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La Formation agricole et rurale dans la vallée du fleuve Sénégal : appui à la mise en place d'un cadre de pilotage régional

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par Xavier MALON
Université de Toulouse 1 Sciences sociales - Master 2 Pro Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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IV- QUATRIEME PARTIE - LA « LONGUE MARCHE » VERS LE PILOTAGE
PARTAGE

IV-1. LES « RÉSULTATS »

IV-1.1. Le diagnostic sur l'offre et la demande de formation, réalisé mi-2004 dans le delta du Fleuve Sénégal avec le BFPA.

Ainsi que nous l'annoncions plus haut, il s'agit de la toute première collaboration concrète, entre le RESOF et le BFPA. En réalité, il s'agit même de la première opération d'envergure commanditée par le Bureau de la formation professionnelle agricole ; créé officiellement mi 2003, il ne disposera de deux agents qu'à compter de septembre 2003. La lettre de mission de l'assistant technique, antérieure au démarrage du BFPA, prévoyait explicitement un appui à la réalisation « d'une étude sur l'état des lieux du dispositif de formation agricole et rurale ».

Cette étude était justifiée par une des recommandations de la stratégie nationale de FAR, pour la mise en oeuvre de laquelle le Bureau FPA avait été créé quelques mois plus tôt ; il s'agissait d'approfondir l'état des lieux réalisé en 1998, plus finement, pour en déduire des propositions concrètes de rénovation du dispositif de FAR.

Les coopérations suisse et française avaient donné leur accord pour cofinancer cette étude, et le BFPA les avait associé étroitement à sa préparation. C'est ainsi que la préférence avait été donnée à un exercice conduit sous forme participative avec les acteurs des deux régions retenues, plutôt qu'un travail plus classique de bureau d'études, dont l'appropriation par les intéressés s'arrête en général lors de la restitution-validation du travail des experts.

Le RESOF, déjà appuyé par le partenaire suisse, avait semblé être une porte d'entrée naturelle pour mener à bien ce travail dans la vallée du fleuve Sénégal, en s'appuyant sur ses membres et ses partenaires. Le diagnostic de l'offre et de la demande de formation agricole et rurale sera d'abord réalisé en Casamance en mai 2004, au sud du pays, puis reproduit en juillet dans la zone du delta ; une vingtaine d'hommes et de femmes appartenant aux organisations membres du Résof seront mobilisés durant près de trois semaines pour réaliser ce diagnostic participatif, avec le concours du BFPA et l'appui méthodologique de trois enseignants sénégalais et français55.

Basé sur l'utilisation d'entretiens de compréhension (une centaine au total, de groupe et individuels) conduits par petits groupes composés d'élus d'organisations paysannes, de techniciens et de formateurs, ce diagnostic a été doublement important :

· De par les informations qu'il a permis de mettre à jour ;

· De par le caractère collaboratif du travail, sur le terrain et durant les moments de dépouillement des entretiens et de leur analyse, qui a grandement facilité les échanges entre les acteurs, et permis à chacun d'eux de mieux appréhender le point de vue des autres catégories d'acteurs.

Pour disposer d'une vision plus exhaustive des résultats obtenus, nous conseillons au lecteur de prendre connaissance du document de capitalisation que le BFPA a mis en ligne sur ses pages web ; compte-tenu de l'espace limité dont nous disposons ici, nous ne pouvons que résumer ci- après les principaux enseignements tirés :

Enseignements sur l'offre de formation:

55 Dont deux de l'ex- CNEARC (Institut des Régions Chaudes, de SUPAGRO Montpellier)et un du CESAG Dakar.


· Les contenus témoignent d'une vision trop restrictive de la finalité des formations : finalité de transfert et non d'aide à la recherche de solutions.

· Un trop grand nombre de formations se résume à des recettes, soit techniques, soit organisationnelles, enseignées en cascade par des spécialistes ou des démultiplicateurs. Très peu prennent en compte les situations vécues par les gens et les processus d'innovation des paysans. Des représentations trop restrictives du rôle des formations, conçues et dispensées comme une succession de questions / réponses à des problèmes ponctuels, isolés des contextes économiques, sociaux et historiques.

· Déficit d'analyse des réalités agraires, camouflé par des jugements hâtifs et négatifs sur l'agriculture et les agriculteurs

· L'ambiguïté des méthodes dites « participatives » : Les populations sont « consultées » pour établir des programmes de planification stratégique, mais dans la pratique cela consiste uniquement à lister un inventaire de doléances (ou les « besoins ») puis à établir et faire valider une classification des priorités en fonction de l'offre institutionnelle préexistante

· Il existe beaucoup d'offres de formation, car la formation est devenue « une activité de projet ». La plupart des formations sont conçues comme des services marchands. Les procédures de mise en marché de ces formations aboutissent souvent à des formes bureaucratiques séparant arbitrairement analyse de la demande, conception et réalisation alors que certains cas illustrent l'intérêt d'une approche intégrée.

· Les formations s'adressent à un public de responsables d'OP qui se renouvellent peu dans un contexte où l'information ne diffuse pas en « tache d'huile ».

· L'offre de formation sur la gestion durable des systèmes financiers ruraux est rare, Alors même que l'accès au crédit ressort des entretiens comme LE facteur limitant

Sur la formation des producteurs

Pour réaliser de manière significative des formations d'agriculteurs à des coûts supportables par les économies locales, des efforts importants doivent être entrepris dans trois directions :

(D Impliquer les agriculteurs et leurs représentants dans les processus de réflexion et de construction des dispositifs de formation, au même titre que les opérateurs de formation.

(2) Réhabiliter les formations techniques agricoles basées sur l'observation, l'analyse des pratiques et itinéraires techniques en agriculture et en élevage.

Il s'avère nécessaire de remplacer les habituelles fiches de recettes et les enseignements méthodologiques sur l'organisationnel et la communication par du concret se référant à la situation des agriculteurs. Pour mettre en oeuvre cette rénovation pédagogique, il est indispensable de mettre l'accent sur une meilleure connaissance des systèmes de production agricole (diagnostics agro-socio-économiques partagés) et surtout d'avoir une bonne compréhension des dynamiques d'évolution des systèmes agraires. En effet, trop de formateurs ou de développeurs sont tentés par l'enseignement de « modèles » d'agricultures exogènes, sans même se donner la peine de comprendre les raisons qui motivent les pratiques des agriculteurs dans tel ou tel terroir. Il faut donc concevoir une offre de formation en terme d'appui au changement et de recherche de solutions.

® Elargir le public des agriculteurs formés.

. En privilégiant le recrutement d'individus sélectionnés pour leur position de leader ou de représentant de groupement d'agriculteurs, afin de suivre des formations, on ne crée pas les conditions pour amorcer « une formation de masse ». Par ailleurs, si on considère que le dispositif de formation doit favoriser les échanges d'expériences entre agriculteurs, afin de permettre une réelle appropriation des innovations, il est préférable de réaliser des

formations pour l'ensemble d'un groupe social, plutôt que par groupes de niveaux déterminés par la maîtrise de la lecture et de l'écriture ou du français.

Les voyages-visites signalés par les agriculteurs lors des entretiens sont un moyen efficace pour suppléer aux formations habituelles en salle.

Formation des agents

Il est essentiel de redonner aux écoles de formation initiale, comme l'école d'élevage de Saint Louis, les missions de former des techniciens et des agents de contact en trois ans à partir d'un recrutement au niveau BEPC. A leur sortie, ces techniciens travaillent en situation d'interface avec les agriculteurs. La réussite des projets de formation des agriculteurs et d'appui aux organisations professionnelles agricoles, l'efficacité des actions de conseil de l'Agence nationale de conseil agricole et rural (ANCAR) et la performance des projets économiques passent nécessairement par le renforcement des capacités professionnelles de cette catégorie d'acteurs.

Par contre, l'objectif de former des agriculteurs en trois ans pour en faire des entrepreneurs est totalement déconnecté de la réalité sociale et économique, même s'il est possible de trouver quelques exceptions.

sur la formation des jeunes ruraux

Pour les jeunes, il est souhaitable de concilier formation agricole (ce qui ne se limite pas aux itinéraires techniques) et formation aux métiers de l'artisanat, afin qu'ils soient en capacité d'exercer une pluri-activité en fonction des opportunités.

.../...

Compte tenu de l'intérêt enthousiaste manifesté par les participants, il avait été jugé souhaitable de « pérenniser » le groupe, baptisé Groupe d'ingénierie de formation, en veillant à son élargissement.

Ce travail collectif, réalisé dans une excellente ambiance, a permis de remobiliser les membres du Résof, et notamment ceux du pool Delta, le pool le moins actif56 ; en permettant à de multiples acteurs situés sur la production, la transformation de produits agricoles, les services, ainsi qu'aux élus locaux d'exprimer leurs préoccupations, sans cadre contraignant ; il a produit de l'information abondante pour l'avenir, dont peuvent s'emparer les acteurs situés sur l'offre de formation, et le pool Podor-Matam-Bakel ne cesse depuis de réclamer qu'un tel exercice de formation - action puisse se tenir dans sa zone d'intervention, et au bénéfice de ses membres.

Ces travaux connaîtront deux prolongements immédiats :

· L'organisation fin 2004, par le RESOF, d'un forum régional sur la nécessité d'un pilotage régional de la FAR, au côté des instances de régulation existantes et ouvert à tous les acteurs concernés, afin que les dispositifs de formation répondent plus efficacement à la résolution des problèmes des ruraux.

· La restitution, au plan national, des travaux conduits dans le delta et en Casamance
donnera lieu à une réactualisation de la stratégie nationale (SNFAR), en janvier 2005.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery