2.4. A qui
s'adresse le DD ?
Comme nous l'avons vu au cours de cette première
partie, le DD est l'affaire de tous. Il semble que ce qui est encore un concept
pour beaucoup tende à réformer peu à peu l'organisation et
les valeurs du monde actuel. Réformer car le changement se fait par
l'intérieur du système. En effet, l'économie étant
l'un des piliers du DD, celui-ci ne pousse pas à une révolution.
Le fait même que le changement se fasse par une
réforme progressive du système économique place les
entreprises en première ligne.
En effet, lieu de création de richesses, d'emploi, de
réalisation sociale, et d'échanges, l'entreprise est le ciment de
nos sociétés libérales.
La société civile a déjà compris
l'intérêt que le DD aurait à ce que les entreprises
intègrent ses principes.
Mais les entreprises n'ont pas encore, pour l'immense
majorité d'entre elles, compris ce que le fait de s'intégrer dans
un Développement Durable peut leur apporter. Quant aux grandes
entreprises, elles ont du, bon gré mal gré, s'y mettre. Mais ces
entreprises cotées ne sont que 2000 environ en France, qu'en est-il des
2,5 millions de PME ?
Par les biens et services qu'il produit, par ses modes de
production, par sa politique sociale, etc., le secteur privé est en
mesure de contribuer à l'amélioration de la qualité de vie
et à la préservation de l'environnement pour les
générations futures. Jusqu'ici toutefois, certains obstacles ont
freiné l'adoption de pratiques «durables» par ce secteur.
Au cours des années qui ont suivi la Conférence
de Rio, les gouvernements ont tardé à émettre des signaux
clairs vers le secteur privé ; les investissements consentis ont
été insuffisants, les consommateurs et les actionnaires - que ce
soit par manque d'intérêt ou d'information - n'ont pas
exercé une pression suffisante; à l'échelle
internationale, les marchés instables et imprévisibles ont
souvent empêché un développement industriel durable dans
des secteurs prioritaires.
Mais depuis quelques années, un changement se fait
sentir. Le public est toujours plus sensible aux questions de
«durabilité». Le milieu financier - notamment les fonds de
pension - exerce une pression croissante en faveur des investissements
socialement responsables. Face à ces mouvements d'opinion, les
entreprises européennes, puis américaines ont pris conscience de
la nécessité d'adopter un comportement éthiquement,
écologiquement et socialement responsable dans la conduite de leurs
affaires. Parallèlement, de nombreuses entreprises ont compris
l'importance d'un dialogue avec toutes leurs parties prenantes.
Ainsi, progressivement, la marge de manoeuvre des
entreprises se réduit sous l'effet conjugué de ces nouvelles
contraintes sociales, environnementales, politiques et économiques :
pour prévenir les crises potentielles, l'entreprise n'a plus le choix,
elle doit anticiper les contraintes pour ne pas les subir et les
intégrer à sa stratégie pour en faire, si possible, des
opportunités.
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