en application la réforme, soit laisser
l'administration béninoise végéter dans sa
léthargie -l'application du nouveau système dans le contexte
actuel étant la pire des situations-. Cela interpelle alors la
responsabilité des uns et des autres, surtout des gouvernants qui ont du
mal à opérer des choix neutres et objectifs dans le rang des
fonctionnaires. Chacun devra alors opérer son choix en toute
responsabilité et le traduire dans ses comportements vis-à-vis de
la chose publique. La réforme en viendrait ainsi à être
amorcée, à travers les comportements des uns et des autres.
L'administration publique béninoise est malade des
Béninois. Et elle est davantage malade des dirigeants politiques
béninois. C'est pourquoi tout système de réforme doit
être intégré dans un processus de prise de conscience
individuelle ou collective qui permette à chaque Béninois de
s'approprier librement les exigences qu'implique une gestion patriotique de la
chose publique. Elle devra alors intervenir d'elle-même, mais elle
pourrait être stimulée par l'instauration d'une éducation
civique incorporée au système éducatif et susceptible de
faire de l'enfant béninois une valeur morale sûre au service du
développement de sa nation.
Tout ceci mettra nécessairement du temps et il vaut
mieux patienter afin d'éviter le pire à notre administration. La
politisation de l'administration publique béninoise est partie d'une
source et il faut l'attaquer à partir de cette source. L'avancement au
mérite est comme un bébé précoce que
l'administration publique béninoise n'est pas encore prête
à accueillir.
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