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La compatibilité entre le concept de propriété intellectuelle et la shari'a

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par Léo Fradet
Université de Poitiers - Master 2 professionnel en droit des affaires mention techniques de l'information et de la communication 2011
  

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Section I. La compatibilité entre les usages contractuels de la

propriété intellectuelle et la Shari'a.

Une fois que l'on a démontré l'appropriabilité en droit musulman des oeuvres de l'esprit, il faut encore vérifier que les interdictions de la Shari'a n'en empecheront pas l'exploitation. Or, les biens intellectuels diffèrent des biens physiques et ne peuvent faire l'objet des memes contrats. D'une part l'on a les biens corporels qui font notamment l'objet de contrat de location ou de vente, avec pour conséquence la transmission de la possession de la chose. D'autre part, les biens intellectuels sont les objets de contrats de licence ou de cession dont l'objectif est la transmission du droit d'exploiter le bien.

Comme il a été vu précédemment, la Shari'a est très souple en ce qui concerne le droit des contrats ; et la liberté contractuelle est le principe qui prévaut. Par exemple, la sécabilité des droits de propriété intellectuelle sans limite est tout à fait acceptable en droit musulman comme l'indique94 Heba A. Raslan :

« While the owner maintains his title to the property, he could authorize others to use or exploit the property for a return subject to the conditions and limitations put forth in their agreement. Accordingly, the practice of granting exclusive and nonexclusive licenses is consistent with Shari'a. »95

Il faut tout de meme s'intéresser à un des interdits de la Shari'a en matière contractuelle qui est l'imprécision dans les contrats. Cette règle interdit aux parties de conclure un contrat qui serait spéculatif ou incertain. Heba A. Raslan explique comment les parties peuvent respecter leurs obligations, et donne des exemples de contrats frappés d'imprécision.

« In order for a contract to be legally valid from a Shari'a perspective, the parties must have sufficient knowledge of the contract's subject matter and its value and «effective control» over it. Accordingly, sales that are prohibited under Shari'a include: sales of unknown values, sales where the object is too uncertain to be

94

Voir note supra 25.

95 Page 521, §2.

Traduction : « Bien que l'ayant droit conserve son titre de propriété, il peut autoriser des tiers à utiliser ou exploiter la propriété pour un certain usage soumis à des condition et des limitations issues de leur accord. En conséquence de quoi, la pratique d'octroi de licences exclusives et non exclusives est conforme à la Shari'a ».

realized, sales where the future benefit is unknowable, and sales with inexactitude. »96

Il s'agit de contrats qui pourraient etre rapprochés des jeux d'argent où le hasard tient une grande part. Cette règle vient donc protéger la moralité publique en interdisant aux croyants de s'enrichir en spéculant.

Les contrats de propriété intellectuelle ont une caractéristique qui pourrait se révéler être en contradiction avec la Shari'a. Ils sont souvent marqués par un important aléa, soit parce que le bien de propriété intellectuelle objet du contrat est mal défini ou secret, soit parce que le montant de la rémunération est inconnu. Il sera distingué dans cette section les aléas présents dans les contrats de propriété intellectuelle du concept d'imprécision dans le contrat (gharar), pratique prohibée par la Shari'a. Cette distinction sera faite avec l'objet dans un point (I), et avec le système de la rémunération proportionnelle dans un point (II)

I. La distinction entre l'aléa du à certains biens immatériels objet de contrats de
propriété intellectuelle et le concept d'imprécision de la Shari'a.

Ce problème de l'imprécision peut se poser tout d'abord pour l'objet du contrat. La situation est celle du contrat de commande d'une oeuvre de l'esprit qui n'existe pas encore, ou d'un objet est protégé par le secret d'affaire et qui est donc inconnu pour l'une des parties. Ces objets sont principalement les codes sources des logiciels et les renseignements non divulgués97.

Cependant pour Steven D. Jamar98, ce problème n'est pas insurmontable. Il explique l'incidence que cela peut avoir :

« [T]he principle of indefiniteness could well have an effect on the structuring of license arrangements. However, it should not ultimately prevent or limit the ability to enter into valid, binding and creative arrangements because of the Islamic

96 Page 530, §2.

Traduction : « Afin qu'un contrat soit légalement valable dans la perspective de la Shari'a, les parties doivent avoir une connaissance suffisamment précise de l'objet du contrat, de sa valeur et un

« contrôle effectif »a de l'objet. En conséquence de quoi, les ventes qui sont interdites par la Shari'a incluent : les ventes de valeurs inconnues, les ventes dans lesquelles l'objet est trop incertain pour être réalisé, les ventes oil le futur bénéfice est inconnaissable, et les ventes avec des inexactitudes ».

97 Bien que ces informations ne peuvent être protégées par un droit de propriété intellectuelle, les pays signataires des ADPIC doivent les protéger en vertu de l'article 39.

98 Voir note supra 84.

reverence for the sanctity of contracts and the flexibility with which they can be structured. »99

La question n'est donc pas de savoir si les contrats sur ces objets sont licites ou non au sens de la Shari'a, mais de quelle manière l'on pourrait définir assez précisément les objets afin de palier à l'imprécision. Par exemple pour un contrat en vue de la création d'un logiciel, l'important est que le contrat prévoit précisément, au moyen d'un cahier des charges par exemple, les usages auxquels est destiné le logiciel. L'Islam n'interdit pas pour imprécision un contrat qui porterait sur la commande d'un outil qui n'existe pas encore.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld