INTRODUCTION
Mais où va le Monde ? A cette interrogation banale
qu'on se pose devant le JT sans en attendre de réponse
particulière le monde scientifique s'accorde pour rétorquer qu'il
va vers sa fin. En tous cas, à la fin du Monde tel que nous le
connaissons.
Les raisons de cette fin anticipée ? En premier
lieu, il y a les activités humaines qui menacent les équilibres
naturels en dépit du bon sens. En second lieu, d'un point de vue social,
le mal de vivre et la pauvreté gagnent du terrain. Les situations de
rupture qui en résultent peuvent mener à des actions
destructrices au-delà de toute raison.
C'est dans ce contexte que, de la prise de conscience de
quelques Hommes, est née l'idée d'un développement plus
durable, comme une concession entre le développent
déraisonné que nous connaissons et la révolution des
écologistes.
Depuis, le développement durable est une valeur
montante de la société et devient un élément
économique incontournable pour toute entreprise ayant une vision
à long terme.
Les PME ne sont pas encore concernées de façon
réglementaire par les préceptes du développement durable.
Néanmoins, ce dernier semble être autant un moyen
d'amélioration de la société dans son ensemble que de
l'entreprise en particulier.
Mais concrètement, comment une PME peut-elle
s'approprier la démarche de DD sans grever son bilan ? Quel angle
d'approche du DD lui permettra de s'engager sur cette voie tout en
espérant un retour sur investissement à moyen
terme ? Dans les faits, une PME peut-elle améliorer sa
rentabilité grâce à une stratégie de DD ?
Pour répondre à ces questions, nous allons, dans
un premier temps, étudier le concept de DD, les phénomènes
environnementaux et sociaux qui justifient son apparition, et l'ampleur qu'il a
pris ces dernières années.
Ensuite nous ferons le bilan de l'état actuel des PME
face aux trois piliers du DD et nous nous attacherons à montrer les
bénéfices qu'elles peuvent tirer à être socialement
et environnementalement responsables.
Enfin nous proposerons une démarche
générale pour les PME et nous l'expérimenterons sur deux
TPE orientées services de la région parisienne afin
d'évaluer la faisabilité financière de cette
démarche et la réalité des bénéfices que
l'entreprise peut en tirer.
Le Développement Durable : Pourquoi et
Comment ?
1. Le constat des échecs des sociétés
occidentales
Pour bien comprendre ce qu'est le développement
durable, il est nécessaire de bien prendre en compte le contexte dans
lequel il est apparu. C'est le constat de l'échec social et
écologique de nos sociétés occidentales qui a
constitué le terreau dans lequel le caractère inévitable
d'un mode de développement durable continue de se renforcer.
1.1.
L'environnement et les Hommes
Depuis la préhistoire, l'être humain se sert de
ce qu'il trouve autour de lui pour organiser sa vie et peu à peu
améliorer son confort. Cela commença par les peaux de bêtes
qui devinrent vêtements, et les cailloux et bouts de bois qui devinrent
outils. Puis au fur et à mesure que les civilisations se
développèrent, l'Homme n'eut de cesse que de trouver une nouvelle
utilité aux produits de sa planète. Ainsi animaux,
végétaux, minéraux, gaz, lumière, eau, tout fut mis
à contribution dans la marche vers le progrès de
l'humanité.
Nous sommes ainsi arrivés, au terme actuel de cette
évolution dans les pays développés, à un mode de
vie dont le standard minimal implique la possession de quantités
d'objets ayant eux-mêmes nécessité quantités de
ressources pour leur fabrication.
Il suffit d'avoir déménagé une fois dans
sa vie pour avoir une petite idée de l'ampleur de cette accumulation
d'objets, sans compter tous ceux qui ont été jetés sans
qu'on s'y attache.
Et c'est justement ce mode de vie des pays
développés qui est aujourd'hui mis en cause dans la
surconsommation des ressources naturelles.
En effet, c'est une préoccupation qui a
émergé autour des années 70, avec les chocs
pétroliers de 73 et 79 : Les ressources naturelles de notre
planète peuvent-elles s'épuiser ? Et le verdict du monde
scientifique tombe : OUI. Et non seulement les ressources
s'épuisent plus vite qu'elles ne se renouvellent, mais il semble que
notre activité influe également sur le climat (qui se
réchauffe en risquant d'entraîner quantités de catastrophes
pour l'écosystème et pour l'humanité), et sur le monde du
vivant dans son ensemble (duquel nous dépendons également). Les
scénarios les plus catastrophiques nous prédisent des dommages
importants et irréversibles d'ici 2050 (autant dire demain).
Seulement comment revenir en arrière ?
Comment effacer les conséquences de nos erreurs sans renoncer à
l'indéniable confort que le progrès, notamment depuis les
révolutions industrielles, puis celle, plus proche, de l'information,
nous a apporté ? Il semble que cela ne soit pas
« humainement » réalisable. La seule chose que nous
puissions faire est d'essayer de rectifier le tir au plus vite, et cela est
déjà un véritable défi en soi.
1.1.1. Constats scientifiques des
impacts environnementaux de l'activité humaine
L'activité humaine génère un impact sur
l'environnement à chaque mouvement. Le seul fait de respirer nous fait
transformer l'oxygène nécessaire à notre survie en CO2
(dioxyde de carbone) qui est le principal gaz à effet de serre produit
par l'Homme. Mais cet impact là a été prévu par
l'écosystème. Nous allons nous concentrer ici sur les impacts des
activités les plus nuisibles, propres à l'Homme, et en
particulier celles des civilisations occidentales des pays
développés (ce sont en effet les pays développés
qui présentent les plus importantes émissions de CO2 dans le
monde, cf. Annexe 1) : la consommation d'énergie, la banalisation
de l'usage du papier, le recours croissant aux transports, le
développement des industries, la production de déchets
ménagers et des exemples de pollutions diverses (cf. détail de
ces constats en annexe 2)
L'homme est dépendant face à son environnement
naturel. C'est celui-ci qui lui apporte la satisfaction des besoins primaires
vitaux : l'eau, l'air, la nourriture. Même si la technologie nous
permet souvent de copier la nature, elle ne nous permettra sûrement pas
de la remplacer dans ces tâches essentielles. « La substitution
du capital reproductible au capital naturel connaît des limites. Il est
loin d'être acquis que les services écologiques actuellement
rendus par les écosystèmes puissent être
systématiquement reproduits artificiellement. On compte parmi ces
services gratuitement rendus par la nature : la purification de l'air et de
l'eau, la décomposition des déchets, la régulation du
climat, la régénération de la fertilité des sols,
la production et la préservation de la biodiversité, laquelle
procure les ressources nécessaires à l'agriculture et à
certains secteurs industriels, notamment pharmaceutique. La substitution d'un
mécanisme artificiel à ces services est dans certains cas
économiquement absurde, et dans d'autres tout simplement
impossible » 2
Sans les équilibres assurés naturellement par
l'écosystème, l'homme pourrait bien se retrouver dans un
environnement hostile.
2. Dominique Bourg, Quel avenir pour le
développement durable ? p.24 Editions Le Pommier 2002
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