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L'agrobusiness: la clé de la convergence du taux de pression fiscale du Burkina Faso vers la norme communautaire

( Télécharger le fichier original )
par Evariste CONSIMBO
ENAREF - Inspecteur des Impôts 2012
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACE

A mon père CONSIMBO Germain et à ma mère OUEDRAOGO Aminata Pauline : ce travail est le fruit de votre amour, de votre éducation, de vos bénédictions et de vos prières.

A mes frères avec qui je partage le sang et l'éducation de nos parents, pour leur affection, leur compréhension et leur clairvoyance. « Sachez demeurer avec le souvenir de cette victoire et n'oubliez jamais comment vous y êtes parvenus. Nous y sommes parvenus parce que nous avons su obéir, nous avons su vouloir, nous avons su nous oublier les uns les autres pour un ensemble que nous avons jugé au dessus de chacun de nous ».

A mon épouse, ZABRE Rihanata et à mon enfant Donald Brian, n'oubliez jamais : « Le savoir est la plus grande des richesses : on le donne sans réussir à l'épuiser » a dit le sage Hampaté BA.

A mes amis avec qui je partage les réalités quotidiennes de la vie.


REMERCIEMENTS

«Si j'ai pu voir plus loin que les autres, c'est parce que je me suis appuyé sur des épaules de géants ». Albert Einstein - Discours lors de la cérémonie de remise du Prix Nobel de physique le 10 décembre 1922 à Berlin.

Loin de paraître extraordinaire et sans prétendre avoir vu plus loin que nos autres camarades du cycle A, nous voudrions cependant exprimer au début de ce mémoire, notre reconnaissance particulière à ces personnes qui ont été pour nous de véritables géants.

Nous remercions singulièrement notre directeur de mémoire, monsieur Bernard OUEDRAOGO, parce que malgré ses multiples occupations qui sont le corollaire de ses responsabilités, il a fait preuve d'une constante disponibilité pour non seulement nous conseiller, mais surtout nous inculquer le goût de la recherche emprunte de la rigueur scientifique.

Nos sincères remerciements vont également à l'ensemble des responsables administratifs et pédagogiques de l'ENAREF. Car, chacun en ce qui le concerne a oeuvré inlassablement pour notre formation.

Nous témoignons aussi notre reconnaissance à tous nos camarades de classe pour leur sens élevé de l'amitié. Ils n'ont ménagé aucun effort pour nous accompagner sur les sentiers quelquefois semés d'embûches de la recherche du savoir.

Même si le sigle, forcément anonyme des institutions, rend difficilement justice à tous ceux qui les animent et que nous remercions collectivement sans pouvoir les citer, nous ne saurions pour autant ignorer les différentes structures qui nous ont aidés. Il s'agit en particulier de la Direction Générale des Impôts, de la Maison de l'Entreprise du Burkina, de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, et du Ministère de l'Agriculture.

A tous ceux qui nous ont, d'une manière ou d'une autre prêté leur concours à la réalisation de ce mémoire, que chacun y trouve, le couronnement de l'effort consenti pour nous.

AVANT-PROPOS

Ce travail de recherche s'inscrit dans le cadre de la formation en vue de l'obtention du diplôme du cycle A de l'Ecole Nationale des Régies Financières. Dans ce contexte, le mémoire est un document dactylographié d'au plus cinquante (50) pages, traitant d'un thème qui présente un intérêt certain pour l'Administration économique et financière.

C'est pourquoi, le présent mémoire qui s'intitule : « l'agrobusiness : la clé de la convergence du taux de pression fiscale du Burkina Faso vers la norme communautaire » est traité sur quarante neuf (49) pages. Outre l'introduction (3 pages) et la conclusion (2 pages), le document comprend deux parties. La première comporte deux chapitres de douze (12) pages chacun. Quant à la deuxième partie, elle comprend un premier chapitre de sept (7) pages et un second de treize (13) pages. Ce déséquilibre apparent au niveau de la deuxième partie s'explique par l'importance accordée aux propositions en vue de l'amélioration de la mobilisation des recettes fiscales, une fois que le diagnostic sur les déterminants du rendement fiscal dans le secteur agricole ait été établi.

Il convient de noter que malgré le concours de plusieurs personnes de bonne volonté quelques difficultés ont été rencontrées lors des travaux de recherches. Elles ont été relatives à la quasi absence de publications connues au Burkina Faso dans le domaine de l'agrobusiness. Elles ont eu trait aussi à l'indisponibilité de certaines administrations en rapport avec la collecte des informations. En outre, elles ont été consécutives à l'insuffisance des moyens financiers alloués en considération du type de mémoire qui nécessite non seulement une démarche d'observation substantielle, mais surtout une étude empirique rendue possible par des enquêtes de terrain.

Nous avons conscience que ce document comporte des lacunes et des imperfections car, comme on le dit « la perfection n'est pas de ce monde ». Cependant, notre désir profond est qu'il puisse être un outil d'aide à la décision aux mains des autorités administratives et politiques pour lesquelles la faiblesse de la mobilisation des recettes fiscales constitue depuis quelques années un sujet de vives préoccupations.

LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS

DGI : Direction Générale des Impôts

ENAREF : Ecole Nationale des Régies Financières

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

HT : Hors Taxes

IBICA : Impôt sur les Bénéfices Industriels, Commerciaux et Agricoles

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

IUTS : Impôt Unique sur les Traitements et Salaires

IS : Impôt sur les Sociétés 

NTS : Nomenclature Tarifaire et Statistique

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PCS : Prélèvement Communautaire de Solidarité

PIB : Produit Intérieur Brut

SOFITEX : Société nationale des Fibres Textiles

TEC : Tarif Extérieur Commun

TPA : Taxe Patronale et d'Apprentissage

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

TTC : Toutes Taxes Comprises

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

SOMMAIRE

INTRODUCTION - 1 -

PREMIERE PARTIE: APPROCHE DEFINITIONNELLE DES CONCEPTS ET ANALYSE DES REALITES SOCIO-ECONOMIQUES - 4 -

CHAPITRE I: NOTIONS DE PRESSION FISCALE ET D'AGROBUSINESS - 4 -

SECTION I: LA PRESSION FISCALE - 4 -

SECTION II : L'AGROBUSINESS - 11 -

CHAPITRE II : ANALYSE DES REALITES SOCIO-ECONOMIQUES DE L'AGROBUSINESS AU BURKINA FASO - 16 -

SECTION I : L'IMPORTANCE DE L'AGROBUSINESS - 16 -

SECTION II : LA FISCALITE APPLICABLE A L'AGROBUSINESS - 20 -

DEUXIEME PARTIE : DIFFICULTES D'APPREHENSION DU SECTEUR ET PERSPECTIVES - 28 -

CHAPITRE I: LES DETERMINANTS DU RENDEMENT FISCAL DANS LE SECTEUR AGRICOLE - 28 -

SECTION I: LES CAUSES DE LA FAIBLESSE DU RENDEMENT FISCAL - 28 -

SECTION II : LES ACTIONS PREALABLES - 31 -

CHAPITRE II : LA NECESSITE D'UNE FISCALITE PLUS ADAPTEE - 35 -

SECTION I : LA JUSTIFICATION DE L'IMPOSITION - 35 -

SECTION II: LES PRINCIPES DIRECTEURS D'IMPOSITION DE L'AGROBUSINESS - 41 -

CONCLUSION - 48 -

TABLE DES MATIERES - 50 -

BIBLIOGRAPHIE A

ANNEXES D

INTRODUCTION

Dans le cadre de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le Burkina Faso s'est engagé avec le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo pour une intégration économique et monétaire. Dans cette union communautaire, afin de permettre aux pays membres d'atteindre les principaux objectifs qu'ils se sont fixés, plusieurs critères de convergence pour l'harmonisation des politiques économiques ont été édictés. Parmi ces critères de convergence, figure le taux de pression fiscale établi à 17 % du Produit Intérieur Brut (PIB) au minimum1(*).

Cependant, force est de constater que bien que le taux de pression fiscale du Burkina Faso ait passé de 10.9 % en 2000 à 13 % en 2010, soit un gain de 2.1%, il reste encore loin de la norme communautaire. Cela traduit un écart entre les capacités de mobilisation des ressources par rapport à la croissance économique. Pour beaucoup d'auteurs comme Gabriel ARDANT, Pierre BELTRAME et Maurice LAURE, la faiblesse du rendement fiscal s'explique essentiellement par la médiocrité de la production nationale ; l'impôt ne pouvant frapper que la différence entre la production et la consommation. Or cette différence est réduite voire inexistante du fait de la pauvreté. En d'autres termes, « la capacité contributive globale d'une nation varie en fonction directe de la productivité économique »2(*).

Pourtant, s'il est vrai que le faible niveau de la productivité et la pauvreté expliquent le faible rendement de l'impôt, on peut aussi affirmer avec Pheuiphanh NGAOSYVATHN que la pression fiscale est faible parce que les pouvoirs publics ne la déterminent pas en fonction des données propres de leurs économies. C'est pourquoi en ce qui concerne le Burkina Faso, il n'est pas superflu aujourd'hui de s'intéresser à la fiscalité du secteur agricole. En effet, ce secteur économique occupe 80% de la population active et participe pour 40% à la formation du PIB du pays3(*). Mieux, ces dernières années, l'agriculture burkinabé tend à se mécaniser; et cela relève d'une politique du gouvernement qui est convaincu que l'autosuffisance alimentaire doit rompre avec les pratiques rudimentaires de culture. C'est ainsi que l'on parle d'agrobusiness si bien que l'on peut penser que cette forme d'agriculture impacte positivement le niveau de l'économie nationale (création d'emplois, investissement, rentabilité...).

Or, malgré son importance dans la formation du PIB du pays, le secteur agricole contribue peu ou proue à l'amélioration de la mobilisation des ressources fiscales. Cette situation contribue donc à expliquer le faible taux de pression fiscale du Burkina Faso. Ainsi, aujourd'hui plus que jamais, la problématique de la fiscalité du secteur agricole en général et plus particulièrement de l'agrobusiness se pose avec acuité. Comment améliorer le taux de pression fiscale du Burkina Faso par la contribution fiscale de ces nouveaux acteurs économiques sans compromettre la réalisation des objectifs poursuivis par la stratégie de développement agricole? C'est pour répondre à cette question que nous nous proposons de mener une étude sur le sujet à travers le thème de mémoire intitulé « L'agrobusiness: la clé de la convergence du taux de pression fiscale du Burkina Faso vers la norme communautaire ».

L'objectif global visé par le présent travail de recherche est d'analyser le phénomène de l'agrobusiness en vue de trouver les voies et moyens permettant la participation de ce secteur économique à la mobilisation des recettes fiscales. Plus spécifiquement il s'agira :

Ø de déterminer qui sont les agro businessmen et quelle est la fiscalité qui leur est applicable ;

Ø d'analyser la relation qui existe entre le taux de pression fiscale et le niveau de l'activité économique ;

Ø d'étudier les déterminants de la mobilisation des recettes fiscales de ces acteurs économiques ;

Ø de proposer le meilleur mode de fiscalisation du secteur.

Pour ce faire, nous formulons les hypothèses suivantes:

· les mutations intervenues récemment dans le système productif agricole sont significatives; elles s'accompagnent d'une progression continue des richesses produites qui améliorent les recettes fiscales.

· le niveau de mobilisation des ressources fiscales dans le secteur est tributaire de la capacité organisationnelle aussi bien de l'administration fiscale que des agro businessmen eux mêmes.

Pour vérifier les hypothèses et atteindre les objectifs, nous avons adopté la démarche méthodologique suivante qui a comporté deux étapes :

ü un inventaire des publications: il s'agit d'une recherche documentaire qui a consisté à collecter des renseignements bibliographiques constitués de travaux de chercheurs, de mémoires d'étudiants, de publications d'institutions spécialisées, et d'articles de revues ayant un rapport avec les différents aspects du thème traité ;

ü des enquêtes de terrain: elles nous ont éclairés sur le choix des sites et de la population cible. S'agissant des sites, le choix a été porté sur les grandes régions agricoles du Burkina Faso à haute intensité de culture de rente. Quant à la population cible, elle a été choisie en fonction des informations à recueillir. Elle a ainsi concerné des agro businessmen, des organisations paysannes, des décideurs politiques et plusieurs agents de différentes administrations et institutions.

La structure du présent mémoire comporte deux parties. La première élucide les notions de pression fiscale et d'agrobusiness. Elle examine également la fiscalité applicable aux agro businessmen. Quant à la deuxième partie, elle s'intéresse aux déterminants de la mobilisation des recettes fiscales au niveau des acteurs de l'agrobusiness et surtout formule des propositions pour un meilleur mode de fiscalisation du secteur.

PREMIERE PARTIE: APPROCHE DEFINITIONNELLE DES CONCEPTS ET ANALYSE DES REALITES SOCIO-ECONOMIQUES

Comprendre les contours théoriques et pratiques des notions de base, revêt une importance évidente et fera l'objet de cette première partie. Elle se présentera en deux chapitres : le premier traitera des concepts de pression fiscale et d'agrobusiness, tandis que le second analysera les réalités socio-économiques de l'agrobusiness au Burkina Faso.

CHAPITRE I: NOTIONS DE PRESSION FISCALE ET D'AGROBUSINESS

SECTION I: LA PRESSION FISCALE

Il convient de bien cerner le sens de la pression fiscale en la distinguant des notions voisines. En outre, il faut s'intéresser à la relation qui existe entre le taux de pression fiscale et la croissance économique.

Paragraphe 1: Définition et caractéristiques de la pression fiscale

1. Définition et mode de détermination de la pression fiscale
a. Définition de la pression fiscale

Quand bien même certains auteurs considèrent la pression fiscale comme un rapport qualitatif4(*), l'usage courant l'appréhende comme un rapport quantitatif. Il sied alors de se conformer à ce dernier. Ainsi, la pression fiscale (ou rendement fiscal ou coefficient fiscal) se définit comme le rapport existant entre le prélèvement fiscal subi par une personne, un groupe social ou une collectivité territoriale et le revenu dont dispose cette personne, ce groupe ou cette collectivité.

Au niveau de la nation, la pression fiscale représente l'importance relative du total des impôts et des taxes (prélevés pour le budget de l'Etat, des collectivités locales et des institutions communautaires) par rapport au niveau des ressources économiques. C'est donc une grandeur macroéconomique dont le taux est défini par rapport au PIB et traduit l'effort de recouvrement des recettes par l'Etat pour faire face à ses charges. C'est cet agrégat qui sera privilégié dans la présente étude.

S'agissant de la pression fiscale de groupe, celle-ci mesure le poids fiscal supporté par telle catégorie sociale donnée (salariés, agriculteurs, professions libérales, industriels...) et la compare à celle supportée par les autres catégories sociales ou à la pression fiscale nationale5(*).

Quant à la pression fiscale individuelle, elle permet de situer l'individu par rapport au groupe ou à la nation. A ce niveau microéconomique, on privilégie le terme « charge fiscale ».

Par ailleurs, il faut distinguer la notion de taux de pression fiscale de certaines notions voisines que sont le taux de prélèvements obligatoires et l'effort fiscal. S'agissant des prélèvements obligatoires, ceux-ci sont constitués de deux types : les impôts et les taxes d'une part, et les prélèvements sociaux (cotisations sociales) d'autre part. Quant à l'effort fiscal, il est la pression ou la charge fiscale telle que ressentie par le contribuable ; c'est donc une notion quelque peu subjective.

Toutes ces notions procèdent d'un mode de détermination préalablement défini.

b. Mode de détermination de la pression fiscale

Tel qu'il ressort de la définition, le taux de pression fiscale est le rapport de deux agrégats macroéconomiques : les prélèvements fiscaux et le PIB. Que recouvrent donc les notions de prélèvements fiscaux et de PIB ? La réponse à cette question permettra d'analyser la fiabilité de la pression fiscale par rapport à la réalité économique.

Ø Les prélèvements fiscaux

Il s'agit essentiellement des recettes fiscales. Dans la directive n°04/98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998 portant nomenclature budgétaire de l'Etat, « les recettes fiscales sont constituées des paiements sans contrepartie et non remboursables, effectués au profit des administrations. Elles comprennent également les droits et frais perçus par les administrations n'ayant aucune commune mesure avec le coût ou l'ampleur du service fourni au payeur ». Il s'agit techniquement des impôts stricto sensu et des taxes.

Or, les critères qui permettent de dessiner la sphère des prélèvements fiscaux sont ambigus et litigieux. En effet, si l'on se réfère par exemple à la Loi n°042-98-AN du 06 Août 1998 portant organisation et fonctionnement des collectivités locales, il apparaît que beaucoup de recettes de l'exploitation des services et certaines recettes du domaine se distinguent difficilement des impôts et taxes. Il en est ainsi de la taxe d'abattage, de la redevance de balayage et d'enlèvement des ordures, des droits de place dans les marchés, les foires et le parc à bestiaux, des redevances pour occupations du domaine communal, ...

En outre, dans la nomenclature budgétaire de l'Etat, des droits et frais administratifs (recettes de services) figurent dans la rubrique des recettes non fiscales alors même qu'il est difficile de démontrer que ces versements effectués au profit du budget de l'Etat sont soit des versements volontaires ou que leur montant correspond à la valeur du service rendu. C'est le cas par exemple des tarifs de péage, des droits de chancellerie pour les distinctions honorifiques, des tarifications des prestations sanitaires, des taxes sur les produits soumis au contrôle de la qualité (taxes d'inspection phytosanitaires). Il en est de même des amendes et condamnations pécuniaires qui sont des recettes provenant majoritairement des organes publics de répression.

Ø Le Produit Intérieur Brut

Le PIB est un indicateur économique utilisé pour mesurer la valeur de l'ensemble des biens et services produits sur le territoire d'un pays donné au cours d'une période donnée (en général une année) quelle que soit la nationalité des producteurs. Il peut être déterminé de trois manières : par la production, par les dépenses et par les revenus.

Quelques limites sont reconnues au PIB. L'illustration de l'une d'elle est ce que l'on nomme le standard de l'aspirine : « en augmentant le PIB, nous attrapons des migraines, alors nous produisons de l'aspirine pour soulager les migraines et nous nous félicitons que cette augmentation supplémentaire du PIB a augmenté notre niveau de vie ». Il y a aussi le sophisme de la vitre cassée : « si un pays rétribuait 10% des gens pour détruire des biens, faire des trous dans les routes, et 10% pour réparer, boucher les trous, il aurait le même PIB qu'un pays où ces 20% d'emplois seraient consacrés à améliorer l'espérance de vie en bonne santé ou le niveau d'éducation ».

En somme le PIB ne reflète ni la nature de l'activité, ni l'impact que cette activité peut avoir.

Ø La fiabilité de la pression fiscale

Même si la comparaison entre pays des taux de pression fiscale est d'un usage fréquent, elle est en réalité peu pertinente. En effet, le niveau atteint dans un pays donné par les prélèvements fiscaux constitue plutôt un indicateur de socialisation de certaines dépenses. Les chiffres doivent être nuancés par le fait que les prélèvements fiscaux sont d'un point de vue « trop étroits », en ce sens qu'ils ne correspondent pas à la totalité des recettes publiques.

Or, la distinction entre recettes fiscales et recettes publiques peut être dépourvue de signification économique. La comparaison entre niveaux de recettes publiques serait plus pertinente pour évaluer le poids de la sphère publique dans l'économie.

2. Caractéristiques de la pression fiscale dans l'UEMOA

L'analyse du tableau ci-dessous permet de constater la disparité et l'accroissement continu des taux de pression fiscale des Etats membres de l'UEMOA.

a. L'accroissement continu des taux de pression fiscale

L'analyse dynamique des taux de la pression fiscale dans l'UEMOA permet de constater une tendance générale à l'accroissement de la pression fiscale. L'accroissement continu du taux de pression fiscale est du reste une donnée à laquelle les Etats n'ont échappé qu'exceptionnellement.

b. La disparité des taux de pression fiscale

Si la norme communautaire de 17% est même dépassée par certains pays (Sénégal avec 18%) d'autres en revanche peinent à s'en approcher (Burkina Faso avec 12.6%). Cette situation repose les questions sur le bien fondé de l'harmonisation des mesures fiscales et sur la pertinence des outils de surveillance de la convergence des normes applicables à des pays dont les atouts économiques ne sont pas du tout homogènes.

Après tout, quel intérêt économique existe-t-il pour l'UEMOA à fixer le taux à 17% c'est-à-dire loin des réalités actuelles des pays membres ? La réponse à cette question se trouve dans l'étude de la relation qui existe entre la fiscalité et le niveau de l'activité économique.

Paragraphe 2: Débats théoriques sur la relation « fiscalité-niveau de l'activité économique »

1. Rôle de l'Etat dans l'économie

Le rôle de l'Etat a été différemment traité selon les écoles de pensée. Deux pensées ont essentiellement influencé l'importance de l'Etat et des finances publiques dans l'économie: la pensée classique et la pensée keynésienne.

a. La position des classiques

Les doctrines classiques s'ordonnent autour de la théorie de l'Etat libéral. Pour les classiques, les cycles économiques sont des processus naturels qui ne requièrent aucune action de la part de l'Etat. A ce sujet, Adam Smith dit ceci : « puisque tout individu s'efforce autant qu'il est capable d'employer son capital dans l'intérêt de l'industrie nationale, et de diriger ainsi cette industrie de telle sorte que son produit soit la plus grande possible, ... en agissant ainsi, il n'a d'autre but que son propre gain et, est, en ceci comme beaucoup d'autres cas, conduit par une main invisible, à réaliser une fin qui n'était nullement dans ses intentions 6(*)».

Ainsi, les classiques croient que les actions et interactions économiques aboutissent à la formation d'un ordre spontané et qu'une intervention de l'Etat ne ferait qu'entraver la bonne marche de l'économie. David RICARDO7(*) affirmait à ce propos : « la fiscalité, sous toutes ses formes, n'offre qu'un choix de maux ». Il dénonça le rôle néfaste des prélèvements fiscaux sur la croissance de l'Angleterre entre 1793 et 1815 en ces termes: « ...il faut reconnaître que sans les prélèvements de l'impôt, cet accroissement de la richesse eût été bien plus rapide... ».

Dans une telle situation, il est simplement admis que l'impôt est consenti dans le but d'assurer la permanence de l'État et le fonctionnement régulier des grands services publics. Ainsi, il était interdit l'interventionnisme de l'Etat dans l'économie. Il a fallu attendre le XXème siècle pour assister à une remise en cause de cette conception par l'économiste anglais, John Maynard Keynes.

b. La pensée keynésienne

C'est avec la pensée keynésienne que l'Etat et les finances publiques auront une prépondérance dans l'économie. Pour Keynes8(*), l'initiative privée ne peut aboutir à aucun équilibre sur aucun marché. De ce fait, l'intervention de l'Etat se justifie. L'interventionnisme fiscal succède alors au neutralisme fiscal.

Il s'agit pour l'Etat d'agir sur le niveau de la demande globale en vue de relancer l'activité en cas de sous-emploi et de la freiner en cas de situation inflationniste. A cet effet, le rôle économique de l'impôt est multiforme. Il peut être direct (détaxation et surtaxation) ou indirect (utilisation des dépenses publiques). A titre d'exemple :

- l'impôt peut être utilisé pour combler les « failles du marché », notamment en ce qui concerne les biens collectifs ;

- à travers des mesures d'allègements fiscaux, l'Etat stimule l'investissement, la consommation et de manière générale le développement économique ;

- l'impôt fournit les ressources pour créer les infrastructures de base indispensables aux investissements des particuliers (routes, barrages, centrales hydro- électrique, chemins de fer, ...).

Le rôle de l'impôt s'est alors diversifié avec les nouvelles fonctions reconnues à l'Etat moderne. C'est ainsi qu'un triple rôle est assigné à l'impôt : un rôle financier, un rôle social et un rôle économique. Cependant, y a-t-il une relation de causalité entre le niveau des prélèvements fiscaux et celui de la croissance économique?

2. Relation « taux de pression fiscale - croissance économique »

La relation « pression fiscale - croissance économique » n'est pas simple à effectuer, car elle mobilise de nombreuses variables économiques, au premier rang desquelles on peut citer la consommation, l'investissement, l'épargne, le déficit public, la dette publique. Ainsi, il convient d'analyser cette relation dans les deux sens de causalité qu'elle sous-entend, à savoir, dans un premier temps le lien entre la pression fiscale et la croissance économique, et dans un second temps le lien entre la croissance économique et la pression fiscale.

a. L'effet de la pression fiscale sur la croissance économique

Un niveau élevé de prélèvements obligatoires peut exercer des effets négatifs sur l'activité économique: des effets sur les comportements des ménages, des effets sur les coûts du travail des entreprises, des effets sur la rentabilité des investissements des entreprises. A ce sujet, M. Friedman9(*) écrit : «  il apparaît à l'évidence que si l'on accroît la fiscalité..., il en résulte incontestablement une réduction du revenu disponible de ceux qui sont frappés par cet impôt, une baisse des ressources qu'ils peuvent affecter à leur dépense, et par voie de conséquence, une diminution de la demande globale ».

Toutefois, l'impact sur la croissance dépend de l'affectation des prélèvements obligatoires. En fait, il faut avoir de bons prélèvements. Or, « le prélèvement est bon si l'Etat en fait un meilleur emploi que les particuliers ; il est mauvais dans le cas contraire10(*) ».

b. L'effet de la croissance économique sur la pression fiscale

Selon BELTRAME, le système fiscal dépend étroitement du système économique en vigueur dans la société considérée. A ce propos, Maurice LAURE a formulé une loi  selon laquelle la contribution globale d'une nation varie en fonction de la productivité économique.

Exposant cette loi, MEHL et BELTRAME écrivent ce qui suit : « cette loi s'explique par le fait que lorsque le revenu national s'élève, le nombre de contribuables imposables ainsi que la fraction des ressources susceptibles d'être atteinte par l'impôt sur le revenu à des taux de plus en plus élevés augmentent. En outre, une partie des ressources supplémentaires non atteinte par l'impôt sur le revenu, est consommée et atteinte par l'impôt sur la dépense11(*)».

SECTION II : L'AGROBUSINESS

Un bref aperçu sur l'agriculture dans le monde sera présenté avant d'élucider la notion d'agrobusiness. Cela permettra d'une part, de distinguer l'agrobusiness de l'agriculture sans les séparer, d'autre part, de les unir sans les confondre.

Paragraphe 1: Présentation de l'agriculture dans le monde

L'agriculture est une activité traditionnelle et fondamentale de la civilisation humaine. Son apparition dans les sociétés préhistoriques marque le passage des sociétés vivant de la chasse et de la cueillette aux sociétés ayant domestiqué des espèces animales et végétales. C'est donc une étape importante de l'évolution du genre humain.

Aussi, définir l'agriculture permettra de cerner les différents systèmes agricoles dans le monde.

1. Définition de l'agriculture

En économie politique, l'agriculture est définie comme le secteur d'activité dont la fonction est de produire un revenu financier à partir de l'exploitation de la terre (culture), de la forêt (sylviculture), de la mer, des lacs et des rivières (aquaculture, pêche), de l'animal de ferme (élevage) et de l'animal sauvage (chasse).

Dans le langage courant, on distingue pour plus de commodité, l'agriculture au sens strict (culture ou travail de la terre) qui concerne la production végétale, de l'élevage qui, elle concerne la production animale. La culture est divisée en grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux et quelques légumes), en arboriculture fruitière, en viticulture, en sylviculture et en horticulture. Quant à l'élevage, elle vise à faire naître des animaux pour la consommation directe (viande) ou pour leurs produits (lait, oeuf, laine, miel...).

En vue d'un meilleur affinement des recherches, la présente étude est essentiellement consacrée à l'agriculture stricto sensu. Par ailleurs, on distingue plusieurs systèmes agricoles selon leur mode de fonctionnement et leur impact socio-économico-environnemental.

2. Les systèmes agricoles dans le monde

De la révolution néolithique via la révolution verte jusqu'à nos jours, plusieurs systèmes agricoles ont pu être identifiés : l'agriculture intensive, l'agriculture biologique, l'agriculture durable, l'agriculture raisonnée, l'agriculture biodynamique, l'agriculture de subsistance, l'agriculture extensive, l'agriculture paysanne, l'agriculture vivrière, l'agriculture de rente, l'agriculture de précision. Il sera successivement abordé d'une part, l'agriculture extensive, pour la similitude de ses caractéristiques avec l'agriculture burkinabé, d'autre part, l'agriculture intensive au regard de la politique agricole actuelle.

a. L'agriculture extensive

L'agriculture extensive est un système de production agricole qui ne maximise pas la productivité à court terme du sol en ne faisant pas appel à des intrants chimiques, au drainage, mais plutôt aux ressources naturelles présentes sur place. Pratiquée généralement sur de vastes étendues, elle se caractérise par des rendements à l'hectare relativement faibles et par un grand nombre d'emplois par quantité produite.

L'agriculture extensive s'oppose à l'agriculture intensive.

b. L'agriculture intensive

L'agriculture intensive est axée sur l'accroissement de la productivité physique. Cet accroissement de productivité physique s'exprime par un accroissement du volume de production rapporté aux quantités de moyens utilisés. Elle fait appel à des équipements et à des techniques modernes (machinisme agricole, irrigation et drainage des sols...) de même qu'à des agrofournitures achetées (semences, engrais, pesticides...).

L'agriculture moderne intensive implique l'optimisation de l'emploi des moyens de production (foncier, travail, capitaux) en fonction des prix des produits livrés sur le marché. Elle permet l'augmentation très forte des rendements et par voie de conséquence la production agricole, et de diminuer corrélativement les coûts de production. Peut-on pour autant rapprocher la notion d'agriculture intensive à celle d'agrobusiness ?

Paragraphe 2: L'agrobusiness : une notion polysémique

L'agrobusiness n'est pas uniformément appréhendé à travers le monde. Dans ce paragraphe nous nous intéresserons à la perception burkinabé de l'agrobusiness; mais auparavant élucidons la vision occidentale.

1. La vision occidentale

La conception quasi unanime en Occident distingue l'agrobusiness de l'agriculture. Selon cette conception, l'agriculture est intégrée dans un système appelé agrobusiness et ce dernier désigne l'ensemble des activités économiques liées à l'agriculture moderne et nécessaire à son fonctionnement. Ainsi, l'agrobusiness comprend d'abord les activités "d'amont"12(*) au service de l'agriculture, ensuite les activités "centrales"13(*), et enfin les activités "d'aval"14(*) qui transforment et commercialisent les denrées agricoles ».

2. La perception burkinabè

Dans le paysage burkinabé, il faut déterminer le contenu de l'agrobusiness, évoquer les limites de cette définition de même que les critères d'identification des agro businessmen. Avant tout, il faut aborder la naissance de l'agrobusiness.

a. Naissance de l'agrobusiness au Burkina Faso

L'agrobusiness n'est pas une tradition des pratiques culturales burkinabé. En effet, c'est seulement, à la fin des années 90, l'Etat Burkinabé a initié une politique d'incitation d'investissement dans la production agricole par des investisseurs privés. Cette politique consécutive aux déficits chroniques de la production agricole, visait à surmonter les insuffisances de l'agriculture familiale considérée comme peu performante, peu ouverte aux innovations et à la professionnalisation.

A ce sujet, en juillet 2002, le ministre de l'Agriculture du Burkina Faso affirmait : « le secteur agricole du pays souffre d'un manque de professionnalisme terrible. Le paysannat, c'est bien beau, mais il lui faut une autre dimension, celle de l'entreprenariat agricole car on n'a jamais vu dans aucun pays, une agriculture émergée sans des professionnels, des gens qui viennent d'autres branches pour acquérir ou diffuser des connaissances et gagner leur vie (...) qui vont avoir des superficies plus grandes, employer même des ouvriers agricoles ».

Depuis lors, de nombreux acteurs non ruraux, qualifiés d'agro businessmen ou de nouveaux acteurs, se sont engagés dans l'acquisition de terres en milieu rural. Toutefois, ces nouveaux investisseurs en milieu rural restent une nébuleuse très méconnue sur plusieurs plans.

b. Définition de l'agrobusiness

Il n'y a pas de définition à proprement dite de l'agrobusiness au Burkina Faso. Cependant, selon le rapport de synthèse préparatoire du "forum des nouveaux acteurs", sont qualifiés comme agro businessmen, "l'ensemble des producteurs provenant du monde des fonctionnaires, des salariés, des jeunes agriculteurs/trices et des opérateurs économiques dont l'activité est de générer un surplus important de production agricole commercialisable. En d'autres termes, ceux qui investissent ou qui cherchent des opportunités d'investissement dans le secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance alimentaire." (Ministère de l'Agriculture, 1999).

Une telle définition de l'agrobusiness présente des limites.

c. Limites de la définition

Comme on peut le constater, cette définition comporte certaines imprécisions :

- d'une part, dans certaines zones du pays, les paysans ne se contentent plus de l'autosuffisance alimentaire. Une très grande part de leur production céréalière est destinée aux marchés urbains ou même à certains pays limitrophes ;

- d'autre part, cette définition ne permet pas non plus de préciser la différence entre agro businessmen et les gros producteurs ruraux. Qualifiés souvent de "paysans modèles", ils sont bien équipés et certains d'entre eux disposent d'équipements modernes, cultivent sur des grandes superficies, utilisant de plus en plus des intrants agricoles et combinant à la fois main-d'oeuvre salariée et force de travail familiale.

C'est pourquoi des critères d'identification des agro businessmen ont été arrêtés par le Ministère de l'Agriculture en vue de palier à ces insuffisances.

d. Critères d'identification des agro businessmen

Le principal critère retenu par le Ministère de l'Agriculture du Burkina pour identifier les agro businessmen est la vente d'au moins 50% de la production de l'exploitation.

Il est évident que dans l'optique d'une imposition du bénéfice agricole, le fiscaliste ne saurait se satisfaire d'une telle approche.

CHAPITRE II : ANALYSE DES REALITES SOCIO-ECONOMIQUES DE L'AGROBUSINESS AU BURKINA FASO

Les discours sur les agro businessmen ne s'appuient pas sur des données empiriques rigoureuses, comme par exemple leur importance statistique, la répartition géographique, la nature et l'importance de leurs productions, leurs manières de produire, les modalités d'accès à la terre, leurs rapports avec les autres acteurs. En outre, la modernisation du secteur ne s'accompagne pas forcement de celle de la fiscalité y afférente.

SECTION I : L'IMPORTANCE DE L'AGROBUSINESS

Il sera traité de la typologie des agro businessmen c'est-à-dire leurs origines socioprofessionnelles avant de présenter les données statistiques de l'agrobusiness au Burkina Faso.

Paragraphe 1: La typologie des agro businessmen

Sur le plan des origines socioprofessionnelles, les agro businessmen se caractérisent par une grande diversité que l'on peut regrouper par catégories. ZONGO Mahamadou, dans son étude sur  «la dimension foncière de l'agrobusiness au Burkina Faso » a fait la classification suivante :

1. Les salariés

Cette catégorie regroupe les fonctionnaires en activités ou en détachement notamment auprès des projets de développement et les salariés du secteur privé. Certains salariés du privé bénéficient parfois de traitements salariaux substantiels tout comme les agents de l'Etat détachés dans les projets. Ils disposent d'un capital de relations sociales très utile dans les démarches administratives et dans l'accès aux informations. Ils sont actuellement les plus nombreux et représentent 52% des agro businessmen15(*).

2. Les opérateurs économiques

Cette catégorie regroupe les "patrons" du secteur privé qui disposent souvent d'un capital substantiel, l'esprit d'initiative, une connaissance des opportunités du marché. On peut donc faire l'hypothèse que c'est dans cette catégorie que l'on rencontrera ceux qui cherchent à se faire de l'argent et un avenir dans l'agriculture. Ils représentent 19% des acteurs recensés.

3. Les hommes politiques

Dans cette catégorie sont regroupés les ministres, les députés, les présidents d'institutions, les gouverneurs, les Hauts commissaires, les maires, les secrétaires généraux des ministères, les chefs de cabinet des institutions etc. L'un des avantages de cette catégorie est qu'elle est au coeur des choix politiques, des affectations budgétaires ainsi que la production des textes législatifs. De tous les acteurs, ils sont les mieux placés pour détecter les nouvelles opportunités. Cependant, leur présence parmi les agro businessmen soulève quelques questions ; en effet en quoi l'agriculture constitue réellement une opportunité pour les agents de cette catégorie ? Ils représentent au total 14% des acteurs recensés.

4. Les autres

Dans cette catégorie, on retrouve surtout des projets, des associations de confessions religieuses, particulièrement protestante, catholique et dans une moindre mesure quelques musulmans (maîtres coraniques). Ils représentent environ 7% des nouveaux acteurs.

5. Les inconnus

Les inconnus sont constitués de l'ensemble des personnes dont la fonction n'a pas pu être précisée lors de l'enquête ; ils représentent 8% des enquêtés.

Source: Graphique construit sur la base des données de l'enquête de terrain de Zongo Mahamadou

Paragraphe 2: Statistiques de l'agrobusiness au Burkina Faso

L'information statistique nécessaire pour pouvoir isoler suffisamment les données relatives à l'agrobusiness n'est pas disponible. En conséquence, on ne peut pas obtenir le quota qui correspond à la production en provenance des activités de l'agrobusiness. Ainsi, il sera abordé successivement les cultures céréalières, les cultures de rente et les cultures maraîchères et fruitières

1. Les cultures céréalières

L'évolution des principales cultures céréalières est montrée par le tableau ci-dessous. La majeure partie des terres cultivées (85%) est consacrée à la production des céréales. A coté de ces principales cultures on peut citer d'autres cultures complémentaires telles le niébé, le manioc, la patate, l'igname...

2. Les cultures de rentes

Occupant plus de 12% des terres cultivées, les cultures de rentes ont comme figure de proue, le coton dont les statistiques de 2009 montrent que sa production atteint 700 000 tonnes/an. Une bonne partie de la production est exportée vers l'Extrême-Orient et l'Europe. Dans la balance commerciale, le coton a supplanté depuis une dizaine d'année les produits de l'élevage pour être le premier produit d'exportation jusqu'en 2009.

3. Les cultures maraichères et fruitières

Activités de saison sèche, cette production maraîchère et fruitière s'est développée pour répondre aux besoins des citadins mais aussi pour l'exportation. On peut citer en effet, le haricot vert, les tomates, les mangues, les anacardes, les agrumes, les pommes de terre, les oignons bulbes, ...

En 2006, la production de la filière anacarde au Burkina Faso a été estimée à près de 25 00016(*) tonnes dont 90 à 95% ont été exportées. Malheureusement, les contraintes d'ordre organisationnel, l'insuffisance de promotion, les problèmes de normes de qualité et les difficultés d'accès au marché ont conduit des producteurs du Sud-ouest désenchantés, à détruire leurs plantations pour y semer du maïs en 2007.

Pour la filière mangue, les statistiques de la campagne 2008 indiquent une production totale de 71 00017(*) tonnes de mangues fraîches. Le marché national ayant absorbé 32 714 tonnes, l'essentiel de la production a donc été exporté vers des pays tels le Niger, le Ghana, le Maroc, le Liban, la Libye, la France. En termes de revenus, la filière a rapporté quelques 30,4 milliards de FCFA aux producteurs et plus de 6 milliards aux commerçants.

Le jatropha semble être une plante d'avenir. Autrefois, servant de haies vives pour protéger les champs des animaux, le jatropha tend à devenir une filière économique. Dans certaines zones rurales, à l'ère du biocarburant, certains producteurs considèrent le jatropha comme une alternative aux anciennes spéculations agricoles comme le coton, le maïs et le sorgho.

SECTION II : LA FISCALITE APPLICABLE A L'AGROBUSINESS

L'agriculture ne bénéficie pas d'un régime fiscal particulier. Elle est donc soumise au droit commun en matière d'imposition avec toutefois quelques exonérations et avantages fiscaux. La fiscalité applicable à l'agrobusiness au Burkina Faso, sera présentée ainsi qu'il suit : les taxes sur les échanges internationaux, les impôts et taxes intérieurs et les dispositions fiscales du code des investissements.

Paragraphe 1 : Les taxes sur les échanges internationaux

Un des objectifs majeurs du Traité de l'UEMOA est l'instauration progressive du Tarif Extérieur Commun (TEC). Ce dernier s'applique sur les produits provenant d'Etats tiers et comprend les droits de douane, la redevance statistique et le prélèvement communautaire de solidarité (PCS).

1. Les droits de douane 
a. Les droits à l'importation

Les droits à l'importation sont pratiqués dans la plupart des pays du monde. Dans l'espace UEMOA, les taux des droits à l'importation inscrit au TEC sont fixés suivant quatre (04) catégories ainsi qu'il suit :

Ainsi, la Nomenclature Tarifaire et Statistique du TEC classe les biens de première nécessité, les intrants agricoles (les engrais, les insecticides, les pesticides), les graines de coton de semence, les tracteurs agricoles, ... dans la catégorie I.

b. Les droits à l'exportation

Contrairement aux droits à l'importation, les droits à l'exportation ne sont pas perçus dans tous les pays. Aux USA par exemple, les droits à l'exportation sont interdits par la constitution. En Côte d'Ivoire, les droits à l'exportation ont représenté en moyenne 20% des recettes fiscales entre 2001 et 200818(*). Au Burkina Faso, les droits à l'exportation ont été supprimés depuis 1992, parce que jugés contraires au développement des exportations qui sont censées contribuer à l'équilibre de la balance des paiements.

2. La Redevance Statistique et le Prélèvement Communautaire de Solidarité

Le taux de la redevance statistique est de 1% et s'applique sur tous les produits exonérés ou non de droit de douane. Quant au PCS, son taux est passé de 0,5% à 1% pour tenir compte des frais de fonctionnement et des besoins de financement des actions des organes de l'union. Son assiette est constituée par les importations de produits provenant d'Etats tiers.

Paragraphe 2 : Les impôts et taxes intérieurs

1. Les impôts sur les revenus

Le système fiscal burkinabé est cédulaire c'est-à-dire que chaque catégorie de revenu d'une même personne est imposée à un impôt spécifique. On examinera successivement les impôts sur les bénéfices et ceux sur les salaires en considération de leur rendement dans le budget national.

a. L'impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et agricoles (IBICA).

 

L'entreprise agricole constituée sous forme individuelle est assujettie à un impôt sur les bénéfices. En effet, l'article 1 du code des impôts stipule  qu'il est établi au profit de l'Etat, un impôt sur les bénéfices provenant des activités ou des professions industrielles, commerciales, artisanales, agricoles, pastorales et forestières, réalisées par les personnes physiques.

En principe, les bénéfices agricoles comprennent tous les revenus que l'exploitation des biens ruraux procure aux fermiers, aux métayers ou aux propriétaires terriens exploitants.

b. L'impôt sur les sociétés (IS)

Les entreprises agricoles constituées sous forme sociétaire sont soumises à l'impôt sur les sociétés conformément aux dispositions des articles 1, 2 et 3 de la loi n°008/2010 du 29 janvier 2010. Celles-ci sont donc imposables à l'IS soit en raison de leur forme, soit en raison de leurs activités.

Toutefois, les sociétés coopératives agricoles, les associations d'intérêt général agricole, les sociétés d'assurances et de réassurances mutuelles agricoles fonctionnant conformément aux dispositions légales qui les régissent sont exonérées de l'IS.

c. L'Impôt Unique sur les Traitements et Salaires

L'Impôt Unique sur les Traitements et Salaires s'applique sur les sommes perçues et les avantages en nature acquises par les personnes physiques qui possèdent la qualité de salarié, c'est-à-dire qui sont liées à leurs employeurs par un contrat de travail écrit ou oral, quelque soit la situation des bénéficiaires au regard de la législation du travail ou de la législation sociale. Ainsi, les éléments de rémunération des ouvriers agricoles et de tous autres salariés de l'entreprise agricole sont imposables sous réserve des exonérations prévues à l'article 56 du code des impôts (les indemnités de logement, de fonction et de transport dans des limites prévues par la loi, les allocations familiales, les indemnités de licenciement, ...).

Les éléments de rémunération, concernent notamment :

- le traitement ou salaire proprement qui comprend généralement le salaire de base, élément essentiel de la rémunération perçue en numéraire ;

- les éléments accessoires à la rémunération de base perçus en argent qui sont constitués des heures supplémentaires, des primes, des gratifications diverses, des indemnités, des allocations forfaitaires pour frais ;

- les avantages en nature limitativement cités à l'article 59 du code des impôts.

2. Les taxes indirectes sur les ventes

Les taxes indirectes sont appliquées indépendamment du niveau de revenus des agents économiques. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) qui est le principal impôt de consommation au Burkina Faso, fera l'objet de développement.

Selon l'article 4 de la directive N°02/98/CM/UEMOA du 22/12/1998 portant harmonisation des législations des Etats membres en matière de TVA, « le secteur agricole est exclu du champ d'application de la taxe en attendant la mise en place d'une politique agricole de l'union. Toutefois, les Etats membres ont la faculté de soumettre le secteur agricole à la TVA dans les conditions et les modalités qu'ils définissent ». Ainsi, au Burkina Faso, l'article 318 du code des impôts dispose : « sont soumises à la TVA, les affaires faites au Burkina Faso par les personnes physiques ou morales qui, habituellement ou occasionnellement accomplissent des actes relevant d'une activité autre que salariée ». Par conséquent, la TVA couvre toutes les activités économiques indépendantes (industrielles, commerciales, agricoles et libérales); seule l'activité salariée est placée hors du champ d'application de la TVA.

Toutefois, les dispositions légales exonèrent de la TVA :

- les ventes effectuées par les exploitants agricoles, les planteurs, les éleveurs et les pêcheurs de produits non transformés de leurs activités (article 325, al 1.b) ;

- les importations et les ventes de produits alimentaires non transformés frais ou congelés destinés à la consommation, y compris la viande et le poisson (article 325, al 12). L'annexe A de la directive n°02/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009 portant modification de la directive n°02/98/CM/UEMOA donne plus de détails sur les produits alimentaires non transformés et de première nécessité exonérés de la TVA. Il s'agit notamment des céréales, du manioc, des légumes et produits maraîchers, des oeufs, de la viande fraîche, du poisson non transformé et du lait non transformé ;

- les décorticages et opérations de conditionnement portant sur les céréales ;

- les opérations de crédits dits crédits de masse ou crédits collectifs octroyés aux paysans au titre de la culture attelée, de la culture maraîchère et de la motorisation intermédiaire ;

- les engrais, les pesticides, machines et matériels agricoles (article 331, septiès).

Il convient de noter que l'article 323 du code des impôts autorise les exploitants agricoles, les planteurs, les éleveurs et les pêcheurs quel que soit leur chiffre d'affaires annuel d'opter pour l'imposition à la TVA.

Paragraphe 3: Les dispositions du code des investissements

1. Le contenu de la loi

Le code des investissements prévoit des avantages fiscaux tant à l'investissement que pendant l'exploitation dans l'optique de promouvoir les investissements et la création d'emplois. Les avantages fiscaux accordés sont fonction du montant des investissements à réaliser et du nombre d'emplois à créer. Le code des investissements a défini quatre régimes privilégiés ainsi qu'il suit :

NB :

- Le régime D concerne les entreprises dont la production destinée à l'exportation est égale ou supérieure à 80% de leur production totale.

- Les critères de seuil d'investissement et de création d'emplois en ce qui les entreprises des secteurs de l'agriculture, de la sylviculture, de l'élevage et de la pisciculture sont réduits au quart.

a. Les avantages fiscaux à l'investissement

Ø Au titre des droits de douane

Les entreprises bénéficiaires de l'agrément au code des investissements paieront les droits de douane suivant la catégorie I au taux de 5% sur les équipements d'exploitation et le premier lot de pièces de rechange.

Ø Au titre de la Taxe sur la valeur ajoutée

Les entreprises nouvelles sont exonérées de la TVA exigible sur les équipements d'exploitation et le premier lot de pièces de rechange. Elles sont également exonérées de la TVA sur les loyers des mêmes biens dans le cadre d'un contrat de crédit-bail assorti de transfert des avantages fiscaux.

b. Les avantages fiscaux à l'exploitation

Ø Au titre de l'impôt sur les bénéfices

Les entreprises déficitaires sont autorisées à reporter les reliquats de déficits successivement jusqu'au deuxième exercice après le quatrième exercice autorisé par la loi.

De plus, le code des investissements dispose que «les entreprises nouvelles peuvent déduire une partie des investissements dont la nature sera définie par décret. Le montant des déductions autorisées est fixé à 50 % du montant des investissements retenus sans excéder 50 % du bénéfice imposable ». Il convient de noter que le code ne précise pas les modalités de cette déduction. C'est pourquoi on peut se demander si cette déduction se fera par le biais des amortissements dérogatoires. Du reste, en pratique, le bénéfice de cet avantage sera aléatoire car les premiers résultats de nombre d'entreprises nouvelles sont plutôt déficitaires.

Ø Au titre de la TPA et de la patente

Les entreprises bénéficiaires de l'agrément du code des investissements sont exonérées de la taxe patronale et d'apprentissage et du droit proportionnel de la patente pendant cinq ans.

En outre, le code des investissements prévoit des avantages liés à la décentralisation. En effet, l'article 29 stipule que «Les entreprises réalisant des investissements dans une localité située à cinquante kilomètres au moins des centres de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso bénéficient d'une prorogation de trois ans des avantages afférents à leur régime. Elles bénéficient également de l'exonération totale des droits de mutation à titre onéreux pour toutes les acquisitions immobilières effectuées dans le cadre de l'investissement ».

2. Illustration pratique des avantages fiscaux
a. Cas pratique

Monsieur SAWADOGO est un entrepreneur agricole. Il a réalisé des investissements dans son exploitation agricole située à 120 kilomètres de la ville de Ouagadougou. Le montant des investissements est de 25 000 000 FCFA dont 22 000 000 FCFA pour l'acquisition de matériel agricole (tracteurs agricoles à l'importation) et 3 000 000 FCFA pour l'acquisition du terrain agricole19(*). Cette exploitation a entrainé la création de sept (7) emplois permanents pour des salaires estimés en moyenne à 50 000 FCFA par mois. Il est estimé que l'entreprise réalise un chiffre d'affaires annuel de 50 000 000 FCFA pour un bénéfice net de 7 500 000 FCFA.

b. Analyse fiscale

De façon générale, le bénéfice du régime A du code des investissements concerne les entreprises dont l'investissement est supérieur ou égal à 100 000 000 FCFA et strictement inférieur à 500 000 000 FCFA, hors taxes et hors fonds de roulement entraînant la création d'au moins vingt (20) emplois permanents.

Cependant, comme l'entreprise de monsieur SAWADOGO relève du secteur de l'agriculture, les critères de seuil d'investissement et de création d'emplois en ce qui la concerne sont réduits au quart ; c'est-à-dire au moins 25 000 000 FCFA d'investissement et cinq (5) emplois permanents. C'est pourquoi monsieur SAWADOGO peut bénéficier des avantages accordés aux entreprises bénéficiant du régime A.

c. Evaluation du gain financier

- Droits de douane : l'acquittement des droits de douane de la catégorie I du tarif des douanes au taux de 5% ne constitue pas un avantage pour monsieur SAWADOGO, car les tracteurs agricoles relevaient déjà de la catégorie I.

- TVA : aucun avantage également pour monsieur SAWADOGO. En effet, le matériel agricole étant déjà exonéré, les dispositions du code des investissements prévoyant l'exonération pour les entreprises nouvelles, de la TVA exigible sur les équipements d'exploitation n'a aucune incidence financière pour monsieur SAWADOGO.

- Patente : Droit proportionnel de la patente = 180 000 x 8% = 14 400 ; on retiendra ici le 1/5 du droit fixe, soit 125 000 x 1/5 = 25 000. Le droit fixe a été déterminé selon le tableau A : cas général sur la base du chiffre d'affaires de 50 000 000.

- TPA : (50 000 x 7 x 12) x 3% = 126 000

- Droit de mutation = 3 000 000 x 8% = 240 000

Tableau récapitulatif du gain financier

NB : au titre des avantages liés à la décentralisation, monsieur SAWADOGO bénéficie d'une prorogation de trois (3) ans des avantages afférents à son régime.

DEUXIEME PARTIE : DIFFICULTES D'APPREHENSION DU SECTEUR ET PERSPECTIVES

Il est essentiel non seulement de justifier la nécessité d'une fiscalité plus adaptée pour le secteur agricole, mais surtout de proposer des principes directeurs d'imposition de l'agrobusiness au Burkina Faso (chapitre II). Mais auparavant, il convient d'examiner les déterminants du rendement fiscal dans le secteur agricole (chapitre I).

CHAPITRE I: LES DETERMINANTS DU RENDEMENT FISCAL DANS LE SECTEUR AGRICOLE

Les données disponibles sur les recettes fiscales ne permettent pas d'évaluer avec exactitude la contribution du secteur agricole aux recettes de l'Etat. L'impression générale qui se dégage est que le secteur n'apporte pratiquement plus rien au budget de l'Etat depuis la suppression de la 6ème catégorie de l'impôt forfaitaire sur le revenu20(*). Les raisons de cet état de fait sont d'ordre sociopolitique et économique de même que d'ordre organisationnel.

Il faut donc déterminer les causes de la faiblesse du rendement fiscal avant de présenter les actions à mener en vue d'améliorer le rendement fiscal.

SECTION I: LES CAUSES DE LA FAIBLESSE DU RENDEMENT FISCAL

Paragraphe 1: Les causes sociopolitiques et économiques

1. La rémanence de l'administration fiscale coloniale

L'administration fiscale n'a pas bénéficié d'une bonne réputation auprès des masses paysannes en souvenir des frustrations endurées pendant la période coloniale. En effet, les sanctions relatives au non paiement des impôts étaient considérées comme humiliantes (peines corporelles, peines privatives de liberté).

En outre, les agriculteurs sont généralement allergiques à l'impôt, parce qu'ils estiment qu'ils sont faiblement intégration dans le système social qui a conçu la fiscalité.

2. Les facteurs politiques

Les ressources publiques allouées au monde rural en termes d'infrastructures sont des plus faibles. Devant le manque d'intérêt pour le rural, au nom de quoi l'Etat devrait il l'imposer ? L'Etat est alors disqualifié pour lever l'impôt.

De plus les paysans constituent le groupe électoral le plus important dont il vaut mieux garder l'allégeance politique. Lever l'impôt sur le monde rural revient à perdre ce bénéfice électoral important. Pourtant, Selon MM Tixier et Gest « la décision fiscale est ... en dernière analyse, un acte politique21(*) ». A ce sujet, Pheuiphanh Ngoasyvathn en montrant dans sa thèse le rôle capital du pouvoir politique dans le prélèvement fiscal a déclaré que le faible niveau de prélèvement fiscal dans les pays en développement s'explique beaucoup plus par l'absence de volonté politique que par la faiblesse du niveau économique.

3. Les réalités économiques des acteurs agricoles

Il s'est agit pendant longtemps au Burkina Faso, d'agriculture de subsistance. Cette forme d'agriculture concerne les paysans vivant uniquement de leurs cultures et exploitant dans la plupart des cas des zones rurales non aménagées. Ils utilisent le plus souvent des moyens rudimentaires et travaillent pendant la saison pluvieuse et sont enclins à tous les aléas climatiques possibles.

Tout cela rendait la pauvreté du monde rurale très profonde. Ainsi, la faible productivité du travail dans le secteur agricole fait qu'une taxation fiscale appauvrirait d'avantage les paysans.

Paragraphe 2 : Les insuffisances organisationnelles et fonctionnelles

Les insuffisances organisationnelles et fonctionnelles se rencontrent aussi bien au niveau de l'administration qu'au sein des entreprises d'agrobusiness.

1. L'organisation de l'administration

Techniquement, il est quasiment impossible pour la Direction Générale des Impôts, d'évaluer avec exactitude les revenus agricoles surtout qu'une grande partie de la production agricole est autoconsommée ou commercialisée par des circuits difficilement contrôlables. De plus, l'organisation et le fonctionnement de l'administration laisse apercevoir une absence de collaboration entre les services des impôts et les structures étatiques habilitées à gérer la production et la commercialisation des cultures.

Par ailleurs, le cadastre burkinabé ne s'est pas développé dans l'objectif de pouvoir par exemple identifier la matière imposable en matière d'impôt foncier. De ce fait l'assujettissement à un impôt foncier basé sur le revenu potentiel serait séduisant mais tout aussi impraticable.

2. L'organisation des entreprises d'agrobusiness

S'il est établi que la fonction « production » des entreprises d'agrobusiness leur permet d'atteindre de plus en plus de meilleurs rendements, cela n'est pas le cas pour leur fonctions « administrative », « financière » et « comptable ». En effet, à l'instar d'opérateurs économiques exerçant dans d'autres domaines d'activités, l'entrepreneur agricole burkinabé semble lui aussi se prévaloir d'un talent naturel et intuitif à gérer ses affaires, refusant, a priori toute analyse théorique sous le prétexte que son entreprise réalise des bénéfices élevés.

Ce raisonnement qui comporte sa part de vérité ne nous paraît pas suffisant, car rien n'interdit de penser qu'une entreprise réalisant des profits élevés n'aurait pu améliorer ses performances si sa gestion incluait également une approche formelle. Au demeurant, c'est cette dernière forme de gestion qui faciliterait les tâches de l'administration fiscale.  

Les difficultés sus évoquées ne sont pas insurmontables. Cependant, plusieurs actions préalables se doivent d'être menées.

SECTION II : LES ACTIONS PREALABLES

Paragraphe 1: Le rôle des acteurs politiques

Il s'agira d'une part, de prendre en compte certaines recommandations, d'autre part de sensibiliser la population sur le civisme fiscal.

1. Prise en compte des recommandations

Le gouvernement n'a pas toujours suivi les recommandations, ni prêté une oreille attentive à toutes les propositions notamment celles livrées chaque année par certains élèves de l'ENAREF dans leurs mémoires de fin de formation dont certaines ne manquent pas de pertinence.

2. Rôle de sensibilisation des populations

Ce rôle revient en premier ressort aux acteurs politiques. Il s'agira pour eux de sensibiliser l'électorat auquel ils ont demandé le suffrage pour gérer la cité. A ce titre, ils sont les mieux placés pour demander à la population de leur donner les moyens financiers nécessaires à la mise en oeuvre des programmes adoptés par cet électorat en les portant au pouvoir.

Paragraphe 2: Le rôle de l'administration

1. Les échanges d'informations

Les différents services administratifs publics doivent pouvoir s'échanger des informations avec diligence. L'administration fiscale pourrait avoir avec plus de faciliter les informations utiles sur le monde rural avec le ministère chargé de l'agriculture et celui chargé des ressources animales. De plus, les ONG et les projets devraient déclarer leurs activités au service fiscal de leur localité d'intervention.

2. L'information du contribuable

Selon BASLE, Maurice in « systèmes fiscaux ; édition Dalloz, 1989 », « la légitimité d'un prélèvement public suppose d'une manière ou d'une autre, une communication entre le fisc et le contribuable et même une bonne dose de participation ». Le contribuable doit être interpellé par les services du fisc d'une façon qui lui permette de comprendre pourquoi on lui demande un sacrifice.

Paragraphe 3: Le rôle de la science économique

La fiscalité est indissociable de la science économique. Cette relation est ici mise en exergue à travers l`analyse économique d'une part, de la limite du prélèvement fiscal et d'autre part, de l'impact d'une variation du taux d'imposition sur le revenu disponible.

1. La limite du prélèvement fiscal

Le prélèvement fiscal n'est pas illimité. En effet, on ne saurait imposer le revenu à un taux de 100%. Il s'agit donc de fixer le taux d'imposition de manière à ce qu'il permette de rentabiliser les recettes fiscales sans décourager l'activité économique. En d'autres termes il s'agit d'éviter de donner raison à Philipe Bouvard pour qui «  l'impôt est une somme exorbitante prélevée sur le fruit du travail afin que tout le monde n'ait pas envie de réussir22(*)».

La loi d'Arthur Laffer traduit la relation qui existe entre le taux d'imposition et les recettes fiscales. Pour lui la limite de la pression se situe au point où l'accroissement du taux se traduit par une réduction du revenu imposable tel que les recettes fiscales diminuent.

Lorsque le taux d'imposition est nul, il n'y a pas non plus de recettes fiscales. Puis, les recettes fiscales augmentent au fur et à mesure que le taux d'imposition s'élève ; la courbe a alors une pente positive. Au-delà du taux d'imposition (t*), l'effet dépressif de l'augmentation du taux d'imposition sur le revenu imposable se renforce. Ainsi, le taux devient suffisamment élevé pour que tout accroissement supplémentaire de sa valeur réduise progressivement le revenu imposable. Dans ce cas, les recettes fiscales n'augmentent plus ; ce qui se traduit par la baisse de la pente de la courbe. Au taux d'imposition de 100% les recettes fiscales deviennent nulles.

Ainsi, pour maximiser le montant des recettes fiscales, le gouvernement ne doit pas retenir le taux de 100%, mais plutôt le taux d'imposition (t*).

Courbe d'Arthur Laffer.

2. L'impact d'une variation du taux d'imposition

Les effets d'une variation du taux d'imposition sont illustrés grâce au tableau de Robert J. BARRO. Celui-ci montre les effets d'un accroissement de 10% du taux d'imposition pour divers niveaux initiaux de ce taux. Ainsi, on constate que  pour un taux d'imposition initial de 10%, une hausse de 10% entraine une baisse du revenu disponible après impôt de 1.1%. Pour un taux d'imposition initial de 90%, une hausse de 10% entraine une baisse du revenu disponible après impôt de 90%.

On en déduit alors que la réduction induite du revenu disponible après impôt par une hausse du taux d'imposition est d'autant plus importante que le taux d'imposition initial est élevé. De même une baisse du taux d'imposition initial dans le même ordre entrainera une augmentation du revenu disponible après impôt dans les mêmes proportions.

Pour le cas concret du Burkina Faso, les profits tirés des professions agricoles sont une catégorie de revenus fiscalement négligée, alors que depuis quelques années, ces activités connaissent un certain essor. Cette situation ne justifie-t-elle pas la nécessité d'une imposition adaptée des revenus agricoles ?

CHAPITRE II : LA NECESSITE D'UNE FISCALITE PLUS ADAPTEE

SECTION I : LA JUSTIFICATION DE L'IMPOSITION

Paragraphe 1: La recherche de la justice fiscale

1. La notion d'équité fiscale

La justice fiscale relève du rôle social de l'impôt. Elle est généralement développée sous le vocable « équité fiscale » et est souvent associée au principe d'égalité et au principe de la capacité contributive.

Le principe d'égalité devant les charges publiques est né avec la Déclaration universelle des droits de l'Homme et des Peuples de 1789. En effet, l'article 13 de la déclaration dispose que « pour l'entretien de la force publique et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable, elle doit être également repartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés ». L'égalité devant l'impôt conduit à dire que les citoyens sont égaux devant la loi fiscale, c'est-à-dire que l'impôt est universel. Aucun individu ne peut bénéficier d'une exemption ou d'un privilège fiscal qui ne soit accessible aux autres personnes se trouvant dans une situation similaire.

Ce principe est consacré dans la loi fondamentale de la plus part des pays. Ainsi, au Burkina Faso, l'article 17 de la Constitution du 02 juin 1991 dispose que « le devoir de s'acquitter de ses obligations fiscales conformément à la loi s'impose à chacun ».

Le principe de la capacité contributive consiste à ce que chaque contribuable soit appelé à contribuer aux finances publiques à hauteur de sa capacité contributive et non en fonction de sa consommation effective en services publics. Selon ce principe, les fonds nécessaires au financement des charges et des investissements de l'Etat doivent être prélevés d'une manière qui répartit équitablement la charge fiscale entre les citoyens et agents économiques.

Le caractère équitable de la perception comprend deux approches qu'il convient de distinguer. Il s'agit de l'équité horizontale et de l'équité verticale.

a. L'équité horizontale 

L'équité horizontale est le principe selon lequel toutes les personnes qui se trouvent dans la même situation doivent être traitées de la même manière. Ainsi, les contribuables ayant une capacité contributive égale, paient des montants égaux d'impôt.

b. L'équité verticale

L'équité verticale exige que les personnes qui se trouvent dans des situations différentes soient traitées d'une manière judicieusement différente. Ainsi, les contribuables qui ont une capacité différente s'acquittent d'un impôt plus ou moins élevé, sans toutefois que ces différences soient arbitraires.

2. La mise en oeuvre de l'équité fiscale

Les individus qui disposent d'un revenu égal n'ont pas nécessairement la même capacité contributive car leurs situations personnelles peuvent être différentes. Le régime fiscal doit donc prendre en compte les situations particulières qui ont pour effet de limiter la capacité contributive. Ainsi, le régime fiscal doit autoriser un certain nombre de déductions pour que la base imposable reflète la capacité contributive de chaque contribuable. Il s'agit donc de la personnalisation de l'impôt par la prise en compte des charges spécifiquement familiales et par l'utilisation des taux progressifs.

C'est pourquoi, certains auteurs pensent que les impôts indirects constituent un frein à la réalisation de la justice fiscale. Mais on constate que les exonérations et la multiplicité des taux permettent de réduire le caractère injuste de ces impôts.

a. Illustration de l'équité fiscale par le taux progressif

Ø Cas pratique

Deux entreprises « A » et « B » soumises à l'IBICA réalisent respectivement 929 000 FCFA et 2 929 000 FCFA de bénéfice imposable. Déterminons et analysons l'impôt dû par chacune d'elle.

Ø Détermination de l'impôt

Il s'agit d'un taux progressif par tranche. L'impôt se calcule donc par tranche de la base imposable et l'on additionne ensuite les différentes fractions d'impôt pour obtenir le montant total de l'impôt.

· Entreprise « A »

Base imposable Tranche imposable Taux Fraction d'impôt

0 à 500.000 500.000 10% 50.000

501.000 à 929.000 429.000 20% 85.800

IBICA = 50.000 + 85.800 = 135.800

· Entreprise « B »

Base imposable Tranche imposable Taux Fraction d'impôt

0 à 500.000 500.000 10% 50.000

501.000 à 1.000.000 500.000 20% 100.000

1.000.000 à 2.929.000 1.929.000 27.5% 530.475

IBICA = 50.000 + 100.000 + 530.475 = 680.475

Ø Analyse des résultats

Les bénéfices imposables de 929 000 FCFA et 2 929 000 FCFA ont donné respectivement des IBICA de 135 800 FCFA et 680 475 FCFA. Alors que le bénéfice imposable a connu une variation relative de 215%, celle de l'IBICA est de 401%. En d'autres termes, pendant que le bénéfice imposable est multiplié par 3,15 ; l'impôt lui est multiplié par 5,01.

En définitive, l'entreprise « A » subit un taux de pression fiscale de 14.61% soit (135 800 / 929 000) x 100 et l'entreprise « B » un taux de pression fiscale de 23.23%.

b. Illustration de l'iniquité fiscale des impôts indirects23(*)

Ø Cas pratique

Monsieur Goama dispose d'un revenu net mensuel de 120 000 FCFA qu'il affecte intégralement à la consommation de biens et services taxables à la TVA au taux de 18%. Monsieur Noaga, lui dispose d'un revenu net mensuel de 600 000 FCFA. Il arrive à épargner 100 000 FCFA par mois et consacre 500 000 FCFA à la consommation dans les mêmes hypothèses que son compatriote Goama.

Ø Détermination de la taxe supportée

En consacrant tout son revenu à la consommation, monsieur Goama supporte une TVA de (120 000/1.18) x 18% = 18 305. Ce qui équivaut à un taux de pression fiscale de 15.25% soit (18 305/ 120 000) X 100.

Quant à monsieur Noaga, la TVA supportée sera de (500 000/1.18) x 18% = 76 271 pour un taux de pression fiscale de 12.71% c'est-à-dire (76 271/ 600 000) x 100.

Ø Analyse des résultats

On constate que bien que la capacité contributive de Noaga soit supérieure à celle de Goama, il contribue moins en valeur relative sur son revenu. On en déduit que cette iniquité sera plus criarde pour des revenus encore plus élevés. En effet, il est économiquement démontré que la propension marginale à épargner est une fonction croissante du revenu. Cela signifie qu'au fur et à mesure que son revenu augmente, le consommateur affecte une part de plus en plus croissante de ce revenu à l'épargne.

3. Les limites de l'équité fiscale

Les limites de l'équité fiscale vont de la relativité du concept aux fonctions de l'impôt.

Il est à constater qu'aucun critère scientifique n'a permis de définir le degré approprié d'équité. On est donc porté à se fonder sur des jugements de valeur. Le contribuable qui n'a pu apprécier un impôt le trouve forcément injuste.

De plus, le principe d'équité et celui d'efficacité peuvent être en conflit. En effet, les avancées vers la justice sociale sont souvent présentées comme défavorables à l'efficacité économique ; l'exonération de certains contribuables ou de certains produits pour des raisons sociales étant de nature à réduire le montant des recettes fiscales (rendement financier de l'impôt).

Paragraphe 2: L'existence de la matière imposable

Dans la pratique, il n'est pas nécessaire de distinguer la matière imposable de la personne imposable. En effet, il convient en même temps que l'on recherche la matière imposable d'identifier la personne imposable. Les contribuables étant des personnes physiques ou morales, la recherche de la matière imposable se confond avec la recherche de la personne imposable. Concrètement, la matière imposable peut être appréhendée par la déclaration d'existence, par le recensement fiscal ou par le recoupement d'informations.

L'importance de la matière imposable dans le secteur agricole burkinabé, est une fonction croissante de l'évolution de l'agriculture.

1. Le paradoxe ancien de l'agriculture burkinabé

Il y a un énorme paradoxe quand on parle de l'agriculture au Burkina. Comme nous l'avons vu, selon les statistiques, elle occupe environ 80% de la population qui, pourtant ne produit pas assez pour nourrir tout le monde. Le déficit céréalier plus ou moins prononcé d'une année sur l'autre est dû aux aléas climatiques mais aussi à la non maîtrise de l'eau et plus encore aux outils rudimentaires de production.

En effet, on voit mal un paysan équipé de ses seules houes, machettes et pioches, exploiter avec rentabilité un champ à peine fertilisé, de surcroît sans semences améliorées. Dans ces conditions, il lui est difficile de produire suffisamment de quoi nourrir une famille souvent nombreuse à fortiori de dégager un excédent commercialisable. Ainsi, quand il vend des céréales pour subvenir à d'autres besoins vitaux comme se soigner, il empiète sur la réserve alimentaire de la famille augmentant du même coût sa précarité nutritionnelle.

Il faut donc une nouvelle politique agricole pour que disparaisse l'incroyable paradoxe d'une agriculture qui occupe 80% de la population active sans pouvoir atteindre l'autosuffisance alimentaire.

2. La nouvelle réalité économique

La politique agricole actuelle du Burkina Faso est de faire désormais de l'agriculture burkinabé un levier du développement c'est-à-dire rentable, compétitive, génératrice d'emplois et de revenus financiers. A cet effet, des exemples concrets qui marquent la rupture d'avec les anciens modes de production et d'exploitation de la terre existent sur le terrain. Une nouvelle race de producteurs (agro businessmen) fait désormais de la terre un capital vraiment actif au service du développement. Ainsi, il existe aujourd'hui des entrepreneurs agricoles qui exploitent des centaines d'hectares, pratiquent une agriculture intensive, diversifiée et surtout orientée vers le marché.

L'existence des revenus substantiels agricoles ne fait aucun doute. En effet, déjà en 1992, selon une étude faite par TAPSOBA Korotimou24(*), sur la base des fiches de suivi des cultivateurs motorisés établies par la SOFITEX, il est ressorti que les revenus de certains cultivateurs sont importants. Le revenu annuel net moyen de chaque cultivateur motorisé était de 2 929 118 FCFA. Environ une dizaine d'années plus tard, rares sont les agents de l'Etat qui peuvent prétendre à un tel revenu annuel. Cependant, ces derniers sont imposés à un impôt sur le revenu à savoir l'impôt unique sur les traitements et salaires.

D'autres exemples sont encore plus éloquents. Pour la campagne 2005-2006, monsieur Kani BICABA à Fouankuy (département de Ouarkoye), après exploitation d'une superficie de 245 hectares repartis entre le maïs, le coton, le niébé, l'arachide et le sésame a estimé son revenu net à plus de vingt cinq millions (25 000 000) FCFA25(*).

En procédant le 3 novembre 2011, au lancement officiel de la campagne 2011-2012 de commercialisation et d'égrenage du coton, Jean Paul SAWADOGO, directeur général de la SOFITEX a déclaré que « la campagne de commercialisation primaire et d'égrenage est un rendez-vous important attendu avec impatience par tous les cotonculteurs, les travailleurs, les opérateurs économiques et toute la population, car apportant un souffle nouveau à l'activité économique dans le Houet et dans la ville de Sya. Environ 80 milliards de F CFA vont être redistribués aux paysans au terme de la commercialisation dite primaire ; c'est-à-dire l'achat de coton bord champ et son transport jusqu'aux usines d'égrenage de la SOFITEX ».

De plus, une analyse financière des investissements mis en oeuvre par les agro businessmen, renseigne que le secteur est rentable ; ne serait-ce que pour permettre un retour sur investissement. En effet, le 30 juin 2008, le ministre de l'agriculture, abordant les nouvelles conditions de vente des tracteurs a fait ressortir qu'un stock de sept cents (700) tracteurs est disponible à des prix unitaires souples variant entre 5 600 000 et 9 160 00026(*) FCFA. Pour l'acquisition de ce matériel, il a été demandé des apports initiaux variant entre 3% et 20% de la valeur du matériel selon les catégories de demandeurs (salariés du public et du privé, organisations faîtières, sociétés cotonnières, coopératives agricoles, producteurs individuels) pour une durée de remboursement de cinq (5) ans.

Enfin, ces entrepreneurs agricoles emploient des dizaines d'ouvriers agricoles dans leurs exploitations. Les rémunérations versées à ces derniers constituent des revenus entrant dans le champ d'application de l'IUTS et de la TPA.

En somme, plusieurs indicateurs économiques montrent aujourd'hui que l'agriculture burkinabè vise des objectifs qui vont au-delà de l'autoconsommation. Ainsi, les arguments autrefois avancés (pauvreté, analphabétisme...) ne peuvent plus être des raisons valables pour que les revenus issus de l'activité agricole ne supportent pas d'impôts.

SECTION II: LES PRINCIPES DIRECTEURS D'IMPOSITION DE L'AGROBUSINESS

Paragraphe 1: Analyse critique de la législation fiscale actuelle

1. Le code des impôts
a. L'IBICA et l'IS

L'IBICA, comme son nom l'indique, s'applique également aux bénéfices réalisés par les agriculteurs, les planteurs, les éleveurs. Il y a lieu de considérer que c'est l'activité ou l'exploitation agricole au sens large qui est visée. Avec la création de l'impôt sur les sociétés en 2010, les exploitations agricoles qui sont constituées sous la forme sociétaire, les Groupements d'Intérêt Economique, les sociétés coopératives et leurs unions, ... légalement assimilés sont désormais imposables à l'impôt sur les sociétés.

On se demande pourquoi une telle activité est imposable au même titre que les bénéfices industriels et commerciaux. En effet, on aurait pu y consacrer une cédule particulière d'imposition (l'impôt sur les bénéfices agricoles).

Relevons qu'en fait, ces activités ne sont pas imposées effectivement. L'explication de ce rattachement pourrait être trouvée dans la facilité : on se contente d'accrocher les bénéfices agricoles aux bénéfices industriels et commerciaux ; ou on espère que les activités agricoles se développeront rapidement de manière à rendre effective leur imposition. La solution demeure critiquable dans la mesure où l'IBICA est l'impôt sur le revenu le plus sophistiqué et sa grande technicité l'éloigne du secteur agricole.

b. La Taxe Patronale et d'Apprentissage (TPA)

Selon l'article 122 ancien du code des impôts, les entreprises agricoles étaient exonérées de la totalité de la TPA. Mais depuis les modifications introduites par la loi n°006-2010/AN du 29 janvier 2010 portant modification de la loi n°6-65/AN du 26/05/1965, les entreprises agricoles ne sont plus exonérées de la TPA. Pourtant, l'exonération du secteur agricole de la TPA pourrait être appréhendée comme une mesure d'accompagnement de la politique agricole.

c. La contribution des patentes

Le code des impôts soumet à la patente les activités agricoles pour peu qu'elles ne soient pas de subsistance. En effet, l'article 239 du code des impôts dispose : « sont exonérés de la contribution des patentes, les cultivateurs et les éleveurs vivant d'une activité de subsistance ».

Par ailleurs conformément aux dispositions de l'article 240 « la contribution des patentes se compose d'un droit fixe et d'un droit proportionnel ». Concernant l'activité agricole, le droit fixe sera calculé selon le tableau A : cas général sur la base du chiffre d'affaires TTC. Quant au droit proportionnel, il est déterminé par application du taux de 8% sur la valeur locative des locaux et terrains servant à l'exercice de la profession.

On s'aperçoit alors que la détermination de la patente est purement technique. Cet impôt poursuit simplement un objectif budgétaire, car son mode de détermination ne tient pas compte de la spécificité du secteur agricole.

C'est pourquoi, il faudrait en lieu et place de la patente un autre impôt local plus adapté aux entrepreneurs agricoles.

La détermination de cette taxe pourrait tenir compte de la nature de la culture pratiquée, de la localité, des équipements et de la superficie exploitée.

d. La Taxe sur la Valeur Ajoutée

Nous avons vu que la loi exonère plusieurs opérations du secteur agricole de la TVA. Or, la loi a prévu aussi l'option à l'imposition de la TVA pour les exploitants agricoles. On peut donc se poser la question de savoir quel est l'intérêt de cette option ?

Ø La notion d'option

L'option est la faculté ouverte à une personne exonérée d'un impôt, d'être autorisée sur sa propre demande à l'acquitter vu que cela peut comporter des avantages à son égard. Le code des impôts prévoit l'option à la TVA pour les agriculteurs à son article 323, alinéa 1.

Ø Les avantages théoriques de l'option

Le principal avantage pour l'entreprise qui opte pour son assujettissement à la TVA, réside dans le fait que cela lui donne la possibilité de déduire la taxe payée sur les achats et les services, mais aussi sur les investissements. En d'autres termes, l'entreprise n'est plus taxée comme un consommateur final. Cette situation permet non seulement d'éviter le phénomène de rémanence de taxe (surcharge fiscale) mais surtout incite à l'investissement.

En outre, l'option accorde la possibilité à l'entreprise de facturer la TVA à ses clients, qui pourraient eux aussi la récupérer.

Exemple :

Un exploitant agricole s'est fait édifier un bâtiment d'une valeur de 11 800 000 TTC dont 1 800 000 FCFA de TVA en vue d'une part, d'abriter son matériel agricole, d'autre part, de stocker ses produits d'exploitation.

En l'absence d'option, cet entrepreneur agricole ne réalise pas d'opérations taxables car les ventes de ses produits non transformés sont exonérées de TVA. Il ne peut donc pas déduire la TVA de 1 800 000 FCFA ayant grevé l'acquisition des immobilisations.

En cas d'option, l'entrepreneur agricole acquiert le droit de facturer la TVA sur les ventes de ses produits non transformés. Il réalise alors des opérations soumis à la TVA et le droit à déduction lui est ainsi ouvert. Il peut donc déduire la TVA de 1 800 000 FCFA.

Par ailleurs, le client de l'exploitant agricole qui effectue par exemple une activité de transformation de produits agricoles est de plein droit assujetti à la TVA. Ce dernier aussi a la possibilité de récupérer la TVA qui lui est facturée par l'exploitant agricole. Ainsi, la neutralité de la TVA pour l'entreprise se trouve mise en exergue.

Ø Les limites de l'option pour les exploitants agricoles

Pour les exploitants agricoles, l'option à la TVA comporte un goût d'inachevé. Effectivement, d'autres dispositions notamment l'article 331 septiès du code des impôts exonèrent la plupart sinon l'ensemble des produits agricoles (le maïs, le mil, le riz, le blé, les autres céréales, la pomme de terre, le manioc, les légumes et produits maraîchers, les oeufs, la viande fraîche, le poisson non transformé et le lait non transformé...) de la TVA.

Ainsi, l'option à la TVA pour les exploitants agricoles prévue par l'article 323, ne trouve pas à s'appliquer du fait que l'importation et la vente des produits ci-dessus cités sont expressément exonérées.

2. Le code des investissements
a. Les avantages fiscaux à l'investissement

Les avantages à l'investissement prévus par le code des investissements n'ont pas d'incidences financières remarquables pour l'entreprise agricole. En effet, l'acquittement du droit de douane au taux de 5% sur les équipements d'exploitation et l'exonération de la TVA de ces mêmes biens relevaient déjà du droit commun en ce qui concerne les entreprises agricoles. Aussi, qu'elles soient sous agrément ou soumises au droit commun, la fiscalité à elles applicable à l'investissement reste la même.

b. Les avantages fiscaux à l'exploitation

Les avantages à l'exploitation sont constitués notamment par l'exonération de la TPA et du droit proportionnel de la contribution des patentes. Si les propositions de l'exonération de la TPA pour les entreprises agricoles et du remplacement de la patente par un autre impôt local étaient retenues, ces avantages sus cités n'auront plus d'intérêt.

Paragraphe 2: Propositions de modalités d'imposition du bénéfice agricole

Devant la nécessité de modernisation de l'agriculture, il sied aussi d'adapter à ce secteur économique assez spécifique. L'étude de l'agrobusiness a permis de distinguer deux catégories d'acteurs agricoles : la paysannerie et l'entreprenariat agricole.

1. L'imposition de la paysannerie

Il s'agit de la grande masse des exploitants traditionnels qui travaillent tant bien que mal avec les membres de leurs famille, appuyés parfois de quelques journaliers et qui produisent les céréales tels le mil, le sorgho, le maïs, le riz, ... généralement pour les besoins de la consommation familiale.

Au regard de la nature des produits cultivés, des surfaces exploitées, et du matériel de production utilisé, les paysans devront être exonérés de l'impôt sur le revenu agricole.

2. L'imposition de l'entreprenariat agricole
a. Personnes et revenus imposables

Les personnes imposables sont les grands producteurs (personnes physiques ou morales) qui utilisent du matériel moderne de production sur de grandes surfaces et dont les objectifs vont au-delà de l'autoconsommation.

Les revenus imposables comprennent en principe tous les revenus agricoles tirés de l'exploitation.

b. Détermination de la base imposable

Compte tenue de la spécificité du secteur agricole, de la capacité financière et organisationnelle des entreprises, on peut proposer deux régimes d'imposition.

Ø Le Bénéfice Agricole Réel Simplifié

Pour nous, les agriculteurs éligibles à ce régime seraient ceux dont le montant des investissements est au moins égal à 25 000 000 FCFA et strictement inférieur à 125 000 000 FCFA ou ceux dont le chiffre d'affaires annuel serait au moins égal à 25 000 000 FCFA et strictement inférieur à 100 000 000 FCFA.

Dans le but de simplifier au maximum les questions de fiscalité à ces entreprises, le rendement brut sera calculé moyennant une simple formule arithmétique actualisée périodiquement. Cette formule tiendra compte de l'essentiel des variables explicatives de la production agricole (matériel agricole utilisé, nombre de travailleurs, surface exploitée, localité d'implantation, nature de la culture, ...).

Exemple : Q = a Ká Lâ Sñ Ru C?

Q = variable expliquée = valeur de la production

K = variable explicative = valeur du capital (matériel agricole)

S = variable explicative = superficie exploitée

L = variable explicative = main d'oeuvre utilisée

R = variable explicative = région d'implantation de l'exploitation

C = variable explicative = nature de la culture

a = coefficient constant

á, â, ñ, u, ? = exposant

Le rendement net sera déterminé en diminuant la valeur de la production des frais spécifiés dans la loi : engrais, semences, insecticides, herbicides, salaires, services de matériel loué, ...

Toutefois, on peut constater que malgré sa simplicité, cette méthode comporte une certaine discrimination car elle ne tient pas compte des circonstances spécifiques de chaque contribuable. Pour cela, nous proposons que ce régime soit applicable sur option.

Ø Le Bénéfice Agricole Réel Normal

Le régime normal est obligatoire pour les exploitants dont le montant des investissements est au moins égal à 125 000 000 FCFA ou ceux dont le chiffre d'affaire est au moins égal à 100 000 000 FCFA.

La base imposable tiendra compte des revenus et des frais réels. Ce régime exige la tenue d'une comptabilité régulière conformément aux règles comptables et fiscales.

Mais compte tenu du fait qu'une campagne agricole peut être à cheval entre deux exercices, nous proposons qu'il leur soit accordé la possibilité de présenter des bilans par campagne agricole.

NB : les entrepreneurs agricoles qui ne remplissent pas les conditions pour relever du bénéfice agricole réel simplifié ou du bénéfice agricole réel normal pourront être imposés forfaitairement par hectare cultivé : exemple, 50 000 FCA/ hectare.

c. Liquidation et paiement de l'impôt

Liquider l'impôt, c'est calculer le montant de l'impôt dû par le contribuable. Le calcul de l'impôt sur le bénéfice agricole se fera au moyen à la fois d'un taux progressif et d'un taux dégressif. La première partie du barème qui sera des taux progressifs répond à un souci d'équité fiscale. Quant à la deuxième partie qui sera des taux dégressifs, cela participera de l'utilisation de l'outil fiscal dans le sens d'inciter les producteurs à une agriculture à haut rendement à l'hectare.

Exemple :

Base imposable Taux

0 à 25 000 000 10%

25 001 000 à 75 000 000 15%

75 001 000 à 100 000 000 20%

100 001 000 à 200 000 000 15%

200 001 000 et plus 10%

Quant au paiement de l'impôt, des techniques fiscales telles que l'acquittement d'acomptes et les retenues à la source pourront être mises en oeuvre. Ces techniques si elles sont bien maîtrisées présentent un double intérêt. En effet, non seulement elles atténuent la sensation par le contribuable du poids de l'impôt, mais aussi elles constituent un moyen efficace de recouvrement de l'impôt par l'Etat. Ces techniques peuvent être appliquées notamment auprès des sociétés comme DAFANI, SOFITEX, ... et même auprès de certaines organisations paysannes.

CONCLUSION

Le système fiscal d'un pays doit être déterminé en fonction des réalités économiques propres à ce pays. On constate que ceci n'est pas le cas au Burkina Faso où le secteur agricole ne participe pas à la mobilisation des recettes fiscales malgré son poids dans le PIB du pays. Cette situation a été en partie expliquée par la pauvreté du monde rural qui pratique une agriculture de subsistance et par le fait que la fiscalité en vigueur n'est pas adaptée aux activités agricoles.

Aujourd'hui, la réalité économique de ce secteur impacte positivement le niveau de l'économie nationale grâce à l'agrobusiness qui relève de la nouvelle politique agricole du gouvernement. C'est désormais une nécessité impérieuse d'imposer cette forme d'agriculture non seulement en considération de l'existence de la matière imposable mais aussi au regard du respect du principe d'égalité des citoyens dans leurs rapports avec l'administration fiscale. Ce principe est actuellement une composante de l'Etat de droit moderne.

Aussi, il s'est agi dans cette étude d'essayer de lever la controverse en proposant un modèle d'imposition des revenus tirés des activités ou professions agricoles à la suite d'une analyse des difficultés d'appréhension du secteur du point de vue fiscal. C'est pourquoi, des propositions ont été faites en tenant compte de la spécificité du secteur.

Désormais, avec la participation de ces acteurs économiques à l'effort fiscal, le niveau des recettes fiscales sera amélioré et partant la performance de l'indicateur fiscal national c'est-à-dire le taux de pression fiscale. Les décideurs ne doivent donc ménager aucun effort pour mener à bien une réflexion beaucoup plus approfondie sur les aspects fiscaux évoqués dans la présente étude. Cela permettra une meilleure maîtrise de la matière imposable par l'administration fiscale gage d'une mobilisation optimale de ressources.

Cependant, sur le terrain, seulement des portions infimes des superficies occupées par les agro businessmen notamment les fonctionnaires et les hommes politiques sont effectivement exploitées. Ces constats suscitent quelques inquiétudes car depuis que l'Etat s'est engagé à supprimer son monopole foncier, c'est la course vers l'occupation des terres.

Ainsi, au regard d'une part, des conditions relativement peu contraignantes et peu onéreuses d'accès à la terre, et d'autre part, du faible pourcentage de mise en valeur des superficies acquises, il y a lieu d'être vigilant pour éviter que l'arrivée des agro businessmen soit vue comme une stratégie d'accumulation foncière qui confine plus au délit d'initié.

TABLE DES MATIERES

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

AVANT-PROPOS III

LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS IV

SOMMAIRE V

INTRODUCTION - 1 -

PREMIERE PARTIE: APPROCHE DEFINITIONNELLE DES CONCEPTS ET ANALYSE DES REALITES SOCIO-ECONOMIQUES - 4 -

CHAPITRE I: NOTIONS DE PRESSION FISCALE ET D'AGROBUSINESS - 4 -

SECTION I: LA PRESSION FISCALE - 4 -

Paragraphe 1: Définition et caractéristiques de la pression fiscale - 4 -

1. Définition et mode de détermination de la pression fiscale - 4 -

a. Définition de la pression fiscale - 4 -

b. Mode de détermination de la pression fiscale - 5 -

2. Caractéristiques de la pression fiscale dans l'UEMOA - 7 -

a. L'accroissement continu des taux de pression fiscale - 7 -

b. La disparité des taux de pression fiscale - 8 -

Paragraphe 2: Débats théoriques sur la relation « fiscalité-niveau de l'activité économique » - 8 -

1. Rôle de l'Etat dans l'économie - 8 -

a. La position des classiques - 8 -

b. La pensée keynésienne - 9 -

2. Relation « taux de pression fiscale - croissance économique » - 10 -

a. L'effet de la pression fiscale sur la croissance économique - 10 -

b. L'effet de la croissance économique sur la pression fiscale - 10 -

SECTION II : L'AGROBUSINESS - 11 -

Paragraphe 1: Présentation de l'agriculture dans le monde - 11 -

1. Définition de l'agriculture - 11 -

2. Les systèmes agricoles dans le monde - 12 -

a. L'agriculture extensive - 12 -

b. L'agriculture intensive - 12 -

Paragraphe 2: L'agrobusiness : une notion polysémique - 13 -

1. La vision occidentale - 13 -

2. La perception burkinabè - 13 -

a. Naissance de l'agrobusiness au Burkina Faso - 14 -

b. Définition de l'agrobusiness - 14 -

c. Limites de la définition - 14 -

d. Critères d'identification des agro businessmen - 15 -

CHAPITRE II : ANALYSE DES REALITES SOCIO-ECONOMIQUES DE L'AGROBUSINESS AU BURKINA FASO - 16 -

SECTION I : L'IMPORTANCE DE L'AGROBUSINESS - 16 -

Paragraphe 1: La typologie des agro businessmen - 16 -

1. Les salariés - 16 -

2. Les opérateurs économiques - 17 -

3. Les hommes politiques - 17 -

4. Les autres - 17 -

5. Les inconnus - 17 -

Paragraphe 2: Statistiques de l'agrobusiness au Burkina Faso - 18 -

1. Les cultures céréalières - 18 -

2. Les cultures de rentes - 19 -

3. Les cultures maraichères et fruitières - 19 -

SECTION II : LA FISCALITE APPLICABLE A L'AGROBUSINESS - 20 -

Paragraphe 1 : Les taxes sur les échanges internationaux - 20 -

1. Les droits de douane - 20 -

a. Les droits à l'importation - 20 -

b. Les droits à l'exportation - 21 -

2. La Redevance Statistique et le Prélèvement Communautaire de Solidarité - 21 -

Paragraphe 2 : Les impôts et taxes intérieurs - 21 -

1. Les impôts sur les revenus - 21 -

a. L'impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et agricoles (IBICA). - 21 -

b. L'impôt sur les sociétés (IS) - 22 -

c. L'Impôt Unique sur les Traitements et Salaires - 22 -

2. Les taxes indirectes sur les ventes - 23 -

Paragraphe 3: Les dispositions du code des investissements - 24 -

1. Le contenu de la loi - 24 -

a. Les avantages fiscaux à l'investissement - 24 -

b. Les avantages fiscaux à l'exploitation - 25 -

2. Illustration pratique des avantages fiscaux - 26 -

a. Cas pratique - 26 -

b. Analyse fiscale - 26 -

c. Evaluation du gain financier - 26 -

DEUXIEME PARTIE : DIFFICULTES D'APPREHENSION DU SECTEUR ET PERSPECTIVES - 28 -

CHAPITRE I: LES DETERMINANTS DU RENDEMENT FISCAL DANS LE SECTEUR AGRICOLE - 28 -

SECTION I: LES CAUSES DE LA FAIBLESSE DU RENDEMENT FISCAL - 28 -

Paragraphe 1: Les causes sociopolitiques et économiques - 28 -

1. La rémanence de l'administration fiscale coloniale - 28 -

2. Les facteurs politiques - 29 -

3. Les réalités économiques des acteurs agricoles - 29 -

Paragraphe 2 : Les insuffisances organisationnelles et fonctionnelles - 29 -

1. L'organisation de l'administration - 29 -

2. L'organisation des entreprises d'agrobusiness - 30 -

SECTION II : LES ACTIONS PREALABLES - 31 -

Paragraphe 1: Le rôle des acteurs politiques - 31 -

1. Prise en compte des recommandations - 31 -

2. Rôle de sensibilisation des populations - 31 -

Paragraphe 2: Le rôle de l'administration - 31 -

1. Les échanges d'informations - 31 -

2. L'information du contribuable - 31 -

Paragraphe 3: Le rôle de la science économique - 32 -

1. La limite du prélèvement fiscal - 32 -

2. L'impact d'une variation du taux d'imposition - 33 -

CHAPITRE II : LA NECESSITE D'UNE FISCALITE PLUS ADAPTEE - 35 -

SECTION I : LA JUSTIFICATION DE L'IMPOSITION - 35 -

Paragraphe 1: La recherche de la justice fiscale - 35 -

1. La notion d'équité fiscale - 35 -

a. L'équité horizontale - 36 -

b. L'équité verticale - 36 -

2. La mise en oeuvre de l'équité fiscale - 36 -

a. Illustration de l'équité fiscale par le taux progressif - 36 -

b. Illustration de l'iniquité fiscale des impôts indirects - 37 -

3. Les limites de l'équité fiscale - 38 -

Paragraphe 2: L'existence de la matière imposable - 39 -

1. Le paradoxe ancien de l'agriculture burkinabé - 39 -

2. La nouvelle réalité économique - 39 -

SECTION II: LES PRINCIPES DIRECTEURS D'IMPOSITION DE L'AGROBUSINESS - 41 -

Paragraphe 1: Analyse critique de la législation fiscale actuelle - 41 -

1. Le code des impôts - 41 -

a. L'IBICA et l'IS - 41 -

b. La Taxe Patronale et d'Apprentissage (TPA) - 42 -

c. La contribution des patentes - 42 -

d. La Taxe sur la Valeur Ajoutée - 43 -

2. Le code des investissements - 44 -

a. Les avantages fiscaux à l'investissement - 44 -

b. Les avantages fiscaux à l'exploitation - 44 -

Paragraphe 2: Propositions de modalités d'imposition du bénéfice agricole - 45 -

1. L'imposition de la paysannerie - 45 -

2. L'imposition de l'entreprenariat agricole - 45 -

a. Personnes et revenus imposables - 45 -

b. Détermination de la base imposable - 45 -

c. Liquidation et paiement de l'impôt - 47 -

CONCLUSION - 48 -

TABLE DES MATIERES - 50 -

BIBLIOGRAPHIE A

ANNEXES D

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GENERAUX

1. COZIAN Maurice. - Les grands Principes de la Fiscalité des Entreprises - 4ème édition, Paris. Litec, 1999.

2. COZIAN Maurice. - Précis de Fiscalité des Entreprises - 25ème édition, Paris. Litec, 2001.

3. LEFEBVRE Francis. - Memento fiscal pratique - Levallois. Francis Lefebvre, 2006.

4. SAWADOGO Filiga Michel et DEMBELE Salifou - Précis de droit fiscal burkinabé, Université de Ouagadougou, 2007.

MEMOIRES

1. BIKIENGA Kassoum. - Impacts des politiques fiscales sur les recettes fiscales et la croissance économique en Côte d'Ivoire- Université de Cocody/Abidjan, 2009.

2. LANKOANDE Timbeni. -Pression fiscale agricole au Burkina Faso- Ouagadougou. ENAREF, 1994.

3. MEDA Monique. -Problématique de l'impôt des cultures maraîchères -Ouagadougou. ENAREF, 2008.

4. SANOU Moussa. -Les potentialités fiscales d'un aménagement hydro-agricole -Ouagadougou. ENAREF, 2001.

5. SAWADOGO Tonguin. -La fiscalité du secteur primaire- Ouagadougou. ENAREF, 1998.

6. TAPSOBA Korotimou. -Politique de la fiscalité du secteur agricole- Ouagadougou, ENAREF, 1992.

THESES

1. SAWADOGO S. Jean Pierre. - L'imposition des revenus au Burkina Faso- Université Paris, Sorbonne, 1998.

REVUES SPECIALISEES

1. GAMSORE Francis Lilibzanga- Dynamique du système productif agricole et performances de l'agriculture au Burkina Faso- CEDRES, Université de Ouagadougou, 2001.

2. OUEDRAOGO Souleymane - Politique économique et agriculture durable : analyse à partir du modèle récursif- CEDRES, université de Ouagadougou, 2001.

3. ZERBO Kassoum- Complexe de production agroalimentaire et développement économique du Burkina : une étude à partir du modèle de Léontieff, CEDRES, Université de Ouagadougou, 2001.

4. ZONGO Mahamadou - La dimension foncière de l'agrobusiness au Burkina Faso : études de cas dans la province du Ziro, Cahiers du Cercleshs, tome XXV, n°35, 2010.

DOCUMENTS DIVERS

1. Ministère de l'Economie et des Finances, DGI - Recueil de Textes relatifs à la Fiscalité intérieure - Ouagadougou. MEF/DGI, 1996.

2. Directive n° 02/98/CM/UEMOA du 22/12/1998, portant harmonisation des législations des états membres en matière de TVA.

3. Directive n° 04/98/CM/UEMOA du 22/12/1998, portant nomenclature budgétaire de l'Etat.

4. Loi n° 006-2010/AN du 29/01/2010, portant modification de la loi n° 6-65/AN du 26/05/1965, portant création du code des impôts directs et indirects et du monopole des tabacs, ensemble ses modificatifs.

5. Loi n° 008-2010/AN du 29/01/2010, portant création d'un impôt sur les sociétés.

SITES INTERNET CONSULTES

1. www.impots.gov.bf

2. www.legiburkina.bf

3. www.wikipedia.org

4. www.worldbank.org

ANNEXES


ANNEXE N° 1: QUESTIONNAIRE

1. Quels sont les grandeurs prises en compte par l'UEMOA pour la détermination du taux de pression fiscale ?

2. Quels sentiments avez-vous de la pression fiscale du Burkina Faso en général et de la pression fiscale agricole en particulier ?

3. Le faible taux de la pression fiscale au Burkina Faso est un fait ; selon vous quelles en sont les causes?

4. Comment expliquez-vous que la DGI n'applique pas les textes fiscaux existants en rapport avec le secteur agricole ?

5. Pensez-vous que l'agrobusiness peut contribuer à l'amélioration du taux de pression fiscale au Burkina Faso?

6. Quelles appréciations faites-vous de la formalisation des entreprises par la MEBF (CEFORE)?

7. Pensez-vous que le code des investissements soit incitatif pour les entrepreneurs agricoles?

8. Quels sont les projets en vue à la DGI sur la fiscalité agricole ?

ANNEXE N° 2: LES CRITERES DE CONVERGENCE RETENUS PAR L'UEMOA

ANNEXE N° 3: TAUX DE PRESSION FISCALE DANS L'UNION EUROPEENNE

* 1Directive n°01/96/CM/UEMOA relative à la mise en oeuvre de la surveillance multilatérale des politiques macro-économique au sein des Etats membres de l'UEMOA et Acte additionnel n°04/99/CM/UEMOA portant pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre Etats membres de l'UEMOA.

* 2 Lucien MEHL et Pierre BELTRAME, Science et technique fiscal. Cité par Timbéni LANKOANDE

* 3 Document de Stratégie Globale de Reforme de la Politique Fiscale, Burkina Faso.

* 4 Pierre BELTRAME, les systèmes fiscaux : « la pression fiscale ressentie à un moment donné dans un pays donné, dépend non seulement de la charge fiscale globale, mais également du niveau du revenu national, de l'état des infrastructures économiques et sociales, de la répartition du poids de l'impôt entre les catégories de contribuables ainsi que du volume et de la qualité des prestations gratuites fournies par l'Etat aux individus ».

* 5 Filiga Michel SAWADOGO et Salifou DEMBELE, (Précis de droit fiscal burkinabé).

* 6 A. SMITH, Recherche sur l'origine et la cause de la richesse des nations (1776), livre IV, chapitre 2, cité par Kassoum BIKIENGA.

* 7 Ricardo. David, Economiste Britannique (1772-1823); « des principes de l'économie politique et de l'impôt », cité par Kassoum BIKIENGA

* 8 John Maynard Keynes Economiste Anglais (1883-1946); « la théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie ».

* 9 Friedman, Milton : Economiste Américain (1912-2006)

* 10 Maurice,DUVERGER, Eléments de fiscalité ; cité par Timbéni LANKOANDE

* 11 Filiga Michel SAWADOGO et Salifou DEMBELE, (Précis de droit fiscal burkinabé).

* 12 Secteur industriel (machines, engrais chimiques, pesticides...) ; Energie (carburant, électricité...) ; Services (ministère, banques, universités...)

* 13 Agriculture proprement dite (productions végétales et animales)

* 14 Transport, distribution, agro-industrie

* 15 ZONGO Mahamadou, la dimension foncière de l'agrobusiness au Burkina Faso

* 16 Observateur Paalga du 10 avril 2008

* 17 Investir.bf.info

* 18 BIKIENGA Kassoum, Impacts des politiques fiscales et la croissance économique en Côte d'Ivoire, Université de Cocody/ Abidjan 2009.

* 19 Pour les besoins de calcul du droit proportionnel de la patente, il sera retenu 180 000 FCFA comme valeur locative annuelle du terrain.

* 20Ordonnance n°84-088 /PRES/MF du 31-12-1984

* 21 Cité par Filiga Michel SAWADOGO et Salifou DEMBELE, (Précis de droit fiscal burkinabé).

* 22 BOUVARD Philipe, Contribuables mes frères, Edition Robert Laffont, 1986 Glossaire.

* 23 Cette illustration trouve sa plénitude dans une analyse à court terme.

* 24 In « Politique de la fiscalité du secteur agricole, Ouagadougou, ENAREF, 1992 »

* 25 Sidwaya du 10 novembre 2006

* 26 Sidwaya du 1er juillet 2008






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo