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La politique étrangère des Etats-Unis au Venezuela, la période Chavez (1999- 2007)

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par Anonyme
Université Panthéon-Assas paris II - Master 1 Science Politique 2006
  

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B) Une volonté d'isoler le Venezuela, tant sur la plan régional qu'international.

1) Une stratégie d'isolement au niveau régional.

La politique américaine envers le Venezuela vise à modérer les ardeurs révolutionnaires de son dirigeant, c'est-à-dire à faire en sorte de réduire l'influence du bolivarisme au niveau régional. Il s'agit d'éviter toute exportation de la révolution bolivarienne. Effectivement, le Venezuela, véritable « bête noire11(*) » de Washington, a souhaité renforcer ses moyens militaires depuis l'arrivée d' Hugo Chavez à la présidence. Ainsi, en 2005, le Venezuela s'est rapproché de l'Espagne dans le but de conclure un contrat d'armement avec cette dernière. Il s'agissait pour le Venezuela d'acquérir dix avions de transport de troupes et huit corvettes. Washington, après avoir été informé de cette volonté du Venezuela de renforcer ses équipements militaires, a exercé des pressions renouvelées sur l'Espagne pour qu'elle refuse de conclure ce contrat. Cependant, cette tentative a été infructueuse et le contrat hispano-vénézuélien a bien été conclu. De la même manière, le Venezuela s'est porté acquéreur de 100 000 fusils mitrailleurs AK 47 ainsi que 33 hélicoptères auprès de la Russie en 2005, ce qui a, cette fois-ci, réellement inquiété les Etats-Unis. Effectivement, aux yeux des Etats-Unis, cette acquisition n'avait qu'un seul but : renforcer la guérilla colombienne, c'est-à-dire les FARC12(*). La réaction américaine a donc été prompte, le secrétaire à la défense de l'époque, Donald Rumsfeld, affirmant : « je ne peux pas imaginer ce que le Venezuela va faire de 100 000 fusils mitrailleurs AK 4713(*) ». Dans le même ordre d'idées, la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice a qualifié Chavez, en janvier 2005, de « force négative » dans la région. Il apparaît donc clairement que les Etats-Unis accusent le Venezuela de déstabiliser la région. Les Américains craignent en effet que le Venezuela n'exporte sa révolution bolivarienne à l'étranger, et notamment en Colombie, où un conflit armé déchire le pays depuis plusieurs années. Plus généralement, les Etats-Unis incitent le Brésil, qui est une puissance régionale, à modérer le Venezuela. Effectivement, les moyens économiques et commerciaux dont dispose le Brésil peuvent lui permettre d'exercer une influence non négligeable sur ses voisins et en premier lieu sur le Venezuela de Chavez.

Ainsi, l'action extérieure des Etats-Unis au Venezuela, qui n'est d'ailleurs pas toujours couronnée de succès, a vocation à réduire l'influence de ce pays sur le plan régional. Il s'agit, dans le domaine militaire, d'éviter que le Venezuela ne devienne suffisamment puissant pour modifier la situation régionale, pour exporter le bolivarisme. Autrement dit, les Etats-Unis souhaitent limiter la militarisation du régime de Chavez qui pourrait, selon eux, avoir des conséquences néfastes pour leurs intérêts dans la région. Si cette stratégie d'isolement s'exerce en critiquant la militarisation du Venezuela, elle s'exerce également par l'intermédiaire d'un rapprochement avec les voisins du Venezuela : il s'agit pour Washington de prendre Hugo Chavez à revers.

Les Etats-Unis entendent réduire l'influence de Chavez et contenir l'expansion du bolivarisme en se rapprochant de certains pays d'Amérique latine. Ainsi, les Etats-Unis accordent une attention particulière à un pays tel que le Brésil, qui a vocation, étant donné son potentiel économique, à exercer un leadership régional. Le déplacement du président des Etats-Unis dans plusieurs pays d'Amérique du Sud au début de l'année 2007 est significatif à cet égard. George Bush, en se rapprochant du Brésil en concluant avec ce pays un pacte énergétique, a mis en lumière sa volonté d'isoler le président vénézuélien. En effet, comme le souligne Peter Hakim, de l'Institut d'études interaméricaines de Washington, « promouvoir le Brésil, c'est réduire l'importance de Chavez »14(*). Dans le même ordre d'idées, le déplacement de George W. Bush en mars 2007 au Brésil, en Uruguay, en Colombie ainsi qu'au Mexique apparaît comme une volonté très claire de « défier Hugo Chavez sur son terrain »15(*). Plus précisément, le rapprochement récent des Etats-Unis et du Mexique permet à Washington de contenir l'influence de Chavez. En effet, le président du Mexique, Felipe Calderon, a d'abord eu le mérite de « contenir la vague rose et rouge qui submerge l'Amérique latine en battant le candidat de la gauche à la présidentielle, Andres Manuel Lopez Obrador »16(*). Cette alliance apparaît d'autant plus importante pour Washington que le nouveau président mexicain se considère comme un véritable rempart contre l'expansion de la révolution bolivarienne dont Hugo Chavez est le promoteur. En d'autres termes, le chef d'Etat mexicain est, aux yeux des Américains, autant un allié politique qu'un voisin stratégique.

Par conséquent, les relations cordiales qu'entretiennent les Etats-Unis avec le Brésil et le Mexique permettent à l'exécutif américain de réduire tant soit peu l'influence « néfaste » qu'exerce Hugo Chavez en Amérique du Sud. Cette diplomatie américaine peut donc être considérée comme une véritable « diplomatie bismarckienne »17(*). Il s'agit en effet pour les Etats-Unis de mettre en place de véritables alliances de rééquilibrage qui soient à même de protéger les intérêts américains en Amérique latine face à la montée en puissance du leader bolivariste qu'est Hugo Chavez. C'est sous cet angle que peut être lu le rapprochement récent des Etats-Unis avec le Mexique et le Brésil. Il s'agit en effet, selon Jean-Jacques Roche, de mettre en place des « alliances permanentes et ponctuelles organisées autour de la grande puissance en titre ». Par ailleurs, si les Etats-Unis ont mis en place une stratégie d'isolement du Venezuela au niveau régional, c'est également vrai au niveau international.

* 11 Le Figaro, 15 janvier 2007.

* 12 Forces Armées Révolutionnaires de Colombie. Il s'agit de la principale force rebelle colombienne, considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis.

* 13 Le Monde, 31 mars 2005.

* 14 Le Monde, 9 février 2007.

* 15 Le Figaro, 8 mars 2007.

* 16 Le Figaro, 13 mars 2007.

* 17 Jean-Jacques Roche, op.cit ., p. 74.

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